de 3/1 avec une moyenne d’âge de 65,6 ans. L’incidence annuelle
globale, excluant les fractures-luxations (8,6 %), était de 73/100 000
avec un maximum de 409/100 000 chez la femme. L’étiologie
habituelle était la simple chute dans 79 % des cas. Parmi les 28 %
des patients hospitalisés, 75 % avaient plus de 60 ans et 75 % étaient
des femmes. Environ 80 % des fractures de l’humérus proximal
étaient peu ou pas dépIacées et ne nécessitaient qu’un traitement
orthopédique, ce qui rejoint très exactement les constatations de
Neer
[27]
.
L’étude américaine de Rose
[31]
montrait, sur 274 fractures proximales
de l’humérus, une incidence annuelle chez l’homme de 30,5/100 000
contre 63,3/100 000 chez la femme. Elle confirmait l’incidence
croissante avec l’âge chez la femme après 50 ans, atteignant un pic
de 439,4 fractures pour 100 000 à l’âge de 80 ans avec un sex-ratio
de 2,1/1.
Anatomopathologie
De très nombreuses classifications ont été proposées selon le siège
des traits par rapport à la surface articulaire et aux tubérosités, le
nombre de fragments, le déplacement, l’association ou non à une
luxation glénohumérale.
Neer
[28]
a été le premier, en 1953, à démembrer les diverses variétés
de fractures articulaires, jusqu’alors qualifiées de comminutives et
parfois associées à une luxation, et a proposé le terme de fractures
« à quatre fragments ». Cette classification repose sur les travaux de
Codman
[5]
qui a distingué, en 1934, quatre structures que Neer a
ensuite intitulées « segments », séparées par les lignes de
calcification des cartilages de conjugaison : la tête humérale, le
trochiter ou tubercule majeur, le trochin ou tubercule mineur et la
diaphyse. Codman avait observé que les traits de fracture suivent
fréquemment les anciens cartilages de croissance et avait
individualisé des fractures à deux, trois ou quatre fragments dans
lesquelles chaque fragment portait, selon la fracture, une, deux ou
trois des quatre structures. Neer a précisé en 1970 sa classification
dite « des quatre segments », en tenant compte de la situation des
traits, du nombre de fragments et de leur déplacement. Il avait
individualisé six groupes, le groupe I étant celui des fractures dites
peu ou pas déplacées, dans lesquelles aucun segment ne présente
un déplacement angulaire de plus de 45° ou linéaire de plus de 1 cm.
Le traitement de ces fractures, qualifiées de fractures « en une partie
»(ou«àunfragment ») est orthopédique et leur pronostic en règle
favorable, car elles ne comportent pratiquement pas de risque de
nécrose. Neer a modifié en 1975 cette classification qui ne considère
plus que les fractures déplacées. Les fractures « à deux fragments »
comprennent les fractures du col anatomique, du col chirurgical, du
trochiter ou du trochin. Les fractures«àtroisfragments » associent
une fracture du col chirurgical à une fracture d’une tubérosité. Les
fractures « à quatre fragments » détachent la tête et les deux
tubérosités. Toutes ces fractures peuvent être associées à une
luxation de l’épaule et il existe en outre de rares fractures de la
surface articulaire (par impaction ou cisaillement). Fractures-
luxations et fractures de la surface articulaire forment le groupe VI
de l’ancienne classification. Chaque « partie » (ou « fragment ») peut
donc porter un ou plusieurs segments. En outre, les traits de
fractures ne suivent pas exactement les anciens cartilages de
croissance et traversent parfois un segment qui est ainsi situé sur
deux fragments. Fragments et segments ne sont donc pas
équivalents.
Duparc a proposé une classification reposant sur une terminologie
anatomopathologique en introduisant le terme explicite de fractures
céphalotuberculaires pour les fractures articulaires séparant tête
humérale, diaphyse et tubérosités, équivalent des fractures « à
quatre fragments » de Neer. La classification actuelle de Bichat
[17]
oppose les fractures extra-articulaires aux fractures articulaires. Elle
distingue, parmi les fractures extra-articulaires, les fractures isolées
des tubercules intéressant le trochin ou le trochiter et les fractures
sous-tuberculaires, isolées ou associées à une fracture d’un des
tubercules. Les fractures articulaires comprennent les fractures du
col anatomique, les fractures céphalotuberculaires et les fractures
issues des encoches céphaliques dues aux luxations.
Muller a proposé, en 1987
[26]
, la classification de l’AO/ASIF qui
définit trois grands groupes A, B et C selon que le trait est
extracapsulaire, partiellement ou totalement intracapsulaire. Le
risque de nécrose augmente considérablement du groupe A au
groupe C. Chaque groupe est lui-même divisé en trois sous-groupes
de gravité croissante, selon un codage alphanumérique permettant
un classement informatique. Cette classification isole les fractures
céphalotuberculaires engrenées en valgus, ignorées par Neer, en
raison de leur déplacement souvent peu important. Elle est
difficilement utilisable.
En 1989, Habermeyer et Schweiberer
[11]
ont proposé leur propre
classification en trois groupes, inspirée de la classification de Neer
et de l’AO :
–groupe A : fractures extracapsulaires de deux à quatre fragments
non déplacées ;
–groupe B : fractures extracapsulaires de deux à quatre fragments
avec luxation ;
–groupe C : fractures intracapsulaires avec ou sans luxation.
Plus récemment, Gerber
[9]
a insisté sur un facteur important, négligé
dans toutes les classifications qui n’incluent que des critères
morphologiques : la fragilité osseuse, qui n’est pas toujours
superposable à l’âge. Il s’agit en effet d’un facteur essentiel de
l’indication, car il permet d’envisager ou non la possibilité d’une
ostéosynthèse. La même fracture chez un sujet à l’os solide et chez
un sujet ostéoporotique ne devrait pas être classée de la même
manière tant elle est différente sur les plans thérapeutique et
pronostique.
Tous s’accordent sur la nécessité de classer ces fractures afin
d’améliorer leur prise en charge et de pouvoir comparer les résultats
des séries. Toutes les classifications décrivent à peu près les mêmes
fractures et des équivalences peuvent être établies entre les
classifications de Neer et de Duparc et, à un moindre degré, de l’AO
(tableau I). Cependant, l’unanimité ne s’est pas faite sur le choix
d’une classification commune.
La classification de Neer est celle qu’utilisent les Anglo-Saxons et
elle est celle le plus largement diffusée. Ceux qui l’utilisent
confondent volontiers les termes de « fragments » et « segments »,
ce qui est à l’origine d’erreurs d’interprétation. On peut faire
quelques reproches à cette classification :
– une fracture céphalotubérositaire détachant trois fragments, le
segment céphalique, la diaphyse et un fragment portant le trochiter
et le trochin est inclassable ;
– certaines fractures « non déplacées » pour Neer peuvent
néanmoins faire discuter un traitement chirurgical : fracture déplacée
du trochin, fracture déplacée de5à10mmdutrochiter, fracture
céphalotubérositaire engrenée en valgus ;
– les fractures issues des encoches des luxations ne sont
pratiquement pas décrites ;
– une fracture céphalotubérositaire peu ou pas déplacée paraît
bénigne alors qu’elle peut se compliquer de nécrose céphalique dans
un pourcentage de cas non négligeable.
La classification de l’AO/ASIF, bien qu’assez exhaustive, nous paraît
complexe, peu évocatrice et d’un usage peu aisé, car elle nécessite
pour étiqueter une fracture d’avoir sous les yeux l’ensemble de la
classification en raison du nombre important de sous-groupes.
Nous n’avons pas l’expérience de l’usage de la classification
d’Habermeyer.
La reproductibilité de ces classifications a été évaluée et est
médiocre. Toutes les classifications peuvent donner lieu à des
interprétations différentes selon les chirurgiens lors de la lecture des
mêmes clichés et même par le même chirurgien lors de deux lectures
différentes.
Le problème n’est pas tant de classer les fractures que de préciser la
situation des traits par rapport aux quatre segments, d’identifier les
Appareil locomoteur Fractures de l’extrémité supérieure de l’humérus 14-038-A-10
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