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Elle représente 30-40% des cas, avec une nette prédominance masculine. Sa gravité réside dans le risque d'atteinte et de perte de la fonction du greffon, qui est estimée entre 20 et 30%. Le BK virus fait partie de la famille des Polyomavirus qui est à ADN, ubiquitaire. Sa pathogénie se révèle chez l'immunodéprimé et plus particulièrement en greffe rénale, avec un tropisme marqué pour les voies urinaires; plus précisément, au niveau de l'urothélium et de l'épithélium rénal, à l'origine d'une néphrite interstitielle. QUEL EST LE MODE DE RÉVÉLATION ? La complexité réside dans le fait qu'elle peut être asymptomatique, révélée par un bilan rénal perturbé, Il est important de savoir que toute dysfonction du greffon doit faire évoquer le diagnostic; particulièrement, en cas d'immunosuppression majeure. Parfois, le tableau se révèle par une sténose urétérale, hydronéphrose, cystite hémorragique et surtout, néphropathie tubulo-interstitielle, qui impose sa recherche systématique. Il est, donc, capital qu'un patient greffé bénéficie d'un suivi rigoureux, afin d'assurer un diagnostic précoce. Mécanisme pathogénique Ces virus ont un effet cytopathogène propre et possiblement oncogène. En ce qui concerne un potentiel effet oncogène, il a été mis en évidence un pouvoir transformateur des polyomavirus in vitro, avec induction de tumeurs, chez les animaux de laboratoire. Le génome d’un variant du BK virus a été retrouvé au niveau d’adénocarcinome pancréatique, de tumeurs cérébrales de différentes origines (glioblastome, astrocytome, méningiome), dans des sarcomes de Kaposi et même dans des carcinomes du rein. Des études similaires n’ont pas retrouvé d’ADN de BK virus, au sein de tumeurs humaines de même type et le rôle oncogène du BK virus, en pathologie tumorale humaine, reste, donc, très discuté. L’infection à BK virus est contractée, surtout, durant la petite enfance, avec une séroprévalence, de l’ordre de 60 à 80%, parmi les adultes immunocompétents. Après primo-infection, le BK virus diffuse, par voie hématogène, grâce aux lymphocytes B circulants, jusqu’à un ou plusieurs organes cibles, en sachant que l’urothélium et/ou le rein sont des sites de latence privilégiés. N°49 - Mars 2016 Santé-MAG 11 DOSSIER EXISTE T-IL DES FACTEURS DE RISQUE? Les patients, à fort risque immunologique, bénéficient, en début de greffe rénale, des traitements d'inductions lymphopéniants, qui influent sur la réactivation de certains virus. Au cours de l'évolution et du suivi des patients greffés, ils peuvent être sujets à des rejets et par conséquent, nécessiter de fortes doses de corticoïdes, qui majorent le risque d'émergence du BK virus. Il est important de souligner que les atteintes a BK virus, chez le transplanté rénal, ont été corrélées à l'évolution de traitements plus ciblés, afin de mieux contrôler le risque immunologique. QUELLES SONT LES MOYENS BIOLOGIQUES PERMETTANT UNE ORIENTATION DIAGNOSTIC? IL faut savoir qu'actuellement, dans notre centre, au CHU Parnet, nous établissons un dépistage systématique, à la recherche de BK virus, qui commence à se standardiser, actuellement. Des éléments d'orientations; à savoir, la recherche de cellules appelées, communément,"decoy cells", qui sont des cellules tubulaires altérées par des inclusions virales. Cette recherche permet, dans un premier temps, de définir, arbitrairement, l'état d'immunodépression du patient et secondairement, avec des techniques d'amplifications, actuellement disponibles, en Algérie, il est possible de détecter la charge virale du patient et de définir, avec exactitude, la réplication du virus, au niveau urinaire et sanguin, par la technique PCR quantitative: Virurie: PCR quantitative >107 copies/ml Virémie: PCR quantitative > 104 copies/ml La BK virurie apparaît, en général, dans les premières semaines post-transplan- tation, suivie par la BK virémie, environ 1 à 3 mois après. Virurie et virémie précèdent, en général, la néphropathie à BKv, qui apparaît, dans les trois-quarts des cas, lors de la première année posttransplantation, avec une médiane de survenue à 12 semaines, après la virurie (figure1) QUEL EST L'APPORT DE LA BIOPSIE, DANS CETTE PATHOLOGIE? L'étude histologique est un élément incontournable du diagnostic. En effet, le virus se multiplie au sein du parenchyme rénal, provoquant un effet cytopathogène; ce qui permet d'identifier les lésions orientant vers cette atteinte. Elles peuvent se présenter sous forme d'atteintes tubulaires et de l'interstitium. Au niveau histologique, la néphrite tubulo-interstitielle, à BK virus, se distingue par des lésions sévères diffuses non focales, prédominant au niveau des tubes collecteurs et distaux; principalement, au niveau de la médullaire. Ces lésions se caractérisent par des inclusions intranucléaires virales, au sein de noyaux volumineux. Il existe des marqueurs immuno-histochimiques spécifiques; malheureusement, non disponibles, en Algérie; à savoir, le Séroprévalence > 80% de la population générale T R A N S P L A N TAT I O N Virurie BKv 30 à 50% 2à4 semaines Virurie + virémie BKv 10 à 15% Virurie + virémie + néphrpathie à BKv 5% 1 à 3 mois 12 semaines Perte de greffon Figure 1: Évolution naturelle de l’infection à BKv après transplantation rénale Lanot A, et al. Infections à BK virus en transplantation rénale. Néphrol ther (2016) 12 Santé-MAG N°49 - Mars 2016 simian virus 40 (SV40), qui permettent un diagnostic, précis, des néphropathies à BK virus. COMMENT AGIR? L'attitude prioritaire réside dans la prévention, avec un dépistage, qui tend à se consensualiser, au stade de néphropathie avérée; il est indispensable de réduire précocement l'immunosuppression et de réaliser un monitoring de la réplication virale. De nouvelles thérapeutiques sont en cours d'évaluation, comme les inhibiteurs de mTOR, qui ont prouvé leur efficacité, dans la limitation de la virémie et qui feront, incessamment, partie de l'arsenal thérapeutique du CHU Parnet. Des antiviraux innovants, utilisés dans d'autres indications; à savoir, le brincidofovir, sont en cours d'essais cliniques, pour définir leur innocuité, à long terme. CONCLUSION: C'est, actuellement, une pathologie en pleine émergence, dans le domaine de la transplantation rénale. Le défi actuel est de bien définir la stratégie immunosuppressive et dépister, de façon précoce, toute réplication virale. L'importance réside dans le mauvais pronostic rénal, qui conditionne le devenir de la greffe des patients. A l'heure actuelle, il est recommandé de réduire l'immunosuppression et d'évaluer l'impact réel des différentes stratégies thérapeutiques, sur la survie du greffon. Il est important de dire qu'une nouvelle transplantation est possible, après la perte du greffon, suite à une néphropathie à BK virus, sous réserve d'une surveillance rigoureuse * Docteur Attou Sihem, service de néphrologie et transplantation rénale, hôpital Nefissa Hamoud (ex-Parnet), Hussein Dey - Alger.