devant une CC opérée dans l’enfance (avec un diagnostic
initial parfois même méconnu par le patient) où il s’agit
d’identifier les séquelles et complications de cette chirur-
gie à l’âge adulte.
Cardiopathies non opérées
à l’âge adulte
Il est impossible d’envisager ici l’évolution spontanée
de toutes les CC et nous détaillerons plus particulièrement
ici celles qui sont relativement fréquentes et dont la survie
est attendue à l’âge adulte. Elles peuvent être réparties en
deux groupes :
–anomalies bien tolérées qui peuvent être découver-
tes à l’âge adulte : bicuspidie aortique, coarctation, com-
munication interauriculaire (CIA), canal artériel, commu-
nication interventriculaire (CIV), sténose pulmonaire,
anomalie d’Ebstein, double discordance ;
–malformations inopérables, en général complexes,
cyanogènes et connues depuis l’enfance.
Cardiopathies pouvant être découvertes
à l’âge adulte
Communications interauriculaires
Les CIA (surtout de type ostium secundum, situées au
centre du septum interauriculaire) sont très fréquemment
découvertes tardivement en raison de l’absence de symp-
tômes jusqu’à un âge avancé et de signes physiques dis-
crets. En cas de défaut large, la plupart des patients sont
symptomatiques à partir de 50 ans : des troubles du
rythme à type de flutter et de fibrillation auriculaire appa-
raissent, l’hypertension artérielle pulmonaire, même mo-
dérée, impose une surcharge de travail au ventricule
droit ; une insuffisance mitrale peut aussi survenir. Le dia-
gnostic de CIA doit être évoqué en échographie devant une
dilatation des cavités droites. Celle-ci est due à la surcharge
volémique créée par le shunt gauche-droit auriculaire.
La présence d’un défect du septum interauriculaire par voie
sous-costale permet de porter le diagnostic. Il faut essayer
de dégager un plan sagittal permettant de voir l’abouche-
ment à la fois de la veine cave inférieure et supérieure, en
particulier pour la CIA sinus venosus
. Lorsque le septum
interauriculaire n’est pas vu dans cette incidence, en
particulier chez les patients obèses ou longilignes, le
diagnostic de CIA ne peut être porté qu’en échographie
transœsophagienne. Cet examen permet de mieux étudier
la région de la fosse ovale et le rapport entre le septum
interauriculaire et la veine cave supérieure, et de
voir l’abouchement à l’oreillette gauche des veines
pulmonaires.
L’estimation des pressions pulmonaires se fait sur l’IT
(qui surestime souvent la PAPs en raison d’un gradient de
débit sur la voie pulmonaire) et sur l’IP. Le calcul du
QP/QS est possible, mais entaché d’erreur chez l’adulte en
raison de la difficulté à mesurer l’anneau pulmonaire.
L’échographie tridimensionnelle permet de mieux étudier
la forme et les rapports anatomiques des CIA.
Les shunts significatifs entraînant une dilatation impor-
tante des cavités droites (taille du ventricule droit au moins
égale à celle du gauche) doivent donc être supprimés
auparavant.
La survenue d’une hypertension artérielle pulmonaire
(HTAP) fixée est rare (< 8 % des CIA ostium secundum et
plus fréquente dans le cas des sinus venosus) mais plus
fréquente chez les femmes et favorisée par les grossesses
multiples. Elle est évoquée sur le plan clinique par une
désaturation d’effort, une gêne fonctionnelle importante,
et à la radiographie thoracique par l’absence de surcharge
vasculaire pulmonaire avec plutôt un aspect de dilatation
proximale des branches et une raréfaction des vaisseaux
en périphérie. En échographie, la pression artérielle pul-
monaire (PAP) systolique dépasse 50 mm. La PAP diasto-
lique est élevée, de même que les résistances pulmonai-
res, avec peu de débit sur la voie pulmonaire voire une
inversion du shunt à travers la CIA [2].
L’HTAP modérée avec hyperdébit pulmonaire est fré-
quente et progresse avec l’âge (POG augmentant).
En l’absence de CIA détectée, un retour veineux pul-
monaire anormal doit être recherché (par une ETO ou plus
facilement un scanner ou une IRM) (figures 1-3).
Canal artériel
Le canal artériel relie l’aorte descendante (isthme) à
l’artère pulmonaire gauche. Il est responsable d’une sur-
charge volumique de l’OG et du ventricule gauche et doit
donc être recherché devant une dilatation des cavités
gauches. Il est difficilement visible chez l’adulte en 2D.
On recueille surtout un jet ascendant dans l’artère pulmo-
naire gauche en Doppler couleur et/ou en Doppler
continu en parasternal petit axe. Il s’agit d’un flux continu
avec une vitesse maximale enregistrée en systole. La vi-
tesse maximale alors mesurée permet d’évaluer la PAPs
Liste des abréviations
CC : cardiopathie congénitale
CIA : communication interauriculaire
CIV : communication interventriculaire
DTI : Doppler tissue imaging
ETO : échocardiographie transœsophagienne
HTA : hypertension artérielle
HTAP : hypertension artérielle pulmonaire
IP : insuffisance pulmonaire
IRM : imagerie par résonance magnétique
IT : insuffisance tricuspide
OG : oreillette gauche
PAP : pression artérielle pulmonaire
PAPs : pression artérielle pulmonaire systolique
POG : pression dans l’oreillette gauche
Diagnostic des cardiopathies congénitales de l’adulte
mt cardio, vol. 3, n° 2, mars-avril 2007
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Dossier – Cardiopathies congénitales
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