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La plupart des études randomisées ayant établi la supériorité des traitements intensifs
par rapport aux chimiothérapies classiques, ont exclu les malades avec insufsance
rénale persistante avérée (créatininémie le plus souvent inférieure à 150 µmol/L). La
faisabilité des traitements intensifs avec autogreffe est cependant bien démontrée
en cas d’insufsance rénale, y compris chez les malades hémodialysés, mais au
prix d’une morbidité et d’une mortalité accrues (18, 19). Au stade de l’insufsance
rénale nécessitant la dialyse, la procédure ne permet la récupération de la fonction
rénale antérieure que chez un faible nombre de patients (20). Le bénéce/risque
de l’autogreffe reste donc incertain et la place d’un traitement intensif en situation
d’insufsance rénale persistante avérée n’est pas établie.
Le choix de la chimiothérapie initiale à instaurer chez le malade dont le MM est
révélé par une insufsance rénale reste mal déni. L’utilisation de la Dexaméthasone,
du fait de son action anti-inammatoire, apparaît indiscutable (10). La nature des
cytotoxiques à lui associer n’a pratiquement pas été évaluée à ce jour. L’élimination
rénale de certains d’entre eux en limite l’utilisation; elle peut conduire à préférer, pour
le choix d’un alkylant, le Cyclophosphamide au Melphalan. Les schémas de type VAD
(Vincristine, Adriamycine, Dexaméthasone) ont longtemps été les plus employés,
malgré la toxicité cardiaque de l’Adriamycine et neurologique de la Vincristine.
L’introduction récente de nouveaux agents, d’abord le Thalidomide, puis un inhibiteur
du protéasome, le Bortezomib et, plus récemment encore, un dérivé du Thalidomide,
le Lenalidomide (ou Revlimid®), a modié les données du choix du traitement
optimal initial du MM avec insufsance rénale. Le métabolisme du Thalidomide
en cas d’insufsance rénale est mal connu. Une toxicité neurologique centrale,
dominée par le risque de convulsions, a été montrée, justiant l’utilisation de doses
en aucun cas supérieures à 200 mg par jour. D’autre part, la survenue possible d’une
hyperkaliémie sévère chez les patients atteints de myélome avec une insufsance
rénale sévère traités par Thalidomide impose une surveillance attentive de la kaliémie
(21). Le Bortezomib est utilisable sans adaptation de posologie pour le traitement
du myélome chez l’insufsant rénal, y compris nécessitant l’hémodialyse, avec un
prol d’efcacité et de tolérance comparable à celui des sujets à fonction rénale
conservée (8, 22, 23). Sa toxicité reste essentiellement digestive, hématologique
(thrombopénie) et neurologique périphérique. Le Bortezomib apparaît donc comme
une molécule de choix dans le traitement de la NCM, en association avec la
Dexaméthasone. Le Lenalidomide, éliminé par voie rénale, nécessite une adaptation
de dose en fonction du degré de réduction néphronique. En l’absence d’insufsance
rénale, ces nouvelles molécules, habituellement associées à la Dexaméthasone,
permettent une réponse hématologique rapide, souvent obtenue en moins d’un
mois. Cette réponse est apparemment complète chez un pourcentage notable de
malades, pouvant atteindre plus de 30% lorsqu’elles sont couplées à un alkylant
(24). L’impact de ces rémissions rapides et souvent profondes, sur le pronostic rénal
et vital des malades avec insufsance rénale n’a pas été évalué, en particulier par
des études randomisées prospectives.