CURRICULUM Forum Med Suisse No9 27 février 2002 190
tent un risque non négligeable d’infection à
CMV, les receveurs CMV positifs après greffe
pulmonaire courent eux aussi un grand danger.
Cette infection sérieuse a actuellement prati-
quement disparu avec les nouvelles modalités
thérapeutiques, dont surtout la prophylaxie à
long terme par ganciclovir par voie orale [5]. Et
comme les mycoses invasives résultaient géné-
ralement d’une infection à CMV, l’incidence de
ce type de complication a pu être sérieusement
diminuée.
En plus des problèmes d’immunosuppression
médicamenteuse, il faut citer d’autres inter-
actions et effets indésirables médicamenteux.
Diabète (stéroïdes, cyclosporine, tacrolimus),
hypertension (cyclosporine), insuffisance ré-
nale (cyclosporine, tacrolimus) et ostéoporose
(stéroïdes) sont les problèmes les plus courants,
mais le dernier est devenu très rare avec les me-
sures prophylactiques (calcium, vitamine D,
biphosphonates).
C’est en principe une transplantation pulmo-
naire unilatérale ou séquentielle qui est envisa-
gée dans l’emphysème pulmonaire. La greffe
unilatérale se fait par thoracotomie antérolaté-
rale. Après pneumonectomie du poumon ma-
lade, la bronche souche est tout d’abord anas-
tomosée, puis la veine pulmonaire (avec un
patch auriculaire sur l’oreillette receveuse) et
enfin l’artère pulmonaire. Dans la transplanta-
tion bilatérale, séquentielle, l’abord est assuré
par thoracotomie bilatérale avec sternotomie
transverse. L’implantation du premier poumon
se fait sous ventilation controlatérale, et celle
du second sous ventilation du poumon qui vient
d’être greffé. La machine cœur-poumon en pé-
riopératorie n’est pratiquement jamais néces-
saire chez les emphysémateux. La transplanta-
tion d’un seul poumon présente l’avantage que
deux patients peuvent profiter d’un nouvel or-
gane; mais également quelques inconvénients.
Le problème principal est le poumon natif tou-
jours en place, qui en raison de ses caractéris-
tiques mécaniques différentes peut subir une
hyperinflation, et comprimer le poumon greffé
pour donner une insuffisance respiratoire. Et la
clairance affaiblie des micro-organismes dans
le poumon natif généralement très atteint peut
donner des infections graves, résistant aux
traitements [6]. Les paramètres de la fonction
pulmonaire en postopératoire sont comme
prévu meilleurs après transplantation pulmo-
naire bilatérale, le VEMS moyen étant à 90% de
la valeur théorique, contre 60% environ après
greffe d’un seul poumon. Le périmètre de
marche en 12 minutes est également un peu
meilleur après transplantation bilatérale. La
survie moyenne est comparable pour ces deux
interventions à 3 ans, mais la tendance est en
faveur de la transplantation bilatérale à plus
long terme.
Indication à la transplantation
pulmonaire
L’indication à la transplantation pulmonaire
(tabl. 1) ne se pose qu’en présence d’un em-
physème à un stade avancé, après avoir épuisé
toutes les possibilités du traitement conserva-
teur. A ce stade, les patients présentent une
dyspnée au moindre effort, voire même au
repos (stade NYHA III–IV). Leur espérance de
vie n’est alors plus que de 6 à 18 mois. L’esti-
mation de l’espérance de vie individuelle est ce-
pendant très difficile à faire, et elle est grevée
d’incertitudes. Les études sur l’oxygénothéra-
pie chronique nous ont appris que l’espérance
de vie à 2 ans est encore d’environ 80% pour
les patients remplissant les critères d’un tel
traitement, c.-à-d. ayant une paO2<55 mm Hg
(<7,3 kPa). De même, le fait qu’un patient ait
besoin d’oxygène n’est en soi pas une indica-
tion à une transplantation pulmonaire. Les
hommes, et les patients ayant une paCO2>45
mm Hg (>6 kPa) ont quant à eux une espérance
de vie nettement moins bonne, soit 60–50% à
2 ans. Le degré du trouble ventilatoire obstructif
a lui aussi une importance pronostique. Les pa-
tients dont le VEMS est <25% de sa valeur théo-
rique n’ont plus qu’une survie à 2 ans de 60%,
contre 80% pour ceux dont la fonction pulmo-
naire est meilleure. Un test important et facile
à faire pour estimer le handicap physique est le
test de marche de 12 minutes. Un périmètre in-
férieur à 500–600 mètres reflète un handicap
considérable, c’est l’une des indications ma-
jeures à la transplantation pulmonaire. La li-
mite d’âge de la transplantation pulmonaire est
actuellement fixée à 60–65 ans. Mais d’autres
conditions sont un bon état général et de nutri-
tion, de même qu’une situation psychosociale
stable. Les contre-indications sont données
dans le tableau 2.
Le moment idéal pour la transplantation est
souvent difficile à déterminer, et dépend de la
progression individuelle de la maladie. Il est im-
portant de ne pas manquer le moment auquel
l’état du patient commence à se détériorer ra-
Tableau 1. Indication à la transplantation pulmonaire.
Qualité de vie sérieusement amputée en raison d’une insuffisance respiratoire
marquée (NYHA III–IV)
Survie estimée entre 6 et 18 mois
Périmètre de marche en 12 minutes moins de 500 m
VEMS inférieur au 25% de sa valeur théorique après bronchodilatation
Oxygénothérapie chronique
Hypercapnie
Age inférieur à 60–65 ans