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externes et résidentiels. La liaison est assurée entre le système de santé mentale et les autres
systèmes ( toxicomanie, légal, etc.) ( Drake, Antosca, Noordsy, Bartels et Osher, 1991),
éventuellement par un programme de gestion de cas (Drake & Noordsy, 1994). De tels
programmes intégrés ont été implantés dans des hôpitaux psychiatriques, des hôpitaux de jour
et des services externes.
Le programme Bridge, d’abord développé à Chicago, est un modèle de traitement
communautaire intensif (Assertive Community Treatment, ou ACT), fondé sur une approche de
gestion de cas. Cependant, l'ACT se différencie des approches de gestion de cas traditionnelles
par le soutien à domicile et dans la communauté, l'assurance que les services essentiels seront
fournis aux patients (en les offrant eux-mêmes, lorsque possible), l'approche d'équipe, un
nombre de cas par intervenant inférieur à quinze, une disponibilité de 24 heures, sept
jours/semaine et l'engagement à long terme du personnel d'offrir une continuité et une
stabilité des services. Le Bridge a développé plusieurs programmes spécialisés pour les
clientèles à besoins particuliers, tels les sans-abri et les personnes à double diagnostic (Dincin,
Zeitz, Farrell, Harrington et al., 1995). La philosophie de base du programme ne requiert pas
l'abstinence obligatoire, et voit les rechutes comme des opportunités d'apprentissage plutôt
que de leur conférer un sens négatif. Les composantes du programme sont un traitement de
jour en groupe, et une alliance avec des groupes appliquant l’approche des douze étapes, et des
groupes de support externes. Certains des groupes du centre de jour sont éducationnels et
d'autres thérapeutiques. Le programme comporte également un volet résidentiel spécial pour
les personnes à double diagnostic qui nécessitent un encadrement pour le logement.
La littérature spécialisée rapporte aussi d’autres modèles d’intervention développés
spécifiquement pour les cas de double diagnostic (comme par exemple le modèle en 9 étapes de
Sciacca, l991) et l’adaptation à cette clientèle de modèles déjà existants en psychiatrie
(clubhouse, psychoéducation, intervention brève) ou en toxicomanie (groupes d’entraide,
communauté thérapeutique). Dans ces modèles, l’approche de groupe occupe une place
importante et prend plusieurs formes : groupes d’entraide de type AA; groupes de soutien et
d’éducation; groupes de socialisation; groupes à progression graduée (Mueser et Noordsy,
1996).
Bien qu’il soit évident que le traitement résidentiel est essentiel au rétablissement pour
certains cas de double diagnostic, des recherches récentes suggèrent que, pour beaucoup de
patients, le traitement en externe peut être aussi efficace que le traitement interne (Miller,
1990). Le succès serait davantage déterminé par ce qui arrive après le traitement, que
pendant. La durée du traitement est également critique et plusieurs cliniciens et patients
considèrent qu'une approche à plus long terme (un ou deux ans) serait plus appropriée, vu la
difficulté pour ces personnes de maintenir une stabilité résidentielle.
Principales expériences d'intervention au Québec
Parmi les dix programmes d'intervention présentés, quatre relèvent du réseau
psychiatrique et six du réseau de la réadaptation en alcoolisme et toxicomanie. De façon
générale, l’intervention pour les personnes à double diagnostic semble s’être développée