MICHEL ANGE (1475-1564) I. La formation d`un artiste à la

MICHEL ANGE (1475-1564)
introduction : pourquoi Michel-Ange ?
Michel-Ange est un des grands artistes de l'histoire de l'humanité, auteur d'oeuvres emblématiques
de l'art mondial. Il est donc intéressant d'essayer de voir comment un tel artiste a pu exister par
rapport au contexte historique et artistique de son époque et d'analyser ses œuvres principales. On
se demandera aussi en conclusion ce qu'est un chef d'oeuvre dans l'art.
I. La formation d'un artiste à la Renaissance
Né le 6 mars 1475 à Caprese Michelangelo près d'Arezzo.
Père magistrat et podestat. Elevé chez des tailleurs de pierre après la mort de sa mère en 1481,
quand il a 6 ans. Contre l'avis de son père, il choisit en 1488 de se former auprès de Domenico
Ghirlandaio à Florence, qui devant son talent, le recommande à Laurent de Médicis. Il se
forme à la sculpture avec Berltoldo di Giovanni, élève de Donatello et devient le protégé de
Laurent, qui le loge dans son palais à partir de 1490 (il a 15 ans). Il se forme aussi à l'anatomie
à l'hôpital Santo Spirito. Deux ans plus tard, à la mort de Laurent, son successeur Pierre II ne
veut plus de lui, Michel-Ange part à Bologne, puis à Rome, comme protété du cardinal
Raffaele Riario. C'est à ce moment qu'il sculpte la Piéta (1496). En 1502, il repart à Florence
et y crée le David et le Tondo Doni.
1. La Renaissance, une nouvelle vision du monde
a)L'Europe à la découverte du monde
Le partage du monde : conquête du Mexique par Cortès et du Pérou par Pizarre, les Français au
Canada et au Brésil, les Anglais en Nouvelle Angleterre
Exploitation ou défense des Indiens, débuts de la Traite des Noirs
b) L'Humanisme, nouvelles idées, nouveaux lieux de culture, nouveaux modes de diffusion
- pourquoi des idées nouvelles au 15-16ème siècle ?
Le développement du commerce depuis le XIIè siècle a mis en contact les marchands et les
voyageurs avec d'autres mondes, l'Islam, la Chine (Marco Polo) et le monde byzantin. Ce sont les
Italiens qui ont le plus de contacts, c'est là que se fait au XVème siècle la "redécouverte" de
l'Antiquité gréco-latine, par l'intermédiaire des lettrés byzantins.
Des princes favorisent les artistes et les philosophes, ce sont les mécènes, en particulier
Laurent le Magnifique à Florence et des papes comme Nicolas V, qui fonde la bibliothèque
vaticane.
L'invention de l'imprimerie permet de diffuser les nouvelles idées dans toute l'Europe, car
l'imprimerie permet de réduire les coûts de fabrication des livres.
- Quelles idées nouvelles ?
L'homme est au centre des préoccupations des humanistes, et non plus Dieu ou la
collectivité ; ainsi l'humanisme est à l'origine de l'individualisme, fondement de la civilisation
occidentale, et à la remise en question de la religion telle qu'elle est pratiquée à l'époque.
La connaissance est la valeur suprême , d'où l'importance de l'éducation et de la science ;
l'humanisme est à l'origine de grands progrès scientifiques : la révolution copernicienne (le soleil au
centre de l'univers et non pas la terre), les progrès de la médecine grâce aux dissections.
Les humanistes s'interrogent sur la meilleure façon de gouverner, sans avoir tous le même
avis, mais le fait d'y réfléchir et de remettre en question la forme de gouvernement de l'époque est
en soi une nouveauté. Machiavel pense que la fin justifie les moyens, Thomas More dans "l'utopie"
imagine un état idéal fondé sur l'égalité et la tolérance religieuse
- Une diffusion à partir de plusieurs foyers
Un foyer dès le XV° siècle (le Quatrocento) l’ITALIE à cause de la prospérité des villes Italiennes
et donc des possibilités de Mécénat (les Médicis à Florence, la papauté à Rome...).
Un autre foyer prospère, les FLANDRES (Pays Bas).
La diffusion se fait par les voyages des artistes, des soldats ( guerres d’Italie entre 1492 et 1525...)
Puis dans les châteaux d’Ile de France et du Val de Loire en France au XVI° (François 1er), en
Allemagne du Sud et plus tardivement en Angleterre et en Espagne
La diffusion se fait aussi par l'imprimerie : le premier livre imprimé vers 1455, la Bible de
Gutenberg. Le livre n’est plus rare et cher, il n’est plus réservé à quelques uns.
c)La naissance du protestantisme
La redécouverte des philosophes pré-chrétiens et les réflexions des humanistes amènent à se
poser des questions religieuses. de plus, ils veulent lire les textes sacrés dans la langue usuelle. C'est
pourquoi Luther traduit la Bible en allemand et Calvin en français.
La redécouverte des textes religieux fait prendre conscience du décalage entre le message
évangélique et l'Eglise de la fin du Moyen Age, où les papes sont des aristocrates romains, où les
évêques achètent leur charge et se contentent d'en percevoir les revenus, où les curés vendent les
sacrements.
En 1517, Luther critique la vente des indulgences ; il est excommunié et crée une nouvelle
religion chrétienne dans laquelle le pape ne joue aucun rôle. Calvin fait la même chose en France et
Henry VIII en Angleterre : luthériens, calvinistes et anglicans forment trois branches du
protestantisme, qui gagne toute l'Europe du Nord et une partie de l'Allemagne et de la France. C'est
le début de luttes qui dureront jusqu'à 1648. La réaction des catholiques est la contre-réforme :
l'église est reprise en main et les Jésuites encadreront le peuple catholique dans les collèges, les
séminaires et dans les missions.
d) Les zones d'ombre de la Renaissance : guerres et Inquisition
La renaissance est l'une des périodes clés de l'histoire de l'humanité, car elle jette les bases des
progrès scientifiques ultérieurs : en se dégageant de l'emprise d'une religion ennemie de la science
et de la philosophie pré-chrétienne, la vie intellectuelle et scientifique peut se développer dans la
cadre du protestantisme, puis d'une religion catholique rénovée par la contre-réforme.
Pourtant, il y a des zones d'ombre : la Renaissance, c'est aussi l'époque de l'Inquisition dans
l'Empire espagnol, des guerres de religion meurtrières, puis de la terrible guerre de trente ans au
début du siècle suivant. Le développement de la science n'empêche pas le maintien de la magie et
de la croyance au Diable, qui entraîne des procès en sorcellerie. Un des grands thèmes de la
renaissance n'est-il pas le mythe de Faust : par un pacte avec le Diable, l'homme peut avoir accès à
la connaissance et à l'éternelle jeunesse
2. Florence et l'Italie à la fin du Quattrocento
a) carte de l'Italie en 1475, à la naissance de Michel-Ange
L'Italie est un terme géographique mais aucunement une entité politique à la renaissance.
Son histoire doit être expliquée sur le long terme par l'affrontement de l'Empire et de la Papauté (les
Guelfes favorables au Pape et aux Anjou, les Gibelins à l'Empereur germanique.
le Nord est le terrrain d'affrontement de l'Empire et du royaume de France. On peut noter en
particulier les Guerres d'Italie, déclenchées à la fin du Xvème siècle par les rois Louis XII et
Charles VIII, et poursuivies par François Ier, qui en ramènera Leonard de Vinci et la
renaissance française. Louis XII quant à lui y avait emmené Georges d'Amboise, qui
deviendra Cardinal de Rouen et y introduira l'art de la Renaissance. Les principautés
puissantes sont Milan (avec les Sforza), Mantoue (Gonzague) et Venise
Le centre est le domaine des villes-état de Florence, Sienne, Pise, Lucques
Le Sud est plus unifié et appartient à la mouvance catalane, puis espagnole, autour de
Naples. La Sicile, creuset de civilisations au Moyen-âge avec le Royaume normand, est
incorporée au royaume de Naples.
b) Florence au Quattrocento, le temps des Médicis
Crée à l'époque romaine, Florence se développe au Moyen-âge autour du commerce de la laine (arte
della lana) et la finance : sa monnaie, le florin, est une des principales monnaies d'Europe. La
fortune florentine s'est construite sur les liens de la ville avec la Papauté, avec le choix du parti
guelfe, favorable au pape, soutenuj par le royaume de France, contre les gibelins, favorables à
l'Empereur.
Florence est une des premières villes italiennes à se doter d'une Commune, au XI ème siècle (la
Seigneurie). S'y opposent le popolo grasso et le popolo minuto, en de multiples luttes de faction,
dont finissent par triompher les grandes familles, en particulier les Médicis.
Les Médicis (Medici en italien) : puissante famille florentine qui tira sa richesse à partir du trecento
du commerce de la laine et de leur rôle au sein de l'arte della lana. Giovanni di Bicci fonde la
banque des Médicis en 1397 qui va très rapidement devenir une puissance financière de premier
plan. Le premier Medicis a avoir un rôle politique est Cosme l'Ancien (1389-1434-1464), qui
domine la vie politique de sa cité et la vie financière de toute l'Italie, la banque ayant pris une
grande importance : elle a des succursales dans les grandes cités d'Italie, à Lyon, à Genève, en
Avignon, à Bruges et à Londres. Cosme est aussi le premier mécène de la famille, s'entourant de
peintres et d'architectes et créant la bibliothèque laurentienne, première bibliothèque publique
d'Europe.
Cosme l'Ancien, par Jacopo Pontormo, 1518, huile sur bois, 86 × 65 cm, Florence, Galerie des
Offices
Pierre le Gouteux succèda à Cosme et bien que malade, il continua la politique de son père, en
particulier dans le domaine du mécénat (fresque la procession des rois mages de Gozzoli)
Benozzo Gozzoli (1420-1497) Cortège des rois mages, Palazzo Medici-Riccardi
Laurent, âgé de 19 ans, lui succède et mène Florence à son apogée. Le pape, qui convoite une
partie de son territoire, suscite la conjuration des Pazzi, pour éliminer Laurent. C'est un échec, qui
va tendre les relations entre Florence et le pape. Il meurt en 1492. Laurent est un grand mécène, qui
attire autour de lui quantité de philosophes et d'artistes.
Il fut le mécène de Leonard de Vinci, de Donatello, de Botticelli, de Ghirlandaio, de Michel-Ange,
de Verrrochio. Il réunit une importante bibliothèque et s'entoura de philosophes néo-platoniciens
(Pic de la Mirandole, Marsile Ficin). Il légua ses collections à la ville de Florence.
Savonarole 1452-1498 moine dominicain qui veut revenir aux précéptes de l'Evangile et trouve un
ascendant sur les foules. Il critique les marchands d'indulgences, le pape Borgia, le luxe.
En 1494, Charles VIII entre en Italie et renverse Pierre II Médicis, successeur de Laurent;
Savonarole crée alors une république théocratique, proclamant « Jésus-Christ, roi du peuple
florentin ».
Il organise des « buchers de vanités », où l'on brûlait les objets de luxe, les miroirs, les produits de
beauté et des livres de Boccace ou Pétrarque. Il punit de mort l'homosexualité, jusqu'alors très
courante dans l'aristocratie. Il prêcha contre les Médicis, qui furent expulsés. Il établit une dictature
théocratique.
Les Florentins finirent par se lasser et le pape l'excommunia et il fut brûlé le 23 mai 1498.
c) Les artistes de l'époque de Michel-Ange
Ghirlandaio
Vieil homme et enfant, Musée du Louvre, 1488
Verrochio 1435-1488
Vierge à l'Enfant, 1470 Gemäldegalerie, Berlin
Piero della Francesca (1412/1420-1492)
Fra Angelico
Brunelleschi
Paolo Uccello (1397-1475)
La défaite du camp siennois illustrée par la mise hors de combat de Bernardino della Ciarda,
(~1456) huile sur bois de 3,23 m × 1,82 m
Donatello (1386-1466)
Botticelli 1477-1478, Le printemps, détrempe sur bois, 203 × 314 cm, Galerie des Offices, Florence
Léonard de Vinci 1452-1519
Raphael 1483-1520
d) L'art européen avant Michel-Ange
les Flandres et l'Europe du Nord
Lucas Cranach l'Ancien 1472-1553
Hans Holbein l'Ancien 1460-1524
Albrecht Altdorfer 1480-1538
Albrecht Dürer 1471-1528
Van Eyck agneau mystique
Van der Weyden
Maître de Flemalle
François Clouet 1520-1572
e) Un artiste au service de la Florence républicaine
le David
la salle du Conseil
Le Tondo Doni
III. La Papauté au XVIème siècle, entre faste et remises en question
Il retourne à Rome en 1505, appelé par Jules II, Médicis, qui le charge de réaliser son
tombeau, auquel il travaillera 40 ans sans l'achever. Il en reste le Moïse. De 1508 à 1512, il
peint le plafond de la chapelle Sixtine, neuf épisodes de la Genèse.
Le nouveau pape, Léon X demande à Michel-Ange de terminer la façade de San Lorenzo, qui
ne sera jamais menée à son terme jusqu'à nos jours.
La plus grande ville du monde antique déclina au moment des grandes invasions et fut supplantée
par Constantinople. Elle doit à la présence de la papauté de ne pas avoir disparu de l'Histoire, mais
elle n'est plus qu'un gros village jusqu'à la Renaissance. A cette époque, les papes sont issus des
grandes familles et vivent comme des grands aristocrates, s'entourant d'artistes. Le renouveau date
du début du Quatrocento, au retour d'Avignon de la papauté, quand les srtistes florentins viennent
voir les restes de l'Antiquité.
Sixte IV (1471-1484) décida la construction d'une chapelle palatine, qui portera son nom (chapelle
sixtine). Par ailleurs, il nomme ses amants cardinaux...
Alexandre VI Borgia (1492-1503)
La famille Borja est originaire d'Aragon. Neveu du pape Calixte III, qui le nomme cardinal à 25
ans, élu pape en 1492 avec l'achat de quelques votes. Il a ensuite une vie privée dissolue, plusieurs
enfants. En octobre 1501, il organise une grande orgie avec une cinquantaine de danseuses nues...Il
vend des charges de cardinaux et des indulgences. Il meurt en 1503, peut être empoisonné. Son fils
César, un condottiere, a servi de modèle à Machiavel pour le Prince.
Jules II (1503-1513) est le grand mécène de la Renaissance romaine. C'était le neveu de Sixte IV,
père de trois enfants. Ce fut un pape soldat, qui participa en personne à des campagnes militaires, en
particulier contre les Français. Il posa la première pierre de la basilique St Pierre, confiée à
Bramante, et appela Michel-Ange pour décorer la chapelle Sixtine. Il eut l'idée de faire financer la
construction de St Pierre de Rome par la vente d'indulgences.
Léon X (1513-1521) est le second fils de Laurent de Médicis. Cardinal à 13 ans, il n'avait aucune
formation théologique et déclara que la « fable de l'histoire du Christ était bien utile ». Il
s'intéressait surtout à l'art et fut le protecteur de Raphael, qui peignit les Stanze du Vatican.
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