La Lettre du Cancérologue • Vol. XVII - n° 9 - novembre 2008 | 449
MISE AU POINT
Prise en charge thérapeutique
La cervicotomie exploratrice avec analyse histolo-
gique extemporanée de l’ADP est le dernier temps
du bilan diagnostique mais également le premier
temps du traitement (1, 3). La biopsie ganglionnaire
simple est contre-indiquée, puisqu’elle entraîne une
rupture capsulaire en cas d’ADP maligne (5), ce qui
aggrave le pronostic.
La conduite thérapeutique à tenir dépendra du
résultat anatomopathologique extemporané (16).
Ainsi, en cas :
– de métastase d’un carcinome épidermoïde, on
effectuera au cours du même temps opératoire un
évidement ganglionnaire complet, associé à une
amygdalectomie homolatérale si celle-ci n’a pas
été réalisée au cours de la panendoscopie ;
– de métastase d’un carcinome indifférencié, on
s’arrêtera à une adénectomie simple ;
– de métastase d’un carcinome papillaire ou vési-
culaire de la thyroïde, on complétera par un curage
complet homolatéral et récurrentiel bilatéral, ainsi
que par une thyroïdectomie totale ;
– de lymphome, l’adénectomie est suffisante ;
– de métastase d’un adénocarcinome, on n’effectuera
pas de geste complémentaire lors de la cervicotomie,
mais il faudra compléter le bilan en postopératoire
à la recherche d’une lésion gastrique, pulmonaire
ou prostatique (17).
Dans la totalité des cas, le traitement effectué lors de
cette cervicotomie est insuffisant et sera complété
par une radiothérapie et/ou une chimiothérapie, en
fonction des résultats de l’analyse anatomopatho-
logique définitive.
Devant une métastase d’un carcinome épidermoïde,
le traitement complémentaire sera une radiothérapie
externe de 60 à 70 Gy sur les aires ganglionnaires
(de façon bilatérale), le pharyngo-larynx et la cavité
buccale (2, 18, 19).
En cas de métastase d’un carcinome indifférencié, le
patient bénéficiera, en postopératoire, d’une radio-
chimiothérapie, avec irradiation des aires ganglion-
naires cervicales et du cavum (4).
S’il s’agit d’un lymphome, le traitement reposera
sur une chimiothérapie.
Devant un adénocarcinome thyroïdien, on complé-
tera le traitement par une IRAthérapie.
Enfin, en cas de métastase d’un adénocarcinome non
identifié, la radiothérapie ne semble pas améliorer
le pronostic, qui est médiocre (17).
Évolution
La tumeur primitive après traitement apparaît, dans
7 à 60 % des cas, dans un délai moyen de 2 ans.
Cette différence de pourcentage selon les séries
s’explique par les différentes modalités thérapeu-
tiques. Ainsi, chez les patients ayant été traités par
chirurgie seule, le cancer primitif se manifeste plus
souvent que chez les patients ayant été irradiés en
postopératoire (1, 18, 20).
La rechute ganglionnaire survient également selon
un pourcentage très variable (0 à 50 %) des cas,
selon le traitement initial (18).
Enfin, l’évolution peut être marquée, dans 10 à 20 %
des cas, par l’apparition de métastases à distance sans
que la tumeur primitive ait été retrouvée (18, 21).
Pronostic
Les facteurs pronostiques des adénopathies cervi-
cales malignes en apparence primitives sont les
mêmes que pour toutes les tumeurs des voies aéro-
digestives supérieures, c’est-à-dire (1, 16) :
– délai thérapeutique ;
– type histologique ;
– stade ganglionnaire ;
– degré de différenciation ;
– présence d’une rupture capsulaire ;
– présence d’emboles vasculaires ou nerveux.
Conclusion
La prise en charge d’une ADP cervicale maligne
en apparence primitive est délicate, nécessitant
un bilan complet et exhaustif afin de retrouver la
tumeur primitive et d’éviter au patient les désa-
gréments d’une irradiation étendue. Le pronostic
est essentiellement lié à des facteurs histologiques
et aux différents moyens thérapeutiques utilisés,
l’association radiochirurgicale étant la moins péjo-
rative, notamment pour les carcinomes épider-
moïdes. ■
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