Sur le terrain

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Actualité publiée le jeudi 23 novembre 2006 sur le site www.jeandionis.com
23/11/06 ‐ Remise de l’ordre national du mérite à EDGARD CLEMENT
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Je veux vous dire ce soir ces quelques mots pour vous exprimer ici ma joie et ma très grande émotion pour
ce moment si particulier qui nous réunit autour d’Edgard CLEMENT.
Je serai bref mais je veux simplement apporter mon témoignage sur ce personnage un peu exceptionnel à
notre époque qu’est Edgard.
Quand je pense à lui, les premiers mots qui me viennent à l’esprit sont : dévouement, amitié et respect.
Grâce au docteur Chollet, j’ai eu la chance de croiser le chemin d’Edgard et je dois dire que c’est le
genre de rencontre qui marque et qui compte dans une vie.
Pour moi Edgard, c’est avant tout le don de soi pour le bien des autres et surtout pour les non voyants.
Avec Edgard, le mot bénévolat retrouve tout son sens originel.
Le mot « bénévole » vient du latin benevolus. Bene veut dire « bien » et volo signifie « je veux ». Une
personne bénévole est donc, par définition, une personne de bonne volonté qui veut accomplir de bonnes
actions et venir ainsi en aide aux autres.
Ce choix de vie, généreux, courageux et éminemment respectable, Edgard CLEMENT l’a fait dès ses 11 ans
pour accompagner des non‐voyants au jardin des plantes de Toulouse.
Ce qui n’était qu’une simple BA en 1949, devint l’œuvre de toute une vie. Et c’est là, où je dois dire ma
plus grande admiration. La vie d’Edgard est un exemple à plusieurs titres. Mais je souhaiterais mettre en
exergue une leçon que l’on peut tirer de son expérience :
Rien de grand ne se fait sans la durée. Rien de grand ne se fait sans le long terme.
C’est ce principe qui a guidé Edgard, et cette leçon qu’il nous lègue. Car, durant ces 57 années de
dévouement au service de la croisade des aveugles et aujourd’hui de Voir Ensemble, EDGARD nous a
démontré de la plus belle des manières qui soit l’importance du bénévolat, l’importance du don de soi,
l’importance de la solidarité.
Car toute personne qui pratique le bénévolat est une richesse pour sa communauté parce que son
implication sociale rend possible la solidarité humaine. Au niveau associatif, Edgard incarne cette solidarité.
Ce faisant, cette personne est un bien précieux pour la Nation. Et c’est aujourd’hui, la Nation, à travers
ces insignes de Chevalier de l’Ordre national du Mérite, qui te remercie et met en lumière ton engagement
de tous les instants.
C’est donc un juste retour des choses et je sais que tu accueilles cette reconnaissance avec toute la
modestie qui te caractérise.
Surtout, nous devons te rendre hommage pour avoir mené de front ces engagements et ton métier
d’infirmier puis de cadre de santé. Depuis, ton arrivée à Agen en 1958, tu as été à l’origine de la naissance
de l’antenne de la croisade sur Agen et depuis ce jour, tu as été réélu président à chaque fois. Là encore,
nous avons des leçons à prendre de ce côté !
Il faut dire que tu possédais tous les atouts et toutes les qualités pour séduire les agenais.
Car Edgard réussit le tour de force d’être à la fois un membre actif du diocèse, un fidèle généreux,
attentif à son prochain et, dans le même temps, un radical dans toute sa splendeur qui a toujours su
amadouer et charmer les gascons que nous sommes…
Plus sérieusement, quand je pense à toi, à la croisade, mes pensées vont en ce jour à tous les non‐voyants
présents aujourd’hui, à ceux qui nous ont quittés, tous ceux qui vivent avec cet handicap car celui‐ci
constitue une exclusion à nulle autre pareille.
Aujourd’hui, je voudrais également que nous ayons une pensée pour une personne pour qui j’ai un infini
respect, il s’agit de M. Roland de Sermet. A lui comme à vous tous, je veux simplement vous dire mon
amitié, ma solidarité et vous remercier pour la belle leçon de vie que vous nous donnez chaque jour.
Là aussi, votre action au sein de l’association doit être saluée car vous contribuez à nous faire mieux
appréhender ce que c’est de vivre avec un tel handicap.
C’est cette sensibilité au handicap que j’ai appris à comprendre et à intégrer en travaillant aux côtés du
Docteur CHOLLET.
C’est auprès de lui que j’ai compris que la vie est aussi faite d’incidents, d’écueils ou de drames. Et que
notre seul moyen de lutter face à ces injustices est d’abord toujours plus de solidarité mais aussi toujours
plus d’efforts en faveur de la recherche et du progrès social.
C’est d’ailleurs cette leçon qui me guide parfois dans mon activité parlementaire. C’est à vous que j’ai
pensé en particulier lorsque nous avions à débattre récemment de la loi appelée DADVSI, loi visant à
encadrer la propriété intellectuelle et les droits d’auteurs. J’ai porté et défendu à cette occasion un
amendement sur ce texte pour rendre possible la lecture aux non‐voyants par la lecture sonore.
Cet amendement, relatif au dépôt légal numérique, a promu l'accès des non‐voyants à la lecture. Car,
écouter, c'est encore voir un peu, pour une personne non voyante.
Logiciels de synthèse vocale, logiciels de traduction en braille, la technique offre enfin les moyens de
rendre facilement la lecture sonore ou tactile.
Quelle belle révolution pour les handicapés visuels ! Encore fallait‐il pouvoir alimenter ces logiciels miracles
en fichiers numériques sans avoir à passer par une phase imbécile, fastidieuse et coûteuse de re saisie ou
de scannage du texte. Grâce à cet amendement, la possibilité est désormais donnée aux bibliothèques
sonores de recevoir les fichiers numérisés qui pourraient être mis à la seule disposition des adhérents
Je me rappellerai toujours de ce moment si spécial où le Ministre m’interpella dans l’hémicycle pour me
dire : « Monsieur le Député Dionis, pourquoi vous mettez‐vous en colère ? ». Et je fis ma réponse en
pensant à toi Edgard, à ton action et à vous tous.
Je voudrais juste conclure en disant qu’à travers toi, Edgard, c’est une reconnaissance collective que
nous célébrons aujourd’hui.
A travers ta récompense, c’est l’ensemble de la communauté des non‐voyants qui est honorée. Mais aussi,
nous ne saurions les oublier et parce qu’il s’agit bien d’une action collective, je souhaite rendre hommage
à l’ensemble des bénévoles qui ont fait et qui font la croisade qui sont honorés aujourd’hui.
A toi Edgard, à vous sincèrement et du fond du cœur, bravo et merci !
© Jean Dionis
http://www.jeandionis.com
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