Développement: Théorème d’Erdös-Ginzburg-Ziv Adrien Fontaine 1er juillet 2014 Ce développement consiste en la preuve du théorème d’Erdös-Ginzbur-Ziv. On commence par rappeler le théorème de Chevalley-Warning, qui est un outil essentiel de la démonstration. On peut en trouver une preuve au début du Cours d’arithmétique de Jean-Pierre Serre. Théorème 1 (Chevalley-Warning) Soit q une puissance d’un nombre premier p (q = pd ). Soient f1 , ..., fr ∈ Fq [X1 , ..., Xn ], vérifiant la condition r X deg(fi ) < n i=1 Alors, en notant V = {x ∈ Fnq /f1 (x) = ... = fq (x) = 0}, l’ensemble des zéros communs aux polynômes f1 , ..., fr , on a : |V | ≡ 0[p] Venons en maintenant au théorème d’Erdös-Ginzburg-Ziv. Théorème 2 (Erdös-Ginzburg-Ziv) Soit n ∈ N∗ , et a1 , ..., a2n−1 des entiers. Alors, il existe des indices i1 , ..., in ∈ {1, ..., 2n − 1} tels que ai1 + ...ain ≡ 0[n] Démonstration : Notons EGZ l’ensemble des entiers n ∈ N∗ vérifiant le théorème d’Erdös-GinzburgZiv. Plus précisément, EGZ = {n ∈ N∗ , ∀a1 , ..., a2n−1 ∈ N, il exite des indices i1 , ..., in ∈ {1, ..., 2n−1}/ai1 +...+ain ≡ 0[n]} Bien évidemment, le but est de montrer que EGZ = N∗ . Pour cela, on va procéder en deux étapes. On va d’abord montrer que EGZ contient tous les nombres premiers, puis que EGZ est stable par multiplication, ce qui permettra de conclure. 1. EGZ contient tous les nombres premiers : Soit p premier et a1 , ..., a2p−1 des entiers. On travaille dans Fp et on considère les deux polynômes f1 = 2p−1 X ai Xip−1 et f2 = 2p−1 X Xip−1 i=1 i=1 Alors, comme deg(f1 )+deg(f2 ) ≤ 2p−2 < 2p−1 (le nombre de variables), on peut appliquer le théorème de Chevalley-Warning. En conservant les notations du théorème, on a donc, p | |V | 1 2 Or, (0, ..., 0) ∈ V donc |V | ≥ 2. Donc, il existe (x1 , ...x2p−1 ) ∈ V non nul, tel que f1 (x1 , ..., x2p−1 ) = f2 (x1 , ..., x2p−1 ) = 0 Or, xp−1 = 1 dans Fp , si et seulement si, x est non nul dans Fp . Notons alors W = {i ∈ {1, ..., 2p − 1}/xi 6= 0} On a alors X p−1 f2 (x1 , ..., x2p−1 ) = = |V | = 0 xi i∈W Or, 1 ≤ |W | ≤ 2p − 1. Donc, |W | = p. Donc, en notant W = {i1 , ..., ip }, on a n X f1 (x1 , ..., x2p−1 ) = aik xp−1 ik = p X a ik = 0 k=1 k=1 c’est à dire ai1 + ... + aip ≡ 0[p] 2. EGZ est stable par multiplication Soient m, n ∈ EGZ. On veut montrer que nm ∈ EGZ. Soient donc a1 , ..., a2nm−1 des entiers. Prenons en 2n − 1. Comme n ∈ EGZ, il existe un ensemble I1 d’indices, de cardinal n, tel que I1 ⊂ {1, ..., 2n − 1} et X ai ≡ 0[n] i∈I1 Considérons ensuite les entiers (ai ) avec i ∈ {1, ..., 2nm − 1} \ I1 . Prenons en 2n − 1. Il existe alors I2 tel que I2 ⊂ {1, ..., 2nm − 1} \ I1 , |I2 | = n et X ai ≡ 0[n] i∈I2 Terminons le procédé après avoir construit l’ensemble d’indices I2m−1 , ce qui est possible car au bout de 2m − 2 étapes, il reste 2nm − 1 − (2m − 2).n = 2n − 1 entiers Pour j ∈ {1, ..., 2m − 1}, soit cj défini par X ai = ncj i∈Ij Alors, comme m ∈ EGZ, on peut finalement extraire un sous-ensemble d’indices J tel que X cj ≡ 0[m] j∈J Alors, XX j∈J i∈Ij ai = n X cj ≡ 0[nm] j∈J | {z } divisible par m Donc, ces nm derniers entiers répondent au problème posé.