Pr. D. VERNANT Logique II (2) 3
3.1.3 Les « concepts »
L’ultime étape consiste à remplacer dans l‘égalité la variable numérique par un autre type de
variable : On obtient un modèle qui est généralisable.
Exemple : « César conquit la Gaule » est une proposition vraie. Pour obtenir une fonction
non numérique, il suffit d'introduire une variable qui n'est plus numérique : « (x) conquit la Gaule ».
On transforme alors la proposition en un concept qui prend les valeurs Vrai ou Faux selon les
arguments qu’on lui assigne :
(x) conquit la Gaule
César conquit la Gaule : Vrai
Platon conquit la Gaule : Faux
etc.
Ainsi, un concept est une fonction qui admet comme valeurs des valeurs de vérité (Vrai et
Faux) et dont la variable d'objet admet pour arguments des noms d'objets (César, Platon, etc.). On
obtient un calcul qui n'est plus restreint à des objets particuliers, nombres ou figures. L'objet de la
logique va être la valeur de vérité de la fonction (d’où une approche extensionnelle des concepts).
3.1.4 Formalisation
Recourant au vocabulaire russellien, on ne parlera plus de concept mais de fonction
propositionnelle, i.e. une fonction qui engendre des propositions, non plus d’objet mais d’individu,
i.e. une entité quelconque qui peut être individuée (chose, personne, nombre, etc.).
Soit une proposition singulière P(a) où a est une constante d’individu, i.e. le nom propre
d’un individu singulier disponible dans un domaine d’individu : Di : { a, b, …}. Cette proposition
possède une valeur de vérité V ou F.
On obtient la fonction propositionnelle P(x) en substituant à la constante d’individu une
variable d'individu (x) qui prend ses valeurs dans le domaine d’individu. Si une proposition a une
valeur de vérité, une fonction propositionnelle n'a jamais de valeur de vérité. Elle n’est qu’un schéma
d'engendrement des propositions.
L’avantage majeur de cette analyse fonctionnelle est qu’elle s’applique aussi bien aux
fonctions à une variable P(x) qu’aux fonctions à deux ou n variables, i.e. aux schémas relationnels
R(x,y) ou R (x,y,z). Dès lors, le terme de prédicat peut s'entendre en deux sens :
* au sens restreint, il caractérise une propriété qui s'applique à un seul individu
* au sens large, il sert aussi pour caractériser les propositionnelles relationnelles.
RM : par souci de simplification pédagogique, nous restreindrons cette année le « calcul des
prédicats » aux seules fonctions à une variable, i.e. aux propositions prédicatives au sens restreint.