LA PAGE DU BONHEUR par Guillemette Gaigneux Dys… Comment retrouver le bonheur d’apprendre ? Hervé Glasel est polytechnicien et neuropsychologue, spécialiste du développement de l'enfant. Passionné par le dépistage et la prise en charge des troubles des apprentissages, il a créé les écoles du CERENE dédiées aux enfants «Dys» et à certains enfants précoces. Que faire quand un enfant semble malheureux à l’école? Afin de savoir précisément pourquoi cet enfant est malheureux à l’école, le dialogue entre les parents et les enseignants, basé sur des observations objectives est primordial. C’est ensuite à un professionnel de proposer une démarche de dépistage efficace pour poser un éventuel diagnostic. C’est dans ce cadre qu’intervient le bilan neuropsychologique proposé dans les écoles du CERENE. C’est une approche globale qui permet de mettre en avant les points forts de l’enfant, au même titre que ses fragilités éventuelles et ses besoins spécifiques. Dans ma pratique, ce bilan est la clé. C’est la feuille de route qui va nous permettre de comprendre comment faire avancer l’enfant. Comment l’aider en dépit de ses difficultés. Ce bilan complet est un processus long. Un premier entretien d’une heure avec les parents, suivi de 6 à 9 heures d’interaction avec l’enfant. On y analyse la plupart des dimensions cognitives : intellectuelles, visuelles, motrices, praxiques (gestes intentionnels). Mais aussi le langage, le sens des nombres, les processus de mémoire, les fonctions attentionnelles et exécutives, le traitement de l’information sociale et enfin la personnalité. pixabay.com Pourquoi le dépistage est-il important? Avoir du mal à lire ou à écrire dans notre société, où toute la scolarité passe par la lecture de textes et la rédaction des réponses, est un véritable obstacle pour donner à voir son vrai potentiel. En France, 5 à 10% des enfants souffriraient de dyslexie, dysphasie, dyspraxie, dyscalculie, dysorthographie ou de troubles attentionnels… 500 000 enfants « dys » évolueraient dans le système scolaire, soit en moyenne 2 à 3 enfants par classe ! Dans la plupart des cas, ils ne sont pas diagnostiqués. Or il est important de mettre en place une pédagogie adaptée pour qu'ils apprennent en dépit de leur trouble de la lecture, du calcul, du langage ou du geste. Cela en contournant, en allégeant la tâche, ou en libérant d’autres ressources attentionnelles, pour qu’ils puissent révéler leurs compétences, qui sont indéniables : les enfants présentant des troubles de l’apprentissage, les enfants «dys», sont des enfants intelligents et pertinents. des écoles spécifiques mais non ‘spécialisées’ qui s’appuient, pour dispenser leur enseignement, sur des technologies d'assistance, basées sur les recherches les plus récentes en psychologie du développement et en sciences cognitives. Citons par exemple l’utilisation de logiciels et de supports e-learning spécifiques, la synthèse vocale et le cartable numérique avec cours et exercices. L'enfant est ainsi amené à aller directement au contenu de l’enseignement, sans être gêné par le vecteur de l'information. Il s’agit de donner à ces enfants les outils de leur indépendance pour ensuite les réintégrer avec succès dans le système classique. Ce bilan sera-t-il bientôt proposé à Londres? Peut-on guérir d’un trouble «dys»? Oui en effet, c’est mon objectif. J’ai une demande importante de familles françaises résidant à Londres, qui jusqu’à présent se déplaçaient à Paris. Or malgré les précautions que l’on prend pour mettre l’enfant à l’aise, réaliser un bilan peut être anxiogène, et le fait d’être loin de chez soi ajoute à l’inconfort de la situation. Je me suis dit que ce serait plus logique et plus sécurisant pour l’enfant que ce soit moi qui traverse la Manche à l’avenir ! Les premières interactions se feront par téléphone ou par Skype et les entretiens avec l’enfant pourront avoir lieu en Angleterre. Qu’est-ce que les écoles du CERENE? C’est justement pour accueillir ces enfants vifs et curieux qui ne trouvent pas leur place dans le système scolaire ordinaire que les écoles du CERENE ont été créées. Ce sont Non. Un trouble « dys » est un trouble résistant, mais encore une fois ces enfants sont vifs et pertinents et la plasticité de leur cerveau leur permettra de développer des réseaux et des connexions nouvelles entre neurones créant ainsi des voies de compensation de leur(s) trouble(s) d’apprentissage. Ils pourront s’adapter. Et en les aidant à découvrir et à mobiliser des stratégies efficaces de contournement de leurs difficultés, on peut leur rendre l’appétit et la jouissance d'apprendre qui se sont épuisés au contact des difficultés… Et donc le plaisir d’aller à l’école. Pour en savoir plus : http://www.cereneeducation.fr/ [email protected] L’ECHO Avril-Mai 2014 31