Nous allons exemplifier avec les catégories de pensée les
plus utilisées en mathématiques au secondaire - la PC Ad
et la PSA ainsi que les catégories qui ne le sont pas en-
core, mais qui pourrait être facilement utilisées : PCAc,
PCI et PSI. Nous allons aussi parler de la motivation pour
un bon départ en mathématique - PMA et PMI. Mais tout
d'abord, quelques mots sur le débat en ce qui concerne les
principales directions pour enseigner les mathématiques.
Pour une méthode socioconstructiviste dans
l'enseignement des mathématiques
Il y a deux directions divergentes dans l'enseignement
des mathématiques le behaviorisme et le
socioconstructivisme. Selon B. Handal « dans un environ-
nement d'apprentissage behavioriste, l'accomplissement
des tâches est vu comme un apprentissage idéal et la maî-
trise des qualifications de base exige que l'étudiant avance
à partir de tâches élémentaires à des tâches plus avancées
». Contrairement à cette direction, continue Handal, le cons-
tructivisme « reconnaît et valorise les stratégies d'appren-
tissage qui permettent aux étudiants d'apprendre les ma-
thématiques en construisant la connaissance d'une manière
personnelle, en contexte social. Les stratégies d'appren-
tissage constructivistes incluent plus d'activités d'orienta-
tion réflexives dans le cadre de l'enseignement des ma-
thématiques comme l'apprentissage explorateur et génératif ».
Ceci implique que « les étudiants sont en position de cons-
truire leur propres connaissances mathématiques même s'il
y a des différences entre leur méthodologie et les princi-
pes rigides des mathématiques classiques ». Cela est de-
venu maintenant possible après que le monde mathémati-
que ait été bouleversé par Lobatchevski et Gôdel et que la
croyance dans l'infaillibilité des mathématiques s'est avé-
rée un mythe. Selon Polya (1986), les mathématiques sont
démonstration et création. Pour Putman (1986) « La gran-
deur des mathématiques... réside... dans sa puissance con-
comitante d'offrir a un homo sapiens déconcerté des solu-
tions utilitaires pour son séjour sur terre ». Pour l'éduca-
teur constructiviste, la connaissance doit être construite
activement car l'étudiant est une entité avec des expérien-
ces initiales et qui doit être considéré en tant qu' « être
rationnel ». « L'apprentissage est donc vu comme un pro-
cessus adaptatif et expérimental plutôt qu'une activité de
transfert de la connaissance. » (Candy, 1991).
Tout cela vient à la rencontre de notre affirmation : le dé-
veloppement de la pensée mathématique doit suivre le dé-
veloppement et la structure de la pensée naturelle de l'étu-
diant, ce qui lui confère la chance de trouver sa propre
méthodologie d'apprentissage et, finalement, sa propre
personnalité.
1. La Pensée iVlotivationnelle Adaptive - PlUIA
Toutes mathématiques commencent avec le point. Géné-
ralement, on montre aux étudiants un point fait avec le
crayon et on n'insiste pas sur le fait que le point en mathé-
matiques est un concept abstrait, qu'il n'a pas de dimen-
sion et qu'il est surtout une position dans l'espace plutôt
qu'un dessin. La première leçon avec l'axe des nombres
est décisive dans la compréhension du monde des mathé-
matiques. J'ai souvent entendu dire que les enfants ne peu-
vent pas comprendre les concepts et qu'ils ont besoin de
choses concrètes, des choses qu'ils peuvent toucher. Rien
de plus faux. C'est à la maturité que l'imagination vient
plus difficilement et c'est à l'enfance que l'imagination
s'exprime le plus. Si on pense au besoin des enfants pour
des contes, si on regarde le succès formidable du « Lord of
the Rings », on se rend comte que présenter le point comme
un concept et non pas comme une tache sur papier, devient
possible. Le moment où j'ai adopté une telle stratégie, l'en-
seignement des mathématiques est devenu facile et le suc-
cès spectaculaire.
Pour déclencher la motivation, j ' ai enseigné les mathéma-
tiques conune la science des contes de fées. Dans un conte
de
fées,
il y a des règles. C'est impossible de bâtir un monde
imaginaire sans règles. Dans la guerre des étoiles ou dans
n'importe quel monde, il y a des règles. Toutes ces règles
constituent le monde des mathématiques. En plus, les rè-
gles se créent et se transmettent par la logique. N'importe
quelle mathématique a sa propre logique, n'importe quel
monde a sa propre logique, n'importe quelle personne a sa
propre logique. Les mathématiques nous aident à
conscientiser le processus logique qui nous est propre et à
le développer. Finalement, je pourrais me bâtir mon pro-
pre monde basé sur ma propre logique, ou, ce qui est le but
de l'humanité, de nous bâtir ensemble un monde qui con-
tient toutes les logiques humaines possibles. C'est un prin-
cipe générateur humain que nous avons dès notre naissance
et qui attend de se manifester.
Vous allez trouver un exercice fascinant en cherchant avec
vos élèves les lois « logiques » de certains films de science
fiction. Par exemple, dans « La porte des étoiles », le temps
n'est pas une variable indépendante
:
il dépend de plusieurs
facteurs. Mais une fois que nous sonmies dans un monde
bien
défini,
le temps devient linéaire (comme dans le monde
réel). Cela faciliterait la compréhension du fait qu'un en-
semble de lois représente un système et qu'un système est
représenté par l'ensemble des lois qu'on doit définir.
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ENVOL,
NO 129 OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2004