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L’ECHO Avril-Mai 2014
LA PAGE DU BONHEUR
Que faire quand un enfant
semble malheureux à l’école?
Afin de savoir précisément pourquoi cet
enfant est malheureux à l’école, le dialogue
entre les parents et les enseignants, basé sur
des observations objectives est primordial.
C’est ensuite à un professionnel de proposer
une démarche de dépistage efficace pour
poser un éventuel diagnostic. C’est dans ce
cadre qu’intervient le bilan neuro-
psychologique proposé dans les écoles du
CERENE. C’est une approche globale qui
permet de mettre en avant les points forts
de l’enfant, au même titre que ses fragilités
éventuelles et ses besoins spécifiques. Dans
ma pratique, ce bilan est la clé. C’est la
feuille de route qui va nous permettre de
comprendre comment faire avancer l’enfant.
Comment l’aider en dépit de ses difficultés.
Ce bilan complet est un processus long. Un
premier entretien d’une heure avec les
parents, suivi de 6 à 9 heures d’interaction
avec l’enfant. On y analyse la plupart des
dimensions cognitives : intellectuelles,
visuelles, motrices, praxiques (gestes
intentionnels). Mais aussi le langage, le sens
des nombres, les processus de mémoire, les
fonctions attentionnelles et exécutives, le
traitement de l’information sociale et enfin
la personnalité.
Pourquoi le dépistage est-il important?
Avoir du mal à lire ou à écrire dans notre
société, où toute la scolarité passe par
la lecture de textes et la rédaction
des réponses, est un véritable obstacle
pour donner à voir son vrai potentiel.
En France, 5 à 10% des enfants souffriraient
de dyslexie, dysphasie, dyspraxie
,
dyscalculie,
dysorthographie ou de troubles
attentionnels… 500 000 enfants « dys »
évolueraient dans le système scolaire, soit
en moyenne 2 à 3 enfants par classe ! Dans
la plupart des cas, ils ne sont pas
diagnostiqués. Or il est important de mettre
en place une pédagogie adaptée pour qu'ils
apprennent en dépit de leur trouble de la
lecture, du calcul, du langage ou du geste.
Cela en contournant, en allégeant la tâche,
ou en libérant d’autres ressources
attentionnelles, pour qu’ils puissent révéler
leurs compétences, qui sont indéniables : les
enfants présentant des
troubles de
l’apprentissage, les enfants «dys», sont des
enfants intelligents et pertinents.
Ce bilan sera-t-il bientôt proposé à
Londres?
Oui en effet, c’est mon objectif. J’ai une
demande importante de familles françaises
résidant à Londres, qui jusqu’à présent se
déplaçaient à Paris. Or malgré les
précautions que l’on prend pour mettre
l’enfant à l’aise, réaliser un bilan peut être
anxiogène, et le fait d’être loin de chez soi
ajoute à l’inconfort de la situation. Je me suis
dit que ce serait plus logique et plus
sécurisant pour l’enfant que ce soit moi qui
traverse la Manche à l’avenir ! Les premières
interactions se feront par téléphone ou par
Skype et les entretiens avec l’enfant
pourront avoir lieu en Angleterre.
Qu’est-ce que les écoles du CERENE?
C’est justement pour accueillir ces enfants
vifs et curieux qui ne trouvent pas leur place
dans le système scolaire ordinaire que les
écoles du CERENE ont été créées. Ce sont
des écoles spécifiques mais non ‘spécialisées’
qui s’appuient, pour dispenser leur
enseignement, sur des technologies
d'assistance, basées sur les recherches les
plus récentes en psychologie du
développement et en sciences cognitives.
Citons par exemple l’utilisation de logiciels
et de supports e-learning spécifiques, la
synthèse vocale et le cartable numérique
avec cours et exercices. L'enfant est ainsi
amené à aller directement au contenu de
l’enseignement, sans être gêné par le vecteur
de l'information. Il s’agit de donner à ces
enfants les outils de leur indépendance pour
ensuite les réintégrer avec succès dans le
système classique.
Peut-on guérir d’un trouble «dys»?
Non. Un trouble « dys » est un trouble
résistant, mais encore une fois ces enfants
sont vifs et pertinents et la plasticité de leur
cerveau leur permettra de développer
des réseaux et des connexions nouvelles
entre neurones créant ainsi des voies
de compensation de leur(s) trouble(s)
d’apprentissage. Ils pourront s’adapter. Et en
les aidant à découvrir et à mobiliser des
stratégies efficaces de contournement de
leurs difficultés, on peut leur rendre l’appétit
et la jouissance d'apprendre qui se sont
épuisés au contact des
difficultés… Et donc le
plaisir d’aller à l’école.
Pour en savoir plus :
http://www.cerene-
education.fr/
ggaigneux@me.com
par Guillemette Gaigneux
pixabay.com
Hervé Glasel est polytechnicien et neuropsychologue, spécialiste du
développement de l'enfant. Passionné par le dépistage et la prise en
charge des troubles des apprentissages, il a créé les écoles du
CERENE dédiées aux enfants «Dys» et à certains enfants précoces.
Comment retrouver
le bonheur d’apprendre ?
Dys
…