09/09/08
Cybermarchands
Faut-il avoir peur des petits ?
Internet fourmille de petits sites de commerce en ligne. Par appât du gain ou par
amateurisme, nombre de ces cybermarchands transforment les commandes de leurs clients
en parcours du combattant.
Multidiscount, ATKDiscount, Priceforce, Mondialdiscount. Ces quatre enseignes ayant pignon
sur Web ont défrayé la chronique ces derniers mois. Après avoir emmagasiné les commandes
pendant plusieurs mois, ces sites Internet ont baissé le rideau du jour au lendemain, laissant sur le
carreau des centaines de victimes qui n'ont jamais reçu l'article commandé ni obtenu le
remboursement des sommes versées. Certains dirigeants devront répondre de leurs actes devant la
justice. Nicolas Bernard, le P-DG d'ATKDiscount, comparaîtra dans les mois à venir devant le
tribunal de grande instance de Créteil pour publicité mensongère. Les animateurs de
Multidiscount, eux, ont été mis en examen et l'un d'eux a été écroué. Une enquête est en cours à la
brigade de recherches de Paris. Un cinquième site, Wahoodiscount, est actuellement dans le viseur
de la gendarmerie de Toulouse qui a lancé un appel à témoins. Quoi qu'il en soit, les nombreuses
victimes auront du mal à récupérer leur argent.
Ces cinq-là ne sont pas les seuls à ne pas être exempts de tout reproche. En 2007, sur les 6 050
sites contrôlés par le Centre de surveillance du commerce électronique (CSCE), 39 % étaient en
infraction. Dans la très grande majorité des cas, le problème se limite à l'absence de mentions
obligatoires (adresse postale, e-mail, numéro de téléphone...). Rien de très grave. Dans 12,5 % des
cas, tout de même, l'infraction pénale est caractérisée, qu'il s'agisse de publicité mensongère, de
soldes illicites ou de tromperie sur la marchandise.
Gare à l'amateurisme
Selon le CSCE, les problèmes découlent dans la plupart des cas d'un certain amateurisme de
dirigeants peu au fait de leurs obligations légales. Pas franchement étonnant, car créer un site d'e-
commerce est aujourd'hui à la portée de tous. Inutile d'être un professionnel de l'informatique ni
un as du marketing. Pas besoin non plus de connaissances juridiques poussées ou
d'investissements coûteux. Une connexion Internet suffit. Des sociétés proposent en ligne des
systèmes complets permettant de créer son site, gérer ses stocks et encaisser les paiements. Chez
Oxatis, l'une des plus importantes, on assure qu'il suffit de quelques dizaines d'euros par mois
pour lancer son activité. « Notre outil est accessible à tous, commerçants expérimentés comme
néophytes », assure Marc Schillaci, son fondateur. Il est aussi possible de passer par une plate-
forme de type « CtoC », tels Ebay ou Priceminister. Spécialisés à l'origine dans la vente d'objets
entre particuliers, ces sites ont élargi leur activité. « Trente à quarante pour cent des objets vendus
sur Priceminister le sont par des professionnels, souligne Pierre Krings, cofondateur de la
deuxième plate-forme CtoC en France. Nous leur apportons une bonne visibilité sur le Net pour
un investissement minimum, puisque nous nous rémunérons uniquement grâce à une commission
prise sur chaque commande. » Séduits par la simplicité d'utilisation et les promesses de gain
alléchantes, nombreux sont ceux qui se lancent, du commerçant voulant développer son activité
au jeune entrepreneur souhaitant créer sa propre société à moindre frais en passant par le salarié à
la recherche de revenus complémentaires.
Prêts à tout pour se faire connaître