Facteurs de renforcement de l’efficacité in vivo de la spiramycine
Effet post-antibiotique
Pour la plupart des antibiotiques, dès que les
concentrations en principe actif diminuent pour passer
en dessous des CMI, les bactéries reprennent
immédiatement leur croissance. Au contraire, la
spiramycine présente la particularité de continuer à
inhiber la croissance bactérienne, alors même que sa
concentration dans le milieu est redescendue en dessous
des CMI des germes considérés : c’est ce que l’on
appelle l’effet post-antibiotique (EPA) ou encore
phénomène de bactériopause.
Cet effet peut être relié à l’accumulation intracellulaire
de la spiramycine (forte affinité pour les cellules cibles)
à la stabilité de ses liaisons avec les ribosomes. Il peut
aussi s’expliquer par l’augmentation de l’activité
bactéricide de la spiramycine lorsque le temps de contact
entre germe et antibiotique augmente.
Effets indirects sur l’immunité et les facteurs
de virulence
Il a été démontré que la spiramycine facilitait l’immunité
non spécifique en augmentant la phagocytose par les
polynucléaires neutrophiles bovins ; ce qui induit une
décroissance plus rapide de la population bactérienne.
Plusieurs études concernant différents germes et
différents types de macrophages ont mis en évidence une
plus grande vulnérabilité des bactéries face aux
macrophages (augmentation de l’ingestion et de la
destruction). Cette interaction “antibiotique / bactérie /
phagocyte” est un facteur important de l’efficacité
antibiotique en cas de localisation intracellulaire du
germe, en particulier lors d’affections chroniques. On
peut d’ailleurs parler de synergie entre la spiramycine
et les macrophages puisque l’une favorise la
phagocytose et les autres assurent un transport actif de
l’antibiotique sur les sites infectieux.
Autres caractéristiques
• Liaison aux protéines
La proportion de spiramycine libre, non liée aux
protéines, c’est-à-dire active, est plus élevée dans le lait
(80 %) que dans le sérum (60 %). Il en est de même
dans les tissus où la liaison avec les protéines est plus
faible.
• Activité de la spiramycine en fonction du pH :
cas des mammites
Lors de mammite, le pH du lait augmente et le passage
de la spiramycine dans la mamelle est diminué.
Cependant les concentrations plus faibles en antibiotique
sont contrebalancées par une efficacité accrue liée à une
baisse des CMI lorsque le pH est plus élevé.
De même, à l’intérieur des cellules et notamment des
macrophages, la pénalisation de l’activité de la
spiramycine par le pH acide est compensée par des
concentrations très élevées.
Tableau 6 : variation de la CMI
de la spiramycine sur une souche de S. aureus
en fonction du pH
pH du milieu CMI de Staph. Aureus
(souche ATCC6538P)
7.2 15
7.6 7.5
8 3.75
• Activité de la spiramycine en présence de lait
De nombreux antibiotiques sont moins actifs dans le lait.
La spiramycine, au contraire, s’est révélée soit aussi
active, soit plus active (baisse des CMI) selon les
souches testées, sur des milieux de culture enrichis en
lait.
Ces différentes propriétés prédisposent tout
particulièrement la spiramycine au traitement des
pathologies mammaires.
• Associations antibiotiques
Certaines familles antibiotiques sont réputées
antagonistes avec les macrolides. Cette question se pose
en particulier lors d’infections mammaires pour
lesquelles la spiramycine par voie générale est associée à
des spécialités intra-mammaires. Pour le vérifier,
diverses associations ont été testées in vitro au cours
d’une expérimentation sur différentes souches de
Staphylococcus aureus, Streptococcus uberis et
dysgalactiae. A cette occasion, il a été démontré qu’il
n’existait aucun antagonisme entre la spiramycine et
les 14 antibiotiques testés : pénicilline G, ampicilline,
amoxicilline, oxacilline, céfuroxime, céfazoline,
céfalexine, streptomycine, néomycine, framicétine,
gentamicine, érythromycine, novobiocine, colistine.