18 HÉPATITE C La présente fiche contient de l’information générale. Pour obtenir des renseignements complémentaires, se référer aux lignes directrices publiées par les organismes reconnus et aux outils d’aide à la pratique clinique, que l’on trouvera sur le site suivant : [http://www.msss.gouv.qc.ca/itss], section « Documentation », rubrique « Professionnels de la santé/Outils », page « Intervention préventive relative aux ITSS ». Définition Infection du foie causée par le virus de l’hépatite C (VHC). Il existe plusieurs génotypes du VHC. Tableau clinique Infection aiguë (moins de six mois après que l’infection ait été contractée) : souvent asymptomatique (dans environ 80 % des cas). Les manifestations possibles sont les suivantes : anorexie, fatigue, douleur abdominale vague ou située au quadrant supérieur droit, nausées, vomissements, fièvre légère, ictère, urines foncées et selles pâles. Infection chronique (infection qui persiste plus de six mois) : généralement asymptomatique, fatigue persistante ou intermittente, ou malaise général. Durée de l’infection Infection aiguë : environ 25 % des personnes infectées guérissent sans traitement en six mois ou moins. La probabilité d’éliminer spontanément le VHC est moindre en présence d’une coïnfection par le VIH et chez les personnes immunosupprimées. Infection chronique : sans traitement, l’infection persiste en général toute la vie. Complications Infection aiguë : hépatite fulminante très rare. Infection chronique, en l’absence de traitement, après plusieurs années : o cirrhose (dans 10 à 40 % des cas, dans un délai variant entre 10 ans et plus de 50 ans et progression plus rapide en présence de cofacteurs comme la consommation d’alcool, le diabète, la stéatose hépatique, un âge supérieur à 40 ans au moment de l’acquisition de la maladie ainsi que la coïnfection par le VIH ou par d’autres virus hépatotropes); o insuffisance hépatique (de 4 à 5 % de personnes atteintes par an en présence de cirrhose); o carcinome hépatocellulaire (de 1 à 4 % de personnes atteintes par an en présence de cirrhose). Période d’incubation De deux semaines à six mois, mais de six à neuf semaines en moyenne. Période de contagiosité Infection aiguë : le risque de transmission est présent d’une à plusieurs semaines avant l’apparition des symptômes. Les personnes atteintes d’hépatite C aiguë peuvent transmettre l’infection même si elles sont asymptomatiques. Porteurs chroniques : le risque de transmission persiste en général pour le reste de leur vie, à moins que le virus ne soit éradiqué à la suite d’un traitement. Réservoir Avril 2016 L’être humain. 147 Épidémiologie Au Québec : on compte environ 1 000 cas déclarés par année. La prévalence s’approcherait de 1 %; les nouvelles infections touchent principalement les UDI. Au Canada, une proportion importante des personnes infectées ignore l’être. Il est difficile d’estimer avec précision cette proportion, elle serait de 44 % selon certaines estimations. Pour en savoir davantage à ce sujet, consulter le site suivant : [http://www.msss.gouv.qc.ca/itss], section « Statistiques », rubrique « Au Québec ». Modes de transmission Transmission sanguine : o lorsqu’il y a partage de matériel de préparation, d’injection ou d’inhalation de drogues (principal mode de transmission) ou partage de la drogue elle-même; o par le tatouage, le perçage, l’électrolyse ou l’acupuncture dans des conditions non stériles; o par transfusion sanguine, lorsque les mesures de sécurité transfusionnelles ne sont pas appliquées – précisons ici qu’elles sont appliquées universellement au Canada; o par une exposition percutanée accidentelle à des liquides biologiques contaminés, incluant les piqûres avec des seringues à la traîne; o par contact direct avec de la peau non intacte; o à la suite d’une morsure avec déchirure cutanée par une personne infectée ayant du sang dans la bouche. Transmission de la mère infectée à son enfant pendant l’accouchement : o une transmission est possible, mais rare : dans environ 3 à 5 % des cas; le risque est plus élevé, jusqu’à 36 % des cas, en présence d’une coïnfection par le VIH. Transmission sexuelle : o rare chez les couples hétérosexuels; o rapportée chez les HARSAH vivant avec le VIH lorsqu’ils s’adonnent à des pratiques sexuelles anales ou à des pratiques où le risque de traumatisme est élevé, en présence de sang et de lésions associées à d’autres ITS. Pour en savoir davantage sur les modes de transmission du VHC, consulter les documents suivants : l’outil d’aide à la pratique clinique intitulé « Estimation du risque associé aux activités sexuelles » : [http://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/document-000097]; Guide pour la prophylaxie après une exposition au VIH, au VHB et au VHC, (MSSS, à paraître). Période fenêtre Le délai minimal avant de pouvoir détecter les anti-VHC est de six semaines. La période fenêtre pour détecter les anti-VHC se termine douze semaines après l’exposition. Chez les personnes vivant avec le VIH et les personnes immunosupprimées, la période fenêtre peut être plus longue. Les notions de délai minimal et de période fenêtre ne sont pas utilisées pour déterminer le moment opportun pour effectuer la recherche de l’ARN du VHC. 148 Avril 2016 Analyses de Dans le contexte du dépistage : biologie médicale o procéder à des prélèvements veineux : - en vue de rechercher des anti-VHC; - en vue d’une recherche qualitative de l’ARN du VHC lorsque l’antiVHC est positif ou indéterminé, cela afin de confirmer la présence de l’infection. Les analyses recommandées varient en fonction des situations (voir la section 8.2 et l’annexe VI). Le tableau qui suit propose des interprétations des résultats obtenus lorsque les analyses ont été effectuées après la fin de la période fenêtre chez une personne immunocompétente. Résultats des analyses sérologiques Avril 2016 Interprétation Anti-VHC ARN du VHC Négatif Négatif ou analyse non recommandée Absence d’hépatite C Négatif Positif Hépatite C aiguë Positif Positif Hépatite C aiguë ou chronique Positif Négatif Infection antérieure par le VHC. Ce profil peut refléter l’une des situations suivantes : Hépatite C antérieure guérie (sans traitement) La guérison est confirmée par l’obtention de résultats négatifs lors d’une recherche qualitative d’ARN du VHC sur deux échantillons prélevés à douze semaines d’intervalle; Hépatite C guérie à la suite d’un traitement La guérison est confirmée par l’obtention d’un résultat négatif lors d’une recherche qualitative d’ARN du VHC trois mois après la fin du traitement; Hépatite C récente La charge virale du VHC (ARN du VHC) peut fluctuer pendant les premiers mois suivant l’exposition. Indéterminé Positif Hépatite C aiguë ou chronique Indéterminé Négatif Absence d’hépatite C 149 Analyses de Pour obtenir des renseignements complémentaires, se référer aux biologie médicale documents suivants : (suite) outil d’aide à la pratique clinique intitulé « Prélèvements et analyses recommandés en fonction de l’infection recherchée chez les personnes asymptomatiques (dépistage) » : [http://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/document-000102/]; La prise en charge et le traitement des personnes infectées par le virus de l’hépatite C : Guide pour les professionnels de la santé du Québec, MSSS, à paraître. Note : Consulter le laboratoire qui procédera aux analyses de biologie médicale afin de connaître les analyses qu’il peut effectuer et les conditions à respecter pour le prélèvement, la conservation et le transport des spécimens. MADO L’hépatite C est une maladie à déclaration obligatoire (MADO). Pour obtenir le formulaire de déclaration AS-770, consulter le site suivant : [http://msssa4.msss.gouv.qc.ca/intra/formres.nsf/36e747f5dc7d0d6585256 e1a006ba727/64631465d0d5c09085256ecf006b4afd?OpenDocument&Hig hlight=0,AS-770]. Pour en savoir davantage sur les maladies à déclaration obligatoire, consulter le site suivant : [http://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels /mado/]. Traitement Une thérapie antivirale permet d’éradiquer l’infection chez la plupart des personnes infectées. Le type de traitement et son succès dépendent, entre autres, du génotype du virus, des traitements antérieurs reçus pour l’hépatite C et de la présence de complications (insuffisance hépatique, cirrhose). Des combinaisons thérapeutiques par voie orale et sans injection, de plus courtes durées, plus efficaces et mieux tolérées sont maintenant offertes. Certaines combinaisons thérapeutiques consistent toujours en des injections par voie sous-cutanée et l’administration de comprimés par voie orale. Pour des précisions sur le traitement, se référer au document intitulé La prise en charge et le traitement des personnes infectées par le virus de l’hépatite C : Guide pour les professionnels de la santé du Québec (MSSS, à paraître). Prévention La guérison ou la présence d’anticorps contre le VHC ne procurent pas d’immunité et ne protègent pas contre les réinfections. Plusieurs mesures contribuent à réduire le risque de contracter une ITSS. Consulter à ce sujet les chapitres neuf et onze sur le counseling pré et posttest du présent document. Il n’existe aucun vaccin contre l’hépatite C. Bien qu’il n’existe aucune prophylaxie post-exposition pour le VHC, une évaluation est indiquée à la suite d’une exposition à du sang ou à un autre liquide biologique susceptible de transmettre des infections à diffusion hématogène. Consulter le Guide pour la prophylaxie après une exposition au VIH, au VHB et au VHC (MSSS, à paraître). 150 Avril 2016 Prévention (suite) Les mesures suivantes permettent de diminuer le risque de transmission de l’hépatite C d’une personne infectée à une personne non infectée : o ne pas partager de drogues ni de matériel de préparation, d’injection ou d’inhalation de drogues; o ne pas donner de sang, de sperme, d’organes ni de tissus; o ne pas partager ses articles d’hygiène personnelle (p. ex. : rasoir, paire de ciseaux, coupe-ongles, brosse à dents); o couvrir soigneusement toute coupure ou plaie ouverte et se débarrasser en toute sécurité de tout objet contaminé par du sang; o en présence de sang (menstruations ou pratiques sexuelles où le risque de traumatisme est élevé), utiliser un condom avec tous ses partenaires sexuels et pour tout type de relations sexuelles, qu’elles soient vaginales ou anales; o en présence d’une coïnfection par le VIH, utiliser un condom avec tous ses partenaires sexuels et pour tout type de relations sexuelles, qu’elles soient vaginales, anales ou oro-génitales; o informer son médecin, sa sage-femme ou son IPS d’une grossesse – celle de la personne infectée ou de sa partenaire – effective ou planifiée. L’allaitement n’est pas contre-indiqué. En présence de crevasses ou de saignements du mamelon, une évaluation est suggérée. Les mesures suivantes permettent aux personnes infectées par le VHC d’éviter une détérioration de leur état de santé : o suivre les recommandations de l’équipe traitante (p. ex. : suivi régulier et traitement, lorsque cela est indiqué); o se faire vacciner contre l’hépatite A, l’hépatite B, le pneumocoque et l’influenza en plus de compléter l’immunisation de base. Se référer aux recommandations du PIQ à ce sujet : [http://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/document-000105/]; o éviter de consommer de l’alcool; o avoir de saines habitudes de vie, incluant le maintien d’un poids santé; o consulter un pharmacien, un médecin ou une IPS avant de consommer des médicaments en vente libre ou des produits naturels ; o informer son pharmacien, son médecin ou son IPS de son infection par le VHC lorsque l’on doit prendre un nouveau médicament pour une autre condition. Avril 2016 151