océaniques. Il insiste sur le fait que rien ne peut remplacer l’échantillonnage direct et que seul l’outil
de forage permet d’effectuer un échantillonnage en contexte sous-marin fortement sédimenté. Les
résultats acquis grâce aux forages océaniques ont profondément influencé les travaux des géologues
continentaux en particulier ceux s’attachant à décrire et interpréter les systèmes orogéniques, qui
furent des marges continentales et des bassins océaniques avant d’être des chaînes de montagne.
Pour conclure, il s’adresse aux tutelles en rappelant que la France est sans conteste le leader mondial
depuis plus de 40 ans dans les avancées réalisées sur l’accrétion aux dorsales lentes et sur
l’exhumation du manteau au pied des marges continentales et ce dans le cadre de recherches
coordonnées à plusieurs organismes (Ifremer, CNRS-INSU, Universités, IRD, BRGM, IPEV).
Pierre-Yves Bard, chercheur à l’ISTerre (Saint-Martin d’Hères), intervient ensuite sur la
thématique des risques naturels. Il explique que l’on observe actuellement une augmentation
apparente du nombre d’événements classés comme risques naturels ceci étant le reflet d’une
augmentation de la couverture spatiale et de la résolution des réseaux d’observation. Il précise que
les risques les plus fréquents sont les sécheresses et que les plus meurtriers sont les séismes. Ce n’est
donc pas étonnant que les risques naturels mis en avant dans l’actuel et le futur programme IODP
soient les séismes (NanTroSEIZE, CRISP, J-FAST,….). Il explique que les forages dans les zones
sismogéniques sont essentiels pour étudier, entre autres, la transition ductile/fragile et le rôle des
sédiments, des fluides et de la rugosité dans ces zones, et pour comprendre les mécanismes
précurseurs des séismes majeurs afin de prévenir les risques. En effet, dans le cas du séisme de
Tohoku (mars 2011), il indique que la zone touchée était plus grande que celle prévue par les
modèles et que l’intensité des vibrations avait été sous-estimée. Les besoins mis en évidence par ce
séisme sont : 1) installation et plus grande précision des instruments fond de mer et 2) recherche sur
les mécanismes de la zone de faille. Il précise donc qu’une expédition de forage dans la faille de
Tohoku est essentielle. En conclusion, il souligne que le programme IODP va dans l’avenir s’intéresser
à d’autres risques naturels avec l’expédition en cours dans les Antilles (déstabilisation de pente) et
les expéditions prévues au niveau de la Norvège (mégaglissement de terrain) et de la Méditerranée
(forte densité de population).
Bénédicte Ménez, chercheur CNRS à l’IPGP (Paris), parle ensuite de l’apport des forages
océaniques pour l’étude de la biosphère profonde. Elle explique qu’avant les forages océaniques, on
n’avait aucune information sur l’existence et l’importance de la biosphère dans les niveaux profonds
de la croûte. C’est en 1986, qu’un Leg DSDP a trouvé les traces d’une activité microbienne dans une
carotte de sédiment et, en 2008, qu’un Leg ODP a mis en évidence la présence de vie à 1626 m sous
le plancher océanique. B. Ménez indique que les forages océaniques ont permis la mise en évidence
de 2 biomes au niveau du plancher océanique, les sédiments et les roches ignées (et leurs produits
d’altération). Surtout, il a pu être démontré que les microorganismes sous le plancher étaient vivants
et actifs. Elle précise que l’étude de l’activité microbienne profonde est essentielle car ce phénomène
influence très probablement la chimie des océans et de l’atmosphère, les cycles du carbone, les
cycles climatiques,… Elle souligne ensuite que la thématique « biosphère profonde » est, comme
dans la phase actuelle (2003-2013), fortement présente dans le « New Science Plan » d’IODP (2013-
2023) mais qu’au vu des découvertes précédentes, les questions scientifiques ont évolué : on est, par
exemple, passé de “Who is there and how many?” à “What is the activity, function, and contribution
of sediment to elemental cycles cycling?”. Enfin, elle termine son intervention en indiquant que
l’étude de la biosphère profonde a conduit à un développement et une adaptation important des
techniques et outils de forages (i.e, microsphères fluorescentes, observatoires fonds de puits, …)
Cette session se termine par l’intervention de Rémi Eschard, directeur de la Direction
Géologie-Géochimie-Géophysique de l'Institut Français du Pétrole (IFP, Rueil-Malmaison), sur les
ressources du futur (i.e., utilisation des données IODP dans le domaine de l’Energie). Pour
commencer, il indique que l’IFP n’utilise pas directement les données d’IODP mais utilise les résultats
des chercheurs de la communauté IODP. Il explique ensuite que les forages océaniques sont, dans un
premier temps, une aide à l’Exploration ; ils permettent par exemple d’identifier des roches mères
potentielles (e.g. marge guyanaise – Leg ODP 207). Les données acquises grâce aux forages
permettent également de valider et de calibrer des modélisations stratigraphiques (e.g., Expédition