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En lieu et place de la question sécuritaire, pratiquement toutes les personnes que j'ai rencontrées estiment que les défis les plus
importants auxquels la Tunisie est confrontée sont d'ordre économique, c'est-à-dire qu'il s'agit plutôt de mettre en ?uvre des réformes
économiques qui ont été longtemps reportées, attirer les investisseurs étrangers et s'attaquer plus sérieusement au problème du
chômage des jeunes. Une autre illustration du grand intérêt que les Tunisiens attachent au dossier économique: la semaine dernière,
la chute du dinar tunisien par rapport au dollar et à l'euro, a suscité plus d'inquiétude parmi la majorité des Tunisiens ?loin, bien loin
de ce que la presse internationale pouvait dire sur l'anniversaire de l'attentat de Sousse ou la menace que l'organisation terroriste de
l'Etat islamique représente pour le pays. (?) Clairement donc, une bonne partie de l'opinion publique tunisienne est beaucoup plus
préoccupée par les dangers de l'instabilité économique et politique que par un autre attentat terroriste sur le sol tunisien. Et ceci est
en soi une bonne chose.
La menace terroriste en Tunisie n'a rien d'unique
Les observateurs ont raison de rappeler que la Tunisie n'a toujours pas apporté de solutions adéquates à son problème terroriste, en
refusant ou presque d'admettre que ce phénomène a des origines locales. Cependant, de plus en plus de Tunisiens conviennent que la
manière la plus efficace pour extirper ce mal profond requiert l'amélioration de l'économie tunisienne ?à la fois structurellement, par
le biais de réformes bien maîtrisées, et pratiquement, en augmentant sensiblement les investissements étrangers et les exportations, et
en attirant de nouveau les touristes étrangers (?)
Le défi auquel ils sont confrontés pour relancer l'activité de leur industrie touristique est rendu encore plus difficile par
l'intransigeance des interdictions de voyage imposées par les gouvernements européens à leurs ressortissants. Certes, les visiteurs de
la Tunisie sont exposés au risque de violences massives et d'attaques terroristes, mais, hélas, ce danger est loin d'être unique à la
Tunisie. Alors que je rédigeais cette réflexion, je me trouvais à l'aéroport de Bruxelles, ville qui a été récemment cible d'une horrible
attaque terroriste. Aux Etats-Unis, j'habite à moins d'un mille du bâtiment du Capitole (siège du Congrès américain, ndlr) et travaille
à moins d'un mille de la Maison Blanche. Qui est-ce qui oserait me dire que je suis plus en sécurité en restant chez moi, aux
Etats-Unis, qu'en me déplaçant en Tunisie ?ou à Bruxelles, Paris, Tel Aviv ou Orlando?
En tant que résidente de Washington, D.C., je ne passe pas mes journées à me soucier de cette question de sécurité. Je suppose que
le gouvernement américain et l'appareil sécuritaire de mon pays sont bien équipés pour assurer ma protection. Nul doute que les
forces de sécurité tunisiennes ne sont pas aussi professionnelles ou aussi efficaces que leurs homologues aux Etats-Unis et que le
voisinage de la Tunisie demeure nettement plus dangereux que ce que notre pays connait dans l'hémisphère qui est la sienne.
Cependant, une chose est sûre: si les touristes occidentaux et les investisseurs étrangers continuent à tourner le dos à la Tunisie, cet
abandon offrira aux terroristes une victoire facile.
La Tunisie a besoin de plus de visiteurs et de plus d'investisseurs, et, afin d'attirer ces derniers, un engagement soutenu de la
communauté internationale est requis. Le Royaume-Uni et l'Allemagne devraient collaborer avec la Tunisie de façon à combler les
lacunes sécuritaires restantes et accéder à la demande des responsables tunisiens à ce que les gouvernements de Londres et de Berlin
assouplissent leurs conseils de voyage aux ressortissants britanniques et allemands.
Pour sa part, le gouvernement tunisien devrait fournir des efforts supplémentaires pour reconquérir la confiance des touristes
européens. De bonnes campagnes publicitaires peuvent être un premier pas dans la bonne direction. La direction de l'Office national
du tourisme tunisien et les responsables tunisiens de la sécurité devraient également inviter des représentants des gouvernements
européens à visiter la Tunisie afin de les informer sur les progrès accomplis par le pays dans le domaine sécuritaire et leur permettre
de constater par eux-mêmes ces réalisations. Les dirigeants tunisiens ne seront jamais capables de traiter cette question sécuritaire
comme il convient sans l'amélioration de la situation économique de leur pays.
Mon conseil (aux Occidentaux, ndlr)? Allez en Tunisie: profitez des belles plages de ce pays, dégustez sa délicieuse cuisine et
injectez de l'argent dans l'économie tunisienne. Soyez respectueux et prudents, tout autant que vous l'êtes chez vous.
Texte traduit de l'anglais par Marwan Chahla
Source: ??Brookings''.
*Sarah Yerkes est collaboratrice émérite auprès au Center for Middle East Policy et membre du Council on Foreign Relations
International Affairs. Elle a servi auparavant dans la section planification du Département d'Etat américain, où elle s'est spécialisée
dans les Affaires nord-africaines. Elle a également été membre du staff chargé des dossiers palestinien et israélien, dans ce même
département. Sarah Yerkes a occupé la fonction de consultante géopolitique auprès de la Direction de la planification et des
politiques stratégiques (J5) au sein du Pentagone.
** Les titre et intertitres sont de l'auteure.
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