ÉCOLE NATIONALE VÉTÉRINAIRE D’ALFORT Année 2011 ANALYSE DE 645 UROCULTURES RÉALISÉES DANS L’ÉSPÈCE FÉLINE ENTRE 2004 ET 2008 À L’ENVA ÉTUDE ÉPIDÉMIOLOGIQUE, CLINIQUE ET MICROBIOLOGIQUE THÈSE Pour le DOCTORAT VÉTÉRINAIRE Présentée et soutenue publiquement devant LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE CRÉTEIL le…………… par Adeline DECAMBRON Née le 30 septembre 1984 à Seclin (Nord) JURY Président : M. Professeur à la Faculté de Médecine de CRÉTEIL Directeur : Mme MAUREY-GUENEC Christelle Maître de conférences à l’ÉNVA Assesseur : M. BOULOUIS Henri-Jean Professeur à l’ÉNVA REMERCIEMENTS Au professeur de la Faculté de médecine de Créteil, Qui nous fait l’honneur d’accepter la présidence du jury de cette thèse. Au Docteur Christelle Maurey-Guennec, Maître de conférences ENVA, Qui m’a proposé ce travail et l’a encadré, sincères remerciements pour son soutien, sa rigueur et ses conseils avisés dans ce projet et dans le travail. Au Professeur Henri-Jean Boulouis, Professeur de Microbiologie ENVA, Qu’il reçoive toute ma reconnaissance pour avoir accepté d’être l’assesseur de cette thèse. Au service de chirurgie, aux enseignants du CHUVA et à mes co-internes et co-assistants. A Mathieu, Dim, Pepette et Jean-Laurent, pour leur pédadogogie, leurs compétences et leur soutien. A ma famille, A papa et maman, qui m’ont toujours soutenue, souvent malgré moi, recevez ma plus profonde reconnaissance pour votre patience à rude epreuve. Mes sœurs, Audrey, Aurelie et Anne-Elise, pour votre écoute et votre témérité, je vous aime. A mes grands-parents et arrières-grands-parents, à Pépé et Simone, pour avoir toujours cru en moi. A mes toutes mes petites couz’, Serge et Christine et Nadine et Frederic. A Mijo, Cédric et Emilie, et leurs familles, une source de serenité. A Fred, Aurore, et leurs petits bouts, pour leur joie de vivre. Au baron et à la baronne, pour leurs conseils. A Charles et Odile, pour le restaurant de la chance. A Marc, pour son soutien depuis toujours. A mes amis , A Renaud, mon plus vieil ami, j’espère avoir toujours envie de te frapper avec un dictionnaire dans une vingtaine d’années. A Blaise, pour ta fidélité, ta présence et ton écoute, tu es le meilleur ! A Simon, Noémie, Antoine et Yoann, pour tous ces bons moments ensemble. A Anne-Claire, Caro, Ju et Snoop, pour votre amitié sincère et votre présence à toutes épreuves… A Ienien, le bien rempli. Aux gars, Flo, Mallain et Kévin, pour m’avoir toujours défendue ! (et raccompagnée). Au groupe 9, à Guigui, en toute simplicité, merci, à Cecile, pour ces précieux conseils, à PP, à Pierro … A ma petite Claire, pour nos expéditions et nos topos… merci de ton soutien. A Louise, ma co-chirurgienne, pour sa présence et son humour en toutes circonstances, merci d’avoir rendu cette année suportable ! A Noémie et Céline, pour leur grain de folie et leur fantaisie. A Caro et Rosario, pour leur gentillesse. A Cédric et Camille, pour tous ces voyages et souvenirs ensemble. A Romain, Yvonne et Yaelle, pour leur grande générosité. A mon tonton, Gaston, pour ta gentillesse, merci d’avoir eu si souvent les mots justes. A Amélie, Paul et Raphaëlle, pour leur aide, leur confiance et la serénitude de l’apéro. A SE, pour sa disponibilité et son écoute à toutes heures. A mon ancienne, Anne, merci d’avoir veillé sur moi et d’être toujours là. A mes anciens, Véro, Pinpin, pour leur incommensurable bonté… A mes poulots, Thibault, Valloche, Baloo, Jon,… A ceux que je ne pourrais pas citer dans cet espace si restreint : Caro, Glagla, Baptiste (vive la coucou sieste), Chloé (fine gastronome), Flora, Tom, et … SOMMAIRE SOMMAIRE ................................................................................................................................. 1 LISTE DES FIGURES ..................................................................................................................... 7 LISTE DES TABLEAUX .................................................................................................................. 9 INTRODUCTION ........................................................................................................................ 11 PREAMBULE.............................................................................................................................. 13 1 Anatomie du tractus urinaire chez le chat ....................................................................... 15 1.1 1.1.1 Les reins............................................................................................................ 15 1.1.2 Les uretères...................................................................................................... 17 1.2 2 Le haut appareil urinaire .......................................................................................... 15 Le bas appareil urinaire............................................................................................ 18 1.2.1 La vessie............................................................................................................ 18 1.2.2 L’urètre ............................................................................................................. 18 Physiologie de l’appareil excréteur.................................................................................. 21 2.1 Physiologie de la voie excrétrice supérieure............................................................ 21 2.2 Physiologie de la voie excrétrice inférieure ............................................................. 22 2.2.1 Physiologie du remplissage vésical .................................................................. 23 2.2.2 Physiologie de la vidange vésicale ................................................................... 23 PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE ....................................................................................................... 25 Infections du tractus urinaire dans l’espèce féline .................................................................. 25 1 Physiopathogénie des infections du tractus urinaire ...................................................... 28 1.1 Origine des infections du tractus urinaire................................................................ 28 1.2 Les défenses du tractus urinaire .............................................................................. 29 1.2.1 La flore commensale ........................................................................................ 30 1.2.2 La miction ......................................................................................................... 31 1 1.2.3 Les mécanismes de défense anatomiques....................................................... 31 1.2.4 Les mécanismes de défense du rein ................................................................ 31 1.2.5 L’immunité locale et systémique ..................................................................... 32 1.2.6 Les propriétés antimicrobiennes de l’urine ..................................................... 32 1.2.7 La muqueuse : une barrière de défense .......................................................... 33 1.3 1.3.1 Les agents bactériens responsables d’infection du tractus urinaire ............... 34 1.3.2 Agents infectieux non bactériens..................................................................... 39 1.4 2 Facteurs interférant avec la miction ................................................................ 41 1.4.2 Défauts anatomiques ....................................................................................... 42 1.4.3 Modifications de l’urothélium : néoplasie ....................................................... 44 1.4.4 Cas particulier du sondage urinaire ................................................................. 45 1.4.5 Modifications de la composition de l’urine ..................................................... 46 1.4.6 Altération des défenses immunitaires ............................................................. 48 1.4.7 Médicaments induisant des infections du tractus urinaire ............................. 50 Epidémiologie des infections du tractus urinaire ............................................................ 52 Incidence et prévalence des infections du tractus urinaire..................................... 52 2.1.1 Incidence et prévalence des affections du bas appareil urinaire .................... 52 2.1.2 Incidence et prévalence des infections du bas appareil urinaire .................... 53 2.1.3 Incidence et prévalence des infections du haut appareil urinaire................... 54 2.2 Influence de l’âge ..................................................................................................... 55 2.3 Influence du sexe ..................................................................................................... 55 2.3.1 Prédominance des infections du tractus urinaire chez les femelles ?............. 55 2.3.2 Influence de la stérilisation .............................................................................. 56 2.4 Influence de la race .................................................................................................. 57 Diagnostic des infections du tractus urinaire................................................................... 58 3.1 2 Facteurs prédisposants ............................................................................................ 41 1.4.1 2.1 3 La virulence des agents infectieux en cause ............................................................ 34 S’orienter vers une infection du tractus urinaire..................................................... 58 3.1.1 Signes cliniques évocateurs d’infection du tractus urinaire ............................ 58 3.1.2 Signes biologiques évocateurs d’infection du tractus urinaire........................ 60 3.1.3 Signes d’imagerie évocateurs d’une infection urinaire ................................... 68 3.2 4 Confirmer une infection du tractus urinaire ............................................................ 69 3.2.1 Confirmer une infection du bas appareil urinaire : L’uroculture..................... 69 3.2.2 Confirmer une infection du haut appareil urinaire.......................................... 75 Traitement des infections du tractus urinaire ................................................................. 77 4.1 Traitement antibactérien ......................................................................................... 78 4.1.1 Principes du traitement.................................................................................... 78 4.1.2 Approche probabilisite de l’antibiothérapie.................................................... 79 4.1.3 Antibiogramme................................................................................................. 81 4.1.4 Antibioresistance.............................................................................................. 82 4.1.5 Modalités de mise en place de l’antibiothérapie............................................. 86 4.2 Traitement antifongique .......................................................................................... 88 4.3 Traitements auxiliaires ............................................................................................ 89 4.3.1 Les antispasmodiques et analgésiques ............................................................ 90 4.3.2 Les acidifiants ou alcalinisants urinaires .......................................................... 90 4.3.3 Supplémentation en glycosaminoglycanes (GAG) ........................................... 90 4.3.4 Antiseptiques urinaires .................................................................................... 91 4.3.5 Instillation locale d’antimicrobiens .................................................................. 91 4.4 Evolution et pronostic .............................................................................................. 91 4.4.1 Evolution et suivi .............................................................................................. 91 4.4.2 Pronostic........................................................................................................... 95 PARTIE EXPERIMENTALE .......................................................................................................... 97 1 Matériel et méthodes .................................................................................................... 100 1.1 Sélection de la population d’étude ........................................................................ 100 1.2 Les urocultures ....................................................................................................... 100 1.2.1 Méthodes de prélèvement............................................................................. 100 1.2.2 Principe de réalisations des urocultures à l’ENVA ......................................... 101 1.2.3 Interprétation des urocultures....................................................................... 102 1.2.4 Antibiogramme............................................................................................... 102 1.3 Données cliniques .................................................................................................. 104 1.4 Données d’imagerie médicale................................................................................ 104 3 2 1.5 Données biochimiques........................................................................................... 104 1.6 Analyse d’urine....................................................................................................... 105 1.7 Facteurs prédisposants .......................................................................................... 105 1.8 Analyses statistiques .............................................................................................. 106 1.8.1 Statistiques descriptives................................................................................. 106 1.8.2 Statistiques analytiques ................................................................................. 106 Résultats......................................................................................................................... 108 2.1 2.1.1 Résultats d’urocultures .................................................................................. 108 2.1.2 Age des individus atteints d’ITU..................................................................... 111 2.1.3 Sexe des individus atteints d’ITU ................................................................... 114 2.1.4 Race des individus atteints d’ITU ................................................................... 116 2.1.5 Facteurs d’influence epidémiologique et identification bactérienne............ 120 2.2 Signes cliniques .............................................................................................. 121 2.2.2 Imagerie médicale .......................................................................................... 122 2.2.3 Examens sanguins .......................................................................................... 123 2.2.4 Examens urinaires .......................................................................................... 124 2.2.5 Recherche des causes favorisantes................................................................ 127 2.2.6 Facteurs d’influence cliniques et identification ............................................. 129 Etude microbiologique ........................................................................................... 130 2.3.1 Espèces rencontrées ...................................................................................... 130 2.3.2 Antibiosensibilités .......................................................................................... 136 2.3.3 Etude des facteurs d’influence....................................................................... 151 2.4 Etude des cas d’infection du tractus urinaire simple............................................. 152 2.4.1 Prévalence ...................................................................................................... 153 2.4.2 Age des individus atteints d’ITU simple ......................................................... 153 2.4.3 Sexe des individus atteints d’ITU simple........................................................ 154 2.4.4 Race des individus atteints d’ITU primaire .................................................... 154 Discussion....................................................................................................................... 155 3.1 4 Etude clinique......................................................................................................... 121 2.2.1 2.3 3 Etude épidémiologique .......................................................................................... 108 Etude épidémiologique des ITU chez le chat ......................................................... 155 3.1.1 Prévalence des ITU ......................................................................................... 155 3.1.2 Age des individus atteints d’ITU..................................................................... 158 3.1.3 Le sexe des individus atteints d’ITU ............................................................... 160 3.1.4 Race des individus atteints d’ITU ................................................................... 161 3.2 Etude clinique......................................................................................................... 162 3.2.1 Signes cliniques urinaires rapportés .............................................................. 162 3.2.2 Signes observés par imagerie médicale ......................................................... 164 3.2.3 Examens sanguins .......................................................................................... 165 3.2.4 Examens urinaires .......................................................................................... 165 3.2.5 Causes favorisantes........................................................................................ 170 3.3 Etude microbiologique ........................................................................................... 173 3.3.1 Espèces rencontrées ...................................................................................... 173 3.3.2 Etude quantitative.......................................................................................... 175 3.3.3 Antibio-sensibilités......................................................................................... 175 3.4 Points forts et limites ............................................................................................. 180 CONCLUSION .......................................................................................................................... 183 ANNEXES............................................................................................ Erreur ! Signet non défini. BIBLIOGRAPHIE....................................................................................................................... 211 5 6 LISTE DES FIGURES Figure 1 : Anatomie des reins chez le chat ..................................................................................... 15 Figure 2 : Anatomie du rein............................................................................................................. 16 Figure 3 : Anatomie de l'urètre du chat mâle. ................................................................................ 19 Figure 4 : Répartition des causes d'ABAUF non obstructive en 1997............................................. 53 Figure 5 : Répartition des urocultures réalisées chez le chat à l’ENVA selon les années............. 109 Figure 6 : Répartition des cas d’urocultures positive au cours de l’année. .................................. 110 Figure 7 : Répartition des consultations de médecine réalisées dans l’espèce féline au sein de l’ENVA au cours de l’année....................................................................................... 111 Figure 8 : Profil d’âge des chats ayant une uroculture positive.................................................... 112 Figure 9 : Profil des âges des chats présentés en consultation de médecine. ............................. 113 Figure 10 : Parité au sein des chats atteints d’ITU........................................................................ 114 Figure 11 : Parité au sein de la population contrôle. .................................................................... 115 Figure 12 : Répartition des races des chats atteints d’ITU............................................................ 117 Figure 13 : Répartition des races des chats rencontrés en consultation de médecine................ 118 Figure 14 : Répartition des chats de race atteints d’ITU selon la longueur des poils................... 119 Figure 15 : Répartition des chats de race reçus en consultation selon la longueur des poils. ...................................................................................................................................... 120 Figure 16 : Répartition des espèces bactériennes en fonction des données épidémiologiques.................................................................................................................. 121 Figure 17 : Variation de la densité urinaire chez les chats atteints d’ITU..................................... 124 Figure 18 : pH urinaire évalué à l’aide d’une bandelette urinaire chez les chats atteints d’ITU. ..................................................................................................................................... 125 Figure 19 : Résultats de la lecture de la bandelette urinaire chez les chats atteints d’ITU. ..................................................................................................................................... 126 Figure 20 : Incidence d’un traitement antérieur sur les ITU......................................................... 128 Figure 21 : Répartition des espèces bactériennes en fonction des facteurs prédisposant l’ITU. ...................................................................................................................................... 129 Figure 22 : Répartition des espèces bactériennes en fonction des données cliniques. ............... 130 7 Figure 23 : Résultats du dénombrement des germes urinaires.................................................... 135 Figure 24 : Profil de sensibilité des bactéries isolées aux antibiotiques testés en routine. ......... 136 Figure 25 : Quantité d’isolats testés pour chaque antibiotique recensé dans l’étude................. 137 Figure 26 : Etude de l’évolution des résistances aux antibiotiques au cours du temps............... 138 Figure 27 : Evolution des résistances aux antibiotiques chez Enterococcus sp. en fonction du temps. ................................................................................................................ 141 Figure 28 : Evolution des résistances aux antibiotiques chez Escherichia coli en fonction du temps................................................................................................................................ 143 Figure 29 : Evolution des résistances aux antibiotiques chez Staphylococcus en fonction du temps................................................................................................................................ 144 Figure 30 : Résistances aux antibiotiques chez Streptococcus. .................................................... 145 Figure 31 : Sensibilité des souches isolées aux 7 antibiotiques utilisés couramment au fil du temps............................................................................................................................ 146 Figure 32 : Pourcentages des isolats pour les espèces principalement rencontrées en fonction du temps. ................................................................................................................ 147 Figure 33 : Profils de sensibilité des différentes souches d’Enterococcus au cours du temps..................................................................................................................................... 148 Figure 34 : Profils de sensibilité des différentes souches d’Escherichia coli au cours du temps..................................................................................................................................... 149 Figure 35 : Profils de sensibilité des différentes souches de Staphylococcus au cours du temps..................................................................................................................................... 150 Figure 36 : Profils de sensibilité des différentes souches de Streptococcus isolées..................... 151 Figure 37 : Influence de la cause de l’ITU sur l’antibiosensibilité. ................................................ 152 Figure 38 : Origine de l’ITU............................................................................................................ 153 8 LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Signes cliniques d'ABAUF (OSBORNE & LEES, 1995) .................................................... 58 Tableau 2 : Interprétation quantitative des urocultures chez le chat (BARTGES, 2005). ............... 74 Tableau 3 : Antimicrobiens excrétés par voie rénale et donc utilisable dans le traitement des ITU (liste non exhaustive) (BARTGES, 2005; GV LING, 1984). ........................ 79 Tableau 4 : Choix du traitement de première intention d’une infection urinaire (BARSANTI & JOHNSON, 2006). .............................................................................................. 80 Tableau 5 : Suggestions concernant le moment de réalisation d’une uroculture dans le cadre d’un suivi de traitement (LULICH & OSBORNE, 2004). ................................................. 92 Tableau 6 : Définitions et évolutions possibles du traitement d’une ITU (LEES, 1996).................. 92 Tableau 7 : Nombre d’urocultures réalisées selon les années à l’ENVA....................................... 108 Tableau 8 : Répartition de la population contrôle selon l’année de la consultation.................... 108 Tableau 9 : Taux de prévalence annuelle des urocultures positives parmi les urocultures réalisées à l’ENVA. ............................................................................................. 110 Tableau 10 : Données statistiques de comparaison des prévalences entre individus de sexes différents. .................................................................................................................... 114 Tableau 11 : Parité au sein de la population contrôle. ................................................................. 115 Tableau 12 : Etude statistique « cas-témoins » de l’influence du sexe ou de la stérilisation dans le développement d’une ITU. ................................................................... 116 Tableau 13 : Répartition des races des chats atteints d’ITU......................................................... 117 Tableau 14 : Répartition des races des chats rencontrés en consultation de médecine. ............ 118 Tableau 15 : Etude statistique des différence entre la population atteinte et la population contrôle............................................................................................................... 119 Tableau 16 : Fréquence des signes cliniques urinaires observés chez les chats atteints d’ITU. ..................................................................................................................................... 122 Tableau 17 : Techniques d’imagerie médicale pour explorer l’appareil urinaire chez les chats atteints d’ITU. .............................................................................................................. 122 Tableau 18 : Conclusions des comptes-rendus échographiques réalisés sur les chats atteints d’ITU......................................................................................................................... 123 9 Tableau 19 : prévalence des causes favorisant l’apparition d’infection du tractus urinaire parmi nos cas à bactériurie positive........................................................................ 128 Tableau 20 : Nombre d’espèces bactériennes isolées par prélèvement...................................... 131 Tableau 21 : Résultats de l’identification bactérienne des prélèvements.................................... 132 Tableau 22 : Répartition des isolats suivant leurs phénotypes. ................................................... 133 Tableau 23 : Principales associations rencontrées parmi les cas d’ITU. ....................................... 134 Tableau 24 : Espèces bactériennes impliquées dans les ITU mixtes............................................. 135 Tableau 25 : Répartition des âges des chats atteints d’obstruction urétrale à l’ENVA (DUCHAUSSOY, 2008)............................................................................................................ 159 10 INTRODUCTION Autrefois nommées Syndrome Urologique Félin (ou SUF), les Affections du Bas Appareil Urinaire Félin (ou ABAUF) constituent des motifs de consultation très fréquents, mais les différentes causes de ABAUF sont très variées et leur expression clinique est très homogène. De nombreuses études ont été menées chez l’homme, puis chez le chien, et pendant longtemps les idées admises dans ces espèces étaient extrapolées à l’espèce féline. Pourtant si ces deux premières espèces sont très sensibles aux Infections du Tractus Urinaire (ou ITU), l’appareil urinaire du chat présente la particularité d’être très résistant à la contamination et à la multiplication bactérienne, fongique ou virale. Ainsi les ITU n’apparaissent que très rarement chez l’individu félin. Peu d’études descriptives menées sur une large population de chats atteints d’ITU existent. Cette étude a pour objectif de préciser le contexte clinique de survenue d’une ITU, de décrire les espèces bactériennes impliquées et déterminer les profils d’antibiosensibilité dans l’espèce féline à partir des données recensées à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort. Notre étude s’articulera en deux parties l’une bibliographique et l’autre experimentale. 11 12 PREAMBULE 13 14 1 Anatomie du tractus urinaire chez le chat Le tractus urinaire réalise la fonction d’excrétion par la formation et l’évacuation de l’urine. Par définition, la voie excrétrice commence là où l’urine est collectée et comprend : - le haut appareil urinaire : calice, bassinet et uretère ; - et le bas appareil urinaire : vessie et urètre. 1.1 Le haut appareil urinaire 1.1.1 Les reins Plutôt sphérique chez le chat, le rein présente toute sa vascularisation et son innervation au niveau du pelvis rénal sur sa concavité (Figure 1). Le rein est enveloppé d’une capsule assez épaisse et inélastique accolée au cortex rénal. Les reins, en position rétropéritonéale chez le chat, sont très mobiles du fait d’un faible attachement à la paroi abdominale. Figure 1 : Anatomie des reins chez le chat (HILL'S PET NUTRITION, 1984) (1 : Rein ; 2 : Artère rénale ; 3 : Veine rénale ; 4 : Uretère ; 5 : Capsule rénale ; 6 : Corticale ; 7 : Médulla ; 8 : Tissu adipeux du sinus rénal ; 9 : Pelvis rénal). 15 Le rein est organisé en deux parties (Figure 1) : le cortex, plus sombre à la coupe, et la médulla. Le cortex contient les glomérules. Les tubules, les vaisseaux et les tissus interstitiels sont répartis dans les deux parties. La médullaire a un aspect strié et une couleur rouge foncée dans la partie externe et plus pâle dans sa partie interne. Elle contient des structures coniques appelées pyramides rénales ou pyramides de Malpighi (Figure 2). La base de la pyramide est parallèle au bord convexe du rein et la pointe de la pyramide correspond à la papille. La pointe de chaque papille rénale est coiffée par un conduit en forme d'entonnoir très fin appelé petit calice. La réunion de plusieurs petits calices forme un grand calice. Ceux-ci se rejoignent pour former le bassinet qui est dans la continuité des uretères sans démarcation précise. Figure 2 : Anatomie du rein (ADE-DAMILANO, 2005) (1 : uretère ; 2 : bassinet ; 3 : veine rénale ; 4 : artère rénale ; 5 : grand calice ; 6 : petit calice ; 7 : corticale ; 8 : irradiation médullaire ; 9 : columnae renalis ; 10 : pyramide rénale ; 11 : sinus rénal ; 12 : capsule rénale; 13 : papille rénale). Le rein du chat est unipyramidal. Le chat possède environ 190 000 néphrons par rein, le néphron est l’unité fonctionnelle du rein et réalise l’excrétion de l’urine primaire dans le tube collecteur (OSBORNE & FLETCHER, 1995). Les reins filtrent le sang pour le débarrasser des déchets métaboliques produits par les cellules des tissus et organes. La formation de l'urine implique plusieurs étapes, elle consiste d'une part en une filtration glomérulaire et d'autre part en une réabsorption et une sécrétion dans les différents segments du tube urinaire. 16 Le filtrat final, l'urine, est ensuite déversé dans les calices et parvient ainsi au bassinet. L'urine contient principalement de l'eau, de l'urée, de l'acide urique, de l'ammoniaque, des électrolytes ainsi que des toxiques exogènes. L'urine ne contient normalement pas de protéines, ni de glucides ou de lipides. 1.1.2 Les uretères Les uretères sont des canaux à paroi fibro-musculaire épaisse qui amènent l’urine depuis le pelvis rénal à la vessie. Ils abouchent cette dernière en région dorso-latérale et légèrement cranialement au col vésical. L’uretère traverse obliquement la paroi vésicale : la moitié dans l’épaisseur du muscle vésical (hiatus urétéral) et l’autre moitié sous la muqueuse vésicale. Cette disposition anatomique est le principal mécanisme anti-reflux. Un lambeau de muqueuse recouvre cet abouchement et constitue une valve empêchant le reflux (McGAVIN, 2007). Cette valve fonctionne selon la pression hydrostatique de la vessie. D’autres mécanismes peuvent entrer en jeu pour empêcher le reflux : l’écrasement de l’uretère dans le hiatus musculaire, par la compression du détrusor, ou la traction sur les fibres urétérales par la mise en tension passive ou la contraction active de la zone du trigone (BUZELIN & LENORMAND, 2002; FLETCHER, 2009). Concernant la myoarchitecture des voies urinaires supérieures, il reste quelques incertitudes. Classiquement on distingue dans l’uretère une couche longitudinale interne et une couche circulaire externe, et à la jonction papillo-calicielle des fibres longitudinales et circulaires. Ces fibres longitudinales assureraient l’occlusion des pores de la papille par rétraction du calice contre le sommet de la papille. Les circulaires, disposées à 3 endroits stratégiques (autour de la papille, sous le pied de la papille et autour de la tige calicielle) interviendraient pour aspirer l’urine de la papille, la chasser du calice et isoler le calice du bassinet pour prévenir un reflux calico-papillaire (BUZELIN & LENORMAND, 2002). 17 1.2 Le bas appareil urinaire 1.2.1 La vessie La vessie, muscle creux situé en région pelvienne extra-péritonéale, stocke l’urine et est divisée anatomiquement en trois parties : l’apex se situe en région craniale, la partie caudale et rétrécie reliée à l’urètre est appelée le col, la partie intermédiaire constitue le corps. Le col est très petit chez le chat (OSBORNE & FLETCHER, 1995). Le triangle formé par l’abouchement des uretères et le départ de l’urètre est appelé le trigone, la musculeuse y est arrangée en triangle également pour permettre cet abouchement. Elle est très épaissie, fixe, compacte et inextensible à cet endroit. En revanche le reste de la vessie est souple, mobile et expansible : c’est le détrusor. Plate en position de repos, la région du col et du trigone est transformée par la contraction du détrusor en un entonnoir vers lequel converge le flux (FLETCHER, 2009). La paroi vésicale est constituée d’une muqueuse, une sous-muqueuse et une musculeuse : le detrusor. L’urothélium, participant à la formation de la muqueuse vésicale, urétérale et pelvienne est un épithélium transitionnel de 3 ou 4 couches cellulaires apposées selon leur niveau de différenciation. Cet épithélium est le plus étanche de l’organisme grâce à des desmosomes et des jonctions serrées. 1.2.2 L’urètre L’urètre, conduit fibro-musculaire, permet l’évacuation de l’urine. Son anatomie varie selon le genre, l’espèce, la taille de l’animal, et l’état d’activité. C’est la portion « sexuée » du tractus urinaire. Chez la chatte, l’urètre s’ouvre sur le plancher du vestibule vaginal. Chez le mâle, l’urètre est plus long et plus étroit. Chez l’homme il est cinq fois plus long que chez la femme (BUZELIN & LENORMAND, 2002). Chez le mâle, il se divise en quatre portions dont le diamètre se réduit progressivement (OSBORNE et al., 1996) (Figure 3). 18 L’urètre préprostatique depuis le col vésical jusqu’à la prostate est plus long chez le chat que chez le chien du fait de la position plus caudale de la prostate, il a un rôle important dans la continence urinaire (OSBORNE et al., 1996). Le segment prostatique est plus court chez le chat car la prostate est très petite, et le niveau le plus étroit. La partie post-prostatique de l’urètre s’étend en arrière de la prostate jusqu’aux glandes bulbo-urétrales. Enfin l’urètre pénien diminue progressivement de diamètre jusqu’à l’orifice externe (OSBORNE et al., 1996; OSBORNE & FLETCHER, 1995). Figure 3 : Anatomie de l'urètre du chat mâle (HOSGOOD & HEDLUND, 1992). L’urothélium urétral est un épithélium transitionnel en partie très proximale, puis il devient stratifié et squameux. La couche circulaire de la musculeuse est proéminente, permettant un péristaltisme (McGAVIN, 2007). Les fibres musculaires lisses et striées qui l’entourent, forment le dispositif sphinctérien de la vessie. La musculature lisse du col et de l’urètre est faite d’une part de fibres longitudinales qui interviennent lors de la miction en ouvrant le col et en raccourcissant l’urètre. 19 D’autre part cette musculature est constituée de fibres obliques ou circulaires qui participent à la continence en maintenant l’occlusion du col et de l’urètre. Le sphincter strié est probablement formé de 2 portions différentes : - l’une para-urétrale au contact de l’urètre, faite de fibres à contractions lentes (type 1) qui maintiennent une activité tonique, permanente ; - l’autre, péri-urétrale, appartenant au releveur de l’anus, faite de fibres à contractions rapides (type 2) qui assurent la contraction volontaire (FLETCHER, 2009). 20 2 Physiologie de l’appareil excréteur La voie excrétrice urinaire est divisée en deux parties fonctionnellement complémentaires : la voie excrétrice supérieure (V.E.S.) et la voie excrétrice inférieure (V.E.I.). La première a pour mission de drainer l’urine qui filtre de la papille et de protéger celle-ci de l’hyperpression et de l’infection. La seconde est surtout faite pour le confort, en permettant le stockage de l’urine et son expulsion massive volontairement contrôlée (BUZELIN & LENORMAND, 2002). 2.1 Physiologie de la voie excrétrice supérieure La fonction de la VES se résume à transporter activement l’urine des calices dans la vessie, en maintenant une pression pyélo-calicielle constamment basse, même en hyperdiurèse. C’est ainsi que le rein est drainé confortablement et sans danger (BUZELIN & LENORMAND, 2002). Le transport de l’urine du calice à la vessie n’est pas régi par la pesanteur. Il est le résultat d’un rapport entre des forces de propulsion et des forces de résistance. Ces forces varient avec la diurèse. Son transport dans la vessie est activement assuré, sous forme de bolus, par le péristaltisme urétéral. La force propulsive est la pression endoluminale qui n’est pas uniformément répartie le long de la V.E.S. A un moment donné, on peut y enregistrer : une pression pyélique, une pression au passage de l’onde contractile, une pression au passage du bolus, une pression basale dans l’uretère collabé (BUZELIN & LENORMAND, 2002). 21 Une onde contractile née des calices, se propage dans le bassinet puis dans l’uretère. La pression pyélo-calicielle doit rester basse pour empêcher le reflux calico-papillaire. En effet, les calices et le bassinet ne sont pas fonctionnellement compartimentés, et il se produit continuellement un brassage de l’urine. L’onde contractile qui parcourt les calices et le bassinet, n’est pas mécaniquement efficace puisqu’elle ne collabe pas les parois, chaque bolus qui s’engage dans l’uretère représentant le dixième seulement de la capacité pyélocalicielle. L’engagement du bolus dans l’uretère est donc avant tout un phénomène passif résultant de la pression hydrostatique dans le bassinet ; il n’est possible que parce que la pression dans la partie initiale de l’uretère relâché est basse (BUZELIN & LENORMAND, 2002). Le bassinet n’est pas un générateur, mais un amortisseur de pression ; c’est sa raison d’être. Il le doit à son volume et à sa compliance. La pression urétérale et plus précisément celle générée par l’onde contractile est le véritable moteur qui propulse le bolus. Contrairement à l’urètre, l’uretère ne se comporte pas comme un canal qui freine l’urine ; il est bien l’élément actif de la V.E.S (BUZELIN & LENORMAND, 2002). 2.2 Physiologie de la voie excrétrice inférieure Au plan urodynamique, la continence et la miction sont le résultat d’une évolution en sens inverse des pressions dans la vessie et dans l’urètre : quand la vessie se remplit, la pression vésicale reste basse et la pression urétrale élevée; quand elle se vide le gradient s’inverse. Cet automatisme doit être volontairement contrôlé (BUZELIN & LENORMAND, 2002). Les pressions dans la vessie et dans l’urètre sont déterminées par les propriétés fondamentales de la musculature vésico-sphinctérienne, qui, tour à tour, se laisse distendre puis se contracte. Elle se comporte alternativement comme une force passive dépendante de ses propriétés élastiques et comme une force active dépendante de ses propriétés contractiles (BUZELIN & LENORMAND, 2002). 22 2.2.1 Physiologie du remplissage vésical Les deux forces qui s’opposent sont la pression hydrostatique dans la vessie et la pression urétrale. La pression vésicale de remplissage reste basse : la possibilité de contenir un grand volume à basse pression est la première qualité de la vessie, car c’est elle qui protège le haut appareil urinaire. Elle dépend essentiellement de ses propriétés élastiques. Cependant, l’existence de récepteurs ß adrénergiques dans le détrusor suggère une régulation sympathique du tonus pour augmenter la capacité vésicale (BUZELIN & LENORMAND, 2002). La pression urétrale reste élevée et augmente même légèrement pendant le remplissage de la vessie. La pression urétrale est activement maintenue par l’activité tonique des sphincters lisse et strié de l’urètre, puisqu’elle est pratiquement annulée par un blocage pharmacologique, associant un alpha bloquant et un curarisant (BUZELIN & LENORMAND, 2002). 2.2.2 Physiologie de la vidange vésicale Le réflexe mictionnel associe une contraction vésicale et une relaxation sphinctérienne. Au plan hydraulique, la miction consiste en une transformation de l’énergie initiale fournie par la contraction vésicale sous la forme d’une pression, en une énergie restituée au méat sous la forme d’un débit. Les deux forces en compétition sont donc la pression vésicale mictionnelle et la résistance urétrale (BUZELIN & LENORMAND, 2002). L’augmentation de la pression vésicale, résulte de la contraction du détrusor, sous l’effet d’une décharge parasympathique. Le point de départ de ce réflexe est la stimulation des récepteurs de tension du détrusor, qui augmente en fin de remplissage quand la vessie atteint sa limite de distensibilité ; le phénomène s’amplifie quand la contraction est amorcée. Cette décharge parasympathique a deux conséquences : - une contraction en masse des cellules musculaires lisses du détrusor. - une inhibition réflexe des systèmes antagonistes (sympathique et parasympathique), c’està-dire une relaxation sphinctérienne. 23 Il existe une inhibition réciproque des systèmes parasympathique d’une part, sympathique et somatique d’autre part, de sorte que le détrusor est relâché quand les sphincters sont contractés et inversement : cela nécessite une coordination des boucles reflexes (BUZELIN & LENORMAND, 2002; FLETCHER, 2009). Le contrôle volontaire de la miction est cortical et limbique s’effectuant par l’intermédiaire des nerfs moteurs somatiques (BUZELIN & LENORMAND, 2002; FLETCHER, 2009). 24 PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE Infections du tractus urinaire dans l’espèce féline 25 26 Une infection urinaire est définie comme la colonisation par un agent infectieux d’une partie du système urinaire physiologiquement stérile, ce qui exclut uniquement l’urètre distal. Un processus d’adhérence, de multiplication et de persistance d’un ou plusieurs agents infectieux s’installe dans le tractus urinaire (LABATO, 2008). Cette infection se traduit par une inflammation d’un ou plusieurs sites de ce tractus urinaire et on distingue : pyélonéphrite (inflammation du parenchyme et du pelvis rénal), urétérite (inflammation de l’uretère), cystite (inflammation de la vessie) et urétrite (inflammation de l’urètre), l’un pouvant se généraliser à l’autre (OSBORNE & LEES, 1995). Les infections du tractus urinaire (ITU) peuvent être chroniques ou aiguës, mais il est difficile d’en faire le distinguo et cette classification ne permet pas d’associer un pronostic ou un traitement différent. Ainsi la distinction entre ITU simple et ITU compliquée est préférée. L’infection simple du tractus urinaire est une infection sans cause sous-jacente ou facteur prédisposant identifiable. Inversement, en ce qui concerne les infections compliquées, l’infection du tractus urinaire est induite par une affection urinaire ou systémique qui lèse les défenses du tractus urinaire et favorise la colonisation de celui-ci. Il apparait donc évident que cette affection causale doit être mise en évidence et éradiquée afin de traiter au mieux le patient infecté. En effet les infections compliquées du tractus urinaire ont tendance à persister ou être à l’origine de récidives (OSBORNE & LEES, 1995). Cette classification permet donc de donner un pronostic et de proposer une démarche diagnostique et thérapeutique adaptée. Dans le cas particulier d’infection du haut appareil urinaire, une classification suivant le type d’évolution peut être néanmoins intéressante à utiliser. Une pyélonéphrite sera donc définit en fonction de son caractère chronique (des mois à des années) ou aigu (des jours à des semaines). 27 1 Physiopathogénie des infections du tractus urinaire Asscher, et al., en 1966 ont montré que, chez l’homme, l’urine est un milieu de culture excellent pour la croissance bactérienne ; or l’urine vésicale reste un milieu stérile (ASSCHER et al., 1966). Il doit donc exister des mécanismes de défenses efficaces pour lutter contre l’infection. Chez le chat, les ITU étant rares, ces mécanismes de défenses sont supposés particulièrement efficaces. La pathogénie des infections du tractus urinaire est mal connue, mais on sait qu’elle dépend d’une rupture de l’équilibre entre les défenses de l’hôte et la virulence du pathogène (BARSANTI & JOHNSON, 2006; OSBORNE & LEES, 1995). 1.1 Origine des infections du tractus urinaire Il existe physiologiquement au sein de l’urètre distal et le l’appareil génital une flore microbienne commensale. Cette flore comporte principalement des bactéries aérobies avec une espèce majoritaire : Escherichia coli. Cet agent infectieux est le plus souvent impliqué dans les ITU. De ce constat vient l’hypothèse du développement d’une ITU par contamination ascendante du tractus urinaire par les micro-organismes de la flore urogénitale (HOLST et al., 2003). Dans un premier temps, il a pu être montré pour appuyer cette hypothèse qu’une colonisation de l’appareil génital, chez la femme et chez la chienne, précédait souvent une ITU (SENIOR, 1985). Dans un second temps, la démonstration du pouvoir pathogène opportuniste de la flore commensale a été réalisée : cette flore peut devenir pathogène si les défenses de l’hôte sont défaillantes (LABATO, 2008; JIN & LIN, 2005; BARSANTI, 2009). Au niveau rénal, les bactéries ne peuvent pas atteindre la médulla à travers le cortex donc la voie hématogène est un mode de contamination très peu probable. 28 Ainsi l’infection du tractus urinaire est presque systématiquement causée par l’ascension de micro-organismes dans l’urètre jusqu’à la vessie voire dans l’uretère jusqu’au rein. La contamination se fait donc essentiellement par extension depuis le bas appareil urinaire distal. Son origine peut être digestive (chez les femelles essentiellement), génitale (exclusivement chez les femelles pour des raisons anatomiques) ou encore dermique (lors de dermatite périvulvaire par exemple) (McGAVIN, 2007). C’est pourquoi le rectum, le périnée, l’urètre distal et l’appareil génital peuvent constituer des réservoirs d’agents infectieux (BARTGES, 2005). Le mécanisme permettant l’ascension microbienne n’est pas clair à l’heure actuelle. Un consensus existe néanmoins sur l’importance du mouvement brownien dans cette contamination. Des pistes de recherche existent sur la capacité de certains uropathogènes à progresser sur la paroi urétrale ou à « nager à contre-sens » dans le courant mictionnel (BARTGES, 2005). Néanmoins certaines bactéries, comme Escherichia coli et Proteus spp. sont animées d’une motilité intrinsèque qui peut constituer un facteur de virulence. Du fait de la rareté de la présence d’emboles septiques et l’efficacité des moyens de défenses chez l’hôte, la voie hématogène est empruntée de façon sporadique dans les infections du tractus urinaire. On sait néanmoins qu’il existe des cas de néphrite par embole septique, que les pyélonéphrites bilatérales sont souvent dues à une contamination par voie hématogène et qu’une obstruction urinaire ou un traumatisme augmente le risque de contamination par voie hématogène par modification de la microcirculation rénale (BARTGES, 2005). 1.2 Les défenses du tractus urinaire Chez le rat et le chien, l’inoculation de bactéries dans la vessie ne donne pas lieu à une infection et il y a élimination en 72 heures, sauf si l’urothélium est lésé (SENIOR, 1985; OSBORNE & LEES, 1995). Les défenses existantes chez l’hôte sont donc très efficaces. 29 L’immunité systémique a un rôle à jouer dans le contrôle de la voie de contamination hématogène, mais la contamination se fait presque systématiquement par voie ascendante et les défenses locales sont alors primordiales (OSBORNE & LEES, 1995). 1.2.1 La flore commensale L’existence d’une flore microbienne commensale au niveau de l’appareil génital terminal et de l’urètre distal empêche la colonisation par un agent pathogène, soit par compétition pour les récepteurs membranaires ou les nutriments, soit par sécrétion de bactériocines induisant un dysfonctionnement métabolique chez l’éventuel agent pathogène. Chez le chat femelle non stérilisée, cette flore est principalement composée de bactéries aérobies : Escherichia coli, Staphylococcus sp. et Streptococcus sp. Ainsi la mise en culture d’un prélèvement urinaire réalisé par miction naturelle peut permettre d’isoler une colonie pure sans que cela doive être considéré comme pathologique (BARSANTI & JOHNSON, 2006; HOLST et al., 2003). Chez le chat mâle entier, des bactéries aérobies sont fréquemment isolées dans le prépuce, notamment des Pasteurelles, Escherichia coli, Staphylococcus sp. et Streptococcus sp. Des anaérobies peuvent être également rencontrées : Bacteroides spp., Fusobacterium spp. et des streptocoques anaérobies. Les cultures pures sont rares chez le mâle (BARSANTI & JOHNSON, 2006; HOLST et al,. 2003). Parmi la flore non pathogène, on trouve, en compétition avec les bactéries, des levures majoritairement représentées par Candida albicans (FULTON & WALKER, 1992; LULICH & OSBORNE, 1996; PRESSLER et al., 2003; JIN & LIN, 2005). 30 1.2.2 La miction La miction permet l’évacuation des constituants urinaires, ainsi cette vidange vésicale est un moyen de défense contre l’infection. En effet, elle empêche la concentration microbienne et elle limite par sa fréquence l’adhérence nécessaire à l’infection. Si on injecte un inoculat bactérien par voie trans-abdominale dans la vessie de rats, la miction permet l’évacuation de 99,9% des bactéries injectées (OSBORNE & LEES, 1995). La miction est donc le mécanisme le plus efficace d’élimination microbienne. 1.2.3 Les mécanismes de défense anatomiques Les microvillosités vaginales ou urétrales distales par opposition avec les plicatures urétrales proximales et vésicales permettent la colonisation bactérienne en créant une niche écologique et, en même temps, limitent cette colonisation en la confinant. En amont de la partie colonisée de l’urètre, il existe une zone de haute-pression qui empêche l’ascension des agents infectieux. Elle est très marquée chez le chat mâle (OSBORNE & LEES, 1995). De plus, il existe un péristaltisme urétral qui pousse les microbes vers l’extérieur, et la protection de l’urètre est proportionnelle à sa longueur. Ce mécanisme de défense est également présent dans les uretères. Enfin le sphincter urinaire induit un flux unidirectionnel vers l’extérieur et diminue le risque de contamination rétrograde (OSBORNE & LEES, 1995). 1.2.4 Les mécanismes de défense du rein La médulla est souvent moins résistante aux infections que le cortex. Cela peut s’expliquer par la moindre disponibilité des facteurs de l’immunité du fait de l’hyperosmolarité de l’urine en ce site. 31 En raison de leur grande taille, les bactéries ne passent pas le filtre glomérulaire. La phagocytose se fait efficacement dans le cortex car le mésangium glomérulaire contient un système de protection par des macrophages et monocytes (OSBORNE & LEES, 1995; McGAVIN, 2007). La membrane de filtration glomérulaire est la barrière la plus importante contre l’entrée d’agents infectieux par voie hématogène (McGAVIN, 2007). 1.2.5 L’immunité locale et systémique Il y a présence d’IgA dans l’urine et dans les sécrétions cervico-vaginales qui réduisent l’apparition d’ITU. Elles sont produites par l’urothélium (OSBORNE & LEES, 1995). Le rôle de l’immunité systémique n’est pas évident. La réponse immunitaire est reconnue lors d’infection rénale. Mais c’est l’inflammation qui protège significativement contre les ITU (OSBORNE & LEES, 1995). Lors de la stimulation des cellules urothéliales par les bactéries, ces cellules produisent des médiateurs de l’inflammation, ces médiateurs dirigent les cellules de l’inflammation sur le site d’infection créant l’inflammation locale. Ainsi la migration des neutrophiles jusqu’à l’espace urinaire, à l’origine de la pyurie, permet l’élimination des bactéries (BARSANTI & JOHNSON, 2006). 1.2.6 Les propriétés antimicrobiennes de l’urine Ils existent différents composants urinaires qui sont inhibiteurs de la croissance bactérienne, mais deux sont déterminants et sont à la base des propriétés antimicrobiennes de l’urine : l’osmolarité élevée (densité > 1,050 chez le chat) et un pH acide (6,5 chez le chat) (LEES & OSBORNE, 1979; OSBORNE & LEES, 1995). 32 L’osmolarité est fonction des concentrations des différents solutés urinaires et particulièrement l’urée. L’urée a démontré un effet antibactérien lorsqu’elle est très concentrée. L’ajout de facteur de nutrition bactérienne, comme le glucose, dans l’urine augmente la vitesse de croissance mais diminue la croissance maximale bactérienne (LEES & OSBORNE, 1979)). Selon certains auteurs, chez le chat, la très forte concentration de l’urine est l’élément principal de défense dans la composition de l’urine (LEES & OSBORNE, 1979). Une très faible variation de pH urinaire peut inhiber la croissance bactérienne ou même avoir un effet bactéricide, tant qu’elle s’éloigne du pH optimum de croissance qui est d’environ 6 à 7 pour les espèces classiquement impliquées. Un pH acide permet de concentrer davantage d’acides faibles et donc d’amplifier l’action antibactérienne propre des acides organiques présents dans l’urine (LEES & OSBORNE, 1979). Cependant un pH acide est optimal pour le développement fongique (SENIOR, 1985; OSBORNE et al., 1994). Par ailleurs, il existe dans la composition de l’urine d’autres moyens de défense contre l’infection que l’inhibition de croissance. Par exemple, la présence dans l’urine de mucoprotéines de Tamm-Horsfall permet l’élimination lors de la miction de bactéries par inhibition de l’adhésion du fimbriae à l’urothélium (OSBORNE et al., 1994; OSBORNE & LEES, 1995). De la même manière des oligosaccharides peuvent détacher les bactéries fixées à l’urothélium. 1.2.7 La muqueuse : une barrière de défense La présence d’une couche de glycosaminoglycanes et la couche d’eau qu’elle forme protègent l’urothélium vésical de l’adhésion bactérienne ou fongique (BARSANTI & JOHNSON, 2006; OSBORNE & LEES, 1995). La muqueuse possède aussi des propriétés antimicrobiennes intrinsèques sous forme de production d’immunoglobulines et de composants antibactériens. L’exfoliation cellulaire est enfin un aspect de cette mécanique de défense : les cellules épithéliales se détachent et sont éliminées dans le courant urinaire en réponse à l’infection. 33 1.3 La virulence des agents infectieux en cause Les agents responsables d’ITU sont très souvent des agents infectieux présents au niveau de l’appareil urogénital distal (BARTGES, 2004). Il s’agit le plus souvent d’infection ascendante et on retrouve ainsi des éléments de la flore fécale (CHEW & DIBARTOLA, 2006). 1.3.1 Les agents bactériens responsables d’infection du tractus urinaire Les ITU sont dans une très grande majorité des infections bactériennes. 1.3.1.1 Les bactéries isolées 1.3.1.1.1 Les bactéries isolées en culture pure Dans la majorité des cas, les infections urinaires chez le chat sont causées par un agent bactérien unique (84,1% à 89% des cultures positives) (LITSTER, MOSS, HONNERY, REES & DJ TROTT, 2007; PASSMORE et al., 2008). Parmi les agents infectieux rencontrés, on retrouve essentiellement des bactéries aérobies et en parts égales des bacilles Gram – et des coques Gram + (BARSANTI et al., 1994; LITSTER, MOSS, HONNERY, REES & DJ TROTT, 2007). • Espèces et genres bactériens les plus fréquemment isolés L’agent bactérien le plus fréquemment isolé est Escherichia coli (31,2% à 59% des bactéries identifiées en quantité significative) (LABATO, 2008; EGGERTSDOTTIR et al., 2007; BAILIFF et al., 2008; BAILIFF et al., 2006; DAVIDSON et al., 1992; BARSANTI, 2009; WOOLEY & BLUE, 1976; CHEW & DIBARTOLA, 2006; LITSTER, MOSS, HONNERY, REES & DJ TROTT, 2007; PASSMORE et al., 2008). 34 A la seconde place, on isole des bactéries du genre Enterococcus (Enterococcus faecalis constitue 6% à 27% des bactéries identifiées en quantité significative), des bactéries du genre Staphylococcus (6% à 20% des bactéries identifiées en quantité significative), dont Staphylococcus felis, et des bactéries du genre Streptococcus (6% à 13% des bactéries identifiées en quantité significative), dont Streptococcus canis (6% des bactéries identifiées en quantité significative) (LABATO, 2008; EGGERTSDOTTIR et al., 2007; BAILIFF et al., 2008; BAILIFF et al., 2006; DAVIDSON et al., 1992; BARSANTI, 2009; WOOLEY & BLUE, 1976; CHEW & DIBARTOLA, 2006; LITSTER, MOSS, HONNERY, REES & DJ TROTT, 2007; PASSMORE et al., 2008). • Espèces et genres bactériens moins fréquemment isolés Proteus spp. (4% à 12,5% des bactéries identifiées en quantité significative), Klebsiella spp., Pasteurella spp. (25% des bactéries identifiées en quantité significative selon une seule étude datant des années 70) et Pseudomonas spp. sont aussi parmi les plus fréquemment isolées (LABATO, 2008; EGGERTSDOTTIR et al., 2007; BAILIFF et al., 2008; BAILIFF et al., 2006; DAVIDSON et al., 1992; BARSANTI, 2009; WOOLEY & BLUE, 1976; CHEW & DIBARTOLA, 2006; LITSTER, MOSS, HONNERY, REES & DJ TROTT, 2007; PASSMORE et al., 2008). Corynebacterium urealyticum est une bactérie très virulente présente comme toutes les autres bactéries isolées dans la flore génitale normale du chat entrainant des signes cliniques importants et difficiles à traiter. Cette espèce est très rarement retrouvée lors d’infection du tractus urinaire (BAILIFF et al., 2005). Si des bactéries peu virulentes telles que Pseudomonas spp., Klebsiella spp., Corynebacterium spp., ou Enterobacter spp. sont isolées, il s’agit très souvent d’une ITU par complication (OSBORNE & LEES, 1995). Mycoplasma spp. et Ureaplasma spp. ne sont pas des agents primaires d’infection et ne sont pas responsable d’affection du bas appareil urinaire félin (SENIOR & M. BROWN, 1996). 35 1.3.1.1.2 Les bactéries isolées en cas d’isolement de multiples colonies En cas d’isolement de multiples colonies, on parle d’infection mixte, on peut dans certains cas isoler deux ou trois espèces en association. Les infections mixtes représentent 10% à 15% des infections du tractus urinaire chez le chat. Enterococcus faecalis est dans une première étude l’espèce la plus fréquemment rencontrée et l’association de celle-ci avec Escherichia coli est celle qui est la plus courante (LITSTER, MOSS, HONNERY, REES & DJ TROTT, 2007). Dans une seconde étude, Escherichia coli est l’espèce la plus fréquemment rencontrée (77% des cas) chez le chat lorsque plus d’un uropathogène est isolé et elle est associée dans un tiers des cas à Staphylococcus spp. (DAVIDSON et al., 1992). On en conclut que les principales espèces isolées lors d’ITU mixtes chez le chat sont les même que celles impliquées dans les infections par un agent unique : Enterococcus faecalis et Escherichia coli, appartenant à la flore uro-génitale et fécale. Escherichia coli est également l’agent infectieux le plus fréquemment rencontré lors d’infections récurrentes (CHEW & DIBARTOLA, 2006). Escherichia coli doit très certainement posséder des facteurs de virulence particuliers et exercer un rôle permissif sur le système urinaire, facilitant la colonisation par d’autres uropathogènes. 1.3.1.2 Les facteurs de virulence bactérienne A travers des études rétrospectives portant sur les différents uropathogènes isolés chez l’homme, le chien ou le chat, on observe toujours les mêmes principaux uropathogènes isolés. Par la même la haute fréquence d’isolement de bactéries telles qu’Escherichia coli suggère que ces uropathogènes possèdent des facteurs de virulence propres spécifiquement dirigés contre le tractus urinaire (SENIOR, 1985). 36 1.3.1.2.1 Les facteurs de virulence propres à Escherichia coli Escherichia coli est l’espèce bactérienne la plus étudiée, du fait de son implication dans de nombreuses infections et de la haute fréquence de son isolement en cas d’infection du tractus urinaire (BARSANTI & JOHNSON, 2006; OSBORNE & LEES, 1995). Sur des centaines de sérotypes d’Escherichia coli différents, seuls vingt sérotypes sont impliqués dans les ITU, il doit donc exister des facteurs de virulence spécifiques à ces sérotypes permettant d’infecter le tractus urinaire (BARTGES, 2005). Il est peu probable que la variation de virulence de certaines souches par rapport à d’autres viennent de leurs besoins de croissance différents, ces caractéristiques sont très semblables d’un uropathogène à l’autre (LEES & OSBORNE, 1979). Les sérotypes uropathogènes possèdent bien des propriétés spécifiques pour adhérer à l’urothélium et coloniser le tractus urinaire. • Les facteurs d’adhérence à l’urothélium L’adhérence entre Escherichia coli (et d’autres bactéries Gram -) et la paroi se fait, au niveau moléculaire, par une liaison entre le fimbriae bactérien (ou le fibrillae dans le cas de bactéries Gram +) et un récepteur urothélial. Effectivement, des sites de liaison pour le fimbriae de type-1 d’Escherichia coli ont été mis en évidence sur l’épithélium urinaire du chien (SENIOR et al., 1992). Le fait qu’Escherichia coli soit l’espèce la plus fréquemment rencontrée lors d’ITU récurrente ou persistante laisse penser que le fimbriae bactérien peut évoluer et devenir plus spécifique (C. NORRIS et al., 2000). La variabilité est donc un facteur important pour permettre et améliorer l’adhésion cellulaire (SENIOR et al., 1992). Chez Escherichia coli, un antigène membranaire pourrait avoir lui-aussi un rôle d’adhésion à l’urothélium canin. Ce mécanisme serait mannose dépendant et entrainerait une hémagglutination par le biais d’un antigène membranaire d’adhésion cellulaire. Des adhésines liées à des corécepteurs pourraient également réaliser un pontage entre la bactérie et la cellule uroépithéliale. Le rôle de ces adhésines dans l’interaction hôte-bactérie est cependant remis en cause par quelques auteurs. 37 • La synthèse de β-lactamases et plasmide de résistance Les β-lactamases sont des enzymes inhibant l’action des antibiotiques appartenant à la famille des β-lactamines. Ces enzymes sont synthétisées par des bactéries dont Escherichia coli et plus généralement les entérobactéries. La synthèse de cette enzyme est codée par un plasmide bactérien appelé plasmide de résistance ou plasmide R. Les plasmides R transmettent la résistance aux antimicrobiens (SENIOR et al., 1992; SENIOR & M. BROWN, 1996). • Les antigènes de capsule Chez Escherichia coli, les antigènes de capsule K sont capables d’inhiber la phagocytose et l’activation du complément. Ainsi ces antigènes de capsule permettent la persistance bactérienne par résistance aux facteurs de l’inflammation (SENIOR et al., 1992). 1.3.1.2.2 Autres facteurs de virulence bactérienne Par analogie certaines bactéries doivent posséder les mêmes facteurs de virulence que ceux mis en évidence et étudiés chez Escherichia coli, néanmoins certains mécanismes supplémentaires doivent être considérés. • L’uréase et création d’un milieu de culture idéal La synthèse par certaines bactéries d’uréase entraine la formation d’un milieu idéal de croissance, cette enzyme peut être considérée comme un facteur de virulence (OSBORNE & LEES, 1995). L’uréase en hydrolysant l’urée en ammoniac crée des dommages sur l’épithélium urinaire soit directement, soit indirectement par formation de cristaux phosphoammoniaco-magnésiens (PAM) secondairement à l’alcalinisation de l’urine. 38 • Autres enzymes agissant sur le milieu de croissance De la même manière que l’uréase, l’hémolysine, par augmentation de la quantité de fer disponible, permet une meilleure croissance bactérienne et crée des dégâts tissulaires. Elle est l’un des facteurs responsable d’une réaction inflammatoire importante et de l’apparition de symptômes (Y. SMITH, 2008). L’aérobactine sécrétée par certaines bactéries facilite également la croissance bactérienne. • Capsule inhibant la réaction inflammatoire De façon similaire à Escherichia coli qui possède des antigènes de capsule K, Pseudomonas ssp. possède une capsule muco-polysaccharidique qui empêche la fixation des anticorps. 1.3.2 Agents infectieux non bactériens Ces agents sont présents de façon exceptionnelle. 1.3.2.1 Agents fongiques Moins de 1% de toutes les infections urinaires sont des infections fongiques, mais leur incidence augmente d’année en année et il est possible que cette augmentation soit due au vieillissement de la population et à une plus grande présence des facteurs prédisposant (JIN & LIN, 2005). 25 à 83% des infections fongiques sont des coinfections (JIN & LIN, 2005; PRESSLER et al., 2003). Les agents fongiques sont rarement impliqués dans les infections systémiques et d’autant moins dans celles du tractus urinaire, cette rareté peut être partiellement modérée par le fait que ces agents ne sont pas souvent considérés comme des uropathogènes. 39 De plus, les ITU fongiques sont quasi-systématiquement asymptomatiques. Ainsi la prévalence des ITU fongiques est peut-être plus haute que celle communément admise. Des candidoses et des aspergilloses vésicales ont pu être observées (JIN & LIN, 2005; FULTON & WALKER, 1992). Dans la famille des Cryptococcaceae, Trichosporonosis et Cryptococcus peuvent être responsables d’ITU (JIN & LIN, 2005; DOSTER et al., 1987; GIEG et al., 2006). Et enfin, des cas d’infection à Blastomyces, Histoplasma, Rhodotorula et Protheca sont décrits. Candida spp. est le plus fréquemment rencontré, c’est surtout Candida Albicans qui est responsable d’ITU. Les mycoses urinaires ne se développent que lors de forte déficience des défenses de l’hôte ou lors d’infection bactérienne concomitante. Elles peuvent aussi être la conséquence d’une dissémination fongique systémique. 1.3.2.2 Agents viraux Du fait de la grande prévalence des ABAU idiopathiques chez le chat régressant spontanément, on peut s’interroger sur l’implication d’une pathologie virale dans cette affection. Chez l’homme certains virus font partie de l’étiologie de cystite hémorragique (OSBORNE et al., 1994). Quelques virus ont été mis en évidence et reliés à une cystite, sans que leur implication soit prouvée dans la symptomatologie de l’ABAUF : herpesvirus (Feline Cell-Associated Herpesvirus, FeCAHV), calicivirus félin (FCV), virus formant des syncytiums (FeSFV) (JM KRUGER & OSBORNE, 1990; KALKSTEIN et al., 1999b; OSBORNE et al., 1984; OSBORNE et al., 1994). L’herpes-virus bovin de type 4 (BHV-4) a été mis en évidence indirectement par sérologie et directement par PCR et pourrait être impliqué dans les affections du bas appareil urinaire chez le chat (JM KRUGER et al., 2000; JM KRUGER & OSBORNE, 1990). Des essais d’induction d’ITU par le BHV-4 ont été réalisés montrant que le virus peut persister dans le tractus urinaire chez le chat, mais il n’est pas associé à une morbidité même en cas d’immunosuppression (JM KRUGER, OSBORNE, GOYAL, O'BRIEN et al., 1990; JM KRUGER, OSBORNE, GOYAL, POMEROY et al., 1990). 40 Les infections virales représenteraient 0,4% des ITU (LEKCHAROENSUK et al., 2001). Les infections du tractus urinaire dues à un agent viral sont très rares, mais ces agents sont peu ou mal recherchés. D’autres études sont nécessaires afin de prouver l’existence de relations de causes à effets entre virus et ITU (JM KRUGER & OSBORNE, 1990; KALKSTEIN et al., 1999b). 1.4 Facteurs prédisposants Chez le chat les ITU sont rares. Elles ne se développent que si les défenses du tractus urinaire sont compromises par une autre maladie et/ou un éventuel traitement (LEES, 1996). Une analyse des études réalisées dans les années 70-80 montre que les infections urinaires chez le chat sont rarement incriminées en tant que cause primaire ou initiant une pathologie urinaire (LEES, 1984). Certains auteurs pensent même que l’infection n’est jamais primaire et non-compliquée (GUNN-MOORE, 2002). 1.4.1 Facteurs interférant avec la miction L’un des principaux mécanismes de défense du tractus urinaire contre les agents infectieux est l’élimination des uropathogènes lors de la miction. S’il y a dysfonctionnement lors de la miction, alors les défenses de l’hôte sont diminuées et une infection du tractus urinaire peut se développer. Ainsi lors d’anomalie de la miction, il y a augmentation de la sensibilité aux infections du tractus urinaire (ITU). 1.4.1.1 Obstruction mécanique au flux urinaire Les tumeurs extra ou intra-luminales, les hernies dans lesquelles la vessie est engagée, les calculs, les bouchons urétraux et les spasmes urétraux sont des causes d’obstructions et par conséquent de facilitation des ITU (OSBORNE & LEES, 1995). 41 1.4.1.2 Vidange incomplète de la vessie : déficit neurologique Les causes possibles sont : les fractures ou luxations vertébrales, les hernies discales, les néoplasies et anomalies médullaires et enfin une dyssynergie vésico-sphinctérienne (OSBORNE & LEES, 1995). Chez l’homme les dysfonctionnements neurologiques et un grand volume résiduel sont des facteurs prédisposant aux ITU (BAKKE & VOLLSET, 1993). 1.4.2 Défauts anatomiques Les défauts anatomiques augmentent le risque de développement d’une ITU en modifiant la capacité mictionnelle comme vu précédemment, mais aussi en altérant les propriétés défensives de l’urothélium et de l’urètre. Ils peuvent permettre la migration des bactéries du bas vers le haut appareil urinaire. Le reflux vésico-urétéral notamment provient d’un mauvais abouchement des uretères sur la vessie et facilite l’ascension bactérienne jusqu’aux reins (OSBORNE & LEES, 1995). 1.4.2.1 Anomalies anatomiques du tractus uro-génital Les chiennes avec des anomalies vulvaires, dermatite périvulvaire ou sténose vaginale ont plus de risque de faire une ITU (BARTGES, 2004). Chez le chien, la vessie pelvienne est rapportée comme facteur prédisposant. Visualisée radiographiquement, la vessie pelvienne est une vessie dont le col se situe caudalement au pecten du pubis. Le lien entre ITU et vessie pelvienne n’est pas certain : il semble que l’un peut entrainer l’autre chez le chien (ADAMS & DIBARTOLA, 1983). 42 Lors de sténose vestibulo-vaginale, l’urine est piégée à l’abouchement de l’urètre créant une situation idéale pour le développement d’infection. Chez la chienne pour laquelle cette pathologie est décrite, il n’y a pas de statistique étayant cette hypothèse (CRAWFORD & ADAMS, 2002). Cependant, chez la chienne les défauts anatomiques entrainant une stagnation de l’urine comme l’atrésie vulvaire, la vessie pelvienne ou un diverticule de l’ouraque doivent être retenus comme facteurs prédisposant et le traitement de ces affections diminue le risque d’ITU et leur récurrence (OSBORNE et al., 1984; CRAWFORD & ADAMS, 2002). Chez le chat ces défauts de l’anatomie du tractus uro-génital ne sont pas décrits comme des facteurs prédisposant aux ITU, ces défauts sont même très peu répertoriés dans la littérature en tant que tel dans notre espèce d’intérêt. Cependant par analogie, il est raisonnable de penser qu’ils constituent chez le chat des causes favorisant les infections du tractus urinaire. 1.4.2.2 L’uréthrostomie : défaut anatomique iatrogène En cas d’uréthrostomie périnéale, la technique chirurgicale consiste à aboucher la lumière de l’urètre pelvien, plus large, à la peau en région périnéale par suture épithélio-épithéliale. Le but est de préserver la fonction sphinctérienne en préservant la partie striée de l’urètre. Il résulte de cette opération chirurgicale la modification du méat urinaire et le sacrifice d’une partie de la muqueuse urétrale. Il est ainsi prévisible que l’altération de ces deux mécanismes de défense augmente le risque d’infection par voie ascendante du tractus urinaire. Chez le chat uréthrostomisé, la diminution de longueur, la perte des mécanismes de défense de la muqueuse pénienne, le déficit de contractilité du muscle strié et le déficit la pression intraluminale notamment la diminution de pression dans l’urètre post-prostatique sont responsables d’une augmentation majeure du risque d’ITU avec une prévalence qui passe de moins de 1% chez le chat sain à 25% à 30% chez le chat uréthrostomisé (OSBORNE et al., 1996). 23 % des chats ayant subit cette intervention chirurgicale présentent une cystite bactérienne asymptomatique, ce qui est significativement plus important que pour ceux n’ayant pas subit d’intervention. 43 Cependant quelques précautions doivent être prises face à l’analyse de ces chiffres. Les chats subissant une uréthrostomie sont généralement atteints d’une ABAU obstructive pour laquelle le traitement médical est insatisfaisant, par conséquent en préopératoire l’animal peut être porteur d’ITU du fait d’un sondage urétral à demeure notamment : cela représente 40% des cas selon une étude de 1978 (C. SMITH & SCHILLER, 1978). De plus l’acte chirurgical peut induire l’installation d’ITU : selon cette même étude dans 26% des cas, mais ces chiffres doivent être revus à la baisse de nos jours. Il est important de ne pas sonder l’animal en postopératoire comme cela était décrit dans d’ancienne technique chirurgicale, car ce sondage induit des infections et des sténoses urétrales (50% des cas) (C. SMITH et al., 1981; C. SMITH & SCHILLER, 1978). Par là même, une étude plus récente montre que sur un chat sain l’uréthrostomie correctement réalisée n’est pas un facteur prédisposant aux ITU, le risque d’apparition est augmenté sur les chats déjà prédisposés par une atteinte urinaire sous-jacente (GRIFFIN & GREGORY, 1992). Ainsi l’uréthrostomie est bien un facteur prédisposant mais la proportion de chat uréthrostomisés ayant une ITU reste incertaine : au plus un quart des chats ayant subit l’intervention sera atteint d’infection urinaire. Du fait du caractère asymptomatique de la bactériurie, il faut réaliser des contrôles réguliers des chats uréthrostomisés. 1.4.3 Modifications de l’urothélium : néoplasie L’agencement de l’épithélium urinaire ou urothélium constitue une barrière de protection contre l’infection, c’est pourquoi il est important d’étudier les facteurs entrainant la désorganisation de ce moyen de défense. Les urocultures sont positives dans plus de la moitié des cas de néoplasie vésicale (SCHWARZ et al., 1985). Dans une étude 6 chats atteints de carcinome des cellules transitionnelles sur 8 avaient une ITU (H. WILSON et al., 2007). Le carcinome des cellules transitionnelles, tumeur vésicale la plus fréquemment identifiée, en modifiant la structure de la muqueuse vésicale et en empêchant la miction complète provoque une baisse des défenses du tractus urinaire. La présence de cette tumeur expose donc l’individu atteint au développement d’une infection secondaire. 44 1.4.4 Cas particulier du sondage urinaire Le sondage urinaire est un acte traumatique, il peut donc créer des lésions de l’urothélium et comme vu précédemment induire des ITU. Le sondage urinaire peut également provoquer des infections urinaires soit par introduction de germes dans un environnement stérile au moment du sondage, soit par migration des germes le long de la surface du cathéter utilisé. Il est pratiqué soit dans un but diagnostic, soit dans un but thérapeutique. Chez le chat, le sondage à demeure est utilisé dans les cas d’obstruction urétrale ou en cas de déficit neurologique. 1.4.4.1 Sondage urétral Le sondage urinaire ou un examen endoscopique crée des voies d’entrées pour les agents infectieux d’une part, mais peut aussi favoriser leur développement en lésant les tissus. La durée de ces procédures a elle aussi une influence sur l’apparition d’ITU (LEES, 1996). Le sondage à demeure augmente nettement le risque d’apparition de cystite bactérienne, peut aggraver une cystite préexistante et induit une infection persistant plus longuement (C. SMITH et al., 1981). Le cathétérisme prédispose aussi aux infections réccurentes (LULICH & OSBORNE, 2004). Néanmoins chez le chien, il est montré que si le sondage urinaire est réalisé dans des conditions de stérilité et maintenu en place en circuit fermé, il y a peu de risque d’apparition d’infection pour un sondage en place depuis 3 jours ou moins de 3 jours (SMARICK et al., 2004). Chez les carnivores, un sondage de moins de trois jours entraine peu d’ITU, mais après 4 jours la moitié des animaux sondés développe une ITU (BARSANTI et al., 1985). Ainsi lors de sondage pour prélèvement, il n’y a pas d’induction d’ITU tant que l’asepsie est respectée (LEES et al., 1984). L’épithélium urétral est irrité par le sondage qui crée une inflammation, l’épithélium revient à son état normal seulement 6 semaines après retrait de la sonde (C. SMITH & SCHILLER, 1978). Ainsi la prédisposition aux infections est de longue durée. 45 Par ailleurs les femelles sont plus sensibles que les mâles et le sondage induit plus facilement une infection chez ces dernières (BIERTUEMPFEL et al., 1981). 1.4.4.2 Sonde de cystostomie à demeure Les infections urinaires sont très fréquentes lors de sondage urinaire par cystostomie chez le chien et le chat (BECK et al., 2007; WILLIAMS & WHITE, 1991). Ce sondage consiste en la création d’une brèche dans la vessie et la paroi abdominale et à les mettre en communication par le biais d’une sonde. Il est indiqué dans le cadre d’une ABAUF préexistante avec défaut de vidange vésicale, par conséquent le terrain est généralement favorable aux ITU avant l’intervention. L’acte chirurgical étant réalisé dans des conditions d’asepsie et un système de collecte stérile est ajouté, l’apparition d’ITU est donc surtout reliée à la formation d’un biofilm sur la sonde ou par l’existence d’un volume résiduel d’urine dans la vessie important. En général, la guérison est facilement obtenue et l’infection ne persiste pas. Le sondage par cystostomie chez l’homme induit deux fois moins d’infection qu’un sondage urétrale à demeure, chez l’animal le sondage par cystostomie est assez bien toléré. Il est préférable d’utiliser une sonde de moins de 4 cm de long et possédant une valve anti-retour (STIFFLER et al., 2003). 1.4.5 Modifications de la composition de l’urine La baisse du pouvoir antibactérien de l’urine a un effet permissif sur les infections du tractus urinaire. 46 1.4.5.1 La glycosurie Observée lors de diabète sucré principalement, la présence de glucose dans les urines ou glycosurie constitue un milieu favorable à la multiplication bactérienne. En effet le glucose constitue d’une part un nutriment essentiel à la croissance bactérienne et entraine d’autre part la diminution du chimiotactisme neutrophilique. 13% des chats diabétiques développent une ITU avec des signes cliniques associés pour moins de la moitié d’entre eux. De même chez le chien, en cas de diabète sucré les chiens font plus d’ITU (42%) et les signes cliniques sont présents dans moins de 5% des cas (FORRESTER et al., 1999). Cela peut être expliqué par la glycosurie, promotrice de croissance bactérienne et inhibitrice des défenses immunitaires. Cependant l’étude de Forrester montre qu’il n’y a pas d’association entre glycosurie et augmentation de l’incidence d’ITU chez le chien (FORRESTER et al., 1999). Dans le même sens, si in vitro on montre que la croissance d’Escherichia coli est amplifiée dans de l’urine glucosée, la glycosurie n’est pourtant pas identifiée comme la cause prédisposant les diabétiques aux ITU (BAILIFF et al., 2006). Néanmoins chez l’homme une corrélation positive a pu être objectivée chez les diabétiques entre la glycosurie et un risque augmenté d’ITU (HESS et al., 2000). En conclusion, le diabète constitue bel et bien un facteur de risque d’infection du tractus urinaire chez le chat mais le mécanisme responsable de l’augmentation du risque d’infection reste incertain, notamment l’implication de la glycosurie. 1.4.5.2 La polyurie On sait que la concentration importante de l’urine chez le chat est un facteur protecteur contre les infections du tractus urinaire, c’est pourquoi la polyurie en faisant chuter cette concentration est jugée comme facteur prédisposant aux ITU. La polyurie appartient au tableau clinique de nombreuses pathologies, chez le chat nous retiendrons essentiellement l’insuffisance rénale chronique (IRC), le diabète sucré et l’hyperthyroïdie. 47 Chez le chat, 17% des insuffisants rénaux chroniques, 13% des diabétiques, 22% des hyperthyroïdiens présentent une bactériurie significative alors que seul 5% des chats présentés pour affection du bas appareil urinaire sont atteints d’ITU. De plus, la fluidothérapie, augmentant la diurèse, est rapportée comme facteur de risque d’ITU (BARSANTI et al., 1994). Pourtant deux études récentes chez le chat et le chien montrent que la baisse de densité urinaire n’est pas significativement corrélée à la positivité de l’uroculture, il doit donc exister d’autres causes faisant que ces maladies prédisposent aux ITU (BAILIFF et al., 2008; FORRESTER et al., 1999). Pour conclure, chez le chat il n’est pas certain que la polyurie seule soit un facteur prédisposant aux ITU. 1.4.6 Altération des défenses immunitaires En cas de diabète sucré, d’excès de glucocorticoïdes, de FIV (Virus de l’Immunodéficience Féline), la baisse des défenses immunitaires peut permettre le développement d’une ITU (BARTGES, 2004). 1.4.6.1 L’insuffisance rénale chronique : IRC Chez l’homme, les toxines urémiques ont un effet délétère sur les défenses entrainant une augmentation de l’incidence des infections, de la morbidité et de la mortalité (DAVIDSON et al., 1992). Cependant en cas d’IRC chez le chat, il est montré que l’urémie et la créatinémie n’ont pas d’influence significative (FREITAG et al., 2006). Il n’y a donc pas d’analogie entre l’homme et le chat ici. 48 1.4.6.2 Le diabète sucré Comme vu précédemment la sensibilité des diabétiques à la colonisation bactérienne peut être causée autrement que par la glycosurie par la diminution de l’activité bactéricide des neutrophiles, des anomalies de l’immunité cellulaire, et la hausse des capacités d’adhésion des cellules épithéliales vésicales. Chez l’homme, on pense qu’un dysfonctionnement leucocytaire est une des explications de la grande incidence des ITU chez les diabétiques. Chez l’homme le diabète accroit également le risque de pyélonéphrite (MAYER-ROENNE et al., 2007). Chez le chien il a été démontré que lors de diabète sucré non contrôlé il se produit une baisse d’adhérence des neutrophiles responsable d’une plus grande susceptibilité aux infections (HESS et al., 2000). Le diabète sucré augmente la sensibilité aux ITU fongiques chez le chat (LULICH & OSBORNE, 1996). Or ces infections nécessitent une plus forte inhibition des défenses de l’hôte que les infections bactériennes d’où l’idée que la glycosurie seule ne peut expliquer la forte incidence des ITU chez le chat. 1.4.6.3 L’hyperthyroïdie Les chats hyperthyroïdiens sont plus sujets aux ITU, mais le mécanisme induisant cette prédisposition n’est pas clair. La baisse de densité urinaire en cas de polyurie ne semble pas induire d’infection. L’insuffisance rénale masquée par l’augmentation de filtration glomérulaire pourrait être un facteur entrant en jeu dans la pathogénèse des ITU. Une diminution des défenses immunitaires pourrait être incriminée. Chez l’homme et le rat, des études ont été menées dans le but de vérifier cette hypothèse ; cependant il n’a été mis en évidence ni d’association entre l’hyperthyroxinémie et un déficit immunitaire, ni d’association entre l’hyperthyroxinémie et l’augmentation du taux d’infections (HESS et al., 2000). 49 1.4.6.4 L’immunodéficience viro-induite Chez l’homme, un désordre immunitaire peut entrainer une modification de la paroi vésicale et des propriétés antimicrobiennes de l’urine (KALKSTEIN et al., 1999b). Ici encore, une déficience des défenses de l’hôte entraine une prédisposition aux ITU. Chez le chat il convient donc de s’intéresser aux rétrovirus fortement présents dans cette espèce et d’observer leur éventuelle implication dans les infections du tractus urinaire. Le virus de l’immunodéficience féline (FIV) a été étudié dans cet objectif. Cependant il n’a pas été démontré d’association entre infection du tractus urinaire et séropositivité au FIV (BARSANTI et al., 1996). 1.4.7 Médicaments induisant des infections du tractus urinaire 1.4.7.1 L’hypercortisolisme Les corticoïdes, anti-inflammatoires stéroïdiens, diminuent les défenses de l’hôte par leur action immunosuppressive. Il est admis que le syndrome de Cushing ou hypercorticisme est souvent compliqué d’ITU. Chez le chien, l’administration de corticoïdes à long-terme est prouvée comme étant un facteur prédisposant aux ITU quelque soit le protocole (18% à 39% des cas) (IHRKE et al., 1985; TORRES et al., 2005). De plus la bactériurie est presque systématiquement asymptomatique du fait de l’absence d’inflammation (TORRES et al., 2005). Les corticoïdes pourraient également avoir une influence sur les propriétés antimicrobiennes de l’urine en se concentrant dans celle-ci : c’est la cortisolurie. Chez le chat, l’hyperthyroïdie est associée à une augmentation du ratio cortisol urinaire sur créatinine urinaire et ce haut taux de corticoïdes dans l’urine augmenterait le risque d’ITU (DELANGE et al., 2004). 50 1.4.7.2 La chimiothérapie Si la corticothérapie constitue un facteur prédisposant aux ITU, il est évident qu’une immunosuppression aussi puissante que celle infligée lors de chimiothérapie soit un facteur prédisposant aux ITU bactériennes comme fongiques (LULICH & OSBORNE, 1996). 1.4.7.3 L’antibiothérapie L’antibiothérapie n’est pas sélective, elle modifie donc la flore commensale et protectrice du tractus urinaire. La destruction de ce moyen de défense augmente le risque de colonisation de l’appareil urinaire. Chez l’homme, il est montré que les patients traités par des anti-infectieux présentent moins d’épisodes de bactériurie mais plus d’infections cliniques que ceux sans traitement (BAKKE & VOLLSET, 1993). Dans le même sens chez les chats atteints d’ITU, il est prouvé que dans 50% des cas ces chats avaient déjà subit un premier épisode d’ABAUF avec le plus souvent mise en place d’une antibiothérapie (GERBER et al., 2005). L’antibiothérapie prédispose également à la colonisation fongique du fait de la baisse du pouvoir compétitif bactérien (LULICH & OSBORNE, 1996). 51 2 Epidémiologie des infections du tractus urinaire Les données disponibles concernent essentiellement les infections du bas appareil urinaire, ce qui correspond à la situation la plus fréquente. Effectivement il n’y a que très peu de cas de pyélonéphrite féline rapportés dans la littérature. 2.1 Incidence et prévalence des infections du tractus urinaire 2.1.1 Incidence et prévalence des affections du bas appareil urinaire Les affections du bas appareil urinaire chez le chat sont définies cliniquement par un tableau symptomatologique homogène : strangurie, dysurie, pollakiurie avec ou sans obstruction urétrale, hématurie et périurie. L’incidence annuelle des Affections du Bas Appareil Urinaire Félin (ABAUF) est de moins de 1% de la population féline : elle est estimée à 0,64% en Grande-Bretagne et à 0,85% aux Etats-Unis (KALKSTEIN et al., 1999a; LAWLER et al., 1985). Cependant ces données ne sont pas récentes, il n’est donc pas improbable que cette incidence soit modifiée car depuis 1985 à nos jours de nombreux changements en médecine et en entretien des chats de compagnie ont eu lieu. Les ABAUF sont donc des pathologies fréquentes en médecine vétérinaire. Les ABAUF constituent un syndrome dont les étiologies sont très variées et leur incidence également (Figure 4). Ce syndrome peut être divisé en deux catégories selon qu’il est associé à une obstruction urétrale : « ABAU obstructive ou non ». 52 Figure 4 : Répartition des causes d'ABAUF non obstructive en 1997 (BUFFINGTON, 2006). Répartition des causes d'ABAUF non obstructives chez le chat 11,0% 9,0% 13,1% 64,2% 1,8% 0,9% Cystite idiopathique Urolithiase ITU Trouble du comportement Néoplasie Anomalie anatomique La lecture des résultats permet de constater la rareté des infections urinaires chez le chat comme cause d’affection non obstructive. 2.1.2 Incidence et prévalence des infections du bas appareil urinaire L’incidence des ITU reportée dans les études datant de la fin des années 1970 est de 1 à 3% des chats présentés pour ABAUF ou, à l’époque, pour Syndrome Urologique Félin (GREGORY & VASSEUR, 1983). Les infections n’apparaissaient donc que très rarement chez le chat en tant que cause d’affection urinaire : l’incidence des ITU simples ou primaires chez le chat est de moins de 1%, chez le chien elle est trois fois plus importante et chez l’homme elle est dix fois plus importante (LABATO, 2008; BARSANTI, 2009; BARSANTI et al., 1994; JM KRUGER et al., 1991). L’association d’ABAU et infections du tractus urinaire semble rare chez le chat adulte et une autre cause d’ABAU doit être souvent recherchée. 53 Cependant des études plus récentes indiquent que la prévalence des ITU peut être beaucoup plus élevée : parmi les cas d’ABAUF, 8% à 22 % ont présenté une bactériurie significative (PASSMORE et al., 2008; EGGERTSDOTTIR et al., 2007; GERBER et al., 2005). La plus grande étude épidémiologique réalisée montre que 12% des ABAUF sont des infections, essentiellement bactériennes (80% des ITU de cause spécifiée) (LEKCHAROENSUK et al., 2001). La prévalence des ITU parmi les urocultures réalisées chez le chat est de 25%, ce qui est plus élevé que les idées généralement admises. On peut bien évidemment incriminer le biais évident d’une mesure de prévalence sur les examens complémentaires réalisés dans le but de diagnostiquer une ITU, mais il faut également se demander si une augmentation de l’espérance de vie chez le chat et donc de la prévalence des maladies systémiques (diabète sucré, hyperthyroïdie…) n’entre pas en compte (DAVIDSON et al., 1992). Il existe peu d’étude séparant les infections primaires des infections compliquées. Parmi les chats présentant des cystites et/ou des urolithiases, et n’ayant pas subit de sondage urinaire, n’ayant aucune autre atteinte et n’ayant aucun traitement en cours, 0 à 2% présentaient une ITU pouvant alors être qualifiée de simple (SCHECHTER, 1970). Les ITU primaires sont donc exceptionnelles. En conclusion, les ITU chez le chat sont des ABAUF rares mais des voix s’élèvent en s’appuyant sur des études récentes pour dire qu’il est possible que les infections du tractus urinaire aient été sous-estimées. Le chat résiste toutefois mieux que l’homme ou le chien aux ITU, bien que rien n’ai pu être démontré afin d’expliquer cette tendance (BARSANTI et al., 1994). 2.1.3 Incidence et prévalence des infections du haut appareil urinaire La pyélonéphrite est exceptionnelle chez le chat. Si les ITU sont rares, elles représentent une proportion infime de celles-ci. Néanmoins le diagnostic de la pyélonéphrite est très difficile d’où la difficulté de chiffrer la prévalence ou l’incidence des infections du haut appareil urinaire. 54 2.2 Influence de l’âge Chez les chats de moins de 10 ans, les cystites bactériennes apparaissent dans 1 à 2% des cas d’ABAU, alors que chez les chats de 10 ans ou plus, elles apparaissent dans 50% des cas (PASSMORE et al., 2008; BAILIFF et al., 2008; BARTGES, 1997; GIEG et al., 2006). De même les chats de plus de 15 ans ont 5 fois plus de chance de faire une ITU (LEKCHAROENSUK et al., 2001). Ainsi le vieillissement semble être un facteur de prédisposition aux ITU chez le chat. Plusieurs hypothèses sont proposées afin d’expliquer le rôle du vieillissement dans l’apparition d’ITU. La plus répandue est celle de la plus grande sensibilité aux pathologies intercurrentes (insuffisance rénale chronique, diabète sucré, hyperthyroïdie) qui altèrent les défenses générales et locales (LEES, 1996). Un déficit de l’immunocompétence doit donc être considéré chez les chats âgés présentant une ITU (BAILIFF et al., 2006). D’une façon plus générale chez le chat âgé, on s’attend à une baisse de la concentration de l’urine, une altération des moyens de défense de la muqueuse vésicale par diminution de la production d’anticorps et de la synthèse de glycosaminoglycanes, une altération du péristaltisme urétral et une perte de la tonicité périnéale. Les pyélonéphrites sont également plus fréquemment rencontrées chez le chat âgé (OSBORNE & LEES, 1995). 2.3 Influence du sexe 2.3.1 Prédominance des infections du tractus urinaire chez les femelles ? La différence d’anatomie du tractus urinaire entre mâle et femelle, notamment la longueur de l’urètre, laisse supposer que les femelles, avec leur urètre plus court et la proximité avec l’appareil génital, sont plus sensibles aux infections urinaires que les mâles. A cela s’ajoute l’influence hormonale sur la composition de l’urine et le pouvoir antibactérien des sécrétions prostatiques qui protégeraient les mâles contre les ITU (SEGUIN et al., 2003). 55 Ainsi dans l’espèce humaine, il est prouvé que la femme est largement plus sujette aux infections urinaires que l’homme. De même chez le chien, les femelles stérilisées ont un risque augmenté face aux ITU (SEGUIN et al., 2003). Chez le chien, on montre également que les femelles ont plus d’infections mixtes du tractus urinaire que les mâles, que le nombre de cultures dépassant plus de 105 colonies/ml (lors de prélèvement par cystocentèse) est plus élevé chez les femelles que chez les mâles et que les mâles sont plus fréquemment atteints par des pathogènes rares (agents fongiques ou bactériens atypiques) (GV LING et al., 2001). Ces données sont en faveur des hypothèses annoncées : chez le chien, le mâle possède une meilleure résistance aux ITU que la femelle. Des études ont été menées chez le chat afin de vérifier l’analogie éventuelle avec ces espèces. Certaines études montrent effectivement que les chattes sont plus sensibles aux ITU, le risque relatif est même précisé : les femelles ont 3,5 fois plus de risque de faire une ITU que les mâles (BAILIFF et al., 2008; BAILIFF et al., 2006). Cependant selon d’autres études, la différence d’atteinte entre sexes n’est pas significative (PASSMORE et al., 2008), il est même montré que les mâles castrés sont plus représentés parmi les chats atteints d’ITU (DAVIDSON et al., 1992). On ne peut donc pas conclure quant à l’influence du sexe sur les infections du tractus urinaire chez le chat. Les chattes sont plus représentées lors de pyélonéphrites (BARTGES, 2005). Mais le nombre de cas étudiés est trop faible pour permettre de conclure en faveur d’une plus grande sensibilité des femelles par rapport aux mâles. 2.3.2 Influence de la stérilisation On a vu précédemment que les sécrétions prostatiques pouvaient avoir un rôle protecteur contre les infections, il convient donc de se demander dans quelle mesure la castration des mâles peut constituer un facteur de risque d’infection du tractus urinaire. 56 Les chats mâles castrés sont rapportées dans une étude comme étant plus sensibles aux ITU (DAVIDSON et al., 1992). Or dans cette même étude et dans d’autres, les femelles stérilisées seraient également plus sensibles que celles intactes sans qu’une explication scientifique puisse être avancée (DAVIDSON et al., 1992; LEKCHAROENSUK et al., 2001). Un nombre plus important d’ITU rapporté chez le chat stérilisé que chez le chat intact doit donc être mis en relation avec une tendance des propriétaires d’animaux stérilisés à être plus vigilant et donc consulter plus souvent que ceux qui ne font pas la démarche de stériliser leur animaux de compagnie (DAVIDSON et al., 1992). Ainsi la stérilisation doit être envisagée uniquement en tant que facteur de risque statistique d’infection du tractus urinaire tant qu’aucun argument scientifique explicatif ne peut être étayé. Néanmoins les données présentées sont en défaveur d’une théorie, prouvée chez l’Homme, selon laquelle secondairement à leur comportement sexuel les chats développeraient davantage d’infections urinaires (EGGERTSDOTTIR et al., 2007). 2.4 Influence de la race Il a pu être constaté chez l’Homme que certains individus étaient prédisposés aux infections du tractus urinaire primaires. C’est pourquoi des études génétiques sont en cours afin de mettre en évidence un gène de prédisposition à ces infections (BARSANTI & JOHNSON, 2006). Chez l’animal, la recherche consiste à mettre en évidence des lignées prédisposées. Chez le chat il n’existe pas d’étude dans ce but pour le moment. La prédisposition raciale a néanmoins été étudiée afin d’évaluer d’éventuelles différences morphologiques ou génétiques pouvant entrer en jeu dans le déterminisme d’une infection du tractus urinaire. Selon les études quelques espèces ont pu se démarquer, mais aucune cause n’a pu être identifiée, par conséquent le lien épidémiologique n’est pas certain et il convient de parler uniquement de lien statistique. On peut dégager trois espèces pour lesquelles un lien statistique a été signalé : le siamois (DAVIDSON et al., 1992), l’abyssin (LEKCHAROENSUK et al., 2001) et le persan (BAILIFF et al., 2008). 57 3 Diagnostic des infections du tractus urinaire 3.1 S’orienter vers une infection du tractus urinaire 3.1.1 Signes cliniques évocateurs d’infection du tractus urinaire 3.1.1.1 Signes cliniques d’affection du bas appareil urinaire Les affections du bas appareil urinaire (ABAU) regroupent des entités pathologiques très différentes, pourtant les signes cliniques qui les caractérisent sont très homogènes. La réponse de la vessie à une agression est en effet peu variée et donc peu spécifique du type d’agression subie (GIEG et al., 2006). Toute affection basse du tractus urinaire entraine une inflammation vésicale et/ou urétrale qui se manifeste par des signes cliniques peu nombreux : pollakiurie, dysurie, strangurie, hématurie (Tableau 1). Chez le chat la malpropreté est également un symptôme d’ABAU, il faut néanmoins la différencier d’un trouble comportemental (le marquage urinaire se manifeste habituellement en position debout par éclaboussures en jets) (TYNES et al., 2003). On parle aussi de périurie en référence avec le fait d’uriner en des lieux inappropriés (HOSTUTLER et al., 2005). Tableau 1 : Signes cliniques d'ABAUF (OSBORNE & LEES, 1995) Signes cliniques Dysurie Pollakiurie Strangurie Périurie Hématurie 58 Définitions Difficultés lors de la miction, urine en "goutte à goutte" Mictions nombreuses et de petits volumes Douleurs lors des mictions Urine en dehors de la litière, malpropreté Présence de sang dans les urines Il n’y a pas de signe d’atteinte systémique associée à une urétro-cystite (BARSANTI & JOHNSON, 2006). Lors d’affection chronique, la paroi vésicale s’épaissit et une douleur vésicale peut apparaitre (GERBER et al., 2005). En ce qui concerne les infections du tractus urinaire félin, elles sont très fréquemment asymptomatiques (BARTGES, 2004; FREITAG et al., 2006) : l’incidence de l’hématurie et la dysurie chez le chat est de 0,5 à 0,8% des chats et moins de 1 à 5% des chats présentant ces signes ont une ITU (BARSANTI et al., 1994). En fait, l’apparition de symptôme varie en fonction de la virulence et du nombre d’uropathogènes, de la présence ou l’absence de causes prédisposantes à l’infection, de la réponse compensatoire de l’organisme à l’infection, de la durée de l’infection et du ou des sites d’infection (BARTGES, 2005; Y. SMITH, 2008). Si l’ITU ne provoque pas assez d’inflammation ou de lésions tissulaires, elle est asymptomatique (LEES, 1984). Au bilan, aucun signe clinique ou combinaison de signes cliniques n’est diagnostique d’une ABAU particulière chez le chat, et a fortiori d’une ITU (HOSTUTLER et al., 2005). De plus ces signes sont rarement remarqués par les propriétaires du fait du comportement mictionnel propre au chat. 3.1.1.2 Signes cliniques en faveur d’une infection du haut appareil urinaire Les signes en faveur d’une infection du haut appareil urinaire dépendent de l’importance des lésions parenchymateuses. On retrouve lors de pyélonéphrite aiguë chez le chat : fièvre, léthargie, anorexie, nephromégalie, douleur rénale, vomissements. En cas de pyélonéphrite chronique chez le chat, les symptômes sont plus frustes et on peut observer une polyuropolydipsie, une perte de poids et une constipation (BARSANTI & JOHNSON, 2006; OSBORNE & LEES, 1995). On n’observe de signes d’insuffisance rénale que si les deux reins sont atteints. D’ailleurs les chiens peuvent vivre des années avec une pyélonéphrite sans développer de symptômes d’insuffisance rénale (BARSANTI & JOHNSON, 2006). 59 Enfin il faut se souvenir que l’infection urinaire peut concerner un ou les deux pôles du tractus urinaire (BARTGES, 2004). Le bilan clinique permet en outre de localiser l’affection à un site en particulier, par exemple en cas de dysurie on localise l’affection au bas appareil urinaire. On pourra aussi différencier les infections aiguës et chroniques (OSBORNE & LEES, 1995; BARSANTI & JOHNSON, 2006; MACINTIRE et al., 2008). 3.1.2 Signes biologiques évocateurs d’infection du tractus urinaire 3.1.2.1 Signes biologiques en faveur d’une infection du bas appareil urinaire 3.1.2.1.1 Signes urinaires 3.1.2.1.1.1 Examen macroscopique des urines L'analyse urinaire débute toujours par une observation macroscopique de l'échantillon. L’observation de la turbidité, le dépôt, la couleur et l'odeur de l'urine est rapide et quelques données peuvent être recueillies. Physiologiquement chez le chat, l'urine est limpide, jaune clair à ambrée et sans dépôt. Des modifications macroscopiques s'observent souvent lors de maladies et d'infections du bas appareil urinaire. La densité urinaire peut être appréciée en fonction de la clarté des urines. Une turbidité anormale peut s'observer en présence de cristaux, de différents types cellulaires (hématies, leucocytes, cellules épithéliales) ou de bactéries. Il est particulièrement intéressant de rechercher un trouble ou un dépôt de couleur blanchâtre dans urines puisqu’ils sont observés lors de pyurie. Le plus souvent une coloration rougeâtre à noire des urines est observée, ce qui peut signifier : hématurie macroscopique, hémoglobinurie ou myoglobinurie. On parle d’hématurie macroscopique. 60 Si cette hématurie se présente en fin de miction, le sang provient certainement de la vessie, si elle apparait au contraire en début de miction alors on pensera plutôt à une atteinte urétrale ou prostatique, enfin si la présence de sang est continuelle, on se penchera sur une affection du haut appareil urinaire (BARSANTI & JOHNSON, 2006; FORRESTER, 2004). Or, la phase mictionnelle pendant laquelle l’hématurie se produit est très difficile à objectiver chez le chat et ne peut être utilisée correctement pour localiser l’ITU. On s’intéresse également à une coloration blanchâtre des urines pouvant orienter vers une pyurie. La présence de Pseudomonas aeruginosa peut notamment entraîner une coloration des urines en vert. Enfin, une odeur ammoniacale peut être associée à la présence de bactéries productrices d'uréase. 3.1.2.1.1.2 Analyse de la bandelette urinaire La bandelette urinaire est une analyse chimique de l’urine grâce à un test rapide du commerce, elle doit être réalisée selon les conditions dictées par le fabricant pour être interprétable. Il s’agit d’une série de réactions colorimétriques qui ont été mises au point sur de l’urine prélevée chez l’homme ainsi chez le chat seul certains paramètres seront interprétables. • Analyse de la densité urinaire La densité urinaire doit être mesurée au refractomètre pour être fiable, les donnés macroscopiques et de la bandelette sont incertaines. Cependant cette donnée est extrêmement utile puisqu’il est connu qu’une dilution des urines constitue un facteur de risque d’infection du tractus urinaire. En effet, l’existence d’une urine diluée (densité urinaire inférieure à 1,030) augmente l’index de suspicion d’ITU (HOSTUTLER et al., 2005). Mais la dilution n’est pas obligatoire et varie suivant la localisation de l’infection et les maladies concomitantes (BARTGES, 2004). 61 On remarque néanmoins qu’une faible densité urinaire est associée à une infection à Escherichia coli, cela s’explique par le fait qu’Escherichia coli secrète des toxines contre les mécanismes de concentration rénaux et se met alors en place un diabète insipide néphrogénique. D’ailleurs Escherichia coli est l’espèce la plus souvent retrouvée en cas de pyélonéphrite (DAVIDSON et al., 1992). Au contraire, les staphylocoques et streptocoques sont fréquemment associés à une densité urinaire supérieure à 1,025 (GERBER et al., 2005). • Analyse du pH urinaire Le pH urinaire est le reflet de l'équilibre acido-basique de l'organisme, les reins afin de maintenir cet équilibre excrètent en excès des métabolites acides. Le pH urinaire est donc physiologiquement acide, compris entre 5,5 et 6,5 chez le chat. Il subit néanmoins de nombreuses variations physiologiques (liées au moment de la journée, au type d'alimentation, ...) et pathologiques (liées à des maladies intercurrentes). La différenciation entre un pH urinaire normal et anormal ne peut se faire qu'en ayant des informations complémentaires, une même valeur de pH pouvant être normale ou anormale suivant l’équilibre biologique de l’organisme. Néanmoins la connaissance du pH peut faciliter la détermination d'une affection. Par exemple, le pH urinaire s’il est alcalin permet de suspecter la présence de bactéries uréase + et de cristaux phosphato-ammoniacomagnésiens ou phosphocalciques. S’il est acide (5,8 à 6,5), c’est plutôt en faveur d’une infection fongique lorsqu’il est associé à une glycosurie (OSBORNE & LEES, 1995; OSBORNE & STEVENS, 2001). Les infections urinaires peuvent survenir sans modifier la valeur du pH urinaire et apparaitre ainsi dans des urines acides. Par contre, une ITU à bactéries productrices d'uréase, principalement rencontrée avec certaines souches de Staphylocoques et de Proteus spp., provoque une alcalinisation de l'urine. Ainsi, même si une infection urinaire peut survenir à tout pH, il est intéressant de contrôler régulièrement ce paramètre chez les chats susceptibles de développer une ITU, toute alcalinisation de l’urine devant être considérée comme un signal d'alerte. 62 Pour conclure, la mesure colorimétrique du pH est intéressante car elle permet de s’orienter vers une affection particulière ou vers une certaine nature de cristaux urinaires et d’interpréter correctement l’analyse, en effet un pH fortement basique peut notamment entrainer la positivité de la plage protéine. • Analyse de la plage « protéines » Les tests colorimétriques disponibles reposent sur la capacité des groupes aminés des protéines à se lier avec certains indicateurs acido-basiques et à altérer leur coloration. Les résultats des tests colorimétriques sont semi-quantitatifs et les valeurs obtenues doivent être interprétées en fonction de la densité urinaire (OSBORNE & STEVENS, 2001). Toute inflammation ou hémorragie du tractus urinaire est à l'origine d'une protéinurie. De plus, des protéinuries peuvent être extra-urinaires, par exemple le stress ou l’hyperprotéinémie peuvent conduire à un excès de protéine urinaire. Ainsi la détection d’une protéinurie isolée à la bandelette urinaire ne permet pas de conclure à une inflammation du bas appareil urinaire et encore moins à une infection du tractus urinaire. Il est à noter qu’il s’agit majoritairement d’une albuminurie (OSBORNE & STEVENS, 2001). • Analyse de la plage « sang » Les tests de détection du sang dans les urines ont pour objectif de mettre en évidence des hématuries, hémoglobinuries et myoglobinuries qui ne sont pas visibles à l'œil nu. Les bandelettes urinaires ne permettent cependant pas de les différencier. L’analyse de cette plage doit tenir compte du type de prélèvement, en effet les techniques traumatiques, sondage ou cystocentèse, peuvent entrainer une hématurie (OSBORNE & STEVENS, 2001). 63 • Analyse de la plage « glucose » La glycosurie est détectée au dessus d’un seuil de 0,4g/L d’urine (OSBORNE & STEVENS, 2001). En situation physiologique, le glucose est entièrement réabsorbé et par conséquent l’urine ne contient pas de glucose. La glycosurie ne permet pas le diagnostic d'infection urinaire. Néanmoins, elle peut être le témoin d’une maladie prédisposant à une ITU telle qu’un diabète sucré ou une insuffisance rénale. Cependant chez le chat la glucosurie peut résulter d’un stress et cette situation est très fréquente (OSBORNE & STEVENS, 2001). • Analyse de la plage « nitrites » Physiologiquement, les nitrites ne sont pas présents dans les urines du chat. La présence de nitrite témoigne d’une présence de bactéries Gram – qui réalisent la transformation des nitrates en nitrites. Ce test est jugé très spécifique par certains auteurs. D’autres auteurs pensent qu’il existe chez le chat des faux positifs. Une réaction positive ne peut donc pas permettre le diagnostic d'une infection urinaire (OSBORNE & STEVENS, 2001). • Analyse de la plage « leucocytes » Les plages réactives aux leucocytes détectent la leucocyte-estérase se trouvant dans les granules cytoplasmiques azurophiles des granulocytes, des monocytes et des macrophages, mais les lymphocytes ne sont pas détectés (OSBORNE & LEES, 1995). Ce test se révèle peu sensible et non spécifique chez le chat (HOLAN et al., 1997; GIEG et al., 2006; VANDUIJKEREN et al., 2004; BARTGES, 2005). Donc, peu fiable, il ne doit pas être pris en compte dans le diagnostic d’inflammation du tractus urinaire chez le chat. 64 3.1.2.1.1.3 Analyse du culot urinaire Après un examen macroscopique (turbidité, hématurie, dépôt…), un examen microscopique des urines doit être réalisé dans le but de réaliser un relevé et un compte des éléments retrouvés dans l’urine du patient. Cet examen est réalisé au microscope optique à l’état frais ou après coloration et une cellule de comptage peut être employée. Cette observation est très opérateur dépendante. • L’hématurie L’hématurie vraie est observée sur le culot urinaire : des hématies sont présentes dans les urines. On observe de façon physiologique quelques hématies (moins de 5 par champ au fort grossissement) dans le sédiment urinaire d’individus sains. L'hématurie peut être macro ou microscopique suivant l’intensité de sa cause. L’hématurie microscopique seule est souvent attribuée au traumatisme dû à la cystocentèse. L’hématurie est présente lors d’inflammation ou d’hémorragie du tractus urinaire. Elle est très fréquente lors d’ABAU. Cependant elle n’est reportée que dans moins de la moitié des cas d’ITU (SEGUIN et al., 2003). Ainsi la détection d’une hématurie n’est pas un signe en faveur d’une infection. Mais lorsqu’elle est associée à une bactériurie, on isole le plus souvent Streptococcus spp. (DAVIDSON et al., 1992). • La pyurie La pyurie correspond à la présence de leucocytes dans l’urine, on parle d’ailleurs aussi de leucocyturie, c’est un signe d’inflammation. La pyurie n’est pas spécifique des ITU. Observer une pyurie significative (leucocytes > 5 à 10 cellules/champ à fort grossissement ou > 3 à 5 cellules/champ si le prélèvement est réalisé par cystocentèse) et des microbes permet de suspecter une ITU, mais celle-ci est fréquemment diagnostiquée sans que ces signes soient associés (LABATO, 2008; BARTGES, 2004; BARSANTI, 2009; LEES, 1996; FREITAG et al., 2006). 65 La pyurie est observée dans moins de 70% des cas d’ITU (SEGUIN et al., 2003) et est corrélée à une uroculture positive dans 8 cas sur 11 (C. SMITH et al., 1981). La pyurie peut donc être absente lors d’infection du tractus urinaire. Cette absence peut provenir dans certaines situations d’un déficit immunitaire, d’une erreur technique ou d’une faible virulence des germes en cause (OSBORNE & LEES, 1995; HOSTUTLER et al., 2005). • La présence de cellules épithéliales dans l’urine L’urothélium est constitué de cellules épithéliales transitionnelles. Les cellules épithéliales transitionnelles sont présentes physiologiquement dans l'urine en nombre relativement faible du fait du renouvellement normal de l'urothélium. Lors d'inflammation, les cellules épithéliales transitionnelles desquament dans l'urine en grand nombre. Ce phénomène s'observe également lors de néoplasie d’où l’importance de les rechercher et les examiner. Encore une fois, cette cellularité ne doit pas être interprétée comme un signe d’infection, mais plutôt comme un signe d’inflammation. • La bactériurie Pour observer une bactériurie il faut que les bactéries soient présentes en grande quantité (plus de 10000 pour les bacilles à plus de 100000 pour les cocci) (BARTGES, 2004; BARTGES, 2005). Si elle est observée dans le culot urinaire, elle doit être objectivée par l’uroculture car elle reste peu spécifique du fait d’une contamination possible et de la confusion fréquente avec éléments non bactérien animés d’un mouvement Brownien (LULICH & OSBORNE, 2004). On parle alors de microburie qui se définie comme la présence de microbes dans l’urine. Une coloration de Gram permet de différencier facilement les bactéries des particules non bactériennes (SENIOR & M. BROWN, 1996). Cet examen est également peu sensible (Se=85%) et par conséquent une absence de bactériurie à l’examen cytologique n’exclut en aucun cas une ITU. 66 Des levures en bourgeonnement ou des hyphes allongés peuvent être observés dans le culot urinaire. Pour différencier les levures des hématies, une coloration de Gram est recommandée (LULICH & OSBORNE, 1996). En conclusion ces examens permettent de mettre en évidence une inflammation de l’appareil urinaire uniquement, il faut se méfier du sur-diagnostic d’ITU, s’il est basé sur ces seuls examens. Cependant, la sévérité de l’hématurie, la pyurie et la bactériurie est corrélée fortement au résultat de l’uroculture, et donc l’analyse urinaire permet d’augmenter la valeur prédictive positive de l’uroculture (BAILIFF et al., 2008). 3.1.2.2 Signes biologiques en faveur d’une infection du haut appareil urinaire 3.1.2.2.1 Signes urinaires Les signes urinaires en faveur d’une affection du haut appareil urinaire sont peu nombreux et non spécifiques. Au niveau macroscopique, on recherche une hématurie per-mictionnelle. La densité urinaire peut être diminuée si la pyélonéphrite est associée à une insuffisance rénale. Sur la bandelette urinaire, les indicateurs d’insuffisance rénale seront recherchés mais ne sont pas spécifiques d’une pyélonéphrite et sont également peu sensibles. Ainsi les plages « protéines » et « glucose » seront particulièrement utiles, puisqu’elles témoignent d’une défaillance de filtration ou de réabsorption rénale. Cependant d’autres affections sont également responsables de protéinurie et glycosurie. L’analyse du culot urinaire suggère une atteinte rénale lorsqu’une cylindrurie peut être mise en évidence (OSBORNE & LEES, 1995). Aucune modification du culot urinaire n’est spécifique d’une infection du haut appareil urinaire. 67 3.1.2.2.2 Signes sanguins Les modifications de l’hémogramme sont très peu rencontrées lors d’ABAUF et même en cas d’infection du tractus urinaire (BARTGES, 2004; LEES, 1996; FREITAG et al., 2006). Il n’y a généralement pas de lien entre une leucocytose et une ITU (MAYER-ROENNE et al., 2007). Une leucocytose n’est présente qu’en cas de septicémie (BARSANTI & JOHNSON, 2006; BARTGES, 2004). Les examens sanguins sont modifiés lorsqu’il existe une pathologie associée à l’ITU ou s’il y a atteinte systémique et c’est dans ce but qu’ils doivent être réalisés. 3.1.3 Signes d’imagerie évocateurs d’une infection urinaire 3.1.3.1 Images en faveur d’une infection du bas appareil urinaire Dans de nombreux cas d’ITU, les images réalisées sont normales (BARTGES, 2004; BARTGES, 2005). Néanmoins certains examens d’imagerie nous permettent d’appuyer l’hypothèse d’ITU ou mettent en évidence des facteurs prédisposant aux ITU. Les radiographies abdominales peuvent révéler la présence d’urolithiases s’ils sont radioopaques, or les urolithiases peuvent favoriser la colonisation bactérienne d’où l’intérêt de les rechercher mais ces images ne sont pas révélatrices d’infection. L’échographie est l’examen d’imagerie le plus approprié car il permet de visualiser toutes les structures excepté une partie de l’urètre distal et il est non invasif. On pourra différencier différent type de cystite en évaluant les modifications de la paroi ou du contenu vésical. L’absence de modification échographique ne permet cependant pas d’exclure une infection. 68 3.1.3.2 Images en faveur d’une infection du haut appareil urinaire La radiographie abdominale est peu informative même avec utilisation de produit de contraste. La taille des reins peut être néanmoins appréciée et une néphromégalie peut être observée lors de pyélonéphrite sans en être spécifique (BARSANTI & JOHNSON, 2006). L’échographie reste l’examen de choix permettant de visualiser une dilatation du bassinet ou une hyperechogénicité pelvienne voire des anomalies de structures corticales sous forme de foyers hyper ou hypo-échogènes, qui sont des signes en faveur de pyélonéphrite (BARSANTI & JOHNSON, 2006; MACINTIRE et al., 2008). L’utilisation simultanée du doppler couleur peut retrouver des défauts de vascularisation au sein de ces foyers. La scintigraphie est utilisée en médecine humaine pour mettre en évidence les pyélonéphrites quand l’échographie couplée au doppler couleur est négative mais cet outil peu disponible n’est pas utilisé chez les animaux (BARTGES, 2004; BARTGES, 2005). 3.2 Confirmer une infection du tractus urinaire 3.2.1 Confirmer une infection du bas appareil urinaire : L’uroculture La bactériurie n’est pas synonyme d’une ITU, elle doit être confrontée au moyen de prélèvement et de conservation de façon à pouvoir être différenciée d’une contamination (BARTGES, 2004). L’uroculture est le gold standard du diagnostic de l’ITU bactérienne ou fongique (LULICH & OSBORNE, 1996), mais des précautions particulières doivent être prises afin de la rendre interprétable. En effet, les risques encourus sont : la contamination du prélèvement, la multiplication intensive ou inversement la mort des bactéries ou des agents fongiques. 69 3.2.1.1 Méthode de prélèvement Selon la méthode de prélèvement choisi, le degré de contamination varie et par conséquent la quantité de bactéries nécessaire à rendre l’examen spécifique varie dans le même sens (FREITAG et al., 2006). La technique utilisée doit être la moins traumatique surtout dans un environnement modifié par l’inflammation (OSBORNE & LEES, 1995). Si un traitement antimicrobien est en cours il faut l’arrêter et patienter 3 à 5 jours pour collecter l’urine. Il est préférable de recueillir les premières urines du matin qui sont concentrées du fait de l’absence de prise de boisson. Chez le chat, le recueil peut être fait après un long repos. 3.2.1.1.1 La cystocentèse La cystocentèse est la technique de choix et la plus utilisée (plus de 90% des prélèvements en centre hospitaliers) bien qu’elle puisse s’avérer difficile à réaliser dans le cadre d’une pollakiurie (BARTGES, 2004; JM KRUGER et al., 1996; LEES, 1996). Il existe un risque minime de contamination par traversée d’une anse intestinale aisément abolie par l’échoguidage (BARTGES, 2004; LULICH & OSBORNE, 2004), de même le risque d’ITU iatrogène est infime. C’est pourquoi si les conditions de transport et de culture sont idéales, la présence de bactérie dans l’urine collectée par cystocentèse indique une ITU. Cette technique de prélèvement comparée aux autres donne après ensemencement plus de cultures pures et moins de cultures positives. Chez le chien, 1/5 de toutes les ITU sont représentées par un petit nombre de bactéries au moment du prélèvement (<105 colonies/mL) et par conséquent seraient interprétées comme une contamination si le prélèvement n’était pas réalisé par cystocentèse, d’où l’intérêt de cette technique (GV LING et al., 2001). Chez le chat la quantification est généralement encore plus faible que chez le chien et dans 3/8e des cas prélevés par cystocentèse est inférieure à 102 à 103 (VANDUIJKEREN et al., 2004). 70 Les contre-indications sont un volume insuffisant de la vessie et une contention difficile (OSBORNE et al., 1996). Les complications éventuelles sont occasionnelles, mais il est rapporté la possibilité de formation d’hématomes de la sous-muqueuse (découverte fortuite post-mortem), une dissémination du contenu intestinal (exceptionnelle), une hématurie microscopique plus fréquente et à prendre en compte lors de l’analyse (JM KRUGER et al., 1996). 3.2.1.1.2 Le sondage urétral Lors de sondage urétral, il y a traversée d’une portion urétrale septique par conséquent la contamination du prélèvement est très fréquente. Le sondage est une technique traumatique et avec un risque d’induction d’ITU, elle est à éviter, d’autant plus que chez le chat elle nécessite une sédation (OSBORNE & LEES, 1995). Selon une étude, il est possible d’obtenir de l’urine non contaminée par sondage si celui-ci est réalisé de façon stérile et après préparation chirurgicale du périnée (LITSTER, MOSS, HONNERY, REES & DJ TROTT, 2007). D’après Eggertsdottir, il n’y pas de différence significative entre prélèvement par sondage et par cystocentèse, tant que ceux-ci sont mis en culture le jour même (EGGERTSDOTTIR et al., 2007). Si une sonde à demeure était en place une culture du bout de la sonde est peu prédictive d’une infection du tractus urinaire (VPP=25%) et ne doit pas être pratiquée (SMARICK et al. 2004). 3.2.1.1.3 La miction naturelle ou par taxis L’urine obtenue par miction est nécessairement contaminée puisqu’il y a passage dans un milieu contaminé. La technique est la plus difficile à réaliser chez le chat et obtenir suffisamment d’urine sans abimer la vessie est difficile par taxis (LEES et al., 1984). Le premier volume d’urine, contaminé par les cellules et bactéries normalement présentes, doit être jeté. 71 Par miction le taux de cultures mixtes (27%) est plus élevé que par cystocentèse (8%), ce qui suggère un plus haut taux de contamination et donc un risque d’obtenir des faux positifs élevé (PASSMORE et al., 2008). Il n’y a pas de complication par mictions naturelles, mais la technique n’est pas satisfaisante dans le but d’effectuer une uroculture (OSBORNE & LEES, 1995). 3.2.1.2 Méthode de stockage et transport du prélèvement L’objectif est d’obtenir un échantillon in vitro dont les caractéristiques recherchées sont les plus ressemblantes possibles de la situation présente in vivo. Ainsi des urines fraiches mises en culture immédiate et prélevées par cystocentèse constituent l’échantillon le plus ressemblant (OSBORNE & LEES, 1995). Or cette situation idéale est peu envisageable en pratique. Le stockage doit évidemment s’effectuer dans un container stérile, sans ajout de conservateur car aucun ne permet de conserver intègres tous les paramètres mesurables. Cependant si le transport est long un conservateur (acide borique) peut être ajouté en gardant des réserves sur l’interprétation des résultats, le prélèvement peut être ainsi conservant jusqu’à 72h au frais. Le transport doit s’effectuer le plus rapidement possible, soit dans la demi-heure au plus tard suivant le prélèvement, soit en conservant immédiatement l’échantillon à 4-5°C pendant 6 à 12 heures maximum (la quantification n’est pas la même mais l’interprétation est identique), elle ne peut pas être congelée (PADILLA et al., 1981; LULICH & OSBORNE, 2004; OSBORNE & LEES, 1995). En effet à température ambiante l’urine est un excellent milieu de culture et les populations bactériennes doublent en 20 à 40 minutes. A l’inverse la destruction bactérienne peut se produire en une heure de temps dès lors que l’échantillon est mal mené. Une réfrigération de 24 heures peut détruire les bactéries et la conservation à température ambiante n’est pas satisfaisante. L’urine doit être conservée à l’abri de la lumière vive afin d’éviter sa dégradation. 72 3.2.1.3 Description de la technique Après un examen direct (coloration de Gram), l’ensemencement est réalisé à partir du prélèvement. Le milieu de culture, le plus souvent solide, est choisi en fonction des hypothèses diagnostiques et de l’examen direct. Par exemple, un milieu de Sabouraud est indiqué si on suspecte une infection fongique, des géloses au sang sont préférables si on suspecte une infection à bactérie Gram +. L’incubation se fait en aérobiose à 37°C pendant 24 heures, puis les cultures sont triées en fonction de la forme et la couleur des colonies, ce qui permet d’orienter l’indentification bactérienne. Le compte des germes est réalisé en dénombrant les UFC (Unités Formant Colonies) en comparant la densité des colonies présentes à des géloses de dénombrement connu. Il existe des systèmes automatiques également. 3.2.1.4 Interprétation Il est nécessaire de contrôler et connaitre le déroulement des deux points précités, car une erreur de manipulation ou d’interprétation peut entrainer une erreur de diagnostic et de traitement (LULICH & OSBORNE, 2004). L’interprétation qualitative de l’échantillon doit être effectuée à la lueur de l’interprétation quantitative et des données concernant la flore normale de l’urètre distal et de l’appareil génital, si le prélèvement est réalisé par sondage ou miction naturelle (BARTGES, 2004). Le concept de bactériurie significative a été introduit initialement en médecine humaine afin de permettre de différencier l’isolement de bactéries non pathogènes et issues de contaminations de l’isolement d’organismes pathogènes dans les prélèvements urinaires. Le nombre de colonies dépend de l’espèce bactérienne isolée et ses capacités de croissance sur les milieux utilisés, du site de l’infection, de la diurèse et de la fréquence des mictions, on se méfiera de l’emploi d’antimicrobien qui réduit le nombre de colonies (OSBORNE & LEES, 1995). 73 Ce concept a été adapté par la suite chez l’animal (Tableau 2). Les chiffres donnés en médecine humaine pour interpréter significativement une bactériurie sont établis pour un organisme excrétant une urine moins concentrée et moins acide que le chat. Il est plus difficile d’obtenir des quantités élevées de colonies chez le chat comparativement à l’homme ou au chien (C. SMITH et al., 1981). Ainsi chez le chat les seuils sont plus bas que dans d’autres espèces. En effet seuls 30 % des urocultures félines sont quantifiées à plus de 105 CFU/ml quelque soit le mode de prélèvement, si la culture est réalisée dans les 15 minutes suivant ce prélèvement (WOOLEY & BLUE, 1976). Cette valeur qui est basse relativement aux autres espèces est le reflet d’un milieu peu compatible avec la multiplication bactérienne comme l’est l’urine de chat. Tableau 2 : Interprétation quantitative des urocultures chez le chat (BARTGES, 2005). Type de prélèvement Significatif Douteux Contaminé Cystocentèse >1000 100 à 1000 <100 Sondage >1000 100 à 1000 <100 Miction >10000 1000 à 10000 <1000 En se basant sur ces seuils, dans une étude chez le chat, les urocultures obtenues par miction se sont révélées peu spécifiques : 85-90%, alors que la spécificité est de l’ordre de 100% par sondage et cystocentèse (LEES et al., 1984). Une uroculture dont la quantification ne permet pas de conclure en une bactériurie significative, ne signifie pas nécessairement une contamination (LEES & OSBORNE, 1979). Parfois il n’y pas de croissance alors que les signes d’orientation sont très en faveur : il convient alors de remettre en cause les méthodes de cultures habituelles et de proposer un milieu de culture spécial. Ce sont les agents fongiques qui seront alors recherchés en priorité. Le milieu de Sabouraud est suffisant à la culture fongique, l’isolement et la croissance d’un agent fongique doivent être interprétées comme pathologique sans se préoccuper de la quantification si elles sont identiques sur deux prélèvements proprement réalisés (LULICH & OSBORNE, 1996; FULTON & WALKER, 1992). 74 Un autre critère est de considérer l’isolat comme responsable d’une infection si la quantification est supérieure à 104 CFU/ml, chez l’homme. Lorsqu’un agent fongique est isolé, on parle de fongurie (BARTGES, 2004). 3.2.2 Confirmer une infection du haut appareil urinaire 3.2.2.1 La pyélocentèse La technique de prélèvement est difficile : l’opérateur ponctionne le pelvis rénal sous contrôle échographique. Cela nécessite une certaine expérience de l’opérateur d’où la faible disponibilité de l’examen. Une fois le prélèvement réalisé, une uroculture est mise en œuvre classiquement. La réponse positive à la mise en culture confirme une infection pyélique, mais le diagnostic de pyélonéphrite n’est pas posé car l’invasion du parenchyme rénal reste incertaine (BARSANTI & JOHNSON, 2006; MACINTIRE et al., 2008; THORESEN et al., 2002). 3.2.2.2 Examen histologique d’une biopsie rénale Les examens histologiques sont indiqués en cas de suspicion de pyélonéphrite pour un diagnostic définitif puisque eux seuls peuvent mettre en évidence une atteinte du parenchyme rénal (THORESEN et al., 2002). Cependant la biopsie rénale est très invasive et risquée. De plus, les prélèvements sont en général petits et contiennent essentiellement du cortex, or les lésions présentent en cas de pyélonéphrite sont focales et médullaires (BARSANTI & JOHNSON, 2006). Une alternative est la ponction échoguidée qui à un champ diagnostic encore plus restreint mais reste peu invasive. 75 Il n’existe pas chez l’animal de méthode disponible, sensible, spécifique, sûre et non invasive pour diagnostiquer une infection rénale. Cependant la pyélonéphrite est très fréquemment associée à une infection du bas appareil urinaire et les examens complémentaires de confirmation de pyélonéphrite sont rarement poursuivis dès lors que l’échographie rénale est en faveur d’une pyélonéphrite. Pour conclure, une infection du tractus urinaire se diagnostique grâce à l’uroculture car cet examen est seul garant d’une spécificité suffisante pour confirmer l’ITU. Cependant les examens cliniques d’orientation doivent être réalisés bien que certains soient plus onéreux que la mise en culture d’un prélèvement urinaire. En effet ces examens n’orientent pas uniquement vers une ITU, mais ils nous aident dans le diagnostic de l’affection causale et des conséquences de l’ITU. D’une part, les infections urinaires primitives et isolées chez le chat sont exceptionnelles c’est pourquoi toute mise en évidence d’une infection doit s’accompagner de la recherche d’un facteur de prédisposition et réciproquement. Les examens précités sont d’ailleurs basés sur cette idée : par exemple, la mesure de la densité urinaire va dans le sens d’une exploration d’une cause sous-jacente. D’autre part, bien que les signes cliniques d’infection soient très frustes et l’ITU associée à un très faible taux de mortalité, des séquelles peuvent survenir : dysfonctionnement du bas appareil urinaire (lésion du detrusor par exemple), prostatite, infertilité, urolithiases (struvites ou phosphates de calcium), pyélonéphrite ou insuffisance rénale, septicémie et anémie par infection chronique. Ainsi les ITU peuvent entrainer d’autres affections urinaires d’où l’intérêt des examens complémentaires explicités plus haut (OSBORNE & LEES, 1995). Après la confirmation de l’infection, la mise en évidence de sa cause et de ses éventuelles conséquences, le traitement sera instauré et ce n’est qu’au prix de la compréhension de ces trois aspects du tableau clinique du patient qu’il pourra s’avérer efficace à court et long terme. 76 4 Traitement des infections du tractus urinaire Le traitement des ITU chez le chat se fait idéalement à la lueur d’une uroculture positive, étant donné la rareté de cette affection de l’appareil urinaire et les conséquences d’un usage abusif de l’antibiothérapie. Comme les mécanismes d’altération des défenses de l’hôte sont des facteurs importants dans la pathogénèse des ITU, l’identification et la correction de ces anomalies est nécessaire à l’élimination microbienne à long-terme, le traitement doit être évité s’il perturbe cette investigation. Or chez le chat les infections compliquées sont largement majoritaires, d’où la nécessité, avant de traiter, d’explorer la cause de l’infection. La clé du traitement est une bonne stratégie antimicrobienne, d’où l’intérêt des recherches de sensibilité in vitro. Le traitement doit être mis en place dès que possible, mais certaines situations requièrent un délai avant mise en place d’un traitement. Par exemple lors de sondage à demeure, il faut attendre le retrait de la sonde. En effet, si une antibiothérapie est débutée alors que l’animal est encore sondé les résistances apparaissent plus souvent (BARSANTI et al., 1985). Les défauts de miction nécessitent également un délai, il faut évidemment attendre la guérison afin de commencer à traiter (BARSANTI et al., 1994; LEES & ROGERS, 1977). Enfin chez les patients dont l’infection est incurable du fait de l’incapacité à traiter la cause, la thérapeutique ne doit être mise en place que lors d’apparition de signes cliniques ou complications. 77 4.1 Traitement antibactérien 4.1.1 Principes du traitement Le traitement antimicrobien efficace doit permettre le contrôle de la croissance bactérienne. Pour cela une concentration suffisante doit être présente dans l’environnement bactérien pour tuer les bactéries ou stabiliser leur croissance de façon à permettre à d’autres mécanismes de défense de les éradiquer. Ce contrôle doit être maintenu jusqu’à ce que l’hôte soit capable de prévenir toute colonisation (LEES & ROGERS, 1977). La Concentration Minimale Inhibitrice ou CMI est la plus petite concentration inhibant la croissance bactérienne, la concentration bactéricide est obtenue pour 4 fois la CMI (LABATO, 2008; BARSANTI, 2009). Ainsi le point de rupture, qui permet de classer de façon absolue les antibiotiques testés selon leurs sensibilités, est défini selon la CMI et des valeurs seuils par un laboratoire vétérinaire (LABATO, 2008; BARSANTI, 2009). Les antibiotiques sont généralement 10 à 100 plus concentrés dans l’urine que dans le sérum ce qui fait qu’ils atteignent plus souvent 4 fois la concentration minimale inhibitrice (CMI), soit la dose efficace (BARTGES, 2004). Une sensibilité intermédiaire à un antibiotique ne constitue donc pas une barrière à l’utilisation de celui-ci (LITSTER, MOSS, HONNERY, REES & DJ TROTT, 2007; CAVANA et al., 2008; LEES, 1996). Certains prétendent même qu’il est possible pour un antibiotique classé résistant d’être efficace (BARSANTI & JOHNSON, 2006; BARTGES, 2004; LEES & ROGERS, 1977). Au contraire, un antibiotique pour lequel le germe est sensible peut ne pas être excrété sous forme active ou en quantité suffisante dans l’urine, par conséquent la CMI pour cet antibiotique ne sera pas atteinte et le traitement s’avérera inefficace contre l’infection (CAVANA et al., 2008). Ainsi les antibiotiques utilisés seront obligatoirement ceux dont l’excrétion se fait majoritairement sous forme active par les reins (Tableau 3). 78 Tableau 3 : Antimicrobiens excrétés par voie rénale et donc utilisable dans le traitement des ITU (liste non exhaustive) (BARTGES, 2005; GV LING, 1984). Antibiotiques à excrétion rénale préférentielle Amikacine Amoxicilline Ampicilline Cephalexine Chloramphénicol Enrofloxacine Gentamicine Hétacilline Kanamycine Marbofloxacine Nitrofurantoïne Pénicilline G Pénicilline V Sulfamides Tétracycline Triméthoprime Tobramycine 4.1.2 Approche probabilisite de l’antibiothérapie Si une culture urinaire et un antibiogramme sont entrepris, les résultats complets ne sont communiqués que plusieurs jours après le prélèvement. Le vétérinaire, étant donné sa suspicion, ne peut pas toujours s'autoriser ce délai d'attente. Classiquement, le praticien met donc en place un traitement antibiotique empirique et probabiliste en première intention. 79 Les concentrations urinaires de la plupart des médicaments utilisés ont pu être recensées (LEES & ROGERS, 1977), on peut donc prévoir en fonction de la CMI l’effet d’un antimicrobien dans l’urine si la fonction rénale est intacte (BARSANTI & JOHNSON, 2006). Ainsi le choix d’une antibiothérapie de première intention se fera sur ces bases et sur les données recueillies sur les germes potentielement en cause. A ces données s’ajoutent des données statistiques chez le chat sur les antibiogrammes réalisés dans de nombreuses études. L’identité de l’agent infectieux est une donnée sur laquelle on peut se baser pour choisir un traitement. De plus comme précisé précédemment les résultats d’analyses urinaires (culot urinaire, pH urinaire…) peuvent permettre d’orienter notre suspicion vers certains germes (Tableau 4). Il existe des données sur les uropathogènes communs : l’efficacité de certains produits est hautement prédictible et l’efficacité du traitement est proche de 100% (LEES & ROGERS, 1977). Selon certains auteurs, la plupart des espèces bactériennes isolées ont un profil de sensibilité prédictible car peu variable et par conséquent l’antibiogramme n’est pas nécessaire quand on connait l’agent causal lors de primo-infection et pour ces espèces (LEES, 1996). Tableau 4 : Choix du traitement de première intention d’une infection urinaire (BARSANTI & JOHNSON, 2006). Valeur du pH Caractéristiques de la bactérie Organisme suspecté isolée Bacilles Escherichia coli Acide Coques Bacilles Enterococcus ou Streptococcus Proteus mirabilis Antibiothérapie de première intention Triméthoprime, enrofloxacine Ampicilline, amoxicilline Ampicilline, amoxicilline Cephalexine, Alcalin Coques Staphylococcus amoxicilline-ac. Clavulanique 80 En pratique les antibiogrammes sont peu demandés et le traitement est mis en place sur simple suspicion. Le coût significatif et le temps que représentent un ECBU freinent parfois le praticien et le propriétaire dans cette démarche. Si autrefois, le nitrofurantoïne était l’antimicrobien de choix, de nos jours celui pour lequel il existe le moins de résistance est l’amoxicilline associée à l’acide clavulanique (WOOLEY & BLUE, 1976; MAYER-ROENNE et al., 2007). C’est pourquoi il sera l’antibiotique de choix en première intention, lorsque l’antibiogramme n’est pas demandé. 4.1.3 Antibiogramme Deux techniques existent. La diffusion en disque sur agar (technique de Kirby-Bauer) est la plus utilisée, elle permet, par mesure de la zone d’inhibition et son interprétation grâce à des standards fixés, d’établir un profil de sensibilité suivant les termes : résistant, intermédiaire ou sensible pour chaque antimicrobien testé. La technique de microdilution permet de déterminer la CMI, Concentration Minimale Inhibitrice, soit la plus faible concentration (ou plus forte dilution) permettant une absence de croissance bactérienne visible. Néanmoins la CMI peut être obtenue par mesure du disque d’inhibition de Kirby-Bauer. Globalement les germes rencontrés sont pour 85% d’entre eux sensibles à la plupart des antibiotiques utilisés en routine (BAILIFF et al., 2008). Escherichia coli, espèce bactérienne la plus souvent isolée, a développé peu de résistance, mais son profil de sensibilité est très variable d’un isolat à l’autre (LITSTER, MOSS, HONNERY, REES & DJ TROTT, 2007). Le genre Enterococcus présente quasi-systématique une résistance à la clindamycine et peut produire des résistances aux céphalosporines et fluoroquinolones. Ce genre est à surveiller car présente le plus de résistances. Staphylococcus felis et la plupart des Staphylococcus sont sensibles à presque tous les antibiotiques. Corynebacterium urealyticum est un bacille multirésistant ; il n’y a pas de recommandation quant au traitement, seul l’antibiogramme est directif (BAILIFF et al., 2005). 81 Les profils de sensibilité retrouvés dans les nombreuses études portant sur les infections urinaires montrent que de nombreux antimicrobiens peuvent être utilisés dans le traitement des ITU. L’antibiogramme constitue la meilleure base sur laquelle fonder le choix de l’antibiotique. Cependant ce choix comme nous l’avons dit précédemment ne se fait pas uniquement sur l’observation d’une sensibilité, il faut raisonner sur la base de ces données. L’interprétation de l’antibiogramme nécessite la connaissance de la concentration que la molécule choisie pourra apporter au site d’infection. L’antibiogramme est indispensable dans certains cas : infections récidivantes et récurrentes, ou infections du haut appareil urinaire qui font suspecter la présence d’un germe multirésistant ne répondant par conséquent pas à un traitement établi pour des germes fréquemment rencontrés. Dans ces circonstances, ne pas réaliser d’antibiogramme constitue une mise en péril de la survie de l’animal à long terme et un risque sanitaire important. 4.1.4 Antibioresistance 4.1.4.1 Mécanismes de resistance bactérienne Excepté la résistance intrinsèque (la bactérie ne possède pas la propriété exploitée par l’antibiotique) qui est présente chez toutes les souches d’une même espèce, les fréquences des résistances sont très variables et dépendantes du mode d’apparition. Les résistances bactériennes sont portées indifféremment par le chromosome bactérien ou un plasmide (ADN extra-chromosomique) et il existe plusieurs modalités d’apparition de fréquence croissante : mutation spontanée, recombinaison, transmission plasmidique (HOFFMAN, 2001; SANDERS, 1999). 82 Il existe 4 mécanismes de résistance connus : - l’élimination qui correspond à une dégradation de l’antibiotique (par exemple les βlactamases) ; - le brouillage, mécanisme par lequel la bactérie modifie le site de fixation de l’antibiotique, voire lui-même ; - le blindage qui entraine la diminution de pénétration de l’antibiotique dans la bactérie ; - l’échappement qui évoque la capacité d’une souche bactérienne d’utiliser une autre voie métabolique en remplacement de celle bloquée par l’agent antibactérien. 4.1.4.2 Antibiotiques et spectre d’activité • Les β-lactamines L’ampicilline, pénicilline du groupe A, est un antibiotique à large spectre éliminé par voie urinaire. La sensibilité à l’ampicilline doit donc être testée dans tous les cas d’ITU (BOULOUIS, 2006). L’amoxicilline est largement disponible en spécialité vétérinaire et essentiellement présentée sous forme d’association avec l’acide clavulanique. L’acide clavulanique de par sa structure chimique détourne l’action des β-lactamases synthétisées par certaines bactéries et rend ces enzymes inefficaces. Appartenant à la sous-famille des pénicillines A, comme l’ampicilline, cet antibiotique bactéricide possède un large spectre d’activité, d’où l’intérêt de le tester systématiquement (BOULOUIS, 2006). L’amoxicilline est l’antibiotique pour lequel il y a moins de résistances, un faible coût, une bonne disponibilité, une présentation facile à administrer et peu d’effet sur le tractus digestif (BAILIFF et al., 2008). L’amoxicilline associée à l’acide clavulanique, comme vu précédemment, est souvent préférée des praticiens et constitue un bon traitement de première intention. De plus, l’observance sur 10 jours est souvent correcte (THOMSON et al., 2009). 83 La céfalexine, céphalosporine de première génération, est éliminée rapidement sous forme active par voir urinaire, elle est bactéricide et possède un large spectre d’activité proche de celui des pénicillines A (BOULOUIS, 2006). Parce que les antibiotiques communément utilisés ont une demi-vie assez courte, l’observance est impérative à la réussite thérapeutique, cependant les traitements par voie orale peuvent s’avérer difficile à administrer chez le chat. Ainsi la céfovecine (céphalosporine de 3e génération injectable par voie sous-cutanée : Convenia ND) avec sa rémanence de 14 jours et son large spectre est un traitement avantageux (PASSMORE et al., 2008). Son efficacité a été éprouvée par contrôle de l’élimination bactérienne dans 75% des cas après traitement, cette efficacité est proche de celle observée pour d’autres antibiotiques. Il est toutefois préférable de ne pas employer en première intention un anti-infectieux récent. L’intérêt de la cefovécine n’est donc réel que pour des clients incapables d’administrer un traitement par voie orale aux doses et fréquences nécessaires. La pénicilline G est une β-lactamine avec un spectre d’activité ciblant les bacilles et coques Gram +. Elle est très sensible aux pénicillinases. Son élimination se fait par voie urinaire sous forme active jusqu’à 80% dès l’antibiotique administré. La pénicilline G n’est testée que pour les bactéries gram + (BOULOUIS, 2006). • Les quinolones La marbofloxacine est une quinolone fluorée de troisième génération possédant une excellente disponibilité dans les voies urinaires par sécrétion tubulaire active essentiellement. Des précautions doivent être prises chez les sujets insuffisants rénaux et il existe un risque de précipitation et donc de cristallurie induite. Son activité bactéricide est très largement étendue puisque le spectre comprend les entérobactéries, les staphylocoques et même les germes intracellulaires (BOULOUIS, 2006). 84 D’une manière générale les fluoroquinolones sont utilisées judicieusement par les praticiens (THOMSON et al., 2009). L’enrofloxacine doit être utilisée avec précaution, chez le chat elle peut entrainer une cécité brutale surtout chez l’insuffisant rénal. En effet l’insuffisant rénal a une concentration plasmatique en fluoroquinolones et ses métabolites plus élevée, or ils ont un effet toxique sur la rétine (GELATT et al., 2001). Chez l’IRC, la concentration dans l’urine en fluoroquinolones est d’ailleurs diminuée (HOSTUTLER et al., 2005). La pradofloxacine est une nouvelle fluoroquinolone de 3e génération très efficace et sure, pour laquelle il n’existe pas de résistance connue. La formulation est très appétant et l’observance correcte chez le chat (LITSTER, MOSS, HONNERY, REES, EDINGLOH et al., 2007). L’utilisation abusive des fluoroquinolones a conduit à l’apparition de résistance en particulier chez Escherichia coli qui est associée à l’émergence de germes multi résistants (plus rare chez le chat). • Les aminosides La gentamicine est un antibiotique aminoside utilisé en seconde intention par voie intraveineuse, il se concentre dans les reins et n’est pas transformé. Sa CMI est plus basse que celle des autres aminosides. Le spectre d’activité concerne essentiellement les bactéries Gram – mais aussi quelques Gram + (BOULOUIS, 2006). La kanamycine est un aminoside naturel essentiellement bactéricide. Comme la gentamicine son spectre est orienté vers les Gram - (BOULOUIS, 2006). La streptomycine est un aminoside, donc un antibiotique bactéricide avec un spectre d’activité visant les bactéries Gram - (BOULOUIS, 2006). • Les macrolides L’érythromycine est un macrolide faiblement éliminé par voie urinaire (20% sous forme active), c’est un antibiotique bactériostatique actif à pH alcalin et à spectre d’activité étroit : bactéries Gram + (BOULOUIS, 2006). 85 • Les sulfamides Les sulfamides sont des antibiotiques bactériostatiques, certains sont éliminés sous forme active par voie rénale. Certains subissent une acétylation (hépatique) les rendant moins solubles, il y a ainsi un risque de précipitation dans les tubules rénaux et donc de cristallurie. Malgré ces désavantages, les sulfamides possèdent un spectre d’activité très large. Leur association synergique avec le triméthroprime, antibactérien bactériostatique, permet d’obtenir une activité bactéricide tout en réduisant les posologies des sulfamides néphrotoxiques. On fera particulièrement attention à ne pas employer de sulfamides sur les animaux sous traitement calculolytique car ils précipitent à la surface des calculs et donc diminue la possibilité de lyse (CHEW & DIBARTOLA, 2006). • Les tetracyclines Les tétracyclines sont des antibiotiques bactériostatiques éliminés en partie par l’urine (40 à 60%). Leur spectre d’activité est remarquablement large en particulier sur les Gram – les plus tenaces (BOULOUIS, 2006). La doxycycline, tétracycline lipophile, est disponible en formulation appétante et est efficace dans le traitement des ITU car elle est excrétée en quantité suffisante pour inhiber la croissance bactérienne dans l’urine. Ce n’est pas un traitement de première intention (B. WILSON et al., 2006). 4.1.5 Modalités de mise en place de l’antibiothérapie En excluant la sensibilité de l’agent causal, le choix de l’antibiotique se fait suivant des règles définies pour toutes infections. 86 Ces règles sont les suivantes : • • • • • Facilité d’administration, Peu ou pas d’effets secondaires, Faible coût, Disponible à 4 fois la CMI dans les tissus visés, Peu ou pas de modification de la flore intestinale (BARTGES, 2004). Une attention particulière doit être portée quant aux résistances que peut engendrer le traitement choisi, car l’urine et donc les bactéries devenues résistantes seront éliminées dans l’environnement qui constitue un réservoir de résistance (UMBER, 2009). 4.1.5.1 Difficultés rencontrées lors du traitement Des études in vivo confirment la validité de l’application de la règle décisionnelle : comparaison de la CMI et des concentrations urinaires données. Cependant ces données sont établies pour un organisme sain et l’organisme atteint peut ne pas réussir à concentrer l’antibiotique choisi dans ses urines ou le modifier (LEES & ROGERS, 1977). Enfin, le pH urinaire modifie l’activité des antibiotiques. On sait que l’action des tétracyclines est particulièrement amoindrie à pH alcalin (CAVANA et al., 2008). Les concentrations en antimicrobien doivent être importantes en cas d’atteinte rénale ou prostatique et en cas de fort épaississement de la paroi vésicale, des antibiotiques capables d’une grande pénétration tissulaire sont recommandés (par exemple les quinolones) (CHEW & DIBARTOLA, 2006). 4.1.5.2 Rythme et modalités d’administration de l’antibiotique L’antibiotique sera administré de façon à garder une concentration efficace permanente dans l’urine. Pour la plupart des antibiotiques utilisés l’administration se fait par voie orale toutes les 8 à 12 heures (LEES & ROGERS, 1977). Il est plus intéressant de donner l’antibiotique au moment où il sera retenu durant un laps de temps plus prolongé par exemple au coucher (LULICH & OSBORNE, 2004). 87 Le traitement dure entre 10 et 14 jours pour une infection urinaire simple, et jusqu’à six semaines si l’ITU est compliquée. En cas de pyélonéphrite un traitement d’au moins 6 à 8 semaines est nécessaire. Chez l’homme le traitement a une durée d’au moins 5 jours sans dépasser 7 à 10 jours et en première intention les quinolones de 1ere génération sont utilisées. Le choix est ensuite modifié en fonction de l’antibiogramme systématique, dans certains cas un traitement court de 3 jours est suffisant (WEINBRECK, 2003; LEES & ROGERS, 1977). Un traitement empirique doit être mis en place uniquement si l’infection est sévère, car l’emploi d’antibiotique dans l’attente des résultats de l’antibiogramme peut modifier le profil de sensibilité (OSBORNE & LEES, 1995). L’efficacité d’un traitement antibiotique peut aussi être altérée par un traitement antibiotique précédent : par exemple chez le chien une combinaison Escherichia coli-pénicillines est résolue dans 75% des cas, mais si l’animal avait reçu un traitement antibiotique dans les deux mois précédents la résolution se fait dans moins de 30% des cas (GV LING & GILMORE, 1977). Ainsi si le traitement antibiotique doit être modifié, une attente de 48 à 72 heures est conseillée afin de réaliser un antibiogramme et de mettre en place le nouveau traitement. Excepté l’acide clavulanique associé à l’amoxicilline et le triméthroprime associé aux sulfamides, l’administration simultanée de 2 ou plusieurs antimicrobiens doit être évitée. Le pourcentage de réussite au traitement est plus faible chez le chat que chez le chien, cela doit être analysé dans un contexte où les ITU chez le chat apparaissent plus rarement et souvent en cas de baisse des défenses par un facteur prédisposant, ainsi il n’est pas surprenant que l’infection soit plus difficile à traiter par antibiothérapie seule (PASSMORE et al., 2008). 4.2 Traitement antifongique Si la fungiurie est asymptomatique, après la maîtrise des facteurs prédisposants, la guérison spontanée est très probable et il convient de ne pas mettre en place de thérapie en première intention. 88 Dans 15% des fongiuries symptomatiques la résolution est spontanée (PRESSLER et al., 2003). Une alcalinisation de l’urine peut être un traitement adjuvant à l’élimination de Candida. Une thérapie plus agressive consiste en l’administration d’antifongiques ciblés contre l’espèce isolée, sur les mêmes principes que l’antibiothérapie. La flucytosine est recommandée chez l’homme contre les candidoses urinaires : elle est excrétée en quasitotalité dans l’urine, la dose peut être réduite pour limiter la toxicité rénale. Cependant elle a un spectre étroit d’activité et les résistances sont très fréquentes (JIN & LIN, 2005). L’amphotéricine B est particulièrement néphrotoxique chez le chat et éliminée à 20% par voie rénale, mais peut être utilisée en synergie avec la flucytosine car possède un plus large spectre d’activité et une grande efficacité lors d’administration par voie veineuse. Les imidazoles sont très peu excrétés dans l’urine, sauf le fluconazole (petite molécule) qui peut être une bonne alternative. En effet les résultats sont très encourageants : 40 à 70% de guérison (JIN & LIN, 2005; LULICH & OSBORNE, 1996; PRESSLER et al., 2003). Il n’existe pas d’étude comparant l’efficacité et la sécurité des divers antifongiques utilisés dans le traitement des ITU chez l’animal. 4.3 Traitements auxiliaires Sur des infections particulières, il faut ajouter des traitements supplémentaires pour éradiquer l’ITU. Par exemple, lors d’infection à Corynebacterium urealyticum il faut acidifier l’urine et débrider les plaques incrustées dans la paroi vésicale pour rendre le traitement plus efficace (BAILIFF et al., 2005). Corriger les anomalies urinaires associées à l’infection avec un effet indirect et non spécifique peut être utile. 89 4.3.1 Les antispasmodiques et analgésiques L’ajout d’analgésique et d’antispasmodique n’a pas prouvé d’efficacité chez le chien ou le chat dans le traitement des cystites (LEES & ROGERS, 1977). L’analgésie seule peut réduire la sévérité des signes cliniques (butorphanol ou fentanyl). Les corticoïdes ont été prouvés comme étant non-efficaces. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens semblent être intéressants (GUNN-MOORE, 2002). 4.3.2 Les acidifiants ou alcalinisants urinaires Les valeurs basses de pH à atteindre pour obtenir un effet bactériostatique ou bactéricide sont compatibles avec la physiologie de l’appareil urinaire, ainsi l’acidification des urines peut être envisagée pour aider les autres mécanismes de défense et traitements en cours à enrailler l’infection (LEES & OSBORNE, 1979). L’activité des antimicrobiens est modifiée par le pH, les plus utilisés agissent à pH acide ou neutre, par conséquent en cas d’urines alcalines l’emploi de ces acidifiants peut être théoriquement intéressant, cependant ils sont efficaces sans l’ajout d’acidifiants. Ces acidifiants sont les acides mandélique ou hippurique (LEES & ROGERS, 1977). Dans le traitement antifongique l’ajout d’un alcalinisant urinaire est préconisé (bicarbonate de sodium ou citrate de potassium par voie orale), un pH supérieur à 7,5 inhibe la croissance de Candida. Cependant l’efficacité est remise en doute (JIN & LIN, 2005). 4.3.3 Supplémentation en glycosaminoglycanes (GAG) En théorie remplacer la couche de GAG doit être bénéfique. Ainsi l’apport de GAG exogènes devrait combler les lacunes de l’urothélium. Ils sont supposés avoir des effets analgésiques et anti-inflammatoires. Des bons résultats sont disponibles chez l’homme. Les effets secondaires possibles sont un temps de saignement prolongé (substance héparine-like), baisse d’appétit et une éventuelle insulino-résistance (SWANN, 2008; GUNN-MOORE, 2002). 90 Ces effets secondaires n’ont pas été observés chez le chat. L’ajout de GAG au traitement des ITU sondage-induite peut être intéressant mais la preuve tangible n’est pas apportée de même qu’il n’existe pas d’accord sur la modalité d’administration (OSBORNE & LEES, 1995). 4.3.4 Antiseptiques urinaires Les antiseptiques urinaires sont des antimicrobiens si rapidement excrétés par les reins qu’ils ne sont actifs que dans l’urine. Le nitrofurantoine est utilisé en prophylaxie essentiellement. Le methénamine transformé à pH acide en formaldéhyde est actif contre les infections fongiques. Le bleu de méthylène et l’acide nalidixique ne sont plus utilisés du fait de leur toxicité (GUNN-MOORE, 2002; LEES & ROGERS, 1977). 4.3.5 Instillation locale d’antimicrobiens L’instillation locale d’antimicrobiens n’a pas montré d’efficacité et nécessite la mise en place d’une sonde urinaire, d’où une possible induction d’ITU. 4.4 Evolution et pronostic 4.4.1 Evolution et suivi La plupart des infections urinaires se traitent facilement. Les réinfections (80%) sont plus fréquentes chez les individus sensibles que les rechutes ou les infections persistantes (FREITAG et al., 2006). 91 La promptitude du traitement diminue le risque de dégâts sur les reins, il faut donc rapidement évaluer l’efficacité du traitement en cours. 3 à 5 jours après le début du traitement, on apprécie son efficacité en réalisant une culture urinaire et 7 à 14 jours après l’arrêt du traitement on vérifie la guérison (Tableau 5) (LEES, 1996; LULICH & OSBORNE, 2004; LEES & ROGERS, 1977). Tableau 5 : Suggestions concernant le moment de réalisation d’une uroculture dans le cadre d’un suivi de traitement (LULICH & OSBORNE, 2004). Objectif de réalisation de l'uroculture Etablir un diagnostic d'ITU Eprouver l'efficacité d'une thérapeutique en cours Surveiller la récurrence d'une infection Quand est-il justifié de réaliser une uroculture ? Avant tout traitement 3 à 5 après le début du traitement En cas de récurrence des signes cliniques ou anomalies des examens d'orientation Avant d'arrêter un traitement 7 à 14 jours après la fin du traitement 1 à 2 mois après la fin du traitement 3 à 6 mois après la fin du traitement En cas de récurrence des signes cliniques Le suivi du traitement doit permettre de minimiser l’extension et l’apparition de pathologie induites par une thérapie inefficace. Ainsi on pourra mettre en évidence des réinfections, superinfections, rechutes ou infections persistantes (Tableau 6). Tableau 6 : Définitions et évolutions possibles du traitement d’une ITU (LEES, 1996). Résultats de Absence de Même bactérie Nouvelle l'uroculture bactériurie isolée bactérie isolée Traitement en Antibiotique utilisé cours efficace Persistance Superinfection Après traitement Sain Rechute Réinfection 4.4.1.1 La persistance La persistance correspond à l’infection originelle qui n’est pas enrayée par la thérapie en cours. 92 4.4.1.1.1 Persistance et biodisponibilité S’il y a persistance bactérienne avec le même antibiogramme durant la thérapie, il convient de remettre en cause la biodisponibilité de l’antibiotique dans l’urine. En effet, l’observance du traitement est très souvent mauvaise en particulier chez le chat, l’absorption intestinale peut être modifiée, notamment s’il existe des traitements intercurrents (les antiacides inhibent par exemple les tétracyclines) et il faut vérifier l’activité du médicament. De plus, il peut exister des biofilms bactériens qui résistent à l’activité bactéricide ou bactériostatique, en particulier sur les urolithiases ou les sondes, d’où l’importance de ne pas traiter un animal sondé pour ne pas entrainer l’apparition de résistances. Les reins et la prostate constituent dans le même sens des niches bactériennes relativement inaccessibles aux antibiotiques. Les bactéries peuvent enfin entrer en quiescence dans les cellules épithéliales vésicales rendant ainsi le traitement inefficace (DRAZENOVICH et al., 2004). Cependant ce phénomène est très rare. 4.4.1.1.2 Persistance et résistance Si durant la thérapie la même espèce bactérienne est isolée avec modification de l’antibiogramme, il faut suspecter l’apparition d’une résistance aux antibiotiques en première intention. Dans ce cas il faut intensifier la thérapie en choisissant un nouvel antibiotique pour lequel la bactérie est sensible et augmenter la dose, la durée et/ou la fréquence suivant le type d’antibiotique sélectionné. Les associations sont également préconisées pour palier l’apparition de résistance. Sachant que la bactériurie est très souvent asymptomatique, le confort de vie de l’animal n’est pas modifié qu’il soit ou non traité ; par conséquent, en cas de résistance bactérienne, la question se pose de traiter ou non l’animal. 93 4.4.1.2 La superinfection Si durant la thérapie une nouvelle espèce bactérienne est identifiée, on est dans le cas d’une superinfection. Cette situation se présente souvent sur un patient prédisposé par l’utilisation d’un antibiotique. La thérapie doit être stoppée de façon à limiter le risque de résistance et il faut corriger la brèche dans les défenses immunitaires (LULICH & OSBORNE, 2004). 4.4.1.3 La rechute ou la réinfection On parle de rechute lorsqu’après traitement, la même espèce bactérienne que lors de l’infection originelle reapparait. En cas de rechute, on doit modifier le traitement comme lors de persistance et explorer les causes et facteurs prédisposants. De même en cas de réinfection, c’est-à-dire dans le cas où après stérilisation de l’urine, on isole une nouvelle espèce bactérienne (SEGUIN et al., 2003), il faut traiter à nouveau mais sur une durée plus courte et on recherche le facteur prédisposant. La plupart des chats subissant une réinfection subissent également de multiples épisodes d’ITU, ce qui implique que ces chats doivent avoir une résistance à l’infection réduite inhérent à un déficit immunitaire (DAVIDSON et al., 1992). Chez certains patients on ne peut éliminer ce facteur, on met donc en place une antibioprophylaxie prolongée (6 mois ou plus) à faible dosage (1/3 à ½ dose journalière) et plutôt au coucher (LEES & ROGERS, 1977). En ce qui concerne l’apparition de résistance avec ce type de traitement, il n’y a pas de donnée à ce sujet, mais elle est très probable. 4.4.1.4 La guérison On parle de guérison, si les signes cliniques disparaissent, la corrélation entre stérilisation de l’urine et absence de signes cliniques est faible et des animaux ne présentant plus de bactériurie peuvent toujours montrer des signes d’ABAUF (PASSMORE et al., 2008). 94 4.4.2 Pronostic Le pronostic est généralement bon quelque soit l’agent en cause si le ou les facteurs prédisposants peuvent être maitrisés tant que l’infection n’atteint pas les reins. Ainsi l’efficacité d’un traitement précoce est le garant d’un pronostic favorable. Les infections urinaires simples sont de très bon pronostic. Les infections urinaires compliquées ont un pronostic plutôt favorable chez le chat. Cependant si la cause sous-jacente ne peut être résolue, le pronostic est modifié selon le germe infectant et son profil de sensibilité (BAILIFF et al., 2005). Chez l’homme il n’y a pas de recommandation idéale pour le traitement des cystites récidivantes mais une antibioprophylaxie à visée urinaire de 6 mois au moins est proposée. Enfin, la pyélonéphrite apparait très rarement il y a donc peu de donnée à son sujet. Il n’y a pas de facteur pronostic identifié. Cependant le traitement des infections du haut appareil urinaire est plus difficile, d’où un pronostic moins favorable qu’une infection du bas appareil urinaire. En conclusion, les infections du tractus urinaires chez le chat se traitent globalement très facilement par mise en place d’une antibiothérapie à large spectre, très souvent probabiliste. Le pronostic et l’évolution sont très souvent favorables. Cependant la difficulté du traitement efficace de cette pathologie vient de la très forte prédominance des affections compliquées, la maitrise de la cause sous-jacente est la réelle pierre angulaire du traitement de l’ITU. 95 96 PARTIE EXPERIMENTALE Etude de 645 urocultures réalisées à l’ENVA 97 98 L’objectif de ce travail est de déterminer la prévalence des ITU chez le chat, la fréquence des espèces bactériennes responsables, leur sensibilité aux principaux agents antibiotiques ainsi que la fréquence des souches MDR. L’évolution des antibiorésistances pourra alors être évaluée sur les 4 ans de l’étude. Les objectifs complémentaires sont : de décrire les caractéristiques cliniques et para-cliniques des ITU félines et d’étudier l’influence des critères épidémiologiques et des facteurs favorisant les ITU sur la prévalence des ITU. 99 1 Matériel et méthodes 1.1 Sélection de la population d’étude La population a été recensée par l’intermédiaire des résultats d’urocultures enregistrés dans la base de données informatiques de l’ENVA depuis décembre 2004 jusqu’à juin 2008. L’espèce est le seul critère pris en compte dans la sélection des cas. Sont donc inclus dans notre étude toutes les urocultures réalisées chez le chat sur la période donnée. Une population de contrôle a également été recensée : il s’agit d’une population de 500 chats prélevés au hasard parmi les individus reçus en consultation de médecine à l’ENVA entre le 1er janvier 2006 et le 31 décembre 2007. Cet échantillonnage est réalisé sur un mode aléatoire simple sans remise. De plus, les chats ayant une uroculture positive sont exclus de cette population de sorte qu’elle ne soit constituée que de témoins. Pour ces deux populations, on répertorie la race, l’âge et le sexe de chaque individu. Concernant la race, lorsqu’elle n’est pas précisée dans le dossier, il est considéré que le chat est de race européenne. L’âge est noté en année et arrondi à la valeur supérieure, tous les 0,5 ans. Il est également précisé si l’animal est stérilisé ou non. 1.2 Les urocultures 1.2.1 Méthodes de prélèvement La méthode de prélèvement d’urine est la cystocentèse systématiquement. Celle-ci s’efffectue sous contrôle echographique. 100 1.2.2 Principe de réalisations des urocultures à l’ENVA 1.2.2.1 Transport et conservation des prélèvements Les urines une fois prélevées sont enfermées dans un flacon stérile prévu à cet effet conformément aux règles d’usage. Ce flacon est ensuite réfrigéré avant qu’une demi-heure ne soit écoulée et amené au laboratoire de microbiologie de l’ENVA dans la journée. Après la conservation à 4°C au réfrigérateur, l’ensemencement est effectué dans un délai de moins de 6 heures, si le prélèvement est réalisé le matin, ce qui correspond au cas le plus fréquent. Sinon le délai est de 12 à 24 heures. 1.2.2.2 Mise en culture Au laboratoire de microbiologie de l’ENVA, le prélèvement est identifié de façon à en assurer la traçabilité. Une gélose nutritive ordinaire est ensemencée avec 2 gouttes d’urine, soit 100 μL/g. Un DGU (ou Dénombrement de Germes Urinaires) est également ensemencé (URILINEND, BIOMERIEUX, France) : il est constitué de deux lames correspondant à deux milieux différents (CLED et Mac Conkey). 1.2.2.3 Quantification La lecture du DGU se fait 24 heures après son ensemencement. Le nombre de plages formées sur le milieu CLED permet de quantifier le prélèvement. Lorsque les prélèvements sont réalisés par cystocentèse, la présence de bactéries dans l’urine est toujours significative. 101 1.2.2.4 Identification 24 heures après son ensemencement, une colonie, voire deux si différence d’aspect, isolée de la gélose nutritive ordinaire est repiquée de façon à être amplifiée. 24 à 72 heures après, une galerie de tests rapides (API, BIOMERIEUX, France) est réalisée et permet d’identifier l’espèce bactérienne impliquée. On associe à cette galerie une coloration de Gram et la lecture du milieu de Mac Conkey. 1.2.3 Interprétation des urocultures Les résultats des cultures d’urines sont informatisés depuis deux ans et les années précédentes, un document portant les résultats était ajouté au dossier sous forme de photographie. Pour toute uroculture réalisée sur le site de l’ENVA, le laboratoire de microbiologie identifie la ou les espèces bactériennes ou fongiques impliquées et les quantifie. La quantification est réalisée par mesure logarithmique du nombre de colonies formant des plages (CFU ou Colony Forming Unit) par millilitres d’urine. 1.2.4 Antibiogramme L’antibiogramme est réalisé par la méthode de diffusion des disques imprégnés d’antibiotiques appliqués (par distributeur multidisque) sur une gélose Muëller-Hinton (conformément aux recommandations du Comité de l’Antibiogramme de la Société Française de Microbiologie). Cette gélose est ensuite ensemencée d’un bouillon de culture bactérienne ajusté à une concentration adéquate en fonction du germe. Après préincubation de 30 minutes à température ambiante, les géloses sont placées à 37°C pendant 18 à 24 heures. Le panel d’antibiotiques testés dépend de l’espèce bactérienne identifiée. 102 Pour les bactéries Gram négatif sont testés : -Ampicilline (10 μg), -Amoxicilline-Acide clavulanique (20-10 μg), -Céfalexine (30 μg), -Erythromycine (15 UI), -Gentamycine (15 μg=10 UI), -Kanamycine (30 UI), -Marbofloxacine (5 μg), -Sulfamides (200 μg), -Sulfamides-triméthoprime (1,25 μg-23,75 μg), -Streptomycine (10 UI), -Tétracycline (30 UI). Pour Enterococcus spp, Staphylococcus spp et Streptococcus spp est également testée la Pénicilline (6 μg = 10 UI). La Polymyxine B est testée uniquement pour les espèces du genre Staphylococcus à des fins d’identification. Les diamètres d’inhibition sont lus avec un abaque après incubation. Par comparaison aux diamètres correspondant aux concentrations critiques connues pour le couple espèceantibiotique, le germe est alors défini par le Laboratoire de Microbiologie de l’ENVA comme sensible (S), sensible-intermédiaire (SI), intermédiaire (I), intermédiaire-résistant (IR) ou résistant (R). Les bactéries seront, dans notre étude, dites « sensibles » lorsque leur antibiogramme indique : sensible, intermédiaire, intermédio-sensible ou sensible-résistant. En revanche, les bactéries ayant un antibiogramme indiquant résistant ou intermédiorésistant sont classée « résistantes » dans l’étude. Cette classification tient ainsi compte de la plus grande concentration de l’antibiotique dans l’urine (BARSANTI & JOHNSON, 2006; BARTGES, 2004; LITSTER, MOSS, HONNERY, REES & DJ TROTT, 2007; CAVANA et al., 2008; LEES, 1996; LEES & ROGERS, 1977) et de la définition de souche résistante comme une souche capable de supporter des concentrations notablement plus élevées que celles retrouvées in vivo (PERROT et al., 2003). La sensibilité et la résistance sont également évaluées par agent antibiotique pour l’ensemble des isolats et les 4 espèces les plus fréquentes. 103 L’étude des antibiorésistances est d’abord menée par profils prédéfinis. Nous réduirons l’analyse sur 7 antibiotiques communément prescrits lors d’infection du tractus urinaire (ampicilline, amoxicilline-acide clavulanique, cefalexine, marbofloxacine, gentamicine, sulfamides-triméthoprime, tétracycline). Les profils recherchés sont : souche sensible pour les 7 agents, souche résistante à 1, 2, 3 ou plus de 3 agents. 1.3 Données cliniques Lorsqu’ils sont disponibles et correctement décrits dans le compte-rendu informatique, les signes cliniques en relation avec une affection du bas ou du haut appareil urinaire sont répertoriés dans notre étude. Ces données sont prélevées à la fois d’après les informations anamnestiques et cliniques rapportées par l’étudiant en charge du cas et validées par un membre du corps enseignant. 1.4 Données d’imagerie médicale Les comptes-rendus d’examen d’imagerie médicale sont systématiquement validés par un imageur de l’ENVA. Aussi lorsque ces compte-rendus sont disponibles et qu’un examen d’imagerie médicale a été nécessaire, les données en rapport avec des affections urinaires hautes ou basses sont précisées dans notre étude. 1.5 Données biochimiques On va s’intéresser particulièrement à l’intégrité de la fonction rénale, en effet la concentration de l’urine se fait dans le rein et constitue un moyen de défense contre les infections du tractus urinaire. 104 On suspecte également que l’insuffisance rénale favorise le développement de ces infections par d’autres mécanismes non identifiés à ce jour. Les résultats d’exploration biochimique de la fonction rénale, c’est-à-dire l’urémie et la créatinémie, sont rapportés dans notre étude. 1.6 Analyse d’urine Les résultats de la lecture d’une bandelette urinaire réalisée le jour de prélèvement de l’urine ensemencée sont recensés. La densité urinaire lorsqu’elle a été mesurée par réfractométrie est rapportée. En ce qui concerne les chats pour lesquels une fluidothérapie à été instaurée, du fait de la dilution iatrogène urinaire nous avons préféré rapporter la densité urinaire mesurée avant la mise en place de ce traitement. L’examen cytologique urinaire est également indiqué, cet examen est réalisé par des étudiant et validé par un membre du corps enseignant. 1.7 Facteurs prédisposants Comme nous l’avons vu précédemment, il existe des facteurs prédisposant aux ITU ; ils sont donc indiqués s’ils sont présents. En particulier, on prend soin de recenser les chats diabétiques, hyperthyroïdiens, uréthrostomisés, sondés ou ayant des troubles neurologiques ou anatomiques conduisant à des incontinences. De même lorsqu’un traitement à base d’antibiotiques ou de corticoïdes a été instauré avant réalisation du prélèvement, il est répertorié. 105 1.8 Analyses statistiques Notre étude correspond à un recensement des urocultures réalisées à l’ENVA sur une période que nous avons préalablement définie. Les individus sélectionnés sont soumis à une étude multidimensionnelle, puisque de nombreuses variables discrètes quantitatives ou qualitatives sont observées. 1.8.1 Statistiques descriptives Dans notre étude, nous pouvons obtenir aisément les fréquences absolues pour chacune des variables étudiées, ce qui permet d’accéder aux fréquences relatives qui sont plus comparables. Le mode de représentation graphique est choisi en fonction de la variable étudiée selon les recommandations fournies dans les ouvrages (SANAA, 2002). Les moyennes empiriques et les médianes empiriques sont indiquées lorsque leur précision présente un intérêt dans l’étude. Les intervalles de confiance (IC) ne sont calculés que pour la population contrôle constituée par un échantillonnage simple aléatoire, soit représentatif. 1.8.2 Statistiques analytiques Les statistiques analytiques permettent la comparaison de résultats. Il s’agit d’évaluer la probabilité du risque α. α est l’erreur de première espèce qui consiste à rejeter une hypothèse nulle exacte. L’hypothèse nulle est que les différences observées sont dues au hasard. Le risque α est considéré comme acceptable dans notre étude s’il est inférieur ou égal à 5%. 106 La première méthode utilisée est le test du Chi2. Les individus sont indépendants sur le plan statistique et cette méthode n’est utilisée que si les effectifs sont suffisamment grands (n>5). Le degré de liberté (ddl), la valeur du Chi2 (χ2) et le risque α (pα) sont précisés. Les valeurs théoriques utilisées sont soit les moyennes, soit des données statistiques –par exemple, la parité est supposée correspondre à 50% de mâles et 50% de femelles-. La seconde méthode utilisée est un calcul d’odds ratio (OR). En effet la comparaison de notre étude à celle de la population contrôle correspond à une étude cas-témoins. L’intervalle de confiance (IC) de l’OR doit être calculé afin de vérifier que a différence observée est bien significative. Enfin le troisième test statistique utilisé est celui de comparaison des pourcentages (MannWhitney) : le test ε (ε=1,96). 107 2 Résultats 2.1 Etude épidémiologique 2.1.1 Résultats d’urocultures Entre décembre 2004 et juin 2008, il y a 645 urocultures disponibles (annexe 1). On peut s’intéresser à leur répartition selon les années (tableau 7). Tableau 7 : Nombre d’urocultures réalisées selon les années à l’ENVA. Année Nombre d'urocultures réalisées 2005 2006 2007 Moyenne 173 178 243 198 A l’ENVA, en moyenne 198 urocultures sont demandées par an. En 2007, il y a significativement plus d’urocultures réalisées qu’en 2005 et 2006 (respectivement χ2= 13,4 et 12,2 ; ddl=1 ; pα<0,001 dans les 2 cas). Dans la population contrôle, pour 4 chats sur 500 la date de consultation n’a pas été indiquée (annexe 3). On s’intéresse également à la répartition sur les deux années parmi lesquelles la population a été prélevée (tableau 8). Tableau 8 : Répartition de la population contrôle selon l’année de la consultation. 108 Année Nombre de consultations 2006 2007 Moyenne 260 236 248 La différence entre le nombre de consultations en 2006 et en 2007 n’est pas significative (χ2= 1,16 ; ddl=1 ; pα=0,3). Il y a relativement davantage d’urocultures réalisées en 2007, puisque le nombre de consultations est le même en 2006 et 2007. 405 urocultures sur 645 analysées montrent une absence de bactériurie, ainsi 63% des individus prélevés ne présentent pas d’infection du tractus urinaire. Les 37% restants représentent les individus atteints d’ITU. Lorsque les urocultures sont validées par le laboratoire de l’ENVA, la quantification et la méthode de prélèvement sont prises en considération, c’est pourquoi toutes les urocultures dites positives dans cette étude correspondent à une infection du tractus urinaire. La prévalence est donc de 240 ITU chez le chat entre décembre 2004 et juin 2008. Il faut regarder si on observe une augmentation parmi les cas de positivités selon les années (figure 5 et tableau 9). Figure 5 : Répartition des urocultures réalisées chez le chat à l’ENVA selon les années. Répartition des urocultures selon les années Pourcentage d'urocultures 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 11,6% 19,1% 49,7% 8,2% 60,1% 52,8% 38,7% 28,1% 2005 2006 31,7% 2007 Année Positives Négatives Non disponibles 109 Tableau 9 : Taux de prévalence annuelle des urocultures positives parmi les urocultures réalisées à l’ENVA. Année Taux de prévalence annuelle 2005 2006 2007 Moyenne 43,80% 34,70% 34,50% 37,70% Il n’y a pas de différence significative entre les différents taux de prévalence selon les années ((χ2= 1,5; ddl=2 ; pα=0,5). Malgré un nombre d’analyses plus élevé, il n’y a pas plus d’infections détectées, on peut en conclure que les critères de décision pour la réalisation des urocultures sont bien choisis. Nous étudions enfin la fréquence des urocultures positives au cours de l’année (figure 6 et figure 7). Figure 6 : Répartition des cas d’urocultures positive au cours de l’année. 14 12 10 8 6 4 2 0 2005 2006 Mois 110 Ao ût Se pt em br e O ct ob re No ve m br e Dé ce m br e t Ju ille Ju in ai M Av r il M Ja nv ie ar s 2007 r Fé vr ie r Nombre de cas Répartition des cas d'urocultures positives sur un an Figure 7 : Répartition des consultations de médecine réalisées dans l’espèce féline au sein de l’ENVA au cours de l’année. 60 50 40 30 20 10 0 2006 e e em br D éc em br N ov ct O m br te Se p ob re e t Ao û ille t Ju in Ju ai M il Av r ar s M ie r 2007 Fé vr Ja nv ie r Nombre de cas Répartition des cas présentés en consultation de médecine sur un an Mois Les profils sont semblables entre la répartition des urocultures positives et la fréquentation des consultations de médecine au cours de l’année. Le profil de répartition des urocultures positives est donc lié à une fréquentation variable des consultations au cours de l’année. Parmi les chats présentant une ITU positive, 19 ont présenté au moins une récidive, soit 8,8% des chats présentant une ITU. 2.1.2 Age des individus atteints d’ITU Parmi les individus présentant une bactériurie positive, la moyenne d’âge est de 5,5 ans et la médiane est de 4 ans (annexes 2 et 4 ; figure 8). 111 Figure 8 : Profil d’âge des chats ayant une uroculture positive. On constate que les chats âgés de 10 ans ou plus ne représentent que 15,6% de la population atteinte. Dans la population contrôle, 21 chats sur 500, soit 4%, sont exclus car leurs âges ne sont pas disponibles (annexes 3 et 5 ; figure 9). La moyenne d’âge est de 6,11 ans et la médiane de 4 ans. La différence entre les moyennes d’âge de la population atteinte et la population contrôle n’est pas significative (χ2=0,03 ; ddl=1 ; pα=0,85). 112 Figure 9 : Profil des âges des chats présentés en consultation de médecine. Les chats âgés de plus de 10 ans représentent 29,4% de la population (entre 25,3 et 33,5%). Les chats atteints sont de jeunes adultes dont la moyenne d’âge est plus basse que celle de la population reçue en consultation de médecine. Les chats de moins de 10 ans ont significativement plus d’infections du tractus urinaire que les plus âgés (OR=2,25 ; IC=[1,1 ; 4,5]). Les chats de 5 ans ou moins représentent 60,8% de la population atteinte et 54,1% de la population contrôle (entre 49,6 et 58,6%), mais la différence entre ces deux taux n’est pas significative (OR=1,31 ; IC=[0,7 ; 2,3]). Pour conclure, il semble que la population atteinte d’infection du tractus urinaire soit assez proche de la population contrôle en ce qui concerne le profil de répartition des âges. 113 2.1.3 Sexe des individus atteints d’ITU Le sexe des individus atteints est recensé dans le but de rechercher des prédispositions liées au sexe ou à la stérilisation (annexe 6 ; figure 10). Figure 10 : Parité au sein des chats atteints d’ITU. Répartition des sexes dans la population atteinte 8% 5% 28% Mâle entier Mâle castré Femelle entière Femelle stérilisée 59% Les mâles sont majoritairement rencontrés : 87% des individus atteints sont des mâles (figure 10). La différence avec les femelles au sein de la population atteinte (13%) est significative (tableau 10). Les mâles stérilisés atteints sont significativement plus nombreux que les mâles entiers atteints (respectivement 68% et 32% des mâles). En ce qui concerne les femelles, cette différence n’est pas significative. Tableau 10 : Données statistiques de comparaison des prévalences entre individus de sexes différents. 114 Comparaisons Valeur du χ2 Ddl pα Prévalence chez les mâles et les femelles 132 1 0,001 Prévalence chez les mâles castrés et non castrés 26,9 1 0,001 Prévalence chez les femelles stérilisées et non stérilisées 0,8 1 0,25 Dans la population contrôle, 3 chats sur 500 sont de sexe indéterminé (tableau 11). Tableau 11 : Parité au sein de la population contrôle. Sexe Mâles Mâles castrés Femelles Femelles stérilisées Nombre de cas Intervalle de Pourcentage confiance (+/-) 97 19,5% 3,5% 181 36,4% 4,2% 107 21,5% 3,6% 112 22,5% 3,7% Il y a entre 50 et 60% de mâles et entre 41 et 49% de femelles parmi les chats rencontrés en consultation de médecine (tableau 11 et figure 11). Figure 11 : Parité au sein de la population contrôle. Sexe des chats présentés en consultation de médecine 23% 20% Mâles Mâles castrés Femelles Femelles stérilisées 22% 35% La population atteinte d’ITU doit être comparée à la population de contrôle afin de vérifier les hypothèses proposées en constatant que les différences observées ne sont pas présentent dans la population féline reçue en consultation à l’ENVA (tableau 12). 115 Tableau 12 : Etude statistique « cas-témoins » de l’influence du sexe ou de la stérilisation dans le développement d’une ITU. Facteurs étudié Odds ratios Mâle 5,3 Intervalle de confiance [2,6 ; 10,8] Stérilisation chez le mâle 1,1 [0,6 ; 2] Stérilisation chez la femelle 1,3 [0,7 ; 2,4] Les infections urinaires sont rares dans la population générale. La prévalence étant faible, l’odds ratio peut être confondu avec un risque relatif. Ainsi, les mâles ont 5 fois plus de risque d’être atteints d’ITU dans cette étude. Et inversement, les femelles ont significativement moins de risque d’être atteinte d’ITU. Enfin la stérilisation n’est pas un facteur prédisposant à l’infection urinaire chez le mâle comme chez la femelle (l’IC comprend le nombre 1). 2.1.4 Race des individus atteints d’ITU Parmi les différents types raciaux, on rencontre majoritairement des chats européens : 89 % de la population atteinte (figure 12 et tableau 13). Les siamois et les persans sont les deux races les plus rencontrées : respectivement 3,4 et 5% des chats atteints. 116 Figure 12 : Répartition des races des chats atteints d’ITU. Répartition des races de chats atteints d'ITU Européen Burmese Chartreux Maine coon Norvégien Persan Sacré de Birmanie Siamois Tableau 13 : Répartition des races des chats atteints d’ITU. Pourcentage Race Nombre de cas Européen 211 87,92% Burmese 1 0,42% Chartreux 4 1,67% Maine coon 2 0,83% Norvégien 1 0,42% Persan 12 5,00% 1 0,42% 8 3,33% Sacré de Birmanie Siamois des cas Dans la population contrôle, les races de tous les chats sont disponibles et les chats européens sont majoritaires : entre 77,3 et 91,1% de la population féline rencontrée en consultation de médecine (figure 13 et tableau 14). 117 Figure 13 : Répartition des races des chats rencontrés en consultation de médecine. Répartition des races dans la population contrôle Européen Persan Maine coon Siamois Chartreux Sacré Angora Norvégien Shorthair Sphinx Oriental Somali Burmese Scottish fold Tableau 14 : Répartition des races des chats rencontrés en consultation de médecine. Intervalle Races Nombre de cas Pourcentage de confiance Européen 421 84,2% 6,9% Persan 21 4,2% 0,3% Maine coon 15 3,0% 0,2% Siamois 12 2,4% 0,15% Chartreux 7 1,4% 0,06% Sacré 6 1,2% 0,04% Angora 4 0,8% 0,03% Norvégien 3 0,6% 0,04% Shorthair 3 0,6% 0,04% Sphinx 3 0,6% 0,04% Oriental 2 0,4% 0,04% Somali 1 0,2% 0,03% Burmese 1 0,2% 0,03% Scottish fold 1 0,2% 0,03% Il n’y a pas de différence significative entre la population atteinte et la population contrôle concernant la répartition des races (tableau 15). 118 Tableau 15 : Etude statistique des différence entre la population atteinte et la population contrôle. Influence du facteur race Population atteinte Population contrôle Odds ratio IC de l'OR Européen Persan Siamois 87,9 5 3,3 84,2 4,2 2,4 1,4 1,2 1,4 [0,6 ; 3,1] [0,3 ; 4,5] [0,3 ; 7,6] Les chats de race peuvent être classés selon la longueur de leurs poils, on obtient ainsi deux catégories. La population atteinte compte 59% de chats à poils longs et 41% de chats à poils courts (figure 14). Figure 14 : Répartition des chats de race atteints d’ITU selon la longueur des poils. Répartition des types de chats de race atteints 41% poils longs poils courts 59% Il y a entre 23 et 51% de chats de races à poils courts et entre 49 et 77% de chats de races à poils longs parmi les chats présentés en consultation de médecine (figure 15). 119 Figure 15 : Répartition des chats de race reçus en consultation selon la longueur des poils. Répartition des types de races dans la population contrôle 37% 63% Poils longs Poils courts La répartition de la population atteinte est la même que celle de la population contrôle (OR=1,18 ; IC=[0,7 ; 2,1]). Pour conclure, il n’existe pas de prédisposition raciale pour les ITU remarquable dans notre étude. 2.1.5 Facteurs d’influence epidémiologique et identification bactérienne On peut comparer la prévalence d’Escherichia coli et d’Enterococcus en fonction de différents paramètres puisqu’ils sont isolés dans le même nombre de cas (respectivement 82 et 84 isolements). En ce qui concerne l’épidémiologie, Escherichia coli est significativement plus fréquemment isolée qu’Enterococcus chez les femelles et particulièrement les femelles stérilisées (respectivement p=0,03 et p=0,04) (figure 16). On observe cette même tendance chez les vieux chats (p=0,08). 120 Figure 16 : Répartition des espèces bactériennes en fonction des données épidémiologiques. Répartition des espèces en fonction des données épidémiologiques 60,0% 55,3% 47,7% 50,0% 40,0% 42,7% 40,9% 38,6% 29,2%28,1% 28,8% 30,0% 23,5% 23,7% 20,5% 21,1% 20,0% 10,0% 0,0% Âge > 10 ans Mâles Enterococcus Femelles Escherichia coli Chats européens Autres espèces 2.2 Etude clinique 2.2.1 Signes cliniques Dans 205 sur 240 cas d’urocultures positives, les signes cliniques sont indiqués dans le dossier (annexe 7). Les signes cliniques rapportés sont peu spécifiques (tableau 16). En cas d’ABAUF non obstructive, on peut observer : hématurie, strangurie, dysurie, pollakiurie, périurie ou malpropreté. Ces signes peuvent être associés à d’autres symptômes en relation avec une affection urinaire, mais qu’une infection urinaire ne peut pas expliquer. C’est le cas de l’incontinence urinaire qui peut être la cause et la conséquence d’une ITU mais ne constitue pas l’une de ses manifestations cliniques. De même le globe vésical et l’anurie ne sont pas des signes cliniques déclenchés par une infection du bas appareil urinaire. 121 Tableau 16 : Fréquence des signes cliniques urinaires observés chez les chats atteints d’ITU. Signes cliniques rapportés Nombre de cas Pourcentage des cas Asymptomatique Polyurie seule Oligurie seule Incontinence seule Globe vésical, anurie seuls Non caractéristiques d'ITU Caractéristiques d'ABAUF 36 3 1 4 63 103 133 15,0 1,3 0,4 1,7 26,3 42,9 55,4 Parmi nos cas d’urocultures positives, 43% ne présentent pas de symptôme d’ITU et 15% ne présentent aucun symptôme. 55% des chats ont des symptômes caractéristiques d’affections du bas appareil urinaire félin (ABAUF). Moins de 2% des cas présentent des symptômes qui peuvent survenir lors de pyélonéphrite : polyurie et oligurie, mais peuvent également résulter d’une affection systémique différente. 2.2.2 Imagerie médicale Un examen échographique complet de l’appareil urinaire est réalisé dans 75 % des cas d’urocultures positives, la radiographie est une technique peu employée (annexe 7 et tableau 17). Tableau 17 : Techniques d’imagerie médicale pour explorer l’appareil urinaire chez les chats atteints d’ITU. Examen d'imagerie pratiqué Nombre de cas Pourcentage de cas Aucun 60,0 25,0 Rx : urétrographie rétrograde 2,0 0,8 Echographie 178,0 74,2 Les critères d’interprétations de l’échographie utilisés doivent être connus. La modification de la paroi vésicale, un épanchement péri-lésionnel et une stéatite associée sont caractéristiques d’une cystite très marquée. Dans notre étude les signes d’inflammation vésicale sont visibles dans 38,7% des cas (tableau 18). 122 La sablose correspond à un contenu vésical particulaire, il est impossible d’en déterminer la nature au moyen de l’imagerie médical. En effet la sablose correspond à deux compositions urinaires différentes avec un niveau de sédimentation variable en fonction de la position et du mouvement. 43,2% des chats atteints d’ITU montre une sablose vésicale, associée dans la moitié des cas à une cystite. Les signes en faveur de pyélonéphrite sont la pyélectasie avec épaississement pariétal et une modification du parenchyme rénal de type inflammatoire (à tendance hypoéchogène), ces signes sont présents chez moins de 2% des individus présentant une ITU. Tableau 18 : Conclusions des comptes-rendus échographiques réalisés sur les chats atteints d’ITU. Conclusions Pourcentage échographiques de cas Cystite 14,0 Sablose vésicale 21,3 Cystite et sablose vésicale associée 21,9 Cystite et calculs vésicaux 2,8 Calculs vésicaux 2,2 Signes en faveur d'une pyélonéphrite Signes laissant suspecter une pyélonéphrite Aucune anomalie échographiquement visible 1,7 6,7 20,8 2.2.3 Examens sanguins Il y a autant de chats ayant une urémie supérieure à 0,55g/L que de chats ayant une urémie inférieure à cette valeur. Moins d’un quart des chats atteints d’ITU ont une créatinémie élevée (supérieure à 20 mg/L). Etant donné la plus grande spécificité de la créatinémie dans le diagnostic de l’insuffisance rénale, on retiendra que 23,3% des cas présentaient une insuffisance rénale au moment du prélèvement urinaire. 123 2.2.4 Examens urinaires 2.2.4.1 Densité urinaire La densité urinaire est disponible dans 61% des cas d’urocultures positives. Les densités urinaires moyenne et médiane sont toutes deux de 1,035 chez les chats atteints d’ITU (figure 17). Figure 17 : Variation de la densité urinaire chez les chats atteints d’ITU. 42% des chats atteints ont une densité urinaire supérieure à 1,040. Moins de 5% des chats atteints ont une densité inférieure à 1,015. 2.2.4.2 Bandelette urinaire Les résultats de la lecture de la bandelette urinaire est disponible dans 45% des cas d’urocultures positives. Le pH urinaire moyen lors d’infection du tractus urinaire est de 6,3 et la médiane est de 6 (figure 18). 11% des chats atteints d’ITU ont un pH urinaire alcalin (pH>7,5). 124 Figure 18 : pH urinaire évalué à l’aide d’une bandelette urinaire chez les chats atteints d’ITU. pH urinaire des chats atteints d'ITU Nombre de cas 60 50 40 30 20 10 0 5 5,5 6 6,5 7 7,5 8 8,5 pH pH urinaire 17,5% des bandelettes lues montrent une glucosurie d’intensité variable (figure 19). La leucocyturie n’est pas considérée comme significative lorsqu’elle est présente du fait de son absence de spécificité chez le chat, en effet certaines protéines urinaires réagissent avec le colorant créant des faux positifs et donc la leucocyturie ou son absence est très souvent non rapportée dans les comptes-rendus, par conséquent nous ne pouvons pas exploiter cette donnée. La protéinurie et l’hématurie sont révélées dans 91% et 94% des analyses urinaires. Dans 7,5% des cas, des nitrites sont présents dans l’urine. 125 Figure 19 : Résultats de la lecture de la bandelette urinaire chez les chats atteints d’ITU. Résultats de la lecture de la bandelette urinaire 110 100 90 Nombre de cas 80 70 60 50 40 30 20 10 0 0 + Glucose ++ Leucocytes Protéines +++ Sang ++++ Nitrites 2.2.4.3 Examen cytologique urinaire L’interprétation de l’examen cytologique urinaire est disponible dans 78 cas, soit 32,5% des cas. Parmi ces cas, 61,5% présentent une hématurie vraie (par opposition à une hémoglobinurie) : on peut visualiser des hématies en quantité importante. Dans 53,8% des cas, l’examen cytologique urinaire révèle une leucocyturie. Cependant nous ne pouvons conclure en une pyurie telle que nous l’avons définie (plus de 5 polynucléaires par champ à fort grossissement), puisque nous n’avons pas accès à une quantification des polynucléaires neutrophiles par champ. Des bacilles ou des coques sont visibles chez 17,9% des chats ayant une bactériurie positive et pour lesquels le compte rendu de l’examen cytologique est disponible. Enfin dans 26,9% des cas une cristallurie est rapportée, majoritairement des cristaux phospho-ammoniaco-magnésiens. 126 2.2.5 Recherche des causes favorisantes Les ITU sont pour la grande majorité d’entre elles des ITU secondaires dans notre étude (87,5%). Dans 63% des cas d’ITU compliquées, l’infection résulte de la complication d’un sondage urétral visant à lever une obstruction des voies urinaires (tableau 19). Il s’agit selon le protocole instauré à l’ENVA d’un sondage à demeure. Le retrait de la sonde urinaire s’effectue après normalisation des paramètres biochimiques rénaux (urée et créatinine) et c’est après ce retrait qu’un prélèvement d’urine est effectué. Les ITU liées au sondage urinaire sont des ITU nosocomiales puisqu’elles sont acquises dans le centre hospitalier. L’uréthrostomie est un facteur prédisposant à l’ITU rencontré dans 10% des cas d’ITU secondaire. L’uroculture est réalisée dans le cadre du suivi des chats uretrostomisés, il s’agit d’un suivi à moyen et long-terme. On constate de plus une association de nos deux facteurs prédisposant prédominants, uréthrostomie et sondage urinaire, chez 10% des chats présentant une ITU. Dans ce cas il s’agit du suivi des chats uretrostomisés à court-terme. Enfin, l’insuffisance rénale chronique est observée chez 8% des cas. Seul un de ces chats insuffisants rénaux présente une glucosurie. 127 Tableau 19 : prévalence des causes favorisant l’apparition d’infection du tractus urinaire parmi nos cas à bactériurie positive. Nombre de Pourcentage des cas cas 3,0 1,4 132,0 62,9 Endocrinopathie 5,0 2,4 Carcinome vésical 2,0 1,0 4,0 1,9 22,0 10,5 21,0 10,0 1,0 0,5 IRC 17,0 8,1 Vessie pelvienne 2,0 1,0 Cystite idiopathique 1,0 0,5 Causes prédisposantes Calculs urinaires Sondage urinaire suite à ABAUF obstructive Rétention urinaire neurogène Uréthrostomie Uréthrostomie après sondage et ABAU Rétraction incomplète du pénis L’administration d’un traitement antibiotique ou corticoïde dans le mois précédent l’infection du tractus urinaire est recensée également (figure 20). Figure 20 : Incidence d’un traitement antérieur sur les ITU. Proportion de chats ayant reçus un traitement antérieur à l'ITU 11% 17% 2% 70% 128 Corticothérapie Antibiothérapie Corticothérapie et antibiothérapie Absence de traitement en cours 13% des chats ayant une bactériurie positive ont reçus un traitement à base de glucocorticoïdes (dexaméthasone dans 73% des cas). De même chez 19% de ces chats, une antibiothérapie a été initiée avant le diagnostic de l’infection du tractus urinaire. Il s’agit de marbofloxacine dans 34% des cas et de quinolones plus généralement dans 45% des cas. 2.2.6 Facteurs d’influence cliniques et identification En ce qui concerne les facteurs prédisposant, Enterococcus est plus fréquemment identifiée qu’Escherichia coli ou les autres espèces chez les chats uréthrostomisés (respectivement p=0,02 et p=0,03) (figure 21). De même, Escherichia coli est l’espèce la plus souvent rencontrée lors d’insuffisance rénale chronique (p=0,012 avec Enterococcus et p=0,07 avec les autres espèces). Figure 21 : Répartition des espèces bactériennes en fonction des facteurs prédisposant l’ITU. Répartition des espèces en fonction des facteurs prédisposant 70,0% 61,9% 58,1% 60,0% 49,8% 50,0% 40,7% 42,6% 35,1% 35,1% 29,7% 40,0% 30,0% 27,1% 23,2% 23,8% 16,7% 20,0% 25,6% 16,3% 14,3% 10,0% 0,0% ABAUF obstructive Uretrostomie IRC Corticothérapie Enterococcus Escherichia coli Autres espèces Antibiothérapie 129 Enfin lorsque la densité urinaire est basse, il est plus fréquent d’isoler Escherichia coli qu’Enterococcus voire d’autres espèces (pour une densité urinaire inférieure ou égale à 1,015 p=0,005 avec Enterococcus et p=0,02 avec les autres espèces et pour une densité urinaire inférieure à 1,040 p=0,08 avec Enterococcus) (figure 22). Figure 22 : Répartition des espèces bactériennes en fonction des données cliniques. Répartition des espèces en fonction des données cliniques 100,0% 88,9% 90,0% 80,0% 70,0% 60,0% 47,1% 50,0% 40,0% 30,0% 37,3% 33,7% 28,9% 40,0% 32,7% 30,0%30,0% 20,2% 20,0% 10,0% 11,1% 0,0% 0,0% pH< ou =6 pH> ou =7,5 Enterococcus DU<1,040 Escherichia coli DU< ou =1,015 Autres espèces 2.3 Etude microbiologique 2.3.1 Espèces rencontrées 2.3.1.1 Nombre d’espèces isolées par prélèvement Dans les trois quarts des urocultures positives analysées une seule espèce bactérienne est isolée. Parmi les cas restants, soient les infections urinaires mixtes, la situation où deux germes sont associés représente 95% des cas (tableau 20). 130 Tableau 20 : Nombre d’espèces bactériennes isolées par prélèvement. Urocultures Nombre de cas Pourcentage des cas 1 espèce 184,0 76,7 2 espèces 53,0 22,1 3 espèces 3,0 1,3 Parmi nos cas d’ITU, seuls des infections bactériennes ont été mises en évidence. 2.3.1.2 Etude qualitative des espèces isolées Parmi les espèces bactériennes identifiées, Enterococcus sp. et Escherichia coli sont les espèces les plus fréquemment isolées, elles sont présentes dans plus de la moitié des isolats. Staphylococcus sp. est isolé dans 18% des colonies obtenues et constituent la troisième espèce principalement responsable d’ITU dans notre étude. Parmi les espèces rencontrées moins fréquemment (moins de 5% des isolats), Streptococcus sp., qui est la première des espèces minoritaires , Proteus sp., Klebsiella sp. et Acinetobacter sp. peuvent être responsables d’ITU chez le chat, seules ou en association (tableau 21). 131 Tableau 21 : Résultats de l’identification bactérienne des prélèvements. Espèces Nombre d'isolement des espèces 11,0 3,7 Aeromonas sp. 3,0 1,0 Citrobacter sp. 2,0 0,7 1,0 0,3 Enterobacter sp. 6,0 2,0 Enterococcus sp. 84,0 28,2 sp. Escherichia coli 82,0 27,5 Flavibacterium sp. 1,0 0,3 Klebsiella sp. 12,0 4,0 Kluyvera spp. 1,0 0,3 Pasteurella sp. 4,0 1,3 Proteus sp. 11,0 3,7 Pseudomonas sp. 5,0 1,7 Staphylococcus sp. 55,0 18,5 Streptococcus Non identifiée gram Non identifiée gram + Genres isolées Acinetobacter sp. Corynebacterium Pourcentage Pourcentage 15,0 5,0 3,0 1,0 2,0 0,7 Nombre dans d'isolement l'espèce isolée A. baumanii 5,0 45,5 E. faecalis 68,0 81,0 E. faecium 10,0 11,9 10,0 83,3 P. mirabilis 10,0 90,9 S. aureus 11,0 20,0 S. intermedius 26,0 47,3 K.pneumoniae pneumoniae Ainsi on trouve 47.1% de bactéries Gram – et de 52.9% Gram +. La différence n’est pas significative (χ2=0.34), on peut donc considérer qu’il y a autant de Gram – que de Gram +. De même, il y a autant de cocci que de bacilles (χ2=0.29). Les cocci sont toujours des Gram + et les bacilles sont essentiellement des entérobactéries (82%), soit des bacilles Gram- avec des propriétés propres aux entérobactéries (tableau 22). 132 Tableau 22 : Répartition des isolats suivant leurs phénotypes. Gram - Gram + Staphylococcus sp. Cocci (154 / 52,7%) Streptococcus Enterococcus sp. Bacilles (138 / 47,3%) Acinetobacter sp. Aeromonas sp. Flavibacterium sp. Pasteurella sp. Corynebacterium sp. Pseudomonas sp. Entérobactéries Citrobacter sp. Enterobacter sp. Escherichia coli Klebsiella sp. Proteus sp. Nombre de cas Pourcentage 140 47,1% 157 52,9% Si la culture est bispécifique, l’association la plus fréquemment rencontrée concerne nos deux espèces majoritaires : Enterococcus faecalis et Escherichia coli (28% des associations) (tableau 23). 133 Tableau 23 : Principales associations rencontrées parmi les cas d’ITU. Associations rencontrées Nombres de cas Pourcentage des associations Enterococcus faecalis + E. coli 15,0 28,3 Enterococcus faecalis + Acinetobacter 3,0 5,7 Staphylococcus + Klebsiella 3,0 5,7 Enterococcus faecalis + Klebsiella 4,0 7,5 E.coli + Streptococcus 3,0 5,7 Enterococcus faecalis + Enterobacter 2,0 3,8 Enterococcus faecalis + Enterococcus 1,0 1,9 Enterococcus faecalis + Staphylococcus 5,0 9,4 Pseudomonas + Flavibacterium 1,0 1,9 E. coli + Klebsiella 1,0 1,9 Staphylococcus + Streptococcus 2,0 3,8 E. coli + gram - 1,0 1,9 Klebsiella + streptococcus 1,0 1,9 Enterococcus + E. coli 1,0 1,9 Pasteurella + Streptococcus 1,0 1,9 Enterococcus faecalis + Aeromonas 2,0 3,8 Acinetobacter + Enterobacter 1,0 1,9 Streptococcus + Pseudomonas 1,0 1,9 E. coli + Aeromonas 1,0 1,9 E. coli + Acinetobacter 1,0 1,9 Enterococcus faecalis + Citrobacter 1,0 1,9 E. coli + Staphylococcus 1,0 1,9 Staphylococcus + Staphylococcus 1,0 1,9 Les espèces les plus souvent impliquées dans des associations bactériennes sont Enterococcus faecalis (30,2% des espèces rencontrées) et Escherichia coli (22,6% des espèces rencontrées) (tableau 24). 134 Tableau 24 : Espèces bactériennes impliquées dans les ITU mixtes. Pourcentage Espèces rencontrée Nombre de lors d'association cas des espèces rencontrées Enterococcus faecalis 32 30,2 Escherichia coli 24 22,6 Klebsiella 8 7,5 Staphylococcus 13 12,3 Ainsi parmi les ITU n’impliquant qu’une seule espèce bactérienne Escherichia coli est l’espèce majoritairement isolée (31,5% des infections à un seul germe). Enterococcus faecalis est isolée dans 19,6% de ces cas et Enterococcus sp. dans 28,3% des cas. 2.3.1.3 Etude quantitative La moyenne des logarithmes de CFU/mL est de 6,4 et la médiane est de 7 (figure 23). Figure 23 : Résultats du dénombrement des germes urinaires. Quantification bactérienne des urocultures 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 di sp on ib le 7 No n 6 5 4 3 2 1 Pourcentage 135 2.3.2 Antibiosensibilités 2.3.2.1 Etude des résistances selon les antibiotiques Dans un premier temps, nous étudierons les profils de sensibilité pour chaque antibiotique quelque soit l’espèce bactérienne impliquée. Il faut constater que l’amoxicilline associée à l’acide clavulanique, testé systématiquement, est l’antibiotique pour lequel il y a le plus de bactéries sensibles : 80,6%. Les bactéries sensibles à l’ampicilline, aux sulfamides associés au triméthroprime et à la gentamicine sont également nombreuses (respectivement 69, 66,9% et 62,3%). La pénicilline G, lorsqu’elle est compatible avec l’espèce isolée et donc testée, est un antibiotique pour lequel il y a 77,5% de sensibilité. En ce qui concerne la marbofloxacine les bactéries sensibles sont moins fréquentes (54%). Il existe plus de résistances que de sensibilités pour les autres antibiotiques testés (figures 24 et 25). Figure 24 : Profil de sensibilité des bactéries isolées aux antibiotiques testés en routine. Profil de sensibilité global A mp icillin e A mo xic illin e+a cide clavu Ce fa le xin la niq e ue Ery th r omy c ine Gen ta mycin e Kana myci ne Marb oflo x acine Peni cilline Sulfa mid e s Sulfa mid e s ... Trim ethop rime Str ep tomy c ine Tet ra c yclin e Polym y xine B Enro flox a cin e 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Antibiotique testé Sensible 136 Résistant Figure 25 : Quantité d’isolats testés pour chaque antibiotique recensé dans l’étude. Quantité d'isolats testés A mp ic i l li n e A mo x ic i l li n e. . C ef a le x i n e E ry th r omy c in e Ge n t a myc in e K a na m y c in e Mar b o f lo x a c i ne P e ni c i ll in e S u lf a m id e s S u lf a m id e s ... T ri m e th o p ri m e S tre p t omy c in e T e tra c y c l in e P o ly m yxi n e B E n ro fl o x a c in e 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Pourcentage d'isolats testés Antibiotiques testés Il convient d’apprécier l’évolution des résistances bactériennes pour chaque antibiotique en comparant le pourcentage de résistances selon les années (figure 26). Le triméthroprime, l’enrofloxacine et la polymyxine B sont testés dans trop peu de cas pour que la comparaison des profils de résistances en fonction du temps soit pertinente. 137 Figure 26 : Etude de l’évolution des résistances aux antibiotiques au cours du temps. Résistances aux antibiotiques selon l'année 90,0% 80,0% 70,0% 60,0% 50,0% 40,0% 30,0% 20,0% 10,0% 0,0% 2005 2006 2007 2008 Ampicilline Amoxicilline + acide clavulanique Cefalexine Erythromycine Gentamycine Kanamycine Marbofloxacine Penicilline Sulfamides Sulfamides + Trimethoprime Streptomycine Tetracycline Il n’y a pas d’évolution notable en ce qui concerne les résistances à l’ampicilline testée pour 99% des isolats (le test de comparaison des pourcentages montre que la différence entre 2005 et 2007 n’est pas significative pour un risque α=5% : ε=1,86). 69% des bactéries responsables d’ITU chez le chat reçu en consultation à l’ENVA sont sensibles à l’ampicilline. Il y a diminution du pourcentage de bactéries résistantes à l’association amoxicilline et acide clavulanique testée pour 100% des isolats entre 2005 et 2007 (le test de comparaison des pourcentages donne ε=2,56, soit une différence significative pour un risque α=5%). Globalement, 81% des bactéries responsables d’ITU chez le chat reçu en consultation à l’ENVA sont sensibles à l’amoxicilline associée à l’acide clavulanique. Il n’y a pas d’évolution notable en ce qui concerne les résistances à la céfalexine testée pour 100% des isolats (ε=1,1 entre 2005 et 2006). La moitié des bactéries responsables d’ITU chez le chat reçu en consultation à l’ENVA sont résistantes à la céfalexine. 138 Il n’y a pas d’évolution notable en ce qui concerne les résistances à l’érythromycine (testée pour 92% des isolats). 82% des bactéries responsables d’ITU chez le chat reçu en consultation à l’ENVA sont résistantes à l’érythromycine. Il n’y a pas de variation du nombre de bactéries résistantes à la gentamicine testée pour 99% des isolats (le test de comparaison des pourcentages donne ε=1,45 entre 2005 et 2007, la différence n’est donc pas significative pour un risque α=5%). 62% des bactéries responsables d’ITU chez le chat reçu en consultation à l’ENVA sont sensibles à la gentamicine. Il n’y a pas d’évolution notable des résistances à la kanamycine, il y a trop peu de cas en 2008 pour pouvoir comparer l’écart-réduit. 57% des 296 isolats testés sont résistants à la kanamycine. Il n’y a de diminution du nombre de bactéries résistantes à la marbofloxacine, la différence n’est pas significative entre 2005 et 2007 (ε=1,90). La marbofloxacine est testée pour 99% des isolats. Plus de la moitié des bactéries isolées dans l’étude sont sensibles à la marbofloxacine. La pénicilline G n’est testée que pour les bactéries Gram +. Il y a diminution significative du taux de résistance à la pénicilline entre 2005 et 2007 (ε=2,05.) En 2008 il y a apparition d’un pic de résistance avec un taux supérieur à celui de 2005 mais il y a deux fois moins de tests réalisés d’où la difficulté d’interprétation des ces données. En moyenne, plus de deux tiers des isolats sont sensibles à la pénicilline. Il y a diminution significative du nombre de bactéries résistantes aux sulfamides au cours des années (ε=2,86 entre 2005 et 2007). Il n’y a pas de différence significative entre les différents pourcentages de bactéries résistantes à l’association sulfamides-triméthroprime suivant les années (ε=1,79 entre 2005 et 2007). Le taux de résistance moyen pour les sulfamides, le triméthroprime et l’association des deux est respectivement de 64%, 60% et 33%. 139 La streptomycine n’est testée que pour les bactéries Gram -. Le pourcentage de bactéries résistantes à la streptomycine est stable au cours du temps (60%). La streptomycine est testée dans la moitié des cas (Gram-). Le pourcentage de bactéries résistantes à la tétracycline est stable au cours du temps (60%). La tétracycline est testée presque systématiquement. 2.3.2.2 Etude des résistances selon les espèces bactériennes Pour les espèces bactériennes les plus fréquemment rencontrées, il faut étudier les résistances particulières de ces espèces. 2.3.2.2.1 Résistances d’Enterococcus spp. Enterococcus est un cocci Gram + et les antibiotiques testés sont donc ceux possédant un spectre d’activité visant les Gram + (figure 27). 140 Figure 27 : Evolution des résistances aux antibiotiques chez Enterococcus sp. en fonction du temps. Evolution des pourcentage de résistances d'Enterococcus aux antibiotiques 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 2005 2006 2007 2008 non achevée Ampicilline Amoxicilline + acide clavulanique Cefalexine Gentamycine Marbofloxacine Erythromycine Kanamycine Penicilline Sulfamides Tetracycline Sulfamides + Trimethoprime La résistance d’Enterococcus sp. à l’ampicilline est stable au cours du temps (ε=0,6 entre 2006 et 2007). Le taux global d’Enterococcus sp. résistants à l’ampicilline est de 17%. Le profil de sensibilité d’Enterococcus sp. à l’amoxicilline associée à l’acide clavulanique révèle une stabilité du taux de résistance au fil des années (ε=0,92 entre 2005 et 2006). En synthèse, 12% des Entérocoques sont résistants à l’amoxicilline-acide clavulanique. Tous les Enterococcus sp. sont résistants à la céfalexine (il s’agit d’une resistance intrinsèque). Il n’y a pas d’augmentation significative du pourcentage d’Enterococcus sp. résistant à l’érythromycine de 2005 à 2007 (ε=1,45 entre 2005 et 2007). Le taux moyen et de 91,4% d’Enterococcus sp. résistant à l’érythromycine. 141 Il n’y a pas de variation évidente au fil du temps du taux de résistants à la gentamicine parmi les entérocoques (ε=0,88 entre 2005 et 2007). Néanmoins les enteroques sont globalement moins sensibles (17,1%) à la gentamicine que d’autres espèces bactériennes. De même Enterococcus sp. est fortement résistant à la kanamycine sans que celle-ci évolue (ε=1,4 entre 2005 et 2007). Enterococcus sp. est fortement résistant à la marbofloxacine (82,9% contre 45% pour la population générale). Cette résistance est stable au cours du temps (ε=1,15 entre 2005 et 2007). Enterococcus sp. est sensible à la pénicilline (10% de souches résistantes), il n’y a pas de résistance émergente observée (ε=0,39). Enterococcus sp. est résistant aux sulfamides (98,6%). L’espèce est sensible aux sulfamidestriméthroprime pour la moitié de ses souches et cette sensibilité est stable sur les 4 années de l’étude (ε=0,68). Enterococcus sp est peu sensible à la tétracycline de façon similaire au fil du temps (ε=0,11). 2.3.2.2.2 Résistance d’Escherichia coli Il n’y a pas d’évolution significative du taux de résistance d’Escherichia coli à l’ampicilline, à l’amoxicilline associé à l’acide clavulanique, à la céfalexine, à la marbofloxacine, aux sulfamides associés ou non au triméthroprime et à la streptomycine (figure 28). Escherichia coli est résistante à l’érythromycine de façon permanente. On observe une tendance à l’augmentation du taux de résistances à la gentamicine (ε=1,78) qui passe de 0 à 13% en trois ans. De même les résistances d’Escherichia coli tendent à l’accroissement en ce qui concerne la kanamycine (ε=1,78). Il y a diminution du pourcentage de souches résistantes aux tétracyclines entre 2005 et 2007 (ε=2,41). 142 Figure 28 : Evolution des résistances aux antibiotiques chez Escherichia coli en fonction du temps. Evolution des pourcentages de résistances d'Escherichia coli aux antibiotiques 100% 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 2005 Ampicilline Amoxicilline + acide clavulanique Cefalexine Erythromycine Gentamycine Kanamycine Marbofloxacine Penicilline Sulfamides Sulfamides + Trimethoprime Streptomycine Tetracycline 2.3.2.2.3 Résistance de Staphylococcus spp. Les effectifs sont trop faibles (12 à 15 souches isolées par an) pour exprimer avec un risque α une évolution réelle, on appréciera donc des tendances. Il n’y a pas de tendance évolutive marquante du pourcentage de souches résistantes de Staphylococcus à l’ensemble des antibiotiques testés (figure 29). 143 Figure 29 : Evolution des résistances aux antibiotiques chez Staphylococcus en fonction du temps. Evolution des pourcentages de résistances de Staphylococcus aux antibiotiques 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 2005 2006 2007 2008 non achevée Ampicilline Cefalexine Amoxicilline + acide clavulanique Erythromycine Gentamycine Marbofloxacine Kanamycine Penicilline Sulfamides POL Sulfamides + Trimethoprime Tetracycline 2.3.2.2.4 Résistance de Streptococcus sp. Les effectifs sont trop faibles (15 souches isolées en 4 ans) pour exprimer avec un risque α une évolution ou même des tendances. Il n’existe pas de résistance à l’ampicilline, l’amoxicilline-acide clavulanique, la céfalexine, la pénicilline parmi les quelques souches de Streptococcus isolées à l’ENVA (figure 30). 144 Figure 30 : Résistances aux antibiotiques chez Streptococcus. Profil de sensibilité de Streptococcus S ul fa P m en id ic es ill in + e Tr im et ho ... Tr im et ho pr im e Te tra cy cl in e C ef al ex in E e ry th ro m yc in e G en ta m yc in e K an am yc in M e ar bo flo xa ci ne A m ox A m ic ill pi in ci e lli ne + ac id e cl a. .. 100,0% 90,0% 80,0% 70,0% 60,0% 50,0% 40,0% 30,0% 20,0% 10,0% 0,0% Resistant Sensible 2.3.2.3 Etude des profils d’antibiosensibilité 2.3.2.3.1 Etude générale On définit dans cette étude une souche « MultiDrug-Resistant », ou MDR, comme une souche pour laquelle 3 résistances au moins aux agents antibiotiques couramment utilisés en médecine vétérinaire. Plus de la moitié des souches isolées sur les quatre années de l’étude sont classées MDR (figure 31). On observe une baisse significative du pourcentage de souches résistantes aux 7 agents depuis 2005 (ε=2,40 entre 2005 et 2006 ; ε=1,75 entre 2005 et 2007 ; ε=2,28 entre 2005 et 2008). Ainsi le pourcentage de souches MDR est en baisse également : il passe de 62 à 44% en 4 ans (ε=2,07 entre 2005 et 2008). De même le taux de souches sensibles à tous les antibiotiques sélectionnés est en hausse significativement entre 2005 et 2008 (ε=2,35). 145 Figure 31 : Sensibilité des souches isolées aux 7 antibiotiques utilisés couramment au fil du temps. Profils de sensibilité des isolats 100% 3,0% 6,5% 47,8% 42,4% 2,1% 14,4% 7,4% 90% 80% 41,7% 45,1% 70% 47,8% 60% 50% 9,0% 40% 8,9% 30% 20% 10% 7,6% 10,4% 8,8% 14,1% 14,6% 17,9% 15,2% 14,4% 22,4% 29,3% 31,3% 23,6% 14,4% 0% 2005 2006 2007 2008 Total Sensible à tous les antibiotiques testés Résistant à 1 antibiotique testé Résistant à 2 antibiotiques testés Résistant à tous les antibiotiques testés Résistant à 3 ou plus antibiotiques testés La fréquence d’isolement des espèces est variable selon les années et conditionne l’évolution générale du profil de sensibilité (figure 32). Notamment il y a moins de souches de l’espèce Enterococcus et plus de souches de l’espèce Staphylococcus en 2008 qu’en 2005 (ε=2,12 et ε=2,35 respectivement). La quantité relative d’isolement d’Escherichia coli est stable au cours du temps (ε=1,12). 146 Figure 32 : Pourcentages des isolats pour les espèces principalement rencontrées en fonction du temps. Evolution du pourcentage de souches isolées pour les espéces majoritaires 90% 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 3,3% 14,4% 24,4% 31,1% 2005 Enterococcus 4,3% 16,3% 7,5% 6,3% 31,3% 17,9% 32,6% 20,9% 33,3% 26,9% 32,6% 2006 2007 Escherichia coli 14,6% Staphylococcus 2008 Streptococcus 2.3.2.3.2 Profil d’Enterococcus spp. L’année 2008 compte trop peu d’isolats pour que le profil de sensibilité d’Enterococcus soit interprétable. Le taux de souches MDR est stable sur 3 ans, le taux moyen est de 90% (figure 33). Les souches résistantes aux 7 agents représentent 6,7% des souches MDR. Enterococcus est systématiquement résistant à deux antibiotiques ou plus. 147 Figure 33 : Profils de sensibilité des différentes souches d’Enterococcus au cours du temps. Profils de sensibilité d'Enterococcus 100% 7,1% 5,6% 6,7% 0,0% 6,0% 90% 80% 70% 60% 50% 85,7% 77,8% 85,7% 84,3% 86,7% 40% 30% 20% 10% 0% 16,7% 7,1% 0,0% 2005 0,0% 2006 6,7% 0,0% 2007 14,3% 9,6% 0,0% 0,0% 2008 Total Sensible à tous les antibiotiques testés Résistant à 1 antibiotique testé Résistant à 2 antibiotiques testés Résistant à 3 ou plus antibiotiques testés Résistant à tous les antibiotiques testés 2.3.2.3.3 Profil d’Escherichia coli Les souches MDR d’Escherichia coli sont rares (10% en moyenne) et il n’y pas d’évolution notable au cours du temps de la fréquence d’isolement de ces souches (figure 34). Mais les souches résistantes aux 7 antibiotiques représentent près du quart des souches MDR. Cependant il y a augmentation significative du pourcentage de souches sensibles aux 7 agents choisis de 2005 à 2007 (ε=2,24). 148 Figure 34 : Profils de sensibilité des différentes souches d’Escherichia coli au cours du temps. Profils de sensibilité d'Escherichia coli 100% 0,0% 13,6% 0,0% 0,0% 7,1% 6,7% 3,3% 90% 9,1% 80% 6,7% 35,7% 2,4% 12,5% 8,5% 6,3% 6,1% 31,3% 31,7% 50,0% 51,2% 20,0% 70% 60% 0,0% 45,5% 50% 40% 57,1% 30% 20% 63,3% 31,8% 10% 0% 2005 2006 Sensible à tous les antibiotiques testés Résistant à 2 antibiotiques testés 2007 2008 Total Résistant à 1 antibiotique testé Résistant à 3 ou plus antibiotiques testés Résistant à tous les antibiotiques testés 2.3.2.3.4 Profil de Staphylococcus sp. Les effectifs d’isolats de staphylocoques sont ici encore trop faibles pour estimer l’évolution avec un risque acceptable. Il semble que sur les 4 années de l’étude la fréquence relative d’isolement de souches MDR de Staphylococcus soit stable, on estime la moyenne à 46,4% (figure 35). Parmi ces souches, aucune n’est résistante aux 7 agents. 149 Figure 35 : Profils de sensibilité des différentes souches de Staphylococcus au cours du temps. Profils de sensibilité de Staphylococcus 100% 0,0% 0,0% 90% 0,0% 53,8% 70% 58,3% 60% 45,5% 6,7% 7,3% 6,7% 9,1% 40,0% 38,2% 20,0% 15,4% 0,0% 8,3% 0,0% 46,7% 20% 46,7% 6,7% 50% 30% 0,0% 26,7% 80% 40% 0,0% 30,8% 33,3% 10% 0% 2005 2006 Sensible à tous les antibiotiques testés Résistant à 2 antibiotiques testés 2007 2008 Total Résistant à 1 antibiotique testé Résistant à 3 ou plus antibiotiques testés Résistant à tous les antibiotiques testés 2.3.2.3.5 Profil de Streptococcus sp. Il y a trop peu d’isolats (15 souches) pour pouvoir étudier la variation au cours du temps. Le quart des souches de Streptococcus est classé MDR, pourtant aucune n’est résistante aux 7 agents sélectionnés (figure 36). Il y a peu de souches sensibles à tous les agents et la corésistance à deux agents est très fréquente. 150 Figure 36 : Profils de sensibilité des différentes souches de Streptococcus isolées. Profils de sensibilité de Streptococcus 0,0% 100% 26,7% 90% 80% 70% 40,0% 60% 50% 40% 26,7% 30% 20% 6,7% 10% 0% Total Sensible à tous les antibiotiques testés Résistant à 2 antibiotiques testés Résistant à 1 antibiotique testé Résistant à 3 ou plus antibiotiques testés Résistant à tous les antibiotiques testés 2.3.3 Etude des facteurs d’influence 2.3.3.1 Facteurs d’influence et antibiosensibilité Les facteurs prédisposant l’infection urinaire chez le chat ont-ils un rôle dans la fréquence des résistances (figure 37)? Les ABAUF obstructives qui nécessitent un sondage urinaire n’impliquent pas davantage les souches MDR (OR=[0,78 ; 2,09]). L’uréthrostomie par contre est associée à une augmentation de l’isolement de souche MDR (OR=[1,62 ; 6,04]). L’insuffisance rénale chronique est liée à une fréquence moindre d’isolement de souches MDR (OR=[0,13 ; 0,89]). 151 Figure 37 : Influence de la cause de l’ITU sur l’antibiosensibilité. Influence du facteur de prédisposition sur l'antibiosensibilité 70,0% 60,0% 50,0% 40,0% 30,0% 20,0% 10,0% 0,0% ABAUF obstructive Souches MDR Uretrostomie ABAUF obstructive et uretrostomie Toutes souches confondues IRC Souches non MDR Un traitement préalable aux corticoïdes n’est pas un facteur favorisant l’isolement de souches MDR (OR=[0,71 ; 2,89]). Par contre, un antécédent de traitement antibiotique et l’identification de souches MDR sont significativement et positivement associés (OR=[1,52 ; 6,62]). Les chats âgés de plus de 10 ans n’ont pas plus d’infection urinaire à germes MDR que les plus jeunes (OR=[0,26 ; 0,96]). Les germes MDR ne sont pas plus représentés parmi les chats racés présentant une ITU (OR=[0,45 ; 1,76]). Moins de bactéries MDR sont isolées chez les femelles (OR=[0,15 ; 0,67]). Il n’y a pas significativement plus de germes MDR isolés chez les mâles castrés (OR=[0,77 ; 2,18]). 2.4 Etude des cas d’infection du tractus urinaire simple Les cas d’ITU simples dans notre étude correspondent aux cas pour lesquels aucun facteur favorisant n’a pu être mis en évidence à la lecture du dossier clinique de l’animal. Ainsi nous avons définis les ITU simples comme n’étant pas des ITU compliquées. 152 2.4.1 Prévalence 8,3% des chats appartenant à l’étude ont une ITU sans facteur prédisposant (20 chats sur 240) (figure 38). Figure 38 : Origine de l’ITU. Origine de l'ITU 4% 8% ITU persistante, récidivante ITU simple ITU compliquée 88% 2.4.2 Age des individus atteints d’ITU simple La moyenne d’âge des chats atteints d’ITU simple est de 5,5 ans et la médiane est de 4 ans. Ces chiffres sont les mêmes que ceux de la population générale atteinte d’ITU. On constate que les chats âgés de 10 ans ou plus ne représentent que 25% de la population atteinte d’ITU simple (étant donné qu’il n’y a que 20 cas, la comparaison statistique n’est pas intéressante). 153 2.4.3 Sexe des individus atteints d’ITU simple Les mâles sont majoritairement rencontrés : 60% des individus atteints d’ITU simple sont des mâles. Il y a pourtant plus de femelle atteinte d’ITU simple (40%) par rapport au nombre global de femelle atteinte d’ITU (13%). 2.4.4 Race des individus atteints d’ITU primaire On rencontre majoritairement des chats européens dans la population atteinte d’ITU primaire : 85 %. Les chats de races ne sont représentés que par 3 chats. 154 3 Discussion 3.1 Etude épidémiologique des ITU chez le chat 3.1.1 Prévalence des ITU Dans notre étude, les urocultures recensées peuvent toutes être considérées comme significativement positives, le taux de prévalence des ITU est donc de 37% parmi les urocultures réalisées à l’ENVA. Selon les études, la prévalence n’est pas définie de la même manière, ce qui constitue une barrière à la comparabilité des différentes données recueillies. Parmi les cas d’ABAUF, 8% à 22 % ont présenté une bactériurie significative (PASSMORE et al., 2008; EGGERTSDOTTIR et al., 2007; GERBER et al., 2005). La plus grande étude épidémiologique réalisée montre que 12% des ABAUF sont des infections, essentiellement bactériennes (80% des ITU de causes spécifiées) (LEKCHAROENSUK et al., 2001). La prévalence des ITU parmi les urocultures réalisées chez le chat est de 25%, d’après une étude de 1992 (DAVIDSON et al., 1992). Les chiffres cités appartiennent à des études réalisées en université, tout comme la notre, ils ne représentent donc pas la réalité en clientèle étant donné le nombre élevé de cas référés et les examens sont souvent réalisés après un traitement de première intention instauré par le vétérinaire traitant. Ainsi dans notre étude, le taux de prévalence est, par comparaison aux données recueillies dans la littérature, beaucoup plus élevé. 155 Parmi les chats de notre étude présentant des cystites et/ou des urolithiases, et n’ayant pas subit de sondage urinaire, n’ayant aucune autre atteinte et n’ayant aucun traitement en cours, 8,3% présentent une ITU que nous avons alors qualifiée de simple. Dans la littérature, les ITU simples sont représentées à 0 à 5% des chats ayant une ITU (SCHECHTER, 1970; LEES, 1996). Ici encore la prévalence de notre étude est plus élevée. Il n’en reste néanmoins pas moins vrai que l’infection du tractus urinaire est rarement une cause d’ABAUF. Il faut dans plus de 90% des cas un facteur de prédisposition compromettant les défenses de l’appareil urinaire pour que des bactéries le colonisent et s’y multiplient. On peut considérer que cette plus haute prévalence n’est qu’apparente et incriminer le biais évident d’une mesure de prévalence sur un examen complémentaire réalisé dans le but de diagnostiquer une ITU, soit un examen réalisé avec une plus haute valeur prédictive positive. Ce biais est présent dans l’inclusion des cas dans l’étude puisqu’en structure d’enseignement (ayant un intérêt en urologie) l’uroculture est réalisée de façon quasi-systématique dès la présence de signes d’ABAUF ou de facteurs prédisposants conduisant à une meilleure détection des cas d’ITU (LEKCHAROENSUK et al., 2001). Par conséquent notre taux de prévalence se rapproche d’un taux de prévalence dans une population à risque. En effet, une étude portant sur les ABAUF montre qu’en région parisienne les vétérinaires praticiens réalisent peu d’uroculture et se contentent pour 95% d’entre eux de prescrire de façon préventive ou curative une antibiothérapie « à l’aveugle » (TERSIGNI, 2002). C’est pourquoi il est difficile d’évaluer un taux de prévalence dans une population représentative. A l’inverse de cette hypothèse, on peut se demander si les études ultérieures réalisées ne sont pas elles biaisées de par le fait qu’elles sont effectuées dans des structures hospitalières recevant une majorité de cas référés ayant déjà reçu un traitement qui peut masquer l’infection et donc abaisser le taux de prévalence (LEES, 1984). L’ENVA reçoit probablement davantage de cas en première consultation du fait de sa situation géographique. Cette explication a été également proposée dans d’autres études pour expliquer cette grande différence de taux de prévalence (EGGERTSDOTTIR et al., 2007). 156 Enfin un sous-diagnostic des ITU est possible dans les études citées. En effet dans l’étude d’Eggertsdottir les chats ayant une bactériurie inférieure à 104 CFU/mL ne sont pas considérés comme positifs (les trois méthodes de prélèvements sont utilisées), en prenant en compte ceux ayant plus de 102 CFU/mL on observe un taux de prévalence proche du notre : 33% (EGGERTSDOTTIR et al., 2007). Mais il faut également se demander si cette augmentation de la prévalence des ITU n’est pas réelle. Elle pourrait être corrélée à une augmentation de l’espérance de vie chez le chat et donc de la prévalence des maladies systémiques précitées (diabète sucré, hyperthyroïdie…) n’entre pas en compte. Pourtant le vieillissement de la population ne peut être incriminé puisque l’âge médian des chats atteints est de 4 ans et il y a peu de chats âgés de plus de 10 ans. L’hypothèse d’un changement de mode de vie aurait pu être explorée et surtout la sédentarité imposée par la vie citadine. Cependant dans notre étude la proportion de chats ayant une ABAUF obstructive est nettement supérieure : deux tiers des cas contre un tiers dans celle d’Eggertsdottir (EGGERTSDOTTIR et al., 2007). Ainsi il faut envisager le fait qu’un plus grand nombre de cas d’ABAUF obstructive induit un plus grand nombre de cas d’ITU. Ainsi au moins 2/3 des chats de notre étude ont eu l’opportunité d’acquérir une ITU secondaire à leur autre affection urinaire. Et rien n’est plus dévastateur pour le tractus urinaire et ses défenses qu’une obstruction urétrale et que le sondage urinaire qui la lève (LEES, 1984). On ne peut pas conclure sur la réalité de l’augmentation de prévalence des ITU, mais la grande proportion par rapport aux autres études de chats ayant présenté une obstruction urétrale semble être une raison suffisante au haut taux d’urocultures positives observé. Le taux de prévalence reste stable sur les 4 années comprises de l’étude, on n’assiste pas à une augmentation de l’incidence des ITU au fil du temps. Cependant au cours de l’année 2007 on a pu mettre en évidence une augmentation du nombre d’urocultures réalisées. 157 Ainsi on peut en déduire que les critères de réalisation d’une uroculture à l’ENVA sont bien choisis et que la détection des ITU est bonne. Il n’y a pas de facteur de saisonnalité identifié dans cette étude : la répartition des cas sur l’année se superpose à la répartition des consultations de médecine. Cette analyse confirme l’opinion générale, en effet on trouve dans la littérature des données montrant un taux de prévalence plus élevé en été ou en hiver ou une absence de variation saisonnière. Il n’y a également pas de consensus concernant l’influence des saisons sur les ABAUF (WILLEBERG, 1984; TERSIGNI, 2002; DUCHAUSSOY, 2008). L’influence des saisons pourrait venir de modifications de l’activité de l’animal selon le climat et notamment une modification de la prise de boisson (JONES et al., 1997; DUCHAUSSOY, 2008). Dans notre étude les chats sont domiciliés en région parisienne et sont donc essentiellement des chats d’intérieur, c’est pourquoi l’influence des saisons peut ne pas se faire ressentir sur cette patientèle. 3.1.2 Age des individus atteints d’ITU Dans notre étude, les chats atteints sont de jeunes adultes (moyenne de 5,5 ans et médiane de 4 ans), avec un profil d’âge proche de ceux appartenant à la population contrôle. La population atteinte âgée de plus de 10 ans est petite et il semble même que ces chats soient moins atteints. Or dans la littérature on constate que dans 50% des cas les ITU apparaissent chez des chats de plus de 10 ans (PASSMORE et al., 2008; BAILIFF et al., 2008; GIEG et al., 2006; GERBER et al., 2005; BARTGES, 1997). On observe globalement que la moyenne d’âge précisée dans la littérature est plus haute que la notre (plus de 8 ans) (BAILIFF et al., 2008; LEES, 1996; GERBER et al., 2005; LITSTER et al., 2009). 158 Cependant quelques études montrent que l’âge n’a pas d’influence significative sur la prévalence des ABAUF (JONES et al., 1997) ou même des ITU (EGGERTSDOTTIR et al., 2007). Une étude portant sur le chien démontre que le vieillissement ne constitue pas un facteur de risque (SEGUIN et al., 2003). Ainsi notre étude s’ajoute à ces trois autres, par extrapolation ou par analogie, pour montrer que le vieillissement n’est pas un facteur prédisposant le chat aux ITU et que l’âge n’a pas d’influence significative sur les ITU. Les infections du tractus urinaires ne sont donc qu’un type particulier d’ABAUF concernant la répartition des âges : on trouve un pic entre 2 et 6 ans (LEES, 1996; WILLEBERG, 1984; DUCHAUSSOY, 2008; WILLEBERG & PRIESTER, 1976; PROREL, 2006). En particulier on retrouve le même profil de répartition des âges que celui observé dans le travail d’AnneClaire Duchaussoy en 2008 sur les chats atteints d’obstruction urétrale à l’ENVA (tableau 25) avec néanmoins une moyenne d’âge d’un an plus basse que la notre (4,5 ans) du fait d’un pourcentage de chats de plus de 10 ans plus faible (DUCHAUSSOY, 2008) . Tableau 25 : Répartition des âges des chats atteints d’obstruction urétrale à l’ENVA (DUCHAUSSOY, 2008). Age <2 Entre ]2 et 4] Entre ]4 et 8] Entre ]8 et 12] >12 Total Nombre de cas 14 39 44 12 3 112 Pourcentage 12,50% 34,80% 39,30% 10,70% 2,60% De même, d’autres études rétrospectives portant sur les maladies obstructives du bas appareil urinaire proposent une moyenne d’âge des animaux atteints allant de 4 à 5 ans (TERSIGNI, 2002; PROREL, 2006). En conclusion, la répartition des âges de notre population peut être le reflet du grand nombre de cas d’obstruction urétrale rencontré, mais comprenant également une population de chats âgés plus grande vraisemblablement constituée de chats non atteints d’ABAUF obstructive. 159 3.1.3 Le sexe des individus atteints d’ITU Les mâles ont 5,5 fois plus de risque d’être atteints d’ITU dans notre étude (87% des chats atteints d’ITU sont des mâles). Il est communément admis que, chez l’homme et chez le chien, les femelles sont plus sensibles que les mâles aux ITU. Chez le chat, selon certaines études, les femelles sont plus sensibles aux ITU (MACINTIRE et al., 2008; BAILIFF et al., 2008; BAILIFF et al., 2006; LITSTER et al., 2009). Selon d’autres études, la différence d’atteinte entre sexe n’est pas significative (PASSMORE et al., 2008; DAVIDSON et al., 1992; LEES, 1996; WILLEBERG, 1984). Enfin selon encore d’autres études les chats mâles sont les plus représentés (80% des chats atteints d’ITU sont des mâles dans l’étude d’Eggertsdottir) (EGGERTSDOTTIR et al., 2007; DAVIDSON et al., 1992; JONES et al., 1997; TERSIGNI, 2002; WILLEBERG & PRIESTER, 1976). Dans ces dernières études comme dans la notre, les chats mâles avec obstruction urétrale partielle ou complète sont particulièrement représentés et c’est l’épidémiologie d’une ABAUF obstructive que nous observons plutôt que celle d’une ITU (EGGERTSDOTTIR et al., 2007; LEKCHAROENSUK et al., 2001; LEES, 1996; WILLEBERG, 1984; TERSIGNI, 2002; DUCHAUSSOY, 2008; PROREL, 2006) : les chats mâles castrés ou non sont prédisposés aux obstructions urétrales. Parmi nos cas d’ITU simple on observe relativement plus de femelles. Le nombre de cas recensés est trop faible pour exploiter convenablement cette donnée, mais va dans le sens d’une épidémiologie peu représentative de l’ITU seule dans notre étude du fait d’un trop grand nombre de cas d’ABAUF obstructive. L’explication proposée par Eggertsdottir est que les femelles montrent peu les symptômes d’ITU et ce d’autant moins qu’elles sortent et que par conséquent les propriétaires ne consultent pas (EGGERTSDOTTIR et al., 2007). Ainsi l’ITU chez la femelle serait peu symptomatique. Chez le mâle, le motif de consultation est très fréquemment l’obstruction des voies urinaires qui est une ABAU symptomatique, d’où le plus haut taux de prévalence chez eux. 160 La stérilisation aussi bien chez le mâle que chez la femelle n’est pas un facteur prédisposant dans notre étude. L’influence de la stérilisation est controversée selon les études portant sur les ABAUF. L’étude de Lekcharoensuk étaye l’hypothèse selon laquelle la stérilisation quelque soit le sexe est un facteur de risque d’ABAUF et d’ITU (LEKCHAROENSUK et al., 2001). D’autres auteurs pensent qu’elle n’est pas un facteur de risque (DAVIDSON et al., 1992). Une étude récente a même démontré que la castration même précoce n’entraînait pas de modification de la morphologie urétrale (HOWE et al., 2000). Or la castration avait longtemps été incriminée comme un facteur prédisposant à l’obstruction urétrale et donc aux ITU compliquées en diminuant la lumière urétrale. Selon Willeberg si la stérilisation doit constituer un facteur de risque, cela vient d’une variation de l’environnement métabolique (WILLEBERG, 1984; WILLEBERG & PRIESTER, 1976). On trouve également des divergences dans la littérature concernant l’implication du surpoids dans les ABAUF et les ITU. Dans l’étude de Lekcharoensuk le surpoids est considéré comme un facteur de risque d’ABAUF, on peut émettre l’hypothèse que l’influence de la stérilisation passe par son rôle dans la prise de poids. En effet la stérilisation en favorisant l’obésité pourrait indirectement interférer avec l’apparition des ABAU obstructives tout particulièrement en augmentant le risque lithogène et donc entrainer l’apparition d’ITU suite au sondage nécessaire à la levée de cette obstruction (DUCHAUSSOY, 2008). Pour conclure, les chats mâles de par leur prédisposition aux obstructions urétrales sont plus sensibles aux infections du tractus urinaire que les femelles et la castration n’est pas un facteur prédisposant ce type d’affection. 3.1.4 Race des individus atteints d’ITU Nous n’avons pas mis en évidence de race prédisposée aux ITU dans notre étude. Aucun lien n’a pu être mis en évidence avec la longueur des poils. Les chats de race à poils longs ne sont pas prédisposés aux ABAUF selon Jones (JONES et al., 1997) et d’autant moins aux ITU d’après notre étude, pourtant une prédisposition des persans est signalée par Bailiff et al. (BAILIFF et al., 2008). Une prédisposition des chats siamois ou abyssins est remarquée par certains auteurs (DAVIDSON et al., 1992). 161 Par ailleurs la thèse d’Anne-Claire Duchaussoy réalisée à l’ENVA montre que 87% des chats présentés pour obstruction urétrale sont des chats de race européenne (DUCHAUSSOY, 2008). Il est donc possible que notre étude épidémiologique soit ici encore très fortement influencée par la prédominance des cas d’obstruction urétrale. Il est envisageable que les propriétaires de chats de race surveillent davantage leurs chats, d’où une faible représentation de ces chats en consultation de médecine et parmi nos cas d’ITU. Au bilan, la population de chats atteints d’ITU est constituée essentiellement de mâles matures de race européenne. Les caractéristiques de cette population sont proches de celles de la population de chats atteints d’ABAUF obstructive. En effet notre étude compte une forte majorité de chats présentant une ITU compliquée suite à une obstruction urétrale. Il a été montré que les centres de référés, tels que l’ENVA, reçoivent davantage de cas d’obstruction urétrale que les structures privées, ainsi ce plus grand nombre de cas pourrait expliquer la haute prévalence des cas d’ITU dans notre étude (WILLEBERG, 1984). Il est à noter que cette hypothèse a été vérifiée il y a plus de 20 ans mais elle reste très probable de nos jours (WILLEBERG, 1984). 3.2 Etude clinique 3.2.1 Signes cliniques urinaires rapportés 3.2.1.1 Signes en faveur d’une infection du bas appareil urinaire 55% des chats ont des symptômes caractéristiques d’affections du bas appareil urinaire félin (ABAUF) : hématurie, strangurie, dysurie, pollakiurie, périurie ou malpropreté. Dans l’étude de Gerber, 50% des chats atteints d’ITU (6 cas) présentaient des signes d’affection du bas appareil urinaire (GERBER et al., 2005). 162 Dans l’étude de Litster portant sur les ITU asymptomatiques, ces dernières représentent un peu plus du quart des urocultures réalisées sans signe clinique associé (LITSTER et al., 2009). Ces études viennent supporter la théorie selon laquelle les ITU ne sont pas souvent symptomatiques. En effet parmi nos cas d’urocultures positives, 43% ne présentent pas de symptôme d’ITU et 15% ne présentent aucun symptôme. Or une étude épidémiologique portant sur les ABAUF montre que des signes cliniques caractéristiques d’ABAUF sont présents dans 100% des cas et cette étude recense un nombre minime de cas d’ITU (TERSIGNI, 2002). Le grand nombre de cas asymptomatiques constitue donc une particularité de l’ITU par rapport aux autres ABAUF. La faible expression des symptômes s’explique par une inflammation de faible amplitude. L’infection du tractus urinaire déclenche donc une réaction inflammatoire de faible intensité. Néanmoins un traitement antibiotique ou anti-inflammatoire est fréquemment instauré en première intention lors d’ABAUF en clientèle privée, ce qui pourrait expliquer l’absence de symptôme observée dans notre étude en s’appuyant sur l’hypothèse que l’ENVA compte beaucoup de cas référés. De plus, notre étude étant rétrospective, on ne peut pas exclure que le petit nombre de signes cliniques rapportés soit dû à des lacunes dans la base de données informatisées. Au bilan, les infections du tractus urinaire entraine probablement moins d’inflammation du bas appareil urinaire que les autres affections de ce tractus. 3.2.1.2 Signes en faveur d’une infection du haut appareil urinaire Moins de 2% des cas présentent des symptômes qui peuvent survenir lors de pyélonéphrite : polyurie et oligurie, mais peuvent également résulter d’une affection systémique différente. 163 3.2.2 Signes observés par imagerie médicale 3.2.2.1 Signes en faveur d’une infection du bas appareil urinaire Dans notre étude les signes d’inflammation vésicale sont visibles dans 38,7% des cas. Ce chiffre correspond aux données présentent dans la littérature sur les ITU et les ABAUF (BARTGES, 2004; DUCHAUSSOY, 2008) : on ne trouve pas de modification spécifique de l’ITU en imagerie médicale mais uniquement des signes d’inflammation vésicale. Aucune anomalie n’est visible à l’échographie dans 20,8% des cas. Il semble donc ici encore que l’infection ne déclenche que peu d’inflammation du tractus urinaire. 43,2% des chats atteints d’ITU montre une sablose vésicale, associée dans la moitié des cas à une cystite. Or la sablose est fréquente chez les chats atteints de maladie obstructive du bas appareil urinaire (33%) (DUCHAUSSOY, 2008), ainsi la sablose est plus probablement une image evocatrice de la maladie primaire plutôt que le signe d’appel de l’ITU. 3.2.2.2 Signes en faveur d’une infection du haut appareil urinaire Les signes en faveur de pyélonéphrite sont la pyélectasie et une modification du parenchyme rénal de type inflammatoire, ces signes sont présents chez moins de 2% des individus présentant une ITU. Les images de pyélectasie sont fréquentes lors de maladie obstructive de l’appareil urinaire puisque la prise en charge thérapeutique impose la mise sous perfusion à débit élevé provoquant ainsi une dilatation des bassinets (DUCHAUSSOY, 2008; PROREL, 2006). A l’ENVA elles ne sont rapportées dans les conclusions échographiques que lorsque la dilation ne peut pas être expliquée par la fluidothérapie intensive mise en place lors du traitement du syndrome obstructif. Les infections du haut appareil urinaire sont très rares, d’où cette absence d’image en faveur ; de plus les images ne suffisent pas à confirmer la présence d’une infection. 164 3.2.3 Examens sanguins Les paramètres rénaux sont modifiés dans la moitié des cas, mais un quart des cas présentent une créatinémie élevée. La créatinémie est le paramètre le plus spécifique de l’insuffisance rénale. D’autant plus que l’urémie est largement modifiée en cas d’insuffisance post-rénale et d’état de déshydratation prononcée comme lors de maladie obstructive et ne peut donc pas être considérée comme indicatrice de la sévérité de l’insuffisance rénale (PROREL, 2006). Ainsi un quart des chats atteints d’ITU sont insuffisants rénaux. Ceci peut être expliqué par la proportion de chats insuffisants rénaux chroniques (8% des cas d’ITU secondaire) et insuffisants post-rénaux lors d’obstruction urétrale (prés de 70% des cas), plus que par une atteinte infectieuse du haut appareil urinaire. En effet en cas d’obstruction urétrale il est montré que plus de la moitié des chats présentés en consultation sont insuffisants rénaux (DUCHAUSSOY, 2008; PROREL, 2006). 3.2.4 Examens urinaires 3.2.4.1 Densité urinaire Les densités urinaires moyenne et médiane sont toutes deux de 1,035 chez les chats atteints d’ITU. Ces mesures ne sont pas influencées par la fluidothérapie car nous avons pris soin de reporter dans notre étude la valeur de densité urinaire présente avant cette dilution iatrogène des urines. Cependant cette précaution biaise nos résultats puisque plus des deux tiers de cas d’ITU sont des chats atteints de maladie obstructive primitivement et donc placés sous perfusion et sondés en même temps. Il convient de penser que ces deux paramètres peuvent induire une infection, or notre choix impose de pouvoir n’en exploiter qu’un seul. 165 Une étude réalisée à l’ENVA chez les chats atteints d’ABAUF obstructive montre la densité urinaire moyenne avant fluidothérapie est de 1,036 (DUCHAUSSOY, 2008) et parmi ces chats ceux qui ont présenté une ITU avaient une densité urinaire significativement plus basse : 1,026 en moyenne. Il semble donc que la dilution des urines crée un milieu favorable à l’infection chez les animaux nécessitant un sondage urinaire à demeure ou que cette infection entraine une baisse de densité urinaire. On considère désormais qu’une densité urinaire inférieure à 1,040 est révélatrice de dysfonctionnement rénal (LULICH et al., 1992). Dans notre étude 58% des chats atteints ont une densité urinaire inférieure à 1,040 et moins de 5% des chats atteints ont une densité inférieure à 1,015. Donc seule la moitié des chats atteints d’ITU est capable de concentrer correctement l’urine au moment de leur admission à l’ENVA. L’insuffisance rénale induite par l’obstruction urinaire est une cause possible de cette baisse de densité urinaire, mais on sait qu’il faut moins de 25% d’unités fonctionnelles pour que les reins ne concentrent plus les urines. Cette même étude d’AC Duchaussoy montre que si la densité urinaire a tendance à s’abaisser lors de l’augmentation de la créatinémie, il existe des animaux avec une baisse de densité urinaire sans insuffisance rénale et inversement certains animaux présentent des capacités de concentration urinaire conservée à un stade d’insuffisance rénale grave (DUCHAUSSOY, 2008). La diminution de densité urinaire ne peut donc pas être totalement imputée à l’insuffisance rénale aigüe provoquée par l’obstruction du bas appareil urinaire. Une étude propose une hypothèse selon laquelle certaines bactéries, en l’occurrence E. coli uropathogène, posséderaient des néphrotoxines induisant une baisse de la densité urinaire (densité <1,025) (DAVIDSON et al., 1992). Selon ces auteurs la baisse de densité urinaire serait donc la conséquence de l’infection et non une cause favorisant celle-ci. Dans notre étude cette hypothèse ne peut pas être vérifiée, il faudrait pouvoir observer une baisse de la densité urinaire suite à l’infection. Pourtant selon d’autres auteurs, la baisse de densité urinaire n’est pas corrélée à un risque d’ITU (BAILIFF et al., 2008) ou l’est uniquement chez les chats atteints de diabète sucré, mais il peut s’agir d’un lien purement statistique (MAYER-ROENNE et al., 2007). Selon ces auteurs la dilution des urines se fait au profit d’une augmentation de la quantité d’urine produite soit une augmentation de fréquence et d’intensité des mictions responsable d’une meilleure élimination bactérienne. 166 3.2.4.2 Bandelette urinaire La lecture des bandelettes urinaires des chats à ITU révèle un pH urinaire dans les normes usuelles du chat. Dans le cadre des ITU, on s’attend à trouver une proportion plus importante de chats ayant un pH urinaire alcalin (11%) du fait de l’existence de bactéries dites uréases positives qui alcalinisent les urines en transformant l’urée en ammoniaque. Cette faible proportion est le reflet d’une très forte majorité d’identification de bactéries qui ne synthétisent pas l’uréase, en particulier Enterococcus et Escherichia coli. L’alcalinisation des urines qui va de pair avec la formation de struvites et pourtant observée dans plus d’un tiers des chats atteints de maladie obstructive (LEKCHAROENSUK et al., 2001; DUCHAUSSOY, 2008). Ainsi il est vraiment surprenant étant donné notre haut taux de chat atteints d’obstruction de ne pas observer cette tendance. Par conséquent l’acidification des urines n’est pas un bon signe d’appel concernant les ITU, cette hypothèse est proposée egalement par Bailiff et al. qui propose que le pH n’a pas d’influence significative sur la positivité de l’uroculture (BAILIFF et al., 2008). Un chat sur six présente une glycosurie pourtant peu de ces chats sont diabétiques (ou insuffisants rénaux), cette observation confirme l’existence chez le chat de glycosurie de stress. Ce n’est pas révélateur d’ITU mais uniquement d’un éventuel facteur prédisposant. L’hématurie est présente quasi-systématiquement parmi nos cas d’ITU (94% des cas). L’hématurie macroscopique est le signe le plus fréquemment rencontré lors d’ITU (67% des cas d’ITU selon Gerber, sachant qu’il s’agit de cas sans obstruction urétrale) et lorsqu’elle est présente l’affection sous-jacente est le plus souvent une ITU d’après Gerber (GERBER et al., 2005). Il semble même que l’intensité de l’hématurie soit corrélée à celle de la bactériurie (BAILIFF et al., 2008) et dans notre étude l’hématurie est très fréquemment de forte intensité. L’hématurie microscopique n’est recensée que dans 67% des cas d’obstruction urétrale (PROREL, 2006), c’est pourquoi on peut penser qu’elle est le résultat de l’association de deux ABAUF, infection et obstruction, plutôt que de l’obstruction seule. 167 Ainsi, en cas d’hématurie macroscopique ou microscopique, une uroculture devrait être réalisée systématiquement car elle est fortement évocatrice d’ITU. Cependant le prélèvement s’effectuant par cystocentèse lors de demande d’uroculture, on peut se demander si la haute prévalence de l’hématurie microscopique n’est pas le résultat de prélèvement urinaire par cystocentèse. Effectivement il a été montré que cette hématurie peut être induite par cystocentèse dans la moitié des cas (JM KRUGER et al., 1991). La protéinurie est quasi-systématique chez les chats atteints d’ITU et d’intensité variable. Elle signifie dans ce contexte là une inflammation du tractus urinaire. La quantification ne semble pas être corrélée à la présence de l’infection. La présence de nitrite dans les urines concerne très peu de cas, l’utilisation de ce test pour contrôler la présence d’infection n’est donc pas conseillée car très peu sensible. 3.2.4.3 Examen du culot urinaire 3.2.4.3.1 Examen cytologique urinaire Parmi nos cas d’urocultures positives, 61,5% présentent une hématurie. Par comparaison une étude montre que dans les cas d’obstruction urétrale l’hématurie macroscopique n’est présente que dans 11% des cas en tant que motif de consultation (DUCHAUSSOY, 2008). Une seconde étude portant également sur l’obstruction urinaire montre que l’analyse du culot urinaire ne révèle une hématurie que dans 16,7% des cas (PROREL, 2006). Ainsi malgré le grand nombre de cas de chats atteints de maladie obstructive et compte tenu de nos hypothèses proposées plus haut, l’hématurie semble être l’apanage de l’infection du tractus urinaire ou de la cystocentèse. Néanmoins il faut nuancer cette conclusion car les comptesrendus des examens cytologiques urinaires dans notre étude comme dans d’autres sont souvent incomplètement rédigés puisque l’intérêt se porte le plus souvent sur la présence ou non de cristaux et leur nature. 168 Dans la moitié des cas, l’examen cytologique urinaire révèle une leucocyturie sans pouvoir être appelée pyurie au sens strict. Il a été montré une corrélation positive entre la pyurie et la positivité de l’uroculture (C. SMITH et al., 1981). Notre étude va dans le sens de cette corrélation positive. Cependant le grand nombre de cas où une ABAUF concomitante est présente et peut être responsable d’inflammation ne nous permet pas de conclure. En effet dans la littérature, 38% des chats atteints d’ABAUF sont pyuriques (GERBER et al., 2005; JM KRUGER et al., 1991). Enfin, des bactéries (coques ou bacilles) ont pu être visualisées dans moins de 2 cas sur 10. Cette idée confirme la très faible sensibilité (inférieure à 0,2) de l’examen du culot urinaire dans le diagnostic de l’ITU. 3.2.4.3.2 Cristallurie Enfin, dans un quart des cas des cristaux (PAM essentiellement) sont visualisés au culot urinaire. Parmi les cas d’ABAUF, la cristallurie est présente plus souvent que dans notre étude : 37 à 61% des cas d’ABAUF avec toujours une très grande majorité de PAM (GERBER et al., 2005; JM KRUGER et al., 1991; TERSIGNI, 2002; DUCHAUSSOY, 2008). La coexistence de deux ABAUF dans une majorité de cas aurait pu laisser penser qu’une plus forte proportion de chats présentant une cristallurie serait présente. Cependant nous avons pu mettre en évidence que le pH urinaire des chats atteints reste acide le plus souvent ce qui limite la formation de cristaux de PAM et dans les études que nous avons cité une proportion beaucoup plus importante de chats présente un pH urinaire alcalin. Enfin dans une population de chats non atteints d’ABAUF une cristallurie a pu être mise en évidence dans 46% des cas avec une majorité de PAM (JM KRUGER et al., 1991). Ainsi la cristallurie, surtout lorsqu’il s’agit de PAM, n’est pas un bon indicateur d’ABAUF et encore moins d’ITU. 169 3.2.5 Causes favorisantes 3.2.5.1 Le sondage urinaire Les ITU sont pour la grande majorité d’entre elles des ITU secondaires dans notre étude (87,5%). Dans 63% des cas d’ITU secondaires, elles résultent de la complication d’un sondage urétral visant à lever une obstruction des voies urinaires et on peut ajouter 10% de cas supplémentaires pour lesquels le sondage urinaire est suivi d’une uréthrostomie. Une étude sur l’obstruction urétrale réalisée dans notre structure montre que 43% des chats sondés présentent une ITU au retrait de la sonde (DUCHAUSSOY, 2008). Ainsi on peut retenir qu’un animal sondé à l’ENVA sera atteint d’infection dans un cas sur deux et que dans trois quart des cas d’infection du tractus urinaire le facteur d’induction est le sondage urétral. Dans le cas de sondage urétral, on peut réellement parler d’induction d’infection urinaire puisqu’il crée une voie d’entrée pour les agents infectieux d’une part, mais peut d’autre part favoriser leur développement en lésant l’urothélium urétral ou vésical. En effet en médecine humaine une étude montre qu’il est impossible d’éviter une réaction inflammatoire liée au sondage. L’épithélium urétral est irrité par le sondage qui crée une inflammation, l’épithélium revient à son état normal seulement 6 semaines après retrait de la sonde (C. SMITH & SCHILLER, 1978). Le sondage à demeure augmente donc nettement le risque d’apparition de cystite bactérienne, peut aggraver une cystite préexistante et induit une infection persistant plus longuement (C. SMITH et al., 1981). La durée de mise à demeure du cathéter dans l’urètre a aussi une influence sur l’apparition d’ITU (LEES, 1996; BARSANTI et al., 1985). Un sondage de moins de trois jours entraine peu d’ITU chez le chien comme chez le chat, mais après 4 jours la moitié des animaux sondés développent une ITU (SMARICK et al., 2004; BARSANTI et al., 1985; DUCHAUSSOY, 2008). Cette observation nous permet d’aborder la seconde théorie selon laquelle la présence de sonde permet la formation d’un biofilm bactérien, source d’infection. 170 Lors d’obstruction urétrale, le sondage est obligatoire afin de traiter l’animal cependant on peut se demander si la durée de conservation de la sonde urinaire en place n’est pas trop longue à l’ENVA. Peut-être qu’il serait plus judicieux de laisser cette sonde en place moins de trois jours ce qui pourrait limiter l’apparition d’infection, plutôt que d’attendre la normalisation des paramètres rénaux. Cependant l’ITU se complique rarement et se traite assez facilement comparativement à l’insuffisance rénale qui prédispose elle-aussi aux infections. Un compromis doit être réalisé. La normalisation des paramètres rénaux après sondage et fluidothérapie adaptée se fait en moyenne après 38 heures de traitement (DUCHAUSSOY, 2008) ainsi le retrait de la sonde urinaire peut se faire avant que l’ITU ne s’installe si on considère qu’elle ne s’installe que très rarement avant trois jours de sondage à demeure. A l’ENVA la durée moyenne du sondage est de 2,5 jours avec un intervalle de 1 à 4 jours, la médiane n’étant pas disponible. Cette donnée reste limitée dans son exploitation, mais la notion de compromis semble respectée. Un système de drainage fermé de l’urine apporte néanmoins une diminution de l’incidence des ITU (BARSANTI et al., 1985). Les infections urinaires induites par sondage pourraient donc être qualifiées d’infections nosocomiales. Néanmoins, il nous faudrait obtenir la certitude de l’absence d’infection avant le sondage urinaire, ce qui ne peut être vérifié dans notre étude. 3.2.5.2 L’uréthrostomie L’uréthrostomie est un facteur prédisposant à l’ITU rencontré dans 20% des cas d’ITU secondaire. Dans la moitié de ces cas elle est associée à un sondage urinaire. Etant donné la grande prévalence des infections du tractus urinaire chez les chats sondés, on peut penser que, dans ces cas, la cause tient davantage du sondage que de l’uréthrostomie. En cas d’uréthrostomie périnéale, la technique chirurgicale consiste à aboucher la lumière de l’urètre pelvien, plus large, à la peau en région périnéale par suture épithélio-épithéliale. Le but est de préserver la fonction sphinctérienne en préservant la partie striée de l’urètre. Ainsi, le méat urinaire est modifié et une partie de la muqueuse urétrale est sacrifiée, il est prévisible que l’altération de ces mécanismes de défense augmente le risque d’infection par voie ascendante du tractus urinaire. 171 Chez le chat uréthrostomisé, la diminution de longueur urétrale, la perte des mécanismes de défense de la muqueuse pénienne, le déficit de contractilité du muscle strié et le déficit la pression intraluminale notamment la diminution de pression dans l’urètre post-prostatique sont responsables selon certains auteurs d’une augmentation majeure du risque d’ITU avec une prévalence qui passe de moins de 1% chez le chat sain à 23% à 30% chez le chat uréthrostomisé (OSBORNE et al., 1996; GREGORY & VASSEUR, 1983). Pourtant Griffin et Gregory défendent la théorie d’une prédisposition initiale des chats uréthrostomisés aux pathologies urinaires responsable à la fois de l’indication de l’intervention et de l’infection urinaire mise en évidence secondairement (GRIFFIN & GREGORY, 1992). Ainsi notre taux de 10% de chats uréthrostomisés uniquement et atteint d’ITU est cohérent avec les donnés de la littérature et révèle une meilleure maitrise de la technique chirurgicale et un meilleur suivi de ces chats. Il semble cependant qu’un changement de régime alimentaire soit associé à l’intervention et lutte contre les affections urinaires en diminuant le risque lithogène notamment. Ainsi cela permet d’abaisser le risque d’apparition d’ITU en abaissant le risque d’ABAUF, d’où un taux d’ITU sur chat uréthrostomisé plus bas que certaines données plus anciennes, ce qui s’accorde davantage avec la théorie de Griffin et Gregory. 3.2.5.3 L’insuffisance rénale chronique Enfin, l’insuffisance rénale chronique est observée chez 8% de ces individus. Dans l’étude de Mayer-Roenne, il y a chez les insuffisants rénaux chroniques une corrélation entre l’infection du tractus urinaire et la glycosurie. Une tubulopathie explique cette glycosurie, qui favorisera l’ITU en servant de substrat aux bactéries (MAYER-ROENNE et al., 2007). Dans notre étude un seul cas présente une glycosurie associée à une insuffisance rénale chronique, il semble donc que ce mécanisme ne soit en aucun cas le seul impliqué dans la création d’un milieu prédisposant à l’ITU chez l’insuffisant rénal. 172 3.2.5.4 Un traitement antibiotique ou corticoïde L’administration d’un traitement antibiotique ou corticoïde semble être impliquée dans la pathogénie d’une infection urinaire. Leur emploi est malheureusement simultané dans de nombreux cas. Pour autant il faut comprendre que si les glucocorticoïdes par leur effets immunodépresseur, de diminution de la densité urinaire, d’augmentation du cortisol urinaire et lithogène ont un rôle dans la genèse de l’infection (BAILIFF et al., 2008; BARSANTI et al., 1992; IHRKE et al., 1985; TORRES et al., 2005; DELANGE et al., 2004), les antibiotiques lorsqu’ils sont mal employés ont, quant à eux, un rôle dans la persistance ou la récidive de l’infection en favorisant l’emergence d’antibiorésistance. 3.3 Etude microbiologique 3.3.1 Espèces rencontrées Notre étude s’ancre dans les données de la littérature concernant la fréquence relative des infections urinaires félines causées par un agent bactérien unique (72,4% à 89% des cultures positives) (LITSTER, MOSS, HONNERY, REES & DJ TROTT, 2007; PASSMORE et al., 2008; EGGERTSDOTTIR et al., 2007; DAVIDSON et al., 1992). On trouve également la même répartition des espèces bactériennes isolées avec essentiellement des bactéries aérobies et en parts égales des bacilles Gram – et des coques Gram + (LITSTER, MOSS, HONNERY, REES & DJ TROTT, 2007; BARSANTI et al., 1994; LITSTER et al., 2009). La forte prévalence des infections à Escherichia coli, bacille Gram négatif, et à Enterococcus, cocci Gram positif, explique le fait qu’on trouve autant de bacille que de cocci et autant de Gram positif que de Gram négatif. Ces germes prédominants doivent posséder des facteurs de virulence propres expliquant leur prédilection pour le tractus urinaire. 173 Dans la littérature féline, l’agent bactérien le plus fréquemment isolé est Escherichia coli (31,2% à 59% des bactéries identifiées en quantité significative), à la seconde place on isole Enterococcus (Enterococcus faecalis 6% à 27% des bactéries identifiées en quantité significative), des Staphylocoques (6% à 20% des bactéries identifiées en quantité significative), dont Staphylococcus felis, et des Streptocoques (6% à 13% des bactéries identifiées en quantité significative), dont Streptococcus canis (6% des bactéries identifiées en quantité significative). Notre étude présente donc une originalité puisqu’Enterococcus est isolée dans un plus grand nombre de cas, ce qui retrouvé néanmoins dans l’étude de Litster (LITSTER et al., 2009). Enterococcus est un pathogène opportuniste plus fréquemment retrouvé dans les infections récurrentes quand le facteur sous-jacent n’est pas résolu (DOWLING, 1996). La forte prévalence retrouvée dans notre étude est peut-être à mettre en relation avec notre grand nombre de cas d’obstruction urétrale. Néanmoins on retrouve les éléments de la flore fécale (CHEW & DIBARTOLA, 2006) et des agents infectieux présents au niveau de l’appareil urogénital distal (HOLST et al., 2003; BARTGES, 2004). En effet Escherichia coli est l’enterobacter le plus fréquent et les entérobactéries constituent 80% de la flore fécale aérobie (BOULOUIS, 2006). De même Enterococcus est un membre de la flore normale du tube digestif. Enfin les staphylocoques et les streptocoques sont des commensaux de la peau et des muqueuses. Il s’agit donc le plus fréquemment d’infection ascendante. En ce qui concerne les infections mixtes, dans notre étude comme dans d’autres études rétrospectives Enterococcus faecalis et Escherichia coli sont les espèces les plus fréquemment rencontrées et l’association de ces deux genres bactériens est celle qui est la plus courante (LITSTER, MOSS, HONNERY, REES & DJ TROTT, 2007; DAVIDSON et al., 1992). Escherichia coli est également l’agent infectieux le plus fréquemment rencontré lors d’infections récurrentes, notre étude compte cependant trop peu de cas d’ITU récurrentes pour que cette étude soit réalisée (CHEW & DIBARTOLA, 2006). Il est alors proposé une hypothèse selon laquelle Escherichia coli doit exercer un rôle permissif sur le système urinaire, facilitant la colonisation par d’autres uropathogènes ; des recherches sont à poursuivre dans l’identification des facteurs de virulence. 174 3.3.2 Etude quantitative Le dénombrement bactérien est très majoritairement égal ou supérieur à 107 CFU/mL. Les prélèvements sont réalisés par cystocentèse dans la majorité des cas, conservés au réfrigérateur à 4°C et ensemencés dans la journée. Litster et al. constatent également un haut degré de croissance bactérienne chez les chats atteints d’ITU (LITSTER, MOSS, HONNERY, REES & DJ TROTT, 2007; LITSTER et al., 2009). Dans de nombreuses études, la moitié des chats avait une bactériurie inférieure ou égale à 104 CFU/mL (EGGERTSDOTTIR et al., 2007; CARTER et al., 1978). Ainsi dans notre étude la quantification bactérienne est du même ordre de grandeur que celles rencontrées chez le chien ou l’homme, contrairement au consensus général de l’espèce féline (EGGERTSDOTTIR et al., 2007; C. SMITH et al., 1981). L’hypothèse d’un sous-diagnostic des ITU dû au fait d’une valeur limite de positivité trop basse ne peut être étayée. Et le chat ne parait pas plus résistant à la multiplication bactérienne que les autres espèces dans notre étude. Ici encore l’hypothèse d’une destruction massive des défenses du tractus urinaire lors d’ABAUF obstructive et sondage urétral peut être proposée. 3.3.3 Antibio-sensibilités 3.3.3.1 Généralités Les β-lactamines sont les antibiotiques pour lesquels le moins de résistance est retrouvé. D‘après notre étude, l’amoxicilline associée à l’acide clavulanique est l’antibiotique de choix en première intention chez le chat puisque plus de 4/5 germes sont sensibles. En effet chez l’homme certains auteurs recommandent, en absence d’antibiogramme, un agent antibiotique dont la fréquence de résistance n’excède pas 20% des souches, conformément aux principes établis de la Société Américaine des Maladies Infectieuses (MAZZULLI, 2002; CANONNE-GUIBERT, 2009). 175 Ce choix d’antibiothérapie de première intention est d’ailleurs très fréquemment recommandé chez le chat dans la littérature (BAILIFF et al., 2008; WOOLEY & BLUE, 1976; MAYER-ROENNE et al., 2007; B. WILSON et al., 2006; LITSTER et al., 2009; DOWLING, 1996), certains préconisent même l’emploi de l’amoxicilline seule (BAILIFF et al., 2008; LITSTER et al., 2009). Pour autant à l’ENVA la céfalexine est utilisée en première intention alors que seule la moitié des germes isolés y sont sensibles et très peu de cas d’infection persistante ou récidivante sont mis en évidence. Ce constat suggère que, chez le chat, la maitrise de la cause sous-jacente est la garante du traitement de l’infection urinaire. La moitié des souches bactériennes isolées est classée MDR avec, dans 14% des cas, une résistance à tous les antibiotiques classiquement employés. Ce résultat est particulièrement élevé. En effet, on trouve dans l’étude de Bailiff et al. seulement 6% de micro-organismes MDR. Néanmoins la définition exacte n’est pas précisée dans ces études (BAILIFF et al., 2008). Cependant, on observe une décroissance dans la fréquence d’isolement des souches MDR qui doit être mise en corrélation avec la diminution relative de l’isolement de souches Enterococcus. 3.3.3.2 Antibiosensibilité d’Enterococcus Chez Enterococcus, les souches MDR sont très fréquentes, apparemment bien plus fréquente que pour les autres espèces étudiées. De nombreuses données soutiennent ce constat : Enterococcus est le micro-organisme couramment isolé lors d’ITU le plus résistant chez le chat ou le chien (PASSMORE et al., 2008; BAILIFF et al., 2008; LITSTER et al., 2009; DOWLING, 1996; CANONNE-GUIBERT, 2009; BOERLIN et al., 2001). On trouve néanmoins peu de souches résistantes aux β-lactamines (moins de 20% de résistance à l’amoxicillineacide clavulanique, l’ampicilline, la pénicilline G). On retrouve la résistance naturelle et permanente à la céfalexine observée dans d’autres études (LITSTER, MOSS, HONNERY, REES & DJ TROTT, 2007; PAPICH, 2007; LITSTER et al., 2009; DOWLING, 1996). 176 D’ailleurs, l’emploi de la céfalexine lors de l’antibioprophylaxie ou en première intention représente un facteur prédisposant aux infections à Enterococcus (BOERLIN et al., 2001). Ce qui peut expliquer la haute prévalence de l’isolement de ce germe dans notre étude. De plus certaines résistances observées sont intrinsèquement liées à la propriété Gram + d’Enterococcus, par exemple les résistances aux aminosides ou aux tétracyclines (BOERLIN et al., 2001). Le profil de sensibilité d’Enterococcus avec une telle fréquence de résistance à de multiples antibiotiques doit pousser la surveillance accrue des infections dues à ce micro-organisme (BOERLIN et al., 2001). Pourtant peu d’études sont disponibles sur les infections à Enterococcus sp. et les résistances. Enterococcus a un potentiel à acquérir de nombreuses résistances et un profil tel qu’il constitue un micro-organisme capable d’être responsable d’infections nosocomiales, ce qui est suggéré dans notre étude par la très forte prévalence des infections à Enterococcus multirésistant et des infections chez les animaux avec une sonde à demeure. 3.3.3.3 Antibiosensibilité d’Escherichia coli Peu de souches MDR sont isolées et par agent antibiotique on note moins de 60% de résistance, à l’exception de la résistance intrinsèque à l’érythromycine. C’est l’espèce bactérienne la plus sensible, ce qui est communément retrouvé dans la littérature pour l’espèce féline ou canine (LITSTER, MOSS, HONNERY, REES & DJ TROTT, 2007; BAILIFF et al., 2008; BAILIFF et al., 2006; LITSTER et al., 2009; CANONNE-GUIBERT, 2009). Aucune résistance n’est observée dans 67% des cas chez le chien et le chat dans l’étude de Lanz et al. (LANZ et al., 2003), nous ne pouvons néanmoins comparer ce chiffre à celui de notre étude car le panel d’antibiotique testé est différent du notre. On note une tendance à l’apparition de résistance aux aminosides bien que le taux de résistance reste faible (13% pour la gentamicine). 177 Par ailleurs il a été montré que les souches Escherichia coli isolées chez les chiens et chats sont plus fréquemment résistantes aux céphalosporines de première génération que dans d’autres espèces domestiques du fait de leur large prescription en cas d’ITU (LANZ et al., 2003). Pourtant les souches isolées à l’ENVA ne sont que, dans moins de 10% des cas, résistantes à la céfalexine et la prescription reste très fréquente, cette hypothèse est donc peut probable. 3.3.3.4 Antibiosensibilité d’autres espèces Les souches de staphylocoques et streptocoques isolées dans notre étude sont peu résistantes aux agents couramment prescrits, comme constaté dans d’autres études (BAILIFF et al., 2008). On remarque qu’il n’existe aucune résistance aux β-lactamines chez Streptococcus. En règle générale, le traitement des infections dues à ces micro-organismes est relativement efficace (LITSTER, MOSS, HONNERY, REES & DJ TROTT, 2007). 3.3.3.5 Facteurs d’influence Les chats uréthrostomisés semblent plus sujets aux infections à germes MDR. Peu de germes MDR sont isolés chez les chats insuffisants rénaux DM HT d’après MayerRoenne (MAYER-ROENNE et al., 2007). Des germes MDR sont plus fréquemment identifiés lorsque les chats présentant l’ITU ont reçu un traitement antibiotique dans le mois précédent l’isolement du germe. L’antibiothérapie à l’aveugle (quinolones majoritairement) tend à favoriser la sélection de germes plus résistants. 178 De même, il est montré qu’il y a davantage de résistance dans les infections urinaires récidivantes ou les réinfections, c’est-à-dire lorsqu’un traitement antibiotique à déjà été instauré pour cette raison ou une autre, chez l’homme et chez le chien (FREITAG et al., 2006; NICOLLE, 2006; KWAN & ONYETT, 2008; LITSTER et al., 2009; CANONNE-GUIBERT, 2009). Ainsi il est primordial de systématiser les urocultures et de bannir l’antibiothérapie à l’aveugle. De plus l’emploi d’antibiotique lors du sondage, soit l’association de deux facteurs favorisant l’infection, est à proscrire de façon à ne pas favoriser le développement l’infection à micro-organisme MDR (BARSANTI et al., 1985). Il n’y a pas de facteurs épidémiologiques influençant la fréquence d’isolement des germes MDR. Les prélèvements d’urine infectée par Escherichia coli ont une densité urinaire le plus souvent basse (Du<1,040). Cette observation est aussi retranscrite dans l’étude de Davidson. Ce constat est retrouvé également dans l’étude de Litster et al. portant sur les ITU asymptomatiques où plus généralement il est mis en évidence que les germes Gram – sont les plus fréquemment identifiés lorsque la densité urinaire est basse (LITSTER et al., 2009). Il peut donc être proposé une hypothèse de prédisposition des chats présentant une densité urinaire basse aux ITU à Gram – et plus particulièrement à Escherichia coli. Cette prédisposition pourrait provenir de la capacité d’Escherichia coli à synthétiser une toxine néphrotoxique entrainant un défaut de concentration urinaire (DAVIDSON et al., 1992). Enterococcus est l’espèce très majoritairement identifiée dans notre étude lors d’infection du tractus urinaire chez les chats uréthrostomisés. Dans les études portant sur les complications de l’uréthrostomie, les germes les plus fréquemment isolés sont des Staphylococcus et des Escherichia coli majoritairement (OSBORNE et al., 1996; C. SMITH & SCHILLER, 1978; GRIFFIN & GREGORY, 1992; CORGOZINHO et al., 2007). Cependant certaines de ces études ont plus de 20 ans ce qui peut expliquer la différence observée dans notre étude, la localisation est également un facteur de variation important dans la qualité des micro-organismes identifiés. 179 Cette prédominance d’Enterococcus explique le plus haut taux de germes MDR observé lors d’uréthrostomie. Il faudrait donc réviser l’utilisation de la céfalexine en première intention lors de suspicion d’ITU dans le cadre du suivi d’uréthrostomie. Il a été montré dans l’étude de Smith et al. en 1981 que les bactéries Gram – sont les plus fréquemment isolées chez les chats sondés (C. SMITH et al., 1981). Ce constat n’est pas retrouvé dans notre étude, il semble qu’Enterococcus soit de nos jours et à l’ENVA un microorganisme de plus en plus prépondérant. Dans l’étude de Mayer-Roenne et al., il n’y pas d’identification d’un micro-organisme prépondérant selon le facteur prédisposant (hyperthyroïdisme, diabète sucré ou insuffisance rénale chronique) (MAYER-ROENNE et al., 2007). De même, dans notre étude il n’y a pas de différence majeure dans la distribution des différentes espèces isolées. 3.4 Points forts et limites L’effectif de la base de données (240 urocultures positives, soient 297 isolats) a permis l’application d’analyses statistiques dans la grande majorité des axes de notre étude. La connaissance des données épidémiologiques et cliniques a contribué à dégager certaines particularités des infections et à illustrer les relations entre sexe, âge ou facteur favorisant et les caractéristiques des ITU. L’accès aux examens complémentaires effectués a permis de compléter l’étude d’éléments diagnostiques. La réalisation souvent systématique d’examen bactériologique des urines avant la mise en place d’une antibiothérapie permet d’estimer de manière fiable les sensibilités et résistances bactériennes. 180 Néanmoins, le caractère rétrospectif de l’étude s’accompagne d’un manque d’uniformisation des données disponibles sur chaque patient. Il est regrettable de ne pas pouvoir utiliser de façon certaine les résultats d’analyse de la densité urinaire et cytologique. Certains dossiers plus lacunaires ne décrivaient aucun signe clinique sans que puisse être distingués un état asymptomatique et un manque de détail du dossier. Comme nous l’avons déjà mentionné, l’ENVA est un centre accueillant de nombreux cas référés, pour lesquels une antibiothérapie multiple a déjà pu être prescrite. Les outils diagnostiques disponibles augmentent la probabilité de détecter un facteur prédisposant. Ces deux remarques peuvent expliquer les différences avec les références bibliographiques pour l’identification bactérienne, le poly-microbisme et les fréquences de souches résistantes. La technique d’antibiogramme utilisée n’est pas celle de la micro-dilution, méthode quantitative, plus sensible et précise. Notre étude n’évalue que la fréquence et non l’intensité d’une résistance. Mais la méthode par diffusion est la seule capable de fournir un effectif important de résultats. Certains antibiotiques comme les céphalosporines de dernière génération ne sont jamais testés à l’école car non utilisée ; connaître leur spectre servirait encore davantage la comparaison avec des études étrangères. Enfin, l’étude aurait gagné à être complétée par des prélèvements de l’environnement hospitalier, qui auraient pu être confrontées aux données bactériologiques des chats sondés. 181 182 CONCLUSION Les affections du tractus urinaire figurent parmi les affections les plus fréquentes chez le chat. L’infection du tractus urinaire constitue l’une des étiologies possibles de ce syndrome, autrefois celle-ci était considérée comme rare (moins de 1%), désormais il convient de la rechercher davantage puisqu’elle semble plus fréquemment diagnostiquée. L’atteinte du bas appareil est prédominante ; cependant les infections silencieuses connaissent une fréquence importante. Ainsi l’exploration d’une infection urinaire par le biais de l’uroculture (prélèvement nécessairement effectué par cystocentèse) doit être systématisée en cas de sondage urinaire à demeure, uréthrostomie et insuffisance rénale chronique. Quatre genres ou espèces (Escherichia coli, Enterococcus spp., Staphylococcus sp., et Streptococcus sp.) représentent plus de 75% des isolats. Peu de récidives sont observées. Cependant il est quantifié dans cette étude un nombre de souches MDR suffisamment grand pour nous inquiéter (en particulier chez Enterococcus et Escherichia coli). Dans le contexte d’un sondage à demeure il convient de noter une haute prévalence d’infections nosocomiales chez les chats atteints d’obstruction urinaire et par conséquent une surveillance régulière ainsi qu’une stratégie de limitation doivent être mises en place. Sur les quatre années de cette étude nous n’avons pas mis en évidence d’apparition de résistance. L’impact économique des antibiorésistances en médecine vétérinaire et notamment chez les Carnivores Domestiques demeure non chiffré, mais déjà de nombreuses institutions et structures hospitalières vétérinaires y sont sensibilisées. Le maintien de populations de souches sensibles aux agents de seconde intention, utilisés également en médecine humaine (quinolones, aminosides, β-lactamines récentes, glycopeptides) est tout autant essentiel chez le chat tant dans un objectif d’efficacité thérapeutique que de santé publique. Les antibiorésistances sont la conséquence de l’inévitable évolution de la cellule bactérienne. Il est illusoire d’envisager de prévenir leur apparition mais leur diffusion doit être ralentie. La tendance à la baisse ou la stabilité sur les quatre ans de l’étude, évolution rassurante, doit être poursuivie. 183 184 Annexe 1 : Recensement des urocultures réalisées entre décembre 2004 et Juin 2008 à l’ENVA (0 : uroculture négative ; - : uroculture indisponible ; + : uroculture positive). N° dossier Date Résultats N° dossier Date Résultats N° dossier Date A04-14821 27/12/2004 0 A05-3676 26/03/2005 0 A05-4390 19/05/2005 Résultats 0 A04-14934 31/12/2004 - A05-3683 28/03/2005 + A05-6552 19/05/2005 + A04-14946 03/01/2005 - A04-5149 28/03/2005 + A04-7829 20/05/2005 + A02-9141* 03/01/2005 - A05-3886 31/03/2005 0 A04-12921 20/05/2005 + A05-102 05/01/2005 - A05-4096 04/04/2005 0 A05-6738 24/05/2005 + A04-14986 06/01/2005 - A05-4081 04/04/2005 + A05-6802 25/05/2005 0 A04-2819 06/01/2005 - A05-4055 04/04/2005 + A05-2369 25/05/2005 0 A04-14846 07/01/2005 - A03-4383* 04/04/2005 0 A05-7081 30/05/2005 + A02-1899* 13/01/2005 - A05-4217 05/04/2005 0 A05-6407 01/06/2005 0 A05-690 13/01/2005 - A05-4197 06/04/2005 0 A05-5504 02/06/2005 0 A05-697 14/01/2005 - A05-2349 07/04/2005 + A05-7727 10/06/2005 + A04-14329 17/01/2005 - A05-4074 07/04/2005 - A05-8005 14/06/2005 0 A05-903 18/01/2005 - A05-4376 07/04/2005 + A05-8018 15/06/2005 0 A04-13473 20/01/2005 - A04-227 07/04/2005 0 A05-8385 23/06/2005 + A05-1216 24/01/2005 - A03-10214* 07/04/2005 - A05-8515 30/06/2005 + A05-1229 26/01/2005 - A01-8075* 08/04/2005 + A05-8328 30/06/2005 0 A02-8819* 01/02/2005 - A05-4390 08/04/2005 + A05-8450 01/07/2005 0 A01-2430* 05/02/2005 - A02-8344* 11/04/2005 + A05-8600 03/07/2005 0 A04-13140 15/02/2005 - A05-4709 13/04/2005 0 A05-6407 06/07/2005 0 A04-14329 17/02/2005 + A99-3419* 13/04/2005 0 A05-8686 07/07/2005 + A02-8819* 17/02/2005 + A05-3299 14/04/2005 0 A05-8385 07/07/2005 0 A04-10382 18/02/2005 + A05-4928 18/04/2005 0 A05-8730 11/07/2005 0 A01-7757* 22/02/2005 + A05-4939 18/04/2005 0 A05-8848 18/07/2005 + A05-2009 24/02/2005 0 A05-4917 18/04/2005 + A05-8749 18/07/2005 0 A03-12317* 28/02/2005 + A05-4984 19/04/2005 + A98-12927* 25/07/2005 + A04-13140 01/03/2005 0 A05-4390 21/04/2005 + A05-9143 02/09/2005 0 A97-7541* 01/03/2005 0 A04-11863 25/04/2005 0 A05-9199 05/09/2005 0 A05-2252 02/03/2005 0 A05-5351 26/04/2005 0 A03-1653* 05/09/2005 0 A05-2257 02/03/2005 + A05-1771 26/04/2005 0 A04-11864 12/09/2005 + A05-2349 03/03/2005 + A05-5378 26/04/2005 0 A03-5035* 14/09/2005 0 A05-2398 03/03/2005 0 A03-11761* 27/04/2005 + A03-5737* 19/09/2005 + A04-11061 07/03/2005 + A05-4096 28/04/2005 0 A05-9532 19/09/2005 0 A05-2550 07/03/2005 0 A05-5504 02/05/2005 + A05-9548 21/09/2005 0 A05-2495 07/03/2005 + A04-7461 04/05/2005 0 A05-9675 22/09/2005 0 A05-2509 07/03/2005 + A98-5325* 04/05/2005 0 A05-9756 26/09/2005 + A04-14149 09/03/2005 0 A05-5918 09/05/2005 0 A05-9752 26/09/2005 + A05-2717 10/03/2005 + A04-13335 10/05/2005 + A97-2645* 03/10/2005 0 A05-2800 11/03/2005 + A05-6034 11/05/2005 0 A05-2369 05/10/2005 0 A05-2934 15/03/2005 + A05-6159 12/05/2005 0 A05-10640 07/10/2005 0 A05-3053 16/03/2005 0 A05-6287 16/05/2005 + A05-10247 10/10/2005 0 A05-1582 17/03/2005 + A05-5504 18/05/2005 0 A05-10688 10/10/2005 + A05-3302 21/03/2005 + A05-6407 18/05/2005 + A05-10765 10/10/2005 0 A05-3300 21/03/2005 0 A05-6545 19/05/2005 0 A04-4048 11/10/2005 + 185 N° dossier Date Résultats N° dossier Date Résultats N° dossier Date Résultats A05-10845 12/10/2005 + A06-254 09/01/2006 - A06-3227 22/03/2006 0 A03-2316* 13/10/2005 0 A97-2645* 10/01/2006 - A06-3231 22/03/2006 0 A05-11219 18/10/2005 + A05-14547 12/01/2006 - A06-3322 23/03/2006 0 A05-11353 20/10/2005 0 A06-573 12/01/2006 - A06-1331 23/03/2006 0 A05-10669 20/10/2005 + A06-764 16/01/2006 - A06-3559 28/03/2006 0 A05-11512 24/10/2005 + A06-677 16/01/2006 - A06-3748 03/04/2006 + A05-11513 24/10/2005 + A06-677 17/01/2006 - A03-12580* 04/04/2006 + A05-10612 25/10/2005 0 A06-957 20/01/2006 - A05-13981 05/04/2006 0 A03-11158* 27/10/2005 + A06-1062 23/01/2006 - A06-2703 07/04/2006 + A05-12055 02/11/2005 + A06-1084 23/01/2006 - A06-3604 11/04/2006 0 A03-2316* 03/11/2005 + A06-1082 23/01/2006 - A06-4257 12/04/2006 + A05-12598 14/11/2005 0 A06-1158 26/01/2006 - A05-12522 14/04/2006 0 A05-12644 15/11/2005 + A06-506 27/01/2006 - A03-0153* 18/04/2006 + A03-12197* 16/11/2005 0 A06-1210 27/01/2006 - A06-4731 25/04/2006 0 A05-12883 17/11/2005 0 A06-1239 30/01/2006 - A05-2252 27/04/2006 + A02-5441* 21/11/2005 0 A06-1282 31/01/2006 - A05-6566 28/04/2006 0 A05-13008 21/11/2005 + A05-8005 31/01/2006 - A00-2126* 01/05/2006 + A05-13089 22/11/2005 0 A04-1739 06/02/2006 - A06-5032 02/05/2006 0 A05-8018 22/11/2005 0 A06-1486 08/02/2006 - A02-3992* 04/05/2006 0 A05-13134 23/11/2005 + A06-1502 09/02/2006 - A06-5228 05/05/2006 + A05-13186 23/11/2005 0 A06-1588 14/02/2006 0 A06-5173 09/05/2006 + A05-13208 24/11/2005 + A99-4896* 15/02/2006 0 A06-5411 09/05/2006 0 A05-13251 25/11/2005 0 A06-1631 15/02/2006 + A06-5621 13/05/2006 - A05-13354 28/11/2005 0 A05-14665 16/02/2006 0 A06-5634 15/05/2006 0 A05-13327 28/11/2005 0 A06-1659 17/02/2006 0 A06-5615 15/05/2006 0 A01-9783* 28/11/2005 0 A06-1648 17/02/2006 0 A04-5959 15/05/2006 0 A05-13444 29/11/2005 + A04-6245 18/02/2006 - A06-5722 16/05/2006 + A05-13467 29/11/2005 0 A06-1701 20/02/2006 0 A06-5781 17/05/2006 0 A04-1613 29/11/2005 - A06-1658 20/02/2006 + A05-2369 17/05/2006 0 A05-2369 01/12/2005 0 A06-1707 20/02/2006 + A06-5867 18/05/2006 0 A05-13208 07/12/2005 0 A04-6245 20/02/2006 0 A06-6001 21/05/2006 0 A05-7211 08/12/2005 0 A06-1239 22/02/2006 0 A06-5228 24/05/2006 0 A05-13596 08/12/2005 0 A06-1826 24/02/2006 + A04-2819 26/05/2006 + A05-13944 08/12/2005 0 A06-1885 27/02/2006 0 A06-6326 29/05/2006 + A05-14060 12/12/2005 0 A06-2016 28/02/2006 + A06-6422 30/05/2006 + A05-14024 12/12/2005 + A06-705 02/03/2006 + A06-6450 30/05/2006 - 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A02-10384* 25/03/2008 0 A04-7829 13/06/2008 + A07-12986 24/01/2008 0 A08-3317 26/03/2008 0 A08-6996 14/06/2008 0 A07-4357 24/01/2008 0 A08-3142 27/03/2008 0 A08-7024 16/06/2008 0 A01-7740* 24/01/2008 0 A02-0560* 27/03/2008 0 A08-7077 17/06/2008 0 A08-1111 28/01/2008 + A08-3480 03/04/2008 0 A08-7083 18/06/2008 0 A08-1149 28/01/2008 + A07-5563 01/04/2008 0 A08-7079 18/06/2008 + A08-1120 28/01/2008 0 A08-3737 03/04/2008 0 A07-8074 20/06/2008 0 A04-14261 30/01/2008 0 A04-2811 03/04/2008 0 A06-4725 31/01/2008 0 A08-3856 06/04/2008 + A07-4381 31/01/2008 + A08-3845 07/04/2008 0 A08-1315 01/02/2008 0 A08-3871 07/04/2008 + A08-1367 04/02/2008 + A07-3039 08/04/2008 0 A08-1357 05/02/2008 + A08-3923 08/04/2008 0 A04-2819 07/02/2008 + A04-11237 09/04/2008 + 189 Annexe 2 : Données épidémiologiques sur les cas recensés (MC : mâle castré ; M : mâle ; FS : femelle stérilisée ; F : femelle). Dossier n° Sexe Age Race Dossier n° Sexe Age Race Dossier n° Sexe Age Race A05-2800 MC 4 Européen A05-6552 MC 7 Européen A06-1631 M 2 Européen A05-2800 MC 4 Européen A04-7829 MC 3 Européen A06-1658 M 2 Européen A05-2717 M 1 Persan A04-7829 MC 6 Européen A06-1658 M 2 Européen A05-2509 MC 4 Européen A04-12921 MC 6 Européen A06-1707 M 2 Européen A05-2495 MC 1,5 Européen A05-6738 M 3 Européen A06-1826 MC 3 Européen A04-11061 MC 2 Chartreux A05-6738 M 3 Européen A06-1885 M 3 Européen A04-11061 MC 2 Chartreux A05-7081 MC 3 Européen A06-2016 F 16 Siamois A04-11061 MC 2 Chartreux A05-7728 M 3 Européen A06-705 MC 4 Européen A05-2349 MC 4 Européen A05-8385 MC 2 Européen A06-8629 M 2 Maine coon A05-2349 MC 4 Européen A05-8385 MC 2 Européen A06-3748 MC 1 Européen A05-2349 MC 4 Européen A05-8515 MC 5 Européen A06-3748 MC 1 Européen A05-2257 MC 7 Européen A05-8515 MC 5 Européen A03-12580* MC A03-12317* MC 2 Européen A05-8686 MC 5 Européen A06-2703 FS 2 Européen A03-12317* MC 2 Européen A05-8848 M 5 Européen A06-2703 FS 2 Européen A01-7757* M 4 Européen A05-8848 M 5 Européen A06-4257 M 4 Européen A04-10382 M 3 Européen A98-12927* M 7 Européen A03-0153* MC 4 Européen A02-8819* MC 6 Européen A98-12927* M 7 Européen A05-2252 MC 7 Européen A04-14329 MC 5 Européen A04-11864 M 1 Siamois A00-2126* MC 6 Européen A05-2934 MC 11 Européen A03-5737* FS 4 Européen A00-2126* MC 6 Européen A05-1582 FS 15 Européen A05-9756 MC 8 Européen A06-5228 M 3 Norvégien A05-3302 F 3 Européen A05-9752 MC 4 Persan A06-5228 M 3 Norvégien A05-3302 F 3 Européen A97-2645* FS 16 Européen A06-5173 MC 6 Européen A05-3683 MC 3 Européen A05-10688 M 3 Européen A06-5722 MC 7 Européen A04-5149 MC 2 Persan A04-4048 MC 4 Européen A04-2819 M 7 Persan A05-4081 MC 8 Européen A05-10845 MC 2 Européen A04-2819 M 7 Persan A05-4055 MC 2 Européen A05-10845 MC 2 Européen A04-2819 M 7 Persan A05-4055 MC 2 Européen A03-2316* MC 7 Européen A06-6326 MC 12 Européen A05-4376 M 1 Européen A05-11219 M 2 Européen A06-6422 MC 3 Européen A01-8075* F 15 Européen A05-10669 MC 2 Européen A06-6545 F 4 Persan A01-8075* F 17 Européen A05-11512 MC 1 Européen A06-6575 MC 8 Européen A05-4390 M 6 Persan A05-11512 MC 1 Européen A06-6001 MC 8 Européen Européen Européen A05-4390 M 6 Persan A05-11513 MC 1 Européen A06-6001 MC 8 A05-4390 M 6 Persan A05-11513 MC 1 Européen A06-6795 MC 6 Européen A02-8344* M 8 Européen A03-11158* M 9 Européen A06-6796 MC 6 Européen A02-8344* M 8 Européen A05-12055 MC 5 Européen A06-5722 MC 7 Européen A05-4917 M 1 Européen A05-12644 MC 5 Européen A06-6620 MC 8 Européen A05-4984 M 3 Européen A05-13008 MC 7 Européen A06-6001 MC 8 Européen A05-4984 M 3 Européen A05-13008 MC 7 Européen A06-7825 MC 2 Européen A03-11761* MC 9 Européen A05-13134 M 2 Européen A06-7825 MC 2 Européen A05-5504 MC 6 Burmese A05-13208 M 7 Européen A04-2819 M 7 Persan A04-13335 MC 4 Européen A05-13444 MC 3 Européen A06-8257 MC 1 Européen A05-6287 MC 4 Européen A05-14024 M 2 Européen A04-1599 M 3 Européen A05-6407 MC 2 Européen A05-14358 MC 3 Européen A05-5368 MC 2 Européen A05-6407 MC 2 Européen A05-14503 MC 2 Européen A05-5368 MC 2 Européen A04-6660 M 2 Européen A03-10307* M 7 Européen A99-0747* M 190 Européen Dossier n° Sexe A99-0747* M Age Race Dossier n° Sexe Age Race Dossier n° Sexe Age Race Européen A07-4370 MC 6 Européen A07-11305 MC 10 Européen A04-10820 MC 2 A05-6178 M 2 Européen A07-4370 MC 6 Européen A07-11752 MC 3 Européen Européen A95-4180* F 13 Européen A07-11799 MC 1,5 Européen A05-6178 M 2 Européen A06-9870 MC 3 Européen A97-9642* FS 11 Européen A06-9495 A06-9692 MC 4 Européen A06-2026 MC 2 Européen A07-12427 MC 10 Européen M 11 Européen A07-4734 MC 18 Siamois A05-5368 MC 3 Européen A06-9325 F 7 Siamois A07-4757 M 3 Persan A07-12835 M 3 Européen A06-9325 F 7 Siamois A07-3296 MC Européen A07-12865 MC 1,5 Européen A06-9857 F 2 Européen A07-5072 MC 9 Européen A06-7815 M 2 Persan A06-10219 M 2 Européen A03-2663* MC 4 Européen A06-7815 M 2 Persan A06-10219 M 2 Européen A07-5376 MC 2 Européen A07-4381 MC 1 Européen A06-10492 MC 0,5 Européen A07-5442 MC 8 Européen A07-4381 MC 1 Européen A06-11297 M 2 Européen A07-5649 M 2,5 Européen A07-10818 MC 2 Européen A06-11330 MC 2 Européen A07-3413 MC 8 Européen A99-1461* MC 10 Européen A06-11330 MC 2 Européen A06-10452 MC 1,5 Européen A99-1461* MC 10 Européen A06-11298 MC 5 Siamois A05-11045 MC 2 Européen A08-31 MC 1,5 Européen A06-11855 FS 11 Européen A05-11045 MC 2 Européen A08-64 MC 2,5 Européen Européen A06-12179 M 3 Européen A07-6149 MC 10 Européen A97-9642* FS 11 A06-12328 MC 2 Européen A07-3850 MC 2 Européen A08-634 M 2 Siamois A06-12328 MC 2 Européen A07-6701 FS 12 Européen A08-920 MC 14 Européen A05-13902 M 1 Européen A04-12492 MC 3 Européen A08-1111 M 1,5 Européen A06-13194 MC 4 Européen A07-6659 MC 3 Européen A08-1149 MC 9 Européen A06-13333 FS 8 Européen A07-6662 MC 13 Européen A07-4381 MC 1 Européen A07-468 MC 2 Européen A07-6662 MC 13 Européen A08-1367 MC 7 Européen Européen A07-876 MC 7 Européen A99-6743* M 8 Européen A08-1357 F 20 A07-1061 MC 7 Européen A99-6743* M 8 Européen A04-2819 M 9 Persan A07-1145 MC 3 Européen A07-7088 M 1,5 Européen A07-3024 MC 7 Européen A07-1145 MC 3 Européen A07-7168 MC 11 Européen A07-984 M 9 Européen A98-2729* MC 10 Européen A07-1415 MC 2 Européen A05-9535 MC 4 Européen A07-1615 M 1 Européen A07-1415 MC 2 Européen A08-1867 FS 8 Siamois Persan A07-1615 M 1 Européen A07-6876 MC 4 Européen A08-2119 F 16 A07-1596 MC 1 Européen A07-7278 MC 11 Européen A08-2119 F 16 Persan A99-2466* FS 9 A04-8447 MC 7 Européen A08-2273 M 2 Chartreux A97-9996* M 11 Européen A08-2226 FS 17 Européen A05-8686 MC 5 Européen A08-2226 FS 17 Européen A07-2193 MC 2 Européen Sacré de birmanie A00-3264* MC 2 Européen A07-2342 MC 4 Européen A06-6620 MC 9 Européen A08-2983 M 2 Chartreux A07-2613 FS 10 Siamois A06-6620 MC 9 Européen A07-4381 M 2 Européen A07-2722 M 3 Européen A07-8863 MC 1 Européen A08-3229 MC 3 Européen Européen A07-2722 M 3 Européen A07-8853 MC 5 Européen A08-3856 M 2 A02-4741* MC 8 Européen A07-8853 MC 5 Européen A08-3856 M 2 Européen A02-4741* MC 8 Européen A06-12837 MC 4 Européen A08-3871 M 3 Européen A01-8075* F 17 Européen A07-9305 MC 5 Européen A04-11237 FS 18 Européen A07-3205 MC 9 Européen A07-4167 FS 18 Chartreux A04-11237 FS 18 Européen A07-1612 MC 12 Européen A06-4725 MC 4 Européen A04-11237 FS 18 Européen A07-3019 MC 11 Européen A07-9883 F 8 Européen A08-4152 M 6 Européen A07-2722 M 3 Européen A07-9790 M 3 Européen A08-4413 MC 4 Européen A07-3872 MC 8 Européen A07-9790 M 3 Européen A08-4413 MC 4 Européen A07-3850 M 3 Européen A07-9931 MC 7 Européen A08-4630 MC 3 Européen A07-4101 MC 5 Européen A07-10818 MC 2 Européen A08-4640 M 2 Européen A07-4173 M 2 Européen A07-11305 MC 10 Européen A08-4640 M 2 Européen 191 Dossier n° Sexe Age Race Dossier n° Sexe Age Race Dossier n° Sexe Age Race A08-5931 F 10 Européen A08-6611 M 3 Européen A08-5163 M 1 Européen A08-6037 FS 16 Maine coon A02-1923* MC 8 Européen A97-11103* FS 17 Européen A08-6305 MC 4 Européen A04-7829 MC 6 Européen A08-5596 MC 12 Européen A05-12571 FS 4 Européen A08-7079 MC 2 Européen A08-3871 M 3 Européen A08-6611 M 3 Européen 192 Annexe 3 : Base de données épidémiologiques d’un échantillon de la population reçue en consultation de médecine à l’ENVA entre 2006 et 2007. N° Dossier Race Age Sexe Mois Année N° Dossier Race Age Sexe Mois Année A06-9909 Européen 1,0 F JUIN 7 A06-11902 Européen 4,0 FS NOV 6 A07-12363 Européen 7,0 MC DEC 7 A07-12184 Européen 12,0 F DEC 7 A06-11099 Européen 13,0 FS NOV 6 A06-4917 Européen 7,0 MC AVR 6 A07-11443 Européen 10,0 FS NOV 7 A07-8048 Européen 1,0 MC SEPT 7 A06-9497 Européen 0,5 M OCT 6 A07-2848 Européen 10,0 F MAR 7 A07-4050 Européen 10,0 M AVR 7 A06-6229 Européen 0,5 F JUIN 6 A95-1254* Européen 11,0 FS A06-6688 Européen 11,0 FS JUIN 6 A06-10472 Européen 13,0 F OCT 6 A06-6707 Européen 15,0 FS JUIN 6 A06-10303 Persan 11,0 F OCT 6 A07-510 Européen 1,0 FS MAR 7 A06-9406 Européen 0,5 F OCT 6 A07-1152 Européen 3,0 MC FEV 7 A04-11028 Européen 2,0 MC JAN 6 A07-3720 Européen 10,0 F AVR 7 A06-28 Siamois 2,5 F NOV 7 A07-10466 Européen 0,5 M NOV 7 A07-8330 Européen 0,5 M SEPT 7 A05-1011 Persan 11,0 FS JAN 7 A06-12561 Européen 2,0 M DEC 6 A00-4009* Shorthair 6,0 F OCT 6 A07-102 Européen 4,0 MC JAN 7 A00-4474* Européen FS AVR 6 A06-8691 Européen 1,5 MC SEPT 6 A00-4502* Européen MC FEV 7 A07-802 Européen 1,0 M JAN 7 A00-4728* Européen 14,0 F JAN 6 15,0 MC DEC 6 M MAI 7 MC SEPT 7 6 A07-61 Européen 0,5 F JAN 7 A06-12423 Européen A07-730 Européen 11,0 MC JAN 7 A07-5457 Européen A07-3349 Européen 7,0 MC AVR 7 A07-8616 Européen A07-5356 Européen 3,0 MC MAI 7 A06-11786 Européen 21,0 FS NOV A06-2811 Européen 1,5 FS DEC 6 A03-6693* Européen 12,0 MC JUIL 6 A07-4206 Européen 8,0 M MAI 7 A06-12487 Européen 4,0 MC DEC 6 A06-3882 Européen 2,0 FS AVR 6 A07-9444 Européen 10,0 MC OCT 7 A06-6894 Européen 1,5 MC JUIN 6 A07-3492 Européen 4,0 MC AVR 7 A06-2741 Européen 7,0 MC MAR 6 A06-2719 Européen 19,0 FS MAR 6 A07-9710 Européen 6,0 MC OCT 7 A07-12902 Européen 3,0 FS DEC 7 17,0 A06-370 Européen 0,5 M JAN 6 A07-6125 Européen A07-9926 Européen 0,5 M OCT 7 A05-8065 Européen A06-13018 Européen 1,0 MC DEC 6 A06-6817 Européen 9,0 FS JUIN 7 MC SEPT 6 2,0 F JUIN 6 A06-13418 Européen 1,0 F DEC 6 A06-6440 Européen F MAI 6 A98-2026* Européen 9,0 MC OCT 6 A07-8088 Européen 3,0 FS SEPT 7 A07-4281 Européen 1,0 MC DEC 7 A06-5634 Sacré 8,0 MC MAI 6 A04-7563 Européen 10,5 MC JUIN 7 A07-5620 Européen 14,0 MC MAI 7 A07-5751 Européen 2,0 F MAI 7 A07-999 Européen 1,5 F JAN 7 A06-10313 Européen 1,0 M OCT 6 A02-3732* Européen 14,0 FS SEPT 6 A06-4725 Européen 2,0 M AVR 6 A02-3992* Européen 4,0 MC AVR 6 193 194 N° Dossier Race Age Sexe Mois Année N° Dossier Race Age Sexe Mois Année A06-4885 Européen 10,0 MC AVR 6 A02-5973* Européen 10,0 MC JUIN 7 A07-1613 Européen 5,0 MC FEV 7 A02-5877* Persan 5,0 M SEPT 6 A07-5375 Européen 3,0 MC AVR 7 A07-5452 Européen 8,0 MC MAI 7 A95-1248* Européen 16,0 MC JAN 6 A07-4483 Oriental 12,0 M AVR 7 2,0 FS JAN 6 A06-678 Européen 0,5 F JAN 6 M SEPT 7 A03-6620* Européen 8,0 MC AVR 6 AVR 7 A07-2957 Européen 3,0 M MAR 7 A06-174 Sphinx A07-8858 Européen A06-12461 Européen 4,0 FS A07-427 Européen 11,0 MC JAN 7 A07-4754 Européen 0,5 F MAI 7 A06-8960 Européen 0,5 M SEPT 6 A07-8661 Européen 0,5 F SEPT 7 A06-8865 Chartreux 15,0 F SEPT 6 A07-5655 Européen 4,0 MC MAI 7 A07-1062 Européen 7,0 MC JAN 7 A06-1407 Européen 3,0 MC FEV 6 A07-291 Européen 3,0 FS JAN 7 A06-1659 Européen 6,0 M FEV 6 A07-466 Européen 1,0 M JAN 7 A98-5674* Européen 18,0 MC SEPT 6 A07-3468 Angora 10,0 M AVR 7 A06-5211 Européen 8,0 MC AVR 6 A07-5516 Européen 1,0 M MAI 7 A06-12907 Européen 1,0 MC AVR 7 A06-3111 Européen 2,0 MC MAR 6 A07-5652 Européen 0,5 F MAI 7 A07-4371 Européen 1,0 MC AVR 7 A07-7168 Européen 11,0 MC JUIL 7 A06-3471 Européen 0,5 FS MAR 6 A07-10805 Européen 5,0 MC NOV 7 A06-6422 Européen 3,0 MC AVR 6 A06-2712 Somali 1,0 F AVR 6 A06-2709 Persan 3,0 MC MAR 6 A07-47 Européen 2,0 MC JAN 7 A07-9135 Européen 7,0 M OCT 7 A06-11895 Européen 11,0 MC NOV 6 A06-636 Européen F JAN 6 A06-11682 Européen 1,0 M NOV 6 A07-10482 Européen F OCT 7 A02-10333* Européen 4,0 F AVR 6 A06-13166 Européen 1,0 M DEC 6 A98-11278* Européen 9,0 MC MAI 7 A06-13315 Européen 10,0 FS DEC 6 A04-10820 Européen 2,0 MC SEPT 6 A99-4489* Européen FS OCT 7 A07-2279 Européen 1,0 MC MAR 7 A04-9983 Européen 15,0 MC MAR 6 A07-2357 Européen FS MAR 7 A07-5648 Européen 4,0 MC MAI 7 A07-2367 Européen 1,0 MC MAR 7 7,0 A07-5835 Européen 8,0 MC MAI 7 A98-1049* Européen 10,0 FS MAI 7 A06-10500 Européen 10,0 F OCT 6 A07-8578 Européen 15,0 F SEPT 7 A06-3980 Européen 4,0 FS AVR 6 A07-3774 Européen 2,0 MC AVR 7 A06-5042 Européen 14,0 MC AVR 6 A06-9782 Européen 0,5 F OCT 6 A07-1913 Européen 5,0 M MAR 7 A06-9446 Européen 11,0 MC OCT 6 A07-5159 Européen 16,0 FS MAI 7 A07-6507 Européen 2,0 F JUIN 7 A07-6377 Européen 3,0 FS JUIN 7 A07-2795 Européen 5,0 M MAR 7 A07-6220 Européen 1,0 F JUIN 7 A07-3200 Européen 12,0 F MAR 7 A07-6509 Européen 1,0 F JUIN 7 A07-6001 Européen 13,0 FS JUIN 7 A98-9338* Européen 17,0 MC JAN 7 A05-7544 Européen 14,0 M AVR 7 A99-3109* Européen 16,0 FS MAI 6 A06-13211 Européen 14,0 M DEC 6 A04-8363 Persan 4,0 F JAN 7 A07-1275 11,0 F FEV 7 A07-5970 Européen 3,0 MC JUIN 7 A06-11252 Angora Maine coon 1,0 M NOV 6 A07-6043 Européen 2,0 MC JUIN 7 A98-2729* Européen 10,0 MC FEV 7 A06-314 Européen M JAN 6 A06-6575 Européen 8,0 MC JUIN 6 A06-821 Européen 9,0 MC JAN 6 A06-10190 Européen 7,0 MC OCT 6 A06-2728 Siamois 11,0 FS MAR 6 A06-10192 Européen 13,0 MC OCT 6 A06-9345 Européen 1,0 FS OCT 6 A06-10198 Européen 10,0 MC OCT 6 A07-1151 Angora 17,0 MC FEV 7 A06-10210 Européen 1,0 FS OCT 6 A05-11273 Européen 0,5 M JAN 6 A06-9683 Européen 11,0 FS OCT 6 A04-3230 Européen 3,0 MC OCT 6 A06-3449 Européen 4,0 M MAR 6 A04-5137 Européen 13,0 FS MAR 7 A06-9812 Européen 13,0 FS OCT 6 N° Dossier Race Age Sexe Mois Année N° Dossier Race Age Sexe Mois Année A07-2580 Européen 2,0 F MAR 7 A06-5084 Européen 9,0 FS MAI 6 A06-406 Européen 15,0 F JAN 6 A07-10401 Européen 11,0 FS OCT 7 A06-9774 Européen 1,0 F OCT 6 A07-8492 Européen 2,0 MC SEPT 7 A06-5144 Européen 15,0 FS MAI 6 A06-9706 Européen 1,0 FS NOV 7 A06-10728 Européen 0,5 F OCT 6 A06-6709 10,0 M JUIN 6 A06-12011 Européen 8,0 MC NOV 6 A06-10168 Européen Maine coon 0,5 F OCT 6 A06-2551 Norvegien 3,0 M MAR 6 A06-12254 Européen 11,0 FS NOV 6 A06-12553 Européen 1,0 M DEC 6 A07-3575 Européen 13,0 MC AVR 7 A07-7802 Européen 0,5 F SEPT 7 A04-2104 Européen 14,0 FS FEV 6 A06-2835 Européen 8,0 FS MAR 6 A07-3152 Norvegien 14,0 MC MAR 7 A07-1163 Européen 6,0 MC FEV 7 A06-10253 Européen 0,5 M NOV 6 A06-10278 Européen 0,5 F OCT 6 A06-8225 Européen 1,0 M SEPT 6 A06-3322 Européen 8,0 MC MAR 6 A05-12554 Européen 15,0 FS AVR 6 A06-10240 Européen 11,0 F OCT 6 A06-4192 Européen 2,0 F AVR 6 A07-2011 Européen 1,0 M MAR 7 A07-3851 15,0 FS AVR 7 A06-4907 Européen 15,0 M AVR 6 A07-8167 Européen Maine coon 0,5 M SEPT 7 A04-2179 Européen 3,0 MC AVR 6 A07-6692 1,0 MC JUIN 7 1,0 M JUIN 6 3,0 FS JUIN 6 6 A06-1315 Scottish 8,0 MC JAN 6 A06-7053 Européen Maine coon A06-9294 Européen 1,0 F OCT 6 A06-7430 Européen A06-9498 Européen M OCT 6 A06-7441 Burmese 6,0 FS JUIN A06-4735 Sacré 5,0 FS AVR 6 A06-7486 Européen 4,0 FS JUIN 6 A06-1368 Européen 4,0 F FEV 6 A07-2613 Siamois 10,0 FS MAR 7 9,0 MC NOV 7 MC MAR 6 A07-5367 Européen 2,0 M AVR 7 A01-1470* Persan A06-10452 Européen 1,0 MC JUIN 7 A01-1526* Européen A06-11406 Européen 4,0 MC NOV 6 A01-1814* Européen 11,0 F JAN 7 A06-9349 Européen 1,0 F NOV 6 A06-13215 Persan 1,0 M DEC 6 A03-9691* Européen 5,0 MC JAN 7 A07-3744 Européen 1,0 F AVR 7 A06-9360 Européen 0,5 F NOV 6 A06-12179 Européen 3,0 MC NOV 6 A04-6889 Européen 17,0 FS AVR 6 A07-12914 2,5 F DEC 7 A07-4543 Européen 1,0 MC AVR 7 A07-4125 Européen Maine coon 2,0 MC AVR 7 A07-4755 Européen 1,0 F MAI 7 A06-9963 Européen 6,0 MC OCT 6 7 A07-4757 Persan 3,0 M MAI 7 A07-12844 Européen 4,0 FS DEC A07-4768 Européen 4,0 MC MAI 7 A05-11429 Européen 15,0 MC AVR 6 A06-10980 Sacré 16,0 MC NOV 6 A98-10214* Européen 9,0 FS MAI 7 A06-10982 Européen 2,0 F NOV 6 A07-1085 Européen 6,0 M FEV 7 A06-11030 Européen 0,5 F NOV 6 A07-711 Européen 3,0 M JAN 7 A06-11208 Européen 5,0 F NOV 6 A07-4464 Européen 3,0 MC AVR 7 A06-11216 Européen 0,5 F NOV 6 A03-12760* Européen 16,0 F MAR 6 A06-11219 Siamois 7,0 M NOV 6 A07-698 Européen 10,0 MC JAN 7 A06-9365 Européen 1,0 MC JUIN 7 A00-1358* Européen 12,0 F MAI 6 A07-2198 Persan 5,0 M MAR 7 A07-2389 Persan 6,0 FS MAR 7 A04-10371 Persan 5,0 FS AVR 6 A07-105 Européen 1,0 M JAN 7 A04-13776 Européen 6,0 MC OCT 6 A06-13320 Européen 6,0 MC DEC 6 A04-13868 Européen 6,0 FS MAR 6 A06-13323 Européen 16,0 MC DEC 6 A07-4472 Européen 6,0 MC AVR 7 A06-13328 Européen 3,0 MC DEC 6 A06-12835 Européen 14,0 MC DEC 6 A06-10334 Norvegien 0,5 F OCT 6 A06-12258 Européen 2,0 FS NOV 6 A07-3816 Européen 4,0 MC AVR 7 A06-12108 Européen 1,0 F NOV 6 A06-7223 Européen F JUIN 6 195 196 N° Dossier Race A06-12121 Européen Age Sexe Mois Année N° Dossier Race Age Sexe Mois Année DEC 6 A98-1069* Européen 15,0 FS JUIN 6 A06-12668 Européen 1,0 A06-12680 Européen 4,0 M DEC 6 A07-10428 Européen 8,0 FS OCT 7 MC DEC 6 A06-12336 Européen F DEC 6 A07-2181 Européen 4,0 MC MAR 7 A06-10337 Européen 14,0 FS OCT 6 A07-2193 Sacré 2,0 MC A07-8277 Européen 1,0 M MAR 7 A07-6797 Sacré 0,5 F JUIN 7 SEPT 7 A06-136 Européen 10,0 F JAN A07-8316 Européen 2,0 M SEPT 6 7 A07-5183 Européen 10,0 M MAI 7 A06-6427 Européen 9,0 MC MAI 6 A06-1215 A06-8364 Européen 7,0 FS SEPT 6 A04-5478 Européen 8,0 MC MAI 6 Européen 7,0 M MAR A06-8365 Européen 0,5 F SEPT 6 A07-11990 Angora 7 1,0 M DEC 7 A06-8366 Européen 1,0 MC SEPT 6 A04-6245 Européen 5,0 F FEV 6 A06-13273 Européen 7,5 FS JAN 7 A06-6047 13,0 M AVR 6 A07-8021 Européen 1,0 MC SEPT 7 A06-4783 Européen Maine coon 2,0 FS AVR 6 A07-8032 Européen 11,0 MC SEPT 7 A95-1051* Européen 14,0 F A07-8036 Européen 8,0 MC SEPT 7 A06-10011 Européen 16,0 FS OCT 6 A06-1052 Européen 7,0 FS JAN 6 A06-10945 Européen 3,0 MC NOV 6 A07-3007 Shorthair 1,0 F MAR 7 A03-7445* Européen FS DEC 6 A07-3014 Européen 2,0 MC MAR 7 A07-2853 Européen 2,0 M MAR 7 A07-3015 Européen 1,0 M MAR 7 A07-3728 Européen 4,0 FS AVR 7 A06-4794 Chartreux 18,0 MC AVR 6 A07-3291 Européen 4,0 MC AVR 7 A07-2096 Européen 1,0 F MAR 6 A06-8968 Siamois 1,0 M SEPT 6 A07-6792 Européen 8,0 MC JUIN 7 A07-3067 Européen 1,5 FS MAR 7 A06-10895 Européen 0,5 M NOV 6 A07-3018 Européen 14,0 MC MAR 7 A06-10897 Européen 8,0 FS NOV 6 A06-4963 Sphinx 2,0 M AVR 6 A06-10911 Européen 10,0 F NOV 6 A07-3722 Européen 8,0 FS AVR 7 A06-8809 Européen 15,0 FS SEPT 6 A06-13021 Européen 10,0 FS DEC 6 A04-1069 Européen 4,0 MC SEPT 6 A07-1218 Européen 1,0 F FEV 7 A05-9932 Siamois 8,0 M FEV 6 A07-6663 Européen 8,0 FS JUIN 7 A07-5684 Européen 2,0 MC MAI 7 A07-2202 Européen 1,0 MC MAR 7 A07-5987 Européen 1,0 MC JUIN 7 A05-10507 Européen 12,0 MC MAI 7 A04-258 Européen 16,0 MC MAI 6 A06-6719 Européen 11,0 M JUIN 6 A06-11832 Européen 7,0 FS NOV 6 A06-7180 Européen 12,0 F JUIN 6 A06-11855 Européen 11,0 FS NOV 6 A02-1681* Européen 11,0 MC MAI 6 A06-11856 Européen 2,0 MC OCT 7 A07-4866 Chartreux 2,0 MC MAI 7 A07-9017 Européen 0,5 F OCT 7 A06-6048 Sacré 17,0 MC MAI 6 A07-9022 Européen 16,0 FS OCT 7 A98-13227* Européen 11,0 A07-9025 Européen 3,5 F OCT 7 A05-7301 Européen A07-8166 Européen 13,0 MC SEPT 7 A04-2236 Européen 3,0 A97-12479* Européen 10,0 FS OCT 6 A06-8869 Siamois A07-5602 Européen 2,0 F MAI 7 A06-12314 Européen A07-12845 Européen 9,0 MC DEC 7 A06-7898 Européen A07-12860 Européen 10,0 F DEC 7 A06-5743 Européen 1,0 A07-12865 Européen 1,0 MC DEC 7 A06-11408 Européen 9,0 A06-10886 Européen 0,5 M NOV 6 A07-3923 15,0 MC FS SEPT 6 FS AVR 7 MC OCT 6 12,0 F SEPT 6 14,0 M NOV 6 M JUIL 6 FS OCT 6 MC NOV 6 AVR 7 A06-9949 Européen 8,0 MC OCT 6 A07-5598 Européen Maine coon 1,0 FS MAI 7 A07-5066 Chartreux 10,0 MC MAI 7 A06-11522 Européen 1,0 F NOV 6 6 A07-4723 Européen 15,0 MC MAI 7 A06-8322 Européen 15,0 M SEPT A02-6988* Européen 15,0 MC JAN 6 A01-8099* Européen 14,0 MC AVR 7 A07-2091 Européen 11,0 MC MAR 7 A07-6498 Européen 1,0 M JUIN 7 N° Dossier Race Age Sexe Mois Année N° Dossier Race Age Sexe Mois Année A07-1878 Européen 15,0 MC MAR 7 A07-5222 Européen 6,0 FS MAI 7 A05-8057 14,0 FS SEPT 6 A07-2876 Européen 3,0 M MAR 7 A05-3045 Persan Maine coon MAR 6 A07-1767 Européen 1,0 FS MAI 7 A05-4817 Européen 2,0 MC FEV 6 A06-9877 Européen 1,0 FS NOV 6 A05-5012 Européen 2,0 MC JUIN 6 A04-5267 Européen 3,0 FS MAR 6 A06-3696 Chartreux 2,0 FS MAR 6 A06-12171 Européen 10,0 MC NOV 6 A07-3044 Européen 14,0 MC MAR 7 A06-12149 Européen M NOV 6 A07-214 Européen 0,5 M JAN 7 A02-3738* Persan 5,0 FS FEV 7 A07-5002 Européen 2,0 FS MAI 7 A97-12589* Européen 10,0 M OCT 6 A06-12224 Européen 10,0 MC NOV 6 A07-5651 Européen 4,0 MC MAI 7 A06-845 Européen 1,0 M JAN 6 A06-8383 Persan F SEPT 6 A06-12019 Européen 2,0 M NOV 6 A07-11195 Européen 10,0 MC NOV 7 A06-8780 Européen 14,0 FS SEPT 6 A06-8569 6,0 FS SEPT 6 A06-9821 9,0 MC OCT 6 A05-10839 2,0 F OCT 6 0,5 F SEPT 7 A06-10770 Européen 1,0 MC NOV 6 A06-9128 Siamois Maine coon Maine coon Européen Maine coon 0,5 F OCT 6 A06-8376 Européen 3,0 FS SEPT 6 A07-2024 Européen 1,0 F MAR 7 A07-12840 Européen 0,5 MC DEC 7 A07-6207 Européen 3,0 M JUIN 7 A07-11856 Européen 2,0 F NOV 7 A07-5086 Européen 8,0 MC MAI 7 A06-7829 Européen 8,0 FS JUIL 6 A04-621 11,0 F JUIN 6 A06-13317 F DEC 6 2,0 M OCT 7 A07-6485 Européen Maine coon 1,0 A07-9818 Siamois Maine coon 0,5 F JUIN 7 A07-9539 Européen 5,0 MC OCT 7 A07-1104 Européen 1,0 M FEV 7 A06-11898 Européen 2,0 MC DEC 6 A04-13509 Persan 3,0 M AVR 7 A04-4262 Européen 7,0 FS MAI 7 A07-2893 Siamois 16,0 MC MAR 7 A06-5525 Européen 1,0 FS OCT 7 A07-2154 Européen 1,0 FS MAR 7 A07-8822 1,0 F SEPT 7 A07-6091 Européen 6,0 MC JUIN 7 A06-3285 Sphinx Maine coon 1,0 F MAR 6 A06-5404 Persan 9,0 MC MAI 6 A07-3902 Européen 15,0 MC AVR 7 A07-10179 Européen 8,0 M OCT 7 A07-8165 2,0 A07-3703 Shorthair 0,5 M AVR 7 A06-3333 Européen 17,0 MC MAR 6 A95-0936* Européen 4,0 MC AVR 6 A04-13577 Européen 3,0 F JUIN 7 A03-4383* Chartreux 6,0 FS OCT 6 A06-11813 Européen 1,0 FS NOV 6 6 A03-6922* Européen 5,0 MC DEC 6 A06-8314 Européen 0,5 M NOV A05-14092 Européen 3,0 FS NOV 7 A06-11233 Européen 0,5 M NOV 6 A06-6092 Européen 8,0 F MAI 6 A07-3631 Européen 6,0 MC AVR 7 A06-7559 Européen 7,0 MC JUIN 6 A06-7216 Européen 3,0 MC JUIN 6 A06-7724 Européen 2,0 M JAN 7 A07-4746 Européen 6,0 MC MAI 7 A06-8334 Européen 12,0 FS OCT 6 A06-8845 Européen 4,0 FS OCT 6 A06-8495 1,0 M SEPT 6 A06-3398 Européen 12,0 M MAR 6 A07-3086 Européen Maine coon 12,0 MC MAR 7 A06-10791 Persan 4,0 FS NOV 6 A06-12908 Européen 3,0 MC DEC 6 A06-9823 Européen 7,0 FS OCT 6 A07-13249 Européen 8,0 MC DEC 7 A07-4392 Européen 7,0 MC AVR 7 A06-8184 Européen 1,0 MC SEPT 6 A07-2014 Européen 1,0 F MAR 7 A06-5312 Européen 13,0 FS MAI 6 A07-3765 Européen 2,0 M AVR 7 A95-1046* Siamois 13,0 A06-10635 Européen 5,0 F OCT 6 A07-4752 Européen 8,0 MC MAI 7 A06-7227 Européen 7,0 FS JUIN 6 A07-11266 Persan 0,5 MC NOV 7 A06-12734 Européen 5,0 F DEC 6 A07-11731 Européen 13,0 FS NOV 7 A07-3149 Européen 13,0 M MAR 7 197 198 N° Dossier Race Age Sexe Mois Année N° Dossier Race Age Sexe Mois Année A07-11744 Européen 1,0 MC NOV 7 A07-1769 Européen 1,0 F FEV 7 A07-11753 Européen 4,0 MC NOV 7 A06-9747 Européen 0,5 M OCT 6 A07-12646 Européen 9,0 MC DEC 7 A06-9692 Européen 11,0 M OCT 6 A03-5733* Européen 5,0 FS DEC 6 A06-10689 Persan 7,0 F OCT 6 A06-8329 Européen 0,5 M SEPT 6 A07-12617 Persan 11,0 M DEC 7 A07-6954 Européen 6,0 FS JUIN 7 A06-9373 Européen 0,5 F OCT 6 A05-4401 Européen 1,0 M AVR 6 A07-2639 Européen 4,0 F MAR 7 A07-4114 Européen 3,0 MC AVR 7 A06-9972 Européen 10,0 F OCT 6 A06-9612 Européen 1,0 F OCT 6 A06-13163 Européen 1,0 F DEC 6 A06-13046 Européen 1,0 FS MAI 7 A07-5748 Européen FS MAI 7 A95-1050* Européen 13,0 F A06-5523 Européen 0,5 M MAI 6 A07-1615 Européen 1,0 M FEV 7 A06-2016 Siamois 16,0 F FEV 6 A06-11814 Européen 1,0 FS NOV 6 A07-3978 Européen 13,0 M AVR 7 A07-3024 Européen 6,0 MC MAR 7 A07-12145 Persan 13,0 MC DEC 7 A04-13886 Européen 3,0 M JAN 7 A07-11799 Européen 1,0 MC NOV 7 A05-5546 Européen 13,0 FS OCT 6 A06-10596 Européen 2,0 MC OCT 6 A06-8608 Européen 1,0 F JUIN 6 A06-8653 Européen 0,5 MC SEPT 6 A07-1990 Chartreux 3,0 F MAR 7 A03-11085* Européen 19,0 MC MAI 7 A07-1991 Oriental 12,0 F MAR 7 A06-11584 Européen 3,0 F NOV 6 Annexe 4 : Répartition du nombre de cas d’ITU selon les âges. Age 0,5 1 1,5 2 2,5 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 Total Nombre de cas 1 15 7 49 2 34 25 11 12 19 16 9 7 9 4 2 1 2 4 4 3 0 1 237 199 Annexe 5 : Répartition du nombre de cas appartenant à la population contrôle selon les âges. Age 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 5 6 7 7,5 8 9 10 10,5 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 Total 200 Nombre de cas 45 81 5 43 2 36 1 29 17 20 19 1 26 13 28 1 25 12 17 17 19 11 6 2 2 0 1 479 Annexe 6 : Répartition des chats atteints d’ITU selon leurs sexes. Sexe Nombre Mâles entiers 67 Mâles castrés 142 Total mâles 209 Femelles entières 13 Femelles stérilisées 18 Total femelles 31 Total 240 201 Annexe 7 : Recensement des signes urinaires et des comptes-rendus d’imagerie chez les chats atteints d’ITU. Dossier Signes urinaires Imagerie A05-2800 Anurie, strangurie, dysurie Echo : pas de dilatation pyélique, nbx cristaux vésicaux, pas de calcul visible. A05-2800 Anurie, strangurie, dysurie Echo : pas de dilatation pyélique, nbx cristaux vésicaux, pas de calcul visible. A05-2717 Anurie, globe vésical Echo : vessie 6*4cm, présence de cristaux, urètre 0,7cm A05-2509 Anurie A05-2495 Strangurie, pollakiurie, dysurie, pas de globe, IRA. A04-11061 Dysurie, strangurie, hématurie Echo : globe vésical levé. Paroi vésicale irrégulière. A04-11061 Dysurie, strangurie, hématurie Echo : globe vésical levé. Paroi vésicale irrégulière. A04-11061 Dysurie, strangurie, hématurie Echo : globe vésical levé. Paroi vésicale irrégulière. Anurie Echo : aucune dilatation pyélique, cristallurie modérée, paroi vésicale normale. A05-2349 A05-2349 Echo : RAS, dilatation bassinet rein droit compatible à la mise sous perfusion Echo : Urolithiases discrètes, vessie et reins normaux. A05-2349 Echo : Urolithiases discrètes, vessie et reins normaux. A05-2257 Anurie, globe vésical Echo : cristallurie importante, paroi vésicale un peu épaissie, reins subnormaux. A03-12317* Globe vésical Echo : calculs multiples, hématome intravésical, pyélectasie discrète unilatérale A03-12317* Globe vésical Echo : calculs multiples, hématome intravésical, pyélectasie discrète unilatérale Echo : Cystite avec incrustation de cristaux dans la paroi A01-7757* Hématurie, strangurie A04-10382 Anurie, globe vésical A02-8819* Hématurie A04-14329 A05-2934 Dysurie, Globe vésical A05-1582 RAS Echo : Reins normaux, sédiments vésicaux. A05-3302 Dysurie, Globe vésical Echo : Reins normaux, lithiases en grand nombre et paroi épaissie et irrégulière. A05-3302 Dysurie, Globe vésical Echo : Reins normaux, lithiases en grand nombre et paroi épaissie et irrégulière. A05-3683 Anurie Echo : RAS A04-5149 Anurie, globe vésical Echo : caillot sanguin vésical, paroi normale. A05-4081 Pollakiurie, globe vésical Echo : pas de dilatation pyélique, qq lithiases. A05-4055 Dysurie, Globe vésical Echo : cystite, urétrite, lithiases en petite quantité. A05-4055 Dysurie, Globe vésical Echo : cystite, urétrite, lithiases en petite quantité. A05-4376 Incontinence Echo : pas d'anomalie rénale, qq lithiases vésicales. A01-8075* Pollakiurie, hématurie et strangurie Echo : discrète dilatation pyélique bilatérale, pas d'anomalie vésicale. A01-8075* Pollakiurie, hématurie, dysurie et strangurie Echo : néphrite, 2 lésions pariétales focales évoquant un proc. Néoplasique vésical A05-4390 Anurie Echo : paroi vésicale épaissie, sable et petits calculs. A05-4390 Anurie A05-4390 Anurie A02-8344* Hématurie A02-8344* Hématurie Echo : Calcul vésical assez volumineux, cystite. A05-4917 Anurie Echo : cristallurie importante, pas de complication visible. A05-4984 Anurie Echo : sédiment vésical, hydronéphrose. 202 Echo : Calcul vésical assez volumineux, cystite. Dossier Signes urinaires Imagerie A05-4984 Anurie Echo : sédiment vésical, hydronéphrose. A03-11761* hématurie, strangurie, dysurie, pollakiurie Echo : petits calculs vésicaux. A05-6287 Dysurie, pollakiurie, globe vésical hématurie, strangurie, dysurie, pollakiurie, malpropreté, léchage Strangurie, Pollakiurie, dysurie Echo : sablose vésicale, reins normaux. A05-6407 Dysurie Echo : sablose vésicale abondante, cystite modérée. A05-6552 Pollakiurie, globe vésical. Echo : globe vésical avec sédiments en suspension, A04-7829 hématurie, dysurie A04-7829 Dysurie, strangurie Echo : reins normaux, foyer d'épaississement pariétal vésical. A04-12921 Dysurie, Globe vésical Echo : sablose vésicale , cystite. A05-6738 Anurie, strangurie Echo : sablose vésicale , cystite. A05-6738 Anurie, strangurie Echo : sablose vésicale , cystite. A05-5504 A04-13335 Echo : cristaux vésicaux et cystite. A05-6407 A05-7081 Anurie, strangurie Echo : reins normaux, qq petites lithiases. A05-7728 Anurie, strangurie, hématurie Echo : sédiments modérés, cystite et cristallurie A05-8385 hématurie, strangurie, anurie, pollakiurie Echo : cristaux et caillots sanguins vésicaux, dilatation pyélique. A05-8385 Dysurie, hématurie. Echo : cystite, cristallurie importante. A05-8515 Globe vésical Echo : cristallurie importante. A05-8515 Globe vésical Echo : cristallurie importante. A05-8686 Globe vésical, anurie Echo : pas de complication visible. A05-8848 Globe vésical, anurie A05-8848 Globe vésical, anurie A98-12927* Globe vésical, anurie A98-12927* Globe vésical, anurie Echo : cristallurie, cystite A04-11864 Hématurie, strangurie Echo : cystite avec sédiments, trajets fibrineux et caillot. A03-5737* Echo : cristallurie, cystite Echo : néphrite avec fibrose rénale, pyélonéphrite non exclue. A05-9756 Dysurie, strangurie. Echo : sédiments vésicaux. A05-9752 Dysurie, strangurie. Echo : cristallurie abondante avec +/- cystite associée A97-2645* Strangurie A05-10688 Anurie Echo : reins normaux, sablose vésicale modérée. A04-4048 A05-10845 Anurie A05-10845 Anurie A03-2316* Pollakiurie A05-11219 anurie, strangurie, globe vésical. A05-10669 Dysurie, pollakiurie. A05-11512 Anurie, strangurie, globe vésical. Echo : cystite peu marquée avec cristallurie modérée. Reins normaux. A05-11512 Anurie, strangurie, globe vésical. Echo : cystite peu marquée avec cristallurie modérée. Reins normaux. A05-11513 Dysurie, Globe vésical Echo : cristallurie massive associée avec une cystite. A05-11513 Dysurie, Globe vésical Echo : cristallurie massive associée avec une cystite. Echo : cristallurie importante avec sédiments, dilatation pyélique bilatérale. A03-11158* pollakiurie A05-12055 Dysurie, Globe vésical Echo : sédiments vésicaux. A05-12644 Anurie, strangurie, globe vésical. Echo : sédiments vésicaux. 203 Dossier Signes urinaires Imagerie A05-13008 Anurie, strangurie, globe vésical. Echo : cristallurie discrète avec cystite discrète. A05-13008 Anurie, strangurie, globe vésical. Echo : cristallurie discrète avec cystite discrète. A05-13134 Dysurie, hématurie. Echo : cristallurie, possible persistance du canal de l'ouraque. Anurie, strangurie, globe vésical. Echo : globe vésical, cristallurie. A05-14024 Anurie. Echo : cristallurie, cystite, reins normaux. A05-14358 Dysurie, pollakiurie, strangurie, globe vésical A05-14503 Anurie, dysurie. A03-10307* Anurie, dysurie. A04-6660 Anurie, dysurie. A06-1631 globe vésical A06-1658 anurie, globe vésical A06-1658 anurie, globe vésical Echo : masse vésicale, reins hypertrophiés A06-1707 Dysurie, strangurie. Echo : pas de calcul visible, pas de complication. A06-1826 anurie, globe vésical Echo : cystite sur calculs vésicaux. A06-1885 anurie, globe vésical Echo : cristallurie, caillot de fibrine dans la vessie. A05-13208 A05-13444 A06-2016 A06-705 Echo : cristallurie et cystite modérée, reins de taille augmentée, uropéritoine. Echo : cristallurie, dilatation pyélique. Echo : masse vésicale, reins hypertrophiés Echo : reins G d'aspect modifié, pyélectasie. anurie, globe vésical Echo : cystite. A06-8629 A06-3748 anurie, globe vésical A06-3748 anurie, globe vésical A03-12580* Hématurie, globe vésical A06-2703 anurie A06-2703 anurie Echo : cystite majeure avec possible nécrose suppurée. A06-4257 anurie Echo : Cystite et hydronéphrose bilatérale. A03-0153* Hématurie Echo : cristallurie et fibrine, globe vésical, pyélectasie bilatérale. A05-2252 Hématurie et pollakiurie. Echo : Cristallurie. A00-2126* anurie, hématurie, strangurie Echo : Calculs ou sédiments urinaires. A00-2126* anurie, hématurie, strangurie Echo : Calculs ou sédiments urinaires. A06-5228 hématurie, pollakiurie, périurie A06-5228 hématurie, pollakiurie, périurie A06-5173 A06-5722 hématurie, pollakiurie, dysurie Echo : Cristallurie modérée et cystite. A04-2819 Hématurie Echo : polykystose rénale. A04-2819 Hématurie Echo : polykystose rénale. A04-2819 Hématurie Echo : polykystose rénale. A06-6326 Hématurie Echo : cystite hémorragique. A06-6422 Globe vésical. Echo : cystite. A06-6545 Pollakiurie Echo : kyste sur le rein. A06-6575 Pollakiurie A06-6001 Pollakiurie A06-6001 Pollakiurie Echo : cystite. A06-6795 Anurie, hématurie. Echo : pas d'anomalie rénale ou urinaire basse. A06-6796 Anurie, hématurie. Echo : pas d'anomalie rénale ou urinaire basse. A06-5722 Hématurie. Echo : cystite. A06-6620 A06-6001 204 Polyurie. Echo : reins normaux, caillots sanguins vésicaux. Dossier Signes urinaires Imagerie A06-7825 Strangurie, anurie. Echo : Nephromégalie mais structure rénale normale. A06-7825 Strangurie, anurie. Echo : Nephromégalie mais structure rénale normale. A06-8257 Strangurie, hématurie, dysurie. Echo : cystite et cristallurie importante urétrale et vésicale. A04-1599 Dysurie, strangurie, hématurie. Echo : petits calculs vésicaux et cystite. A05-5368 Anurie Echo : cystite avec sédiments et reins normaux. A05-5368 Anurie Echo : cystite avec sédiments et reins normaux. A04-2819 A99-0747* Echo : cystite chronique. A99-0747* Echo : cystite chronique. A04-10820 Strangurie. A05-6178 Anurie. Echo : reins anormaux, cystite modérée, cristallurie importante, calculs urétraux. A05-6178 Anurie. Echo : reins anormaux, cystite modérée, cristallurie importante, calculs urétraux. A06-9495 Anurie, globe vésical. Echo : RAS. A06-9692 A06-9325 Echo : Aspect des reins modifié. A06-9325 Echo : Aspect des reins modifié. A06-9857 Hématurie, Pollakiurie, malpropreté. A06-10219 Globe vésical. Echo : aspect des reins modifié. A06-10219 Globe vésical. A06-10492 Strangurie, hématurie. Echo : vessie distendu (subobstruction ?). A06-11297 Anurie, globe vésical. Echo : cystite et cristallurie vésicale. A06-11330 Pollakiurie, Dysurie, globe vésical. Echo : cystite et cristallurie vésicale. A06-11330 Pollakiurie, Dysurie, globe vésical. Echo : cystite et cristallurie vésicale. A06-11298 Globe vésical. Echo : pyélectasie bilatérale. A06-11855 Polyurie, malpropreté. Echo : dissymétrie rénale avec modification majeure de l'architecture rénale. A06-12179 Dysurie, hématurie, globe vésical. Echo : cystite et cristallurie vésicale. A06-12328 Dysurie, globe vésical. Echo : cristallurie importante. A06-12328 Dysurie, globe vésical. Echo : cristallurie importante. A05-13902 Dysurie, globe vésical. Echo : RAS. A06-13194 Hématurie, strangurie, globe vésical. Echo : cystite marquée, cristallurie abondante +/-petits calculs, reins normaux A06-13333 Polyurie. Echo : nephromégalie, dilatation pyélique bilatérale, calculs urétéraux à gauche et rénaux à droite. A07-468 Dysurie. Echo : RAS. A07-876 Dysurie, Pollakiurie, globe vésical. A07-1061 Anurie, globe vésical. A07-1145 Dysurie, globe vésical. Echo : cystite modérée, sablose importante. A07-1145 Dysurie, globe vésical. Echo : cystite modérée, sablose importante. A98-2729* Anurie. Echo : nephromégalie, sédiments ou calculs vésicaux. A07-1615 Globe vésical. A07-1615 Globe vésical. A07-1596 Globe vésical. Echo : cystite marquée. A99-2466* Hématurie, pollakiurie, dysurie. Echo : cystite et cristallurie modérée. A07-2193 Pollakiurie. Echo : reins modifié de façon très importante; Malpropreté, pollakiurie. Echo : cristallurie vésicale, épaississements de la paroi vésicale de façon focale. A00-3264* 205 Dossier Signes urinaires A07-2342 Hématurie franche, dysurie Imagerie A07-2613 Anurie, strangurie. Echo et radio : calcul pyélique et cristallurie urétérale. Reins très remaniés. A07-2722 Globe vésical, anurie. Echo : pyélectasie et nephromégalie bilatérale. Globe vésical avec sédiments, cristaux et sang. A07-2722 Globe vésical, anurie. Echo : pyélectasie et nephromégalie bilatérale. Globe vésical avec sédiments, cristaux et sang. A02-4741* Anurie, hématurie, globe vésical. Echo : rein droit discrètement augmenté. Vessie vide. A02-4741* Anurie, hématurie, globe vésical. Echo : rein droit discrètement augmenté. Vessie vide. A01-8075* Pollakiurie, strangurie, dysurie, hématurie. Echo : 2 lésions vésicales pariétales focales, reins d'aspect modifié. A07-3205 Hématurie, pollakiurie, strangurie. Echo : vessie et reins normaux. A07-1612 Dysurie, globe vésicale et hématurie. Echo : Vessie à paroi épaissie et sablose. A07-3019 Anurie, globe vésical. Echo : cystite avec sédiments et urétrite modérée. A07-3872 Pollakiurie, dysurie. Echo : vessie de paroi augmentée et calculs, reins modifiés en aspect mais de taille normale. A07-3850 Pollakiurie, hématurie, dysurie, globe vésical. Echo : cystite, reins normaux. A07-4173 Hématurie, pollakiurie. Echo : cystite majeure + caillot, reins d'aspect modifiés. A07-4370 Dysurie, globe vésical. Echo : cristallurie massive, cystite. A07-4370 Dysurie, globe vésical. Echo : cristallurie massive, cystite. Anurie, globe vésical, prolapsus urétral. Echo : qq particules dans la vessie. A07-2722 A07-4101 Echo : cystite et cristallurie marquée. A95-4180* A06-9870 A06-2026 A07-4734 Echo : lésions rénales bilatérales majeures, dilatation pyélique et urétérale. A07-4757 Anurie. A07-3296 Dysurie, pollakiurie, globe vésical, hématurie. Echo : globe vésical, nephromégalie. A07-5072 Strangurie, pollakiurie, globe vésical. A03-2663* Dysurie, pollakiurie, globe vésical. Echo : dépôt vésical peu echogéne, reins RAS. A07-5376 Pollakiurie, Strangurie. Echo : contenu vésical particulaire. A07-5442 Dysurie, strangurie, Globe vésical. Echo : cystite + sablose (lithiases) A07-5649 Dysurie, strangurie. Echo : cystite, urétrite, cristallurie. A07-3413 Dysurie, strangurie puis anurie, globe vésical. A06-10452 Anurie, pollakiurie, dysurie, globe vésical. Echo : cystite modérée, cristallurie urétrale et vésicale importante. A05-11045 Anurie, globe vésical. Echo : obstruction urétrale distale, globe vésical, caillot vésical discret, hydronéphrose bilatérale discrète. Stéatite périrénale et vésicale. A05-11045 Anurie, globe vésical. Echo : obstruction urétrale distale, globe vésical, caillot vésical discret, hydronéphrose bilatérale discrète. Stéatite périrénale et vésicale. A07-6149 Dysurie, pollakiurie. Urétrographie : sténose urétrale postpelvienne. A07-3850 Pollakiurie, dysurie, hématurie, globe vésical. Echo : cystite avec stéatite et épanchement associés, pas de sédiment visible. Reins normaux. A07-6701 A04-12492 206 Anurie. Echo : sablose importante. Dossier Signes urinaires Imagerie A07-6659 Anurie. Echo : cystite, volumineux caillot et sédiment. A07-6662 Pollakiurie, strangurie. Echo : reins normaux; cristallurie. A07-6662 Pollakiurie, strangurie. Echo : reins normaux; cristallurie. Hématurie, anurie. Echo : cystite et urétrite, reins normaux. A99-6743* A99-6743* A07-7088 A07-7168 Anurie. A07-1415 Pollakiurie, strangurie, anurie. Echo : reins de taille et aspect normaux. A07-1415 Pollakiurie, strangurie, anurie. Echo : reins de taille et aspect normaux. A07-6876 Anurie, globe vésical. Echo : cystite marquée, cristallurie majeure. Reins normaux. A07-7278 A04-8447 Echo : calculs et cristallurie vésicale. Reins normaux. Anurie, globe vésical. Echo : cristallurie modérée, reins normaux. A97-9996* Hématurie. Echo : très discrète cristallurie vésicale. Reins normaux. A05-8686 Globe vésical. Echo : RAS. A06-6620 Pollakiurie, dysurie, globe vésical. A06-6620 Pollakiurie, dysurie, globe vésical. A07-8863 Anurie, globe vésical. Echo : cystite modérée, cristallurie. Reins normaux. A07-8853 Anurie, globe vésical. Echo : RAS. A07-8853 Anurie, globe vésical. Echo : RAS. A06-12837 Anurie. Echo : RAS. A07-9305 Dysurie, globe vésical. Echo : cristallurie vésicale et urétrale, hématome. A07-4167 Anurie. Echo : cystite chronique modérée, lésions inflammatoires chroniques rénales. A06-4725 Anurie. Echo : dilatation pyélique, cristallurie vésicale abondante et globe vésical. A07-9790 Anurie, globe vésical. Echo : cystite marquée. Reins normaux. A07-9790 Anurie, globe vésical. Echo : cystite marquée. Reins normaux. A07-9931 Anurie, globe vésical. Echo : cystite modérée. A07-10818 Anurie, globe vésical. A07-11305 Anurie, strangurie. Echo : pyélectasie bilatérale modérée. Cristaux et ou sédiments urinaires. A07-11305 Anurie, strangurie. Echo : pyélectasie bilatérale modérée. Cristaux et ou sédiments urinaires. A07-11752 Anurie, globe vésical. Echo : reins et vessie normaux. A07-11799 Dysurie, hématurie. Echo : pyélectasie bilatérale, possible urétrite. A97-9642* Incontinence. Echo : pas de calculs visibles. A07-12427 Anurie, globe vésical. A05-5368 Anurie, globe vésical. Echo : nephromégalie, cystite avec sédiment, urétrite, stéatite rétropéritonéale. A07-12835 A07-9883 Dysurie, périurie, pollakiurie. Echo : Cystite et sédiment vésical. A07-12865 Urétro retro : RAS. A06-7815 Malpropreté. Echo : polykystose rénale, inflammation périrénale, dilatation pyélique bilatérale. A06-7815 Malpropreté. Echo : polykystose rénale, inflammation périrénale, dilatation pyélique bilatérale. A07-4381 Dysurie. A07-4381 Dysurie. A07-10818 Dysurie, pollakiurie. A99-1461* Dysurie, globe vésical. A99-1461* Dysurie, globe vésical. A08-31 Anurie, strangurie. Echo : cystite, sédiments urinaires, minéralisation urinaire. 207 Dossier Signes urinaires Imagerie A08-64 Pollakiurie, malpropreté, dysurie, strangurie Echo : dilatation vésicale. A97-9642* Incontinence. A08-634 Pollakiurie. Echo : RAS. A08-920 Oligurie. Echo : aspect des reins en faveur d'une pyélonéphrite chronique. A08-1111 Globe vésical. Echo : Contenu vésical particulaire. A08-1149 Pollakiurie, dysurie, globe vésical. Echo : obstruction urinaire basse, dilatation pyélique bilatérale. A07-4381 Hématurie, malpropreté. Echo : épaississement de la paroi vésicale, pas de sédiment. A08-1367 Anurie, globe vésical. A08-1357 Dysurie, malpropreté. Echo : absence de lésion rénale ou vésicale. A04-2819 Hématurie, pollakiurie. Echo : 2 calculs vésicaux, paroi épaissie. A07-3024 Echo : cystite, urétrite. A07-984 A05-9535 Anurie. Echo : Calculs vésicaux et cristaux nombreux. A08-1867 Echo : modification rénale bilatérale, calcul urétéral droit et hydronéphrose associée. Pyélonéphrite non exclut. Sédiment vésical. A08-2119 Echo : atrophie, fibrose rénale droite. A08-2119 A08-2273 Echo : atrophie, fibrose rénale droite. Dysurie, hématurie, strangurie, globe vésical. Echo : paroi vésicale épaissie. A08-2226 Echo : calcul rénal. Sédiment urinaire. A08-2226 Echo : calcul rénal. Sédiment urinaire. A08-2983 Anurie, globe vésical. A07-4381 Incontinence. Echo : épaississement de la paroi vésicale. A08-3229 Pollakiurie, dysurie, globe vésical. Echo : sablose importante, cristaux vésicaux. A08-3856 Strangurie, globe vésical. Echo : cristallurie. A08-3856 Strangurie, globe vésical. Echo : cristallurie. A08-3871 Anurie. A04-11237 A04-11237 A04-11237 A08-4152 Globe vésical. Echo : pas de calcul. A08-4413 Anurie, hématurie, globe vésical. Echo : sédiments et cristaux vésicaux +++. A08-4413 Anurie, hématurie, globe vésical. Echo : sédiments et cristaux vésicax +++. A08-4630 Anurie, strangurie, globe vésical. Echo : cristaux vésicaux. A08-4640 Globe vésical. Echo : vessie au contenu echogéne morphe, dilatation pyélique modéré, dilatation urétrale majeure. A08-4640 Globe vésical. Echo : vessie au contenu echogéne morphe, dilatation pyélique modéré, dilatation urétrale majeure. A08-5163 Rupture vésicale. Echo : rupture vésicale. A97-11103* Polyurie. Echo : épaississement de la paroi vésicale, reins inflammatoires. A08-5596 Anurie, hématurie, strangurie. Echo : RAS. A08-3871 A08-5931 Echo : hématome vésical, kyste rein G et modifications rénales. A08-6037 Echo : rein G fibrosé, D modifié kystique et pyélectasie. A08-6305 A05-12571 208 Dysurie, strangurie, globe vésical. Echo : cristaux et sédiments vésicaux. Echo : calcul urétéral droit et hydronéphrose. Dossier Signes urinaires Imagerie A08-6611 Anurie, globe vésical. Echo : sablose urinaire importante. A08-6611 Anurie, globe vésical. Echo : sablose urinaire importante. A04-7829 Anurie, dysurie, pollakiurie. Echo : épaississement focal pariétal post vésical, reins RAS. A08-7079 Pollakiurie, anurie, globe vésical. Echo : cristallurie. A02-1923* 209 210 BIBLIOGRAPHIE 1. ADAMS, W. & DIBARTOLA, S., 1983. Radiographic and clinical features of pelvic bladder in the dog. J Am Vet Med Assoc, 182, p.1212-1217. 2. ADE-DAMILANO, 2005. Architecture du rein. Available http://www.unifr.ch/anatomy/elearningfree/francais/rein/niere03.html at: [Accédé Décembre 5, 2010]. 3. ASSCHER, A. et al., 1966. Urine as a medium for bacterial growth. Lancet, 2, p.1037-1041. 4. BAILIFF, N. et al., 2006. 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Bien que les infections cliniquement silencieuses soient fréquentes, une hématurie est présente dans 94% des cas. Densité et pH pourraient aider à l’identification de l’espèce bactérienne responsable. Les infections urinaires sont majoritairement secondaires à un sondage urinaire à demeure ou une urétrostomie. Enterococcus, Escherichia coli, Staphylococcus et Streptococcus représentent près de 80% des uropathogènes. Leur prévalence respective demeure stable sur les 3,5 années de l’étude. Plus de la moitié des souches sont multi-résistantes et notamment les souches d’Enterococus résistantes à plus de 3 antibiotiques testés (MDR) sont fréquentes : 90%. L’urétrostomie semble constituer un facteur de prédisposition à l’isolement d’une souche MDR. La résistance aux agents antibiotiques est en diminution ou stable sur 3 ans. Poly-microbisme, souche MDR et sondage urinaire à demeure sont révélateurs de la présence d’infection nosocomiale à l’ENVA. Mots clés : TRACTUS URINAIRE / BAS APPAREIL URINAIRE / UROCULTURE / CYSTITE / PYELONEPHRITE / ANTIBIOTIQUE, ANTIBIORESISTANCE / INFECTION NOSOCOMIALE / ESCHERICHIA COLI / ENTEROCOCCUS / STAPHYLOCOCCUS / SREPTOCOCCUS OBSTRUCTION URETRALE / SONDAGE URINAIRE / CARNIVORE / CHAT / ENVA Jury : Président : Pr. Directeur : Dr. C. MAUREY-GUENEC Assesseur : Pr. H-J. BOULOUIS Adresse de l’auteur : 97B rue de l’abbé cousin 59493 Villeneuve d’Ascq / ANALYSIS OF CULTURES FROM 645 FELINE URINE SAMPLES CARRIED OUT BETWEEN 2004 AND 2008 IN ENVA EPIDEMIOLOGIC, CLINIC AND BACTERIOLOGIC FINDINGS SURNAME and Given name : DECAMBRON Adeline Summary : This is a retrospective study dealing with cultures from feline urine samples taken from December 2004 to June 2008 in ENVA (national veterinary school of Alfort), especially it deals with the positive cultures which show urinary tract infections. During this study period, 645 samples are analysed and the prevalence of feline urinary tract infections is 240 positive cultures or 37%. Lower urinary tract affection are seen more often. Although asymptomatic urinary tract infections are common, hematuria is present in 94% of cases. Specific gravity and pH might help to predict idenfication. Urinary tract infections are mainly secondary to indwelling catheterization or urethrostomy. Enterococcus, Escherichia coli, Staphylococcus and Streptococcus represent almost 80% of uropathogens. Their prevalence remains stable over 3,5 years. More than half the isolates are multi-drug resistant, in particular Enterococcus isolates that are resistant to more than 3 antibiotics tested (MDR) are common (90% of the isolates). Urethrostomy is a predisposing factor for isolation of MDR uropathogens. Antibiotic resistances are decreasing or stable over 3 years. Poly-microbial culture, MDR isolate and indwelling catherization show the presence of nosocomial infections in ENVA. Key words : URINARY TRACT / LOWER URINARY TRACT / URINE CULTURE / CYSTITIS / PYELONEPHRITIS / ANTIBIOTIC / ANTIBIOTIC RESISTANCE / NOSOCOMIAL INFECTION / ESCHERICHIA COLI / ENTEROCOCCUS / STAPHYLOCOCCUS / SREPTOCOCCUS / URETHRAL OBSTRUCTION / URINARY CATHETERIZATION / CARNIVORES / CAT / ENVA Jury : President : Pr. Director : Dr. C. MAUREY-GUENEC Assessor : Pr. H-J. BOULOUIS Author’s address : 97B rue de l’abbé cousin 59493 Villeneuve d’Ascq