MARDI 3 JUILLET 2012 n°3
«LE TEMPS DE L'UNIVERSITÉ »
est réalisé dans le cadre
de l'Université d'été francophone en santé publique
Rédacteur en chef :
Alain Douiller –Codes de Vaucluse
Rédacteurs :
François Baudier – ARS de Franche-Comté
Solène Boichat – ARS de Franche-Comté
Claude Bouchet –Ancien responsable d'associations de prévention
Mohamed Boussouar –Éducation Santé Loire
Kerim Bouzouita - Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA)
à Tunis
Lara Destaing – Université de Franche-Comté
Secrétariat de rédaction :
Marie-Frédérique Cormand – INPES
Photographe :
Georges Pannetton – Université de Franche-Comté
Création graphique et maquette :
Jean-Luc Bonvalot – ARS de Franche-Comté
Tirage : 400 exemplaires
Université d'été francophone en santé publique
Faculté de médecine et de pharmacie
Place St-Jacques – 25030 Besançon Cedex
tél.:0381665575
site Internet : http://www.urcam.org/univete/index.htm
Qui êtes-vous ?
Mbarka Ndaw : Je suis chargée de programme dans l’ONG Action et Développement
(Acdev), qui mène des actions de promotion de la santé au Sénégal depuis 2008.
De formation, je suis technicienne en animation du développement et je travaille
dans l’ONG depuis 1993.
Guillaume Pompougnac : Je travaille à l’Instance régionale d’éducation pour la santé
(Ireps) de Guadeloupe, où je suis chef de projet du programme Jafa (jardins
familiaux). C’est un programme de santé-environnement, qui vise à réduire
l’exposition de la population à la chlordécone, un polluant présent dans un pesticide
utilisé entre 1970 et 1993 dans la culture de la banane. Les sols pollués le sont
pour cinq cents à six cents ans. Il s’agit pour nous de diagnostiquer qui s’alimente
à partir de son jardin sur un sol pollué et de limiter cette exposition en changeant
les méthodes de culture et en adaptant son alimentation, sans abandonner toutefois
le jardin car c’est un élément favorable à la santé. Il s’agit surtout d’informer les
gens sur le degré de sensibilité des plantes à la pollution.
Pourquoi l’Université d’été de Besançon ?
M. N. : J’ai connu Besançon grâce au Président d’Acdev qui, ayant participé à
l’Université pendant des années, a voulu transférer cette initiative au Sénégal.
C’est une activité qui a débuté en 2008 et prend beaucoup d’ampleur, regroupant
les professionnels de la santé aussi bien que les acteurs des ONG. Travaillant dans
le champ de la santé publique et celui de la santé communautaire depuis près de
vingt ans, j’ai souhaité participer à l’Université pour pouvoir échanger avec des gens
qui interviennent comme moi en promotion de la santé, et discuter de ce que nous
sommes en train de réaliser au Sénégal.
G. P. : L’Ireps de Guadeloupe a pour principe de former ses professionnels et donc,
de permettre chaque année une participation à l’Université. Pour ce qui me
concerne, je suis issu d’une formation en gestion et protection des eaux et des sols
et j’avais besoin de développer mes compétences en santé.
Pourquoi le module COM ?
M. N. : Mon choix de ce module n’est pas fortuit : tout ce que je fais depuis
une décennie tourne autour de la communication car l’Acdev travaille beaucoup
avec les organisations communautaires de base, notamment dans des actions de
sensibilisation qui font appel à des techniques de communication. Les techniques
évoluant nous avons besoin d’actualiser nos connaissances.
G. P. : Dans le cadre de notre programme, nous avons un volet communication à
différents niveaux : régional, de quartiers, individuel. La communication, c’est donc
la base de l’action et le moyen par lequel passent les messages. Étant également
novice sur ce volet, j’ai souhaité participer à ce module.
Quel impact de la formation imaginez-vous sur vos actions ?
M. N. : Si j’en juge déjà par ce que nous avons vu ce matin avec nos formatrices, je
sais que ce module aura un impact sur mes activités. Les principes attachés à la
communication qui nous ont été présentés, les échanges que nous avons eus,
la découverte de ce que les autres font en la matière, tout cela constitue un « sang
neuf » qui renforcera nos capacités d’agir.
G. P. : Je suis d’accord avec Mbarka, c’est particulièrement intéressant de
mutualiser les expériences, d’échanger avec des professionnels de la santé et de la
communication en santé, d’avoir des clés méthodologiques, de connaître les limites
de la communication. Cela dit, je pourrai sûrement plus facilement répondre à cette
question vendredi…
Propos recueillis
par Mohamed Boussouar
MOTS CROISÉS
Mbarka Ndaw et Guillaume Pompougnac
Tunisie : un pays en (r)évolution
La dernière Université d’été de Besançon
s’était ouverte sous le signe du « Printemps
arabe », des espoirs qu’il suscitait. Un an
après, que nous en dit Adnen El Ghali, jeune
urbaniste tunisien qui est intervenu cette
année dans la conférence d’ouverture ?
La santé ? Elle faisait, nous dit-il, partie du
pacte social issu de l’indépendance, au même
titre que l’éducation, l’accès aux produits
alimentaires de base… Mais en Tunisie
comme dans d’autres pays, la situation s’est
fortement dégradée : corruption, clientélisme,
planification qui se limite, avec des moyens
trop faibles, au secteur public et qui laisse le
secteur privé se développer au profit de la
partie la plus fortunée de la population. Donc
une attente très forte dans ce domaine comme
dans d’autres.
La démocratie ? La société civile tunisienne
sort d’une période de blocage total, d’un
dialogue social absent, d’une mainmise
absolue sur le monde associatif, d’une
interdiction de fait de toute consultation de la
population. Le défi à relever aujourd’hui est
celui d’un État moins autoritaire et d’une
société civile plus organisée qui ne craint pas
de le critiquer.
L’urbanisme ? En crise. Si l’on prend
l’exemple de Tunis, derrière la gestion « carte
postale », la ville ancienne est plutôt en
déshérence, la préservation du bâti ancien
résiste mal aux appétits des promoteurs,
les nouveaux quartiers se protègent dans la
logique des « gate communities » américai-
nes, l’habitat spontané s’étend avec un déni
de services quasi-total. L’état se désengage
des transports et l’auto est un luxe. La mixité
sociale se réduit comme peau de chagrin.
L’avenir ? Incertain. Après cinquante ans d’État
nation moderniste et de pouvoir autoritaire, les
premières élections libres d’octobre 2011 ont
porté au pouvoir un parti « islamiste »,
Ennhadah, dont le credo économique et répu-
blicain laisse en question beaucoup d’enjeux
politiques, culturels et sociaux.
En tout cas, pour tous, l’enjeu est clair,
accompagner les Tunisiens dans la difficile
construction de leur avenir. Par les voyages,
par les collaborations et en valorisant
l’Université sœur en santé publique qu’ils
organisent.
Claude Bouchet
Rencontre avec Adnen El Ghali
Edgard Ngoungou, simplicité et conviction
au service des personnes épileptiques
Edgard Ngoungou est neuro-épidémiologiste, maître-
assistant à la faculté de médecine de Libreville, au
Gabon, et enseignant-chercheur associé de l’Inserm,
université de Limoges, dans l’unité « Neuro-épidémio-
logie tropicale ». C’est aussi un sacré personnage, tout
en bonne humeur et simplicité, qui, depuis près de dix
ans, lutte contre les ravages de l’épilepsie en Afrique
noire.
Ses travaux ont permis de mettre en évidence le lien
entre des maladies infectieuses (méningite purulente,
hépatites virales ou paludisme cérébral) et l’épilepsie
lorsqu’il y a atteinte neurologique chez l’enfant
(20 à 26 % des cas). L’absence de traitement entraîne
souvent un déficit intellectuel et un retard mental chez
l'enfant, c’est pourquoi il milite aussi activement pour
la mise en place d’une Ligue gabonaise contre l’épilep-
sie afin d’aider les enfants et leurs parents à mieux
comprendre et accepter la maladie. En effet, il persiste
en Afrique une représentation erronée de l’épilepsie,
considérée dans sa forme la plus spectaculaire
(tonico-clonique généralisée) comme une maladie
contagieuse, surnaturelle. Les patients sont
stigmatisés et tenus à l’écart. Les parents dans
l’incompréhension peuvent être conduits à des ruptu-
res familiales.
Edgard a reçu sept prix inter-
nationaux pour l’ensemble
de ses travaux de recherche
dont, dernier en date, le Prix
Jean Valade de la Fondation
de France. Ces prix ont per-
mis de réunir les fonds
nécessaires (75 000 €) à la
mise en place de sa ligue qui
devrait voir le jour d’ici fin
septembre. Bravo encore à
cet homme qui se bat
activement contre l’épilepsie
dans son pays.
Aurélie Foinard et Marie Dodane
Module BIBLIO
Le module COORD fait son blog
Plus fort, plus moderne : le module Coordination nous
informe de la création de son propre blog !
Retrouvez-y les informations de l’enseignement, les
comptes rendus des travaux des participants, des
photos, etc.
http://modulecoordination.blogspot.fr
ÉCHOS DES MODULES
La Commission mondiale sur la politique en
matière de drogue a présenté, à Londres, un
nouveau rapport dans lequel elle plaide pour un
changement de politique, estimant que l’approche
répressive aggravait la propagation du sida.
Pour le Pr Michel Kazatchkine, ancien directeur du
Fonds mondial de lutte contre le sida, « Les efforts
de répression ciblant les consommateurs vont à
l’encontre des mesures de santé publique visant à
prévenir la transmission du VIH/sida, les décès par
surdose et les autres dommages liés à l’usage de
drogues ».
La nouvelle ministre de la Santé, Marisol Touraine,
a expliqué que les salles de consommation à moin-
dre risque étaient « utiles et intéressantes » et a
confirmé l’engagement de François Hollande de
permettre de les expérimenter dans des villes
comme Paris ou Marseille.
Source : lequotidiendumedecin.fr
BRÈVE SANTÉ
© Georges Pannetton
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PHOTO DU JOUR
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