"En 2006, d’énormes quantités de pétrole ont été découvertes à Rio"
Daniel Aslandian, Ifremer
"Le Golfe du Lion est unique au monde. Il est jeune mais s’enfonce de façon importante,
accumulant et préservant les dépôts qui contiennent toute l’histoire géologique du climat", explique
Marina Rabineau, sédimentologue à l’université de Bretagne et au CNRS. Les dépôts sont mieux
conservés que dans l’Atlantique âgé de 140 et 200 millions d’années, dont la partie transitoire (la
marge) qui accumule les sédiments entre continent et océan, est plus jeune.
Le carottage des tréfonds de la Méditerranée servira aussi à étudier les ressources naturelles et la
biosphère profonde, c’est-à-dire la limite de la vie, dans des conditions extrêmes de pression, de
température ou de salinité extrêmes. En clair, "approcher le début de la vie, notamment des
bactéries et des micro-organismes comme les archaea, à 1 700 mètres sous la croûte, profondeur
jamais explorée", précise Daniel Aslandian, géodynamicien à l’Ifremer de Brest. Le tout, en vue
d’applications en biotechnologies et pharmacologie.
Stocker le CO2 ?
Les scientifiques essaieront de vérifier s’il est possible de stocker le CO2 issu du réchauffement
climatique dans le même genre de couche de sel imperméable. Ils évalueront les événements
extrêmes comme le Messinien (moins 6 millions d’années) où la Méditerranée était quasiment
asséchée avec une chute brutale de son niveau : moins 1 000 mètres par rapport à la côte actuelle.
L’industrie pétrolière, elle, salive. Le Golfe du Lion pourrait cacher de belles réserves d’or noir sous
la croûte salée, à l’image du Brésil. "En 2006, on a découvert d’énormes quantités de pétrole au
large de Rio, sous le sel", précise Daniel Aslandian.
Le projet Gold recherchera aussi les matériaux rares comme le lithium ou les terres-rares,
composants très recherchés entrant, entre autres, dans la conception des téléphones portables. Le
projet sera évalué par une structure internationale, l’IODP (Integrated Ocean Drilling Program) en
avril. "Pour le financement, nous avons pensé à créer un consortium. Nous avions demandé 20 M€
à la France, en vain. D’autres pays pourraient, eux, verser 5 M€ chacun et des compagnies
pétrolières 10 M€."