Séminaire Dubreil. Algèbre et théorie des nombres C LAUDE J OULAIN Sur les anneaux non commutatifs. II. Anneaux noethériens et artiniens à gauche Séminaire Dubreil. Algèbre et théorie des nombres, tome 15, no 2 (1961-1962), exp. no 14, p. 1-10 <http://www.numdam.org/item?id=SD_1961-1962__15_2_A3_0> © Séminaire Dubreil. Algèbre et théorie des nombres (Secrétariat mathématique, Paris), 1961-1962, tous droits réservés. L’accès aux archives de la collection « Séminaire Dubreil. Algèbre et théorie des nombres » implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/legal.php). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright. Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques http://www.numdam.org/ 14-01 Séminaire DUBREIL-PISOT (algèbre et Théorie des nombres) 15e. année, 1961/62, n° -14 12 1962 raars SUR LES ANNEAUX NON COMMUTATIFS II. ANNEAUX NOETHÉRIENS ET ARTINIENS À GAUCHE. par Claude JOULAIN On dans les deux trouvera, premières parties de cet exposée les définitions et exemples dl anneaux, de nodules et de demi-groupes noethériens et artiniens. La troisième partie est consacrée à l’ étude de la structure d’un anneau premier unitaire, artinien à gauche. des Cet exposé reprend, 1. Anneaux, nodules dans ses grandes lignes, (resp. Si l’anneau A chapitre de l’ouvrage C~~. et demi-groupes noethériens. DEFINITION ~.1..» Un anneau A est bilatère), sil vérifie la condition idéaux à gauche un à de gauche (resp. à droite,. chaîne ascendante (finie) pour les droite’ bilatères)* est noethérien à La condition de chaîne dit noethérien ~ gauche et à droite, ascendante (finie) exprime il est dit noethérien. que toute suite strictement croissante d’idéaux est nécessairement finie. Elle a été introduite par E. NOETHER Cette condition de chaîne encore 1921 (cf. [7]) ascendante, équivaut élément maximal maximale, signifie à la condition que tout ensemble d’idéaux de finie, signifie que tout idéal dans 1- commutatif. maximale, ou 1 possède un possède un nombre génér. ateurs. Donnons quelques exemples d’anneaux noethériens à 1° Soit l’anneau des coefficients dans Y~ cas dans cet enserible. La condition de base et dans le à la condition de base finie. La condition fini de en avec un polynômes à deux variables corps commutatif les relations K, dont gauche, ou noethériens. permutables X et Y , à les éléments permutent avec X non [2]). Hc CARTAN et Se EILENBERG (cf. C’ est noethérien à gauche, et un anneau non à droite. Ce n’est pas un anneau premier. 2° Si on K(Y) dans le corps obtient on à non polynômes considère l?anneau des droite (cf. 3° Dans le cas c’ est l’anneau d’ intégrité, donc commutatif, a corps commutatif été commutatif, permutables, 1. gauche et exemple important d’anneau noethérien : des polynômes à n variables permutables. Le démontré, on a cor.me d’une 1890, en par D. HILBERT des polynômes à coefficients dans un [4]. exemple ir.3portant d’ anneau noethé- algèbre de Lie de dimension finie sur K o Cet anneau s’ obtiont de la On considère l’anneau non est noethérien à exemple 1). rien, l’algèbre enveloppante ~.~L~ un et à coefficients on a un K[X1 , ... , X ] non vaxiable X premier, qui L. LESIEUR et Ro théorème de la base finie 4° Dans le cas une les relations avec un anneau à à n façon suivante : variables corps commutatif K. (i = 1 , 2 , ... , n) K. On impose la rela- tion L.. (X~ eu est une ~~ J ~(L) est l’anneau Si les formes sinon est linéaire donnée quotient obtenuo L..(X) sont toutes un anneau non nulles, est commutatif noethérien à un anneau gauche et à commutatif, droite ; la méthode originale de Hilbert peut être utilisée pour démontrer que un anneau d’ intégrité, noethérien à gauche et à droite. 5° Tout d’ anneaux quotient d’un anneau noethérien à gauche, tout produit noethériens à gauche, sont des anneaux noethériens à gauche. anneau est fini Pour les modules, DEFINITION on a la définition suivante $ 1.2. - Un à M gauche noethérien s’il vérifie est dit la condition de chaîne ascendante pour les sous-nodules. Un exemple général assez à de est fourni par la gauche noethérien, propriété suivante : PROPRIETE neau A 1.1. - Un A-module à de type fini sur un an- noethérien à gauche, est noethérien. On raisonne par récurrence de j~~ . 1° unitaire, gauche M p = 1 . - Alors = sur le nonbre soit Ax1 ; Mn p un des (x~ ~ générateurs sous-module de ... ~ M . Considérons l’idéal à gauche : Considérons une suite strictement croissante de sous-modules Mn , La suite d’ idéaux à gauche de sous-raodules M . I n est donc finie ; il en on a est de la suite n 2° Supposons Mn étant par les Si on a~ On a m. une propriété qu’il une M vraie pour sous-nodule de tels considère foraient rang un la M, on Ax1 considère l’ idéel à gauche + + Ax2 + In’ constitué ... oxiste suite croissante de sous-modules suito = croissante, les idéaux à gauche donc stationnaire à partir d’un certain Mn , x~ Supposons k ~ et soit Une suite strictenent croissante de sous-nodules de M strictement croissante de sous-nodules de Lx~ + + finie, d’après l’hypothèse d’induction, propriété Pour un demi-groupe, DEFINITION 1.3. - Un on a déni-groupe Exemple. On obtient 2. un D D en suite telle suite est résulte pour est dit noethérien à p . 1,1 gauche (resp. à la condition de chaîne ascendante pour les est noethérien à Dans l’ensemble une une la définition : droite! bilatère), s’il vérifie idéaux à gauche (resp. à droite, Si le déni-groupe la ... définit donc gauche des entiers et à droite, il eat dit noethérien. ab = gauche (resp. à naturels, on pose b) . demi-groupe noethérien. Anneaux, modules, et demi-groupes artiniens. DEFINITION 2.1. - Un anneau A est dit artinien à droite, bilatère) s’il vérifie la condition de chaîne descendante pour les idéaux à gauche (resp* à droite, Un artinien à anneau gauche et à droite est dit artinien. L’ expression d’anneau artinien a été donnée en raison des travaux de E. ARTIN (cfo [1]) publiés en 19270 La condition de chaîne descendante exprine que toute suite strictement décroissante d’idéaux est nécessairement finie. Elle équivaut à la condition minimale : tout ensemble d’idéaux possède un idéal minimal dans cet ensemble. Elle équivaut également à la condition : toute intersection infinie d’idéaux est égale à une intersection finies L’ Exemple. est un agneau est un à espace gauche M est des Llatrices carrées d’ ordre n g sur un corps K M noethérien. En artinien ? c’est également un anneau vectoriel E à gauche sur K de dimension finie de est, en particulier; un E; sous-espace de , effet,Un idéal n n . et les sous-espaces vérifient les conditions de chaîne ascendante et de chaîne descendante. De plus~ E de anneau M un anneau premier,dans lequel le seul idéal bilatère Ceci résulte de la propriété suivante 3 DER WAERDEN Le En propre est 11 idéal nul. [8]). on a : , , PROPRIETE 2.1. - L’anneau quelconque K, ost un anneau DEFINITION 2.2. - Un dition de cha3ne Un exemple de M , t des matrices carrées d’ordre artinion premier, A-module à corps unitaire. ..-nodule à gaucho est dit descendante, sur un n , artinien, s’il vérifie la con- pour les sous-modules. gaucho, artinien, est fourni par la propriété sui- vante s PROPRIETE 2 oz Q .. Un A-module à gauche, unitaire, de type fini, sur un anneau artinien à gauche est artinicn. La dénonstration est analogue à colle de la DEFINITION 2.3. - Un demi-groupe bilatère) s’il vérifie la condition gauche (à droite, bilatères). Un deui-groupe est dit D propriété 1.1 dans le ost dit artinien à gauche de artinien, s’il cas (resp. noethérien. à droite chaîne descendante pour les idéaux à est artinien à gauche et à droite. Exemple. - Dans l’ensemble D naturels, complétés des entiers on par ~ , pose : m.in( a , b) ab = obtient on Le demi-groupe artinien un obtenu demi-groupe unité, et non noethérien. max~ a ~ b) mais n’est pas artinien. noethérien, 3. Structure élément avec posant en ab ~ est , d’un anneau artinien à unitaire, premier, auche. donné dans la deuxième partie (propriété 21)~ un exemple dl anneau prernier, des matrices carrées d’ordre n sur un corps unitaire, artinien : l’anneau On a Mn K (ou des encore dimension finie gauche, peut être THÉORÈME. - espace vectoriel E de sur Nous allons montrer que nien à endomorphismes d’un obtenu de cette Pour qu’un il faut et il suffit E espace vectoriel réciproquement, x anneau qu’il soit tout anneau premier, unitaire, arti- façon. soit artinien à gauche, premier, unitaire, isomorphe à l’anneau des endomorphismes d’un de dimension finie sur un n ~ K. corps On doit donc montrer que tout anneau premier, unitaire, artinien à gauche, est des endomorphismes d’un espace vectoriel E ~ de isomorphe à l’anneau ~K ~E) dimension Soit finie, A un anneau un le lemne de a E K V et toriel à droite Si toriel a E E phisme de K . premier, unitaire, comme artinien à A-module à Schur, gauche, M hI et soit gauche, est un idéal A-module simple. un des endomorphismes de est donc K . corps V corps A. Considéré minimal de D’après sur un x E E~ sur le corps A , l’homothétie sur A a(x) == posons f : fx(E) 0 devient alors un espace vec- endomorphisme de l’espace vec- K o x ~ ax est K . Nous allons montrer que sur î~i xa . C’est évidemment un l’application un a ~ homomorphisme. f a est un isomor- 1~ a f est une surjectiono Démontrons d’abord le lemme de densité qui s’énonce: IEMME de densité. - Soient rement indépendants E ~ II existe de La démonstration de sur a ~ ce A K, x1 , x2 , et soient ... , x y1 , ... , y E, des éléments linéai- quelconques tel que: lemme utilise la relation suivante : laquelle 0 B x, l représente l’ annulateur représente ls annulateur de S ~ A dans E . dans On établit cette des éléments de relation (1) en de dans raisonnant par récurrence A sur et n. 0.‘ S Ceci permet la définition de phismede La relation (1) a : V 1~ 9 en effet, est l’unité de a l’application ax~ -~ on a ay donc qui est axl a = un ay , automorsi et, A, est supposée vraie pour n .. ~ . On a effet? en Inversement, montrons que n-1 On considère In - ~ ~ 0 ~. x.~ ) ; ax,~ ^ ~ e. ~ a n~~ ~ 0 ~ est un automorphisme et de M; 1~ ~ ce a E In = ct est-à-dire vérifiant peut définir l’application a : on en pour tous les effet, on a I n x = n ïyI ~ sinon,~ ~ a~ on relation ( 1) est 1 x = n n qui entraînerait (d’après l’hypothèse d’induction). Ceci est contraire à l’hypothèse " ... , xn linéairement indépendants sur K ". On a donc La aurait . ainsi démontrée. V a E In , 0 Le lemme de densité alors on a y.~ en résulte ; ~ i , ax. ~ Z .~ 1,2, ... , on peut choisir tel que ai n) . D’di le lemme de densités E est de dimension finie sur K. En effet, suite strictement croissante de sous-espaces, relation ( 1) la x1 K + x2 K + ... + xn pond la suite strictement décroissante d’idéaux à gauche Une telle suite est donc E étant de dimension finie endomorphisme 2° a -~ f de est E est bx ~ étant premier, A a .~ ax= f est un homothétie a ~ fa effet, l’anneau ceci entraîne a isomorphisme de est 1~ ~ une et, par . x.. sur K. conséquente que surjection. l~ ~ est idéal bilatère premier, En est de dimension finie V COROLLAIRE 1. - Si A un une est 0 il résulte du lemme de densité que tout K~ sur f1 qu’à la K , corres- bijection. une a Soit E et finie, montre = A est un COROLLAIRE 2, .» Tout 0 est un (a-b) o et, et le théorème est établi. sur unitaire artinien à gauche, et si P artinien à gauche, donc isomorphe à idéal. bilatère maximal de anneau premier, unitaire, anneau premier, Unitaire, artinien à gauche, est artinien et noethérien. DEFINITION anneau 3.1. - Un simple. est idéal bilatère maximal. unitaire, premier, et l’ idéal soit b . un anneau P 0; artinien à gauche est appelé 14-10 PROPRIÉTÉ 3~ 1. ~ Tout un anneau bilatère est égal au artinien unitaire est anneau dans lequel le radical un anneau R(J) de Baer et On radical de de Jacobson a McCoy d’ un idéal (cf. déjà Radical). Diaprés le corollaire 1, tout idéal bilatère premier est maximal ; de plus, tout idéal bilatère maximal est primitif, A étant unitaire. R(J) est donc une intersection bilatères primitifs, et contient R ~~ ~ o donc (~(3) . D~ où exposé n° 13 : On démontre Tout et Ra anneau CROISOT Io une forte que le corollaire 2 : propriété plus unitaire artinien à gauche est noethérien à gauche (cf. L. LESIEUR [5J).0 Ce qui est faux pour les demi-groupes, comme le montre l’exem- ple du § 20 La structure d’un ~~. Wo GOLDIE [3] anneau a montré premier noethérien à gauche n’est qu’un possède un anneau de quotients mier artinien, unitaire. anneau possède un anneau de simple. premier noethérien à droite et à gauche à droite et à L. LESIEUR et R. CROISOT ont montré pas aussi qu’un gauche qui est anneau quotients à gauche qui est un anneau pre- n premier, noethérien un anneau M à gauche, M . BIBLIOGRAPHIE [1] ARTIN (Emil). - Zur Theorie der hyperkomplexen t. Hamburg. Univ., [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8] 251-260. Zahlen, Abh. math. Sem. 5, 1927, (H.) (S.). - Homological algebra. - Princeton, Princeton University Press, 1956 (Princeton mathematical Series, 19). GOLDIE (A. W.). - The structure of prime rings with maximum conditions, Proc. Nat. Acad. Sc. U. S. A., t. 44, 1958, p. 584-586. HILBERT (David). Über die Theorie der algebraischen Formen, Math. Annalen, t. 36, 1890, p. 473-534. LESIEUR (L.) et CROISOT (R.). - Algèbre noethérienne non commutative. 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