COMMUNIQUÉ
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Des chercheurs de l’IRCM découvrent une nouvelle fonction
pour un acteur important dans la réponse immunitaire
Cette percée contribue à expliquer un rare syndrome d’immunodéficience
Montréal, le 27 mars 2014 – Des chercheurs de l’IRCM dirigés par Javier M. Di Noia, Ph. D., ont découvert
une nouvelle fonction de l’AID, un enzyme essentiel pour la réponse immunitaire. Cette percée, récemment
publiée par la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), contribue à
expliquer une maladie génétique rare qui cause un syndrome d’immunodéficience.
L’équipe de recherche à Montréal étudie l’enzyme AID (activation-induced deaminase) qui se trouve dans les
lymphocytes B, soit le groupe de globules blancs responsables de la production des anticorps qui servent à
combattre les infections). L’AID crée des mutations délibérées dans l’ADN afin de modifier les gènes d’anticorps,
ce qui est requis pour produire une réponse immunitaire appropriée. Toutefois, un mauvais fonctionnement de
l’AID peut avoir des effets néfastes et mener à certaines mutations d’oncogènes (qui causent le cancer).
« Un des rôles de l’AID est de provoquer la commutation de classe d’anticorps, un mécanisme essentiel pour les
réponses immunitaires. La commutation de classe est le processus qui permet aux cellules B de produire différentes
classes d’anticorps de façon à ce que le système immunitaire puisse éliminer une grande variété d’antigènes » a
expliqué le Dr Di Noia, directeur de l’unité de recherche sur les mécanismes de diversité génétique à l’IRCM.
L’AID déclenche un mécanisme selon lequel une rupture se produit dans l’ADN, dans les gènes d’anticorps, et
un des segments est retiré. Les extrémités de chaque côté de la section retirée doivent être réunis pour
réparer le brin d’ADN et, ainsi, produire une nouvelle classe d’anticorps.
« AID est non seulement responsable de déclencher la commutation de classe, mais nous avons aussi
découvert qu’il facilite la réparation de l’ADN pendant ce processus. Par ailleurs, nous avons identifié la
région de l’enzyme qui contrôle cette nouvelle activité. Ces résultats démontrent que l’AID fournit un lien
entre les étapes de dommage et de réparation de l’ADN lors de la commutation de classe » a dit Astrid Zahn,
Ph. D., chercheuse associée au laboratoire du Dr Di Noia et première auteure de l’étude.
« Notre étude contribue également à expliquer une maladie rare nommée syndrome d’hyper-IgM de type 2
(HIGM2) qui est causé par des mutations affectant l’AID. Cette maladie fait partie d’une famille de troubles
génétiques selon laquelle les patients produisent seulement des immunoglobulines M (la classe d’anticorps
produite par défaut par les lymphocytes B), sans produire aucune autre classe d’anticorps suscitée lors
d’infections. Cela compromet de façon considérable la capacité du système immunitaire à lutter contre les
maladies infectieuses » a ajouté la Dre Zahn.
Dans le génome humain, deux copies (ou allèles) d’un gène existent pour chaque protéine, soit une copie
provenant de chaque parent. HIGM2 est habituellement causé par une absence totale d’AID puisque les deux
allèles du gène sont désactivés. Cependant, dans environ 10 % des patients, un seul allèle d’AID est muté. Cet
enzyme muté est donc dominant, car il cause la maladie malgré la présence simultanée d’AID normal dans le
lymphocyte B. Les chercheurs ont constaté que toutes les variantes mutées d’AID manquaient précisément la
région identifiée par leur étude comme étant importante pour la réparation de l’ADN.
« Chez les patients atteints d’HIGM2, l’absence de cette région rend l’AID exceptionnellement efficace pour
endommager l’ADN sans avoir la capacité de déclencher les mécanismes nécessaires pour la réparation. Par
conséquent, l’AID muté perturbe le mécanisme normal de commutation de classe et devient toxique pour les
lymphocytes B, causant ainsi le syndrome d’immunodéficience » a conclu le Dr Di Noia.