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Wesseling H., Les empires coloniaux européens 1815-1919, Paris, 2009
Chapitre 1 : Evolutions à long terme, 1815-1919
Les Hommes
Sociétés coloniales
Société coloniale essentiellement société d’hommes, femmes étant rares. Levée des entraves permit
venue de femmes européennes dans colonies. Si rapport hommes/femmes était 100/47 aux Indes
erlandaises en 1910, passe à 100/88 en 1930. Même si polygamie interdite, pas rare, notamment parmi les
soldats, de trouver hommes ayant plusieurs épouses. Pour certains mariages mixtes et multiples vus comme
un moyen de fraternisation avec populations indigènes. Français et Anglais voyaient femmes indigènes
comme bons moyens de découvrir langue et coutumes des sociétés indigènes. Toutefois, dès milieu XIme
siècle mariages mixtes sont peu à peu moins bien considérés. En 1909 ministre anglais des Colonies interdit
à fonctionnaires coloniaux de fréquenter femmes autochtones. De même Gallieni et Lyautey désapprouvent
mariage des fonctionnaires et militaires.
Les Marchandises
Les infrastructures coloniales
En 1845 les Anglais fondent leur première société de construction de chemin de fer en Inde, l’East
Indian Railway Co. La pose des premiers rails commença en 1852 entre Bombay et Kalyani. En 1902 l’Inde
britannique disposait d’un réseau ferré d’environ 42.000 kilomètres. En 1914, dans les colonies
erlandaises seules environ 2.300 kilomètres étaient couverts de rails. A partir de 1879 la France planche
quant à elle sur une voie ferrée transaharienne. De même le projet d’une voie transafricaine fut évoqué. Les
deux ne verront jamais le jour. Il n’en demeure pas moins que de nombreuses voies ferrées furent malgré
tout réalisées au sein des colonies françaises.
légraphe installé par Anglais au moment de premières voies ferrées en Inde. La France se relie
télégraphiquement avec l’Algérie en 1861. Autres colonies françaises ne connurent ces infrastructures que
plus tard.
Les Pouvoirs
Administration coloniale
Administration directe et indirecte : Il existe trois formes d’administration coloniale : protectorat,
colonie et zone considéré comme composante de la patrie du colonisateur. Le système du protectorat a
permis de remédier à une extension trop rapide des empires coloniaux. Le principe en est que le souverain
du pays conserve ses pouvoirs en matière de politique intérieure, mais est sujet du colonisateur pour ce qui
est de la politique extérieure. De fait la tutelle des protectorats relevait du ministère des Affaires étrangères.
Si au départ les protectorats avaient des portées limitées, celles-ci s’étendirent peu à peu avec l’idée,
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introduit par les Anglais au cours des années 1880, que l’exercice du protectorat dans des terres non
civilisées impliquait le droit d’assumer une juridiction. Peu à peu la distinction protectorat/colonie perdit de
sa substance.
Outre la différence protectorat/colonie, il existe celle entre assimilation et association. Si la première est
relativement ancienne (fin XVIIIème siècle), la seconde est plus récente (années 1890). De même si la
politique fut de prime abord l’assimilation, l’extension importante de l’Empire amena les autorités a prô
un système d’administration indirecte se basant sur le respect des us et coutumes et de la religion des
populations indigènes. Toutefois, celui-ci n’était qu’un fonctionnaire à la solde du colonisateur, ce dernier
exerçant de fait le pouvoir.
Systèmes juridiques et systèmes fiscaux : Un des arguments légitimant le pouvoir colonial était
promotion de civilisation européenne et donc sa législation. Toutefois, dans faits gislations coloniales
dépendaient en grande partie des traditions locales, mais subordonnées à jurisprudence française. En Inde
situation était variée puisqu’à Bombay droit coutumier hindou s’appliquait alors qu’au Bengale et à Madras
c’était forme de législation hindoue anglaise et au Pendjab droit coutumier anglais. Si dans plupart des
territoires des colonies, populations indigènes concevaient droit foncier celui-ci n’englobait pas pleine
propriété, mais des droits d’usage (chasse, cueillette etc…). Importance de la propriété foncière et des fixés
sur celle-ci entrna obligatoire monétarisation d’économie indigène et força indigènes au travail salar.
Les Idées
Enseignement
L’orientation donnée à l’enseignement repose sur plusieurs questions fondamentales : doit-il
s’adresser aux masses ou tendre à former une élite ? Occidentalisation ou transmission de la tradition ? Les
Anglais firent le choix d’angliciser les élites indiennes. Un enseignement était donné aux masses en bengali
et en hindi, mais il s’agit d’initiatives privées et non d’une volonté de l’Etat colonial. En Indochine française
au départ, seuls des interprètes étaient formés, l’enseignement des masses étant confié aux écoles locales
préexistantes. Plus tard un enseignement franco-indigène d’Etat se développa. Du fait de ces diversités les
résultats d’alphabétisation sont très hétérogènes à la fin de la période coloniale, les chiffres oscillant entre
8% pour l’Indonésie et 50% pour les Philippines, en passant par 10% pour l’Indochine française et 12% pour
l’Inde britannique. Dans le cas des Indes néerlandaises et du Congo belge les masses recevaient une
éducation élémentaire en langue indigène tandis que les élites indigènes étaient éduquées à l’occidentale
avec la langue européenne comme vecteur. En Afrique subsaharienne l’enseignement ne commence à
s’organiser qu’au début du XXème siècle, les missions assurant cette tâche auparavant. Dans celles-ci
l’enseignement était dispensé dans la langue européenne et de façon exceptionnelle en langue locale. Le
programme était asur l’apprentissage des fondamentaux (lecture, écriture, religion). L’acquisition de ces
savoirs permettait aux indigènes de s’assurer l’éventualité de carrières dans l’administration coloniale ou le
clergé. La loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat coupa tous les crédits aux missions et obligea
à un développement des infrastructures scolaires publiques dans les colonies. A noter que dans les régions
de confession islamique sous domination anglaise, le travail des missions fut quelque peu freiné du fait de
possibles répercussions parmi la population islamique.
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II. La première moitié du XIXème siècle, 1815-1870
Evolutions coloniales, 1815-1870
Les Caraïbes
La Grande Bretagne : Economie des colonies caribéennes britanniques dépendait des esclaves
travaillant au sein des plantations. A noter que la présence blanche est très faible, 1/10 en Jamaïque et 1/20
en Guyane britannique. Toutefois, une classe moyenne, composée de sangs mêlés, d’esclaves affranchis et
des descendants de ses derniers, prend peu à peu son essor. Si les « anciennes colonies » pouvaient posséder
des Assemblées élues et des conseils législatifs nommés qui détenaient de grands pouvoirs en matière de
douanes et d’impôts, les colonies plus récentes sont directement soumises au pouvoir de Londres. Après
l’insurrection de 1865 les pouvoirs locaux de Jamaïque cèdent leurs pouvoirs à la Couronne.
La France : Suite à l’abolition de l’esclavage en 1848, environ 70.000 Indiens furent exportés vers les
territoires caribéens français. Toutefois, l’invention du sucre de betterave fit que les Caraïbes françaises
connurent un long déclin par rapport à leur situation du XVIIIème siècle.
Les Pays-Bas : En 1863 les Caraïbes erlandaises étaient assez peu peuplées, environ 33.000
personnes, et leur utilité principale était le commerce. Toutefois, la prise en main du commerce de cette
région par les Américains et les Anglais entraîne un déclin du commerce néerlandais. Peu après
l’administration fut complètement réorganisée, les îles et le Surinam étant gouvernées par un seul
gouverneur général, établi au Surinam. L’abolition de l’esclavage en 1863 eut des conséquences
catastrophiques pour les planteurs. Une tentative de colonisation agraire par des individus libres fut ten,
mais sans grand succès. Par conséquent, à partir de 1873 les planteurs néerlandais recherchèrent le service
de travailleurs sous contrat en provenance des Indes britanniques et de Java.
L’Espagne : Economiquement ces îles sont centrées sur la culture du sucre. Celle-ci fonctionnait
grâce aux esclaves. Ces derniers furent importés même après 1820, date de l’interdiction officielle. En
complément des travailleurs d’Asie, environ 100.000, furent appelés par les autorités cubaines. A noter
également que malgré les mouvements bolivaristes en Amérique du Sud, Cuba est restée fidèle à la
Couronne d’Espagne. Toutefois, les échecs des tentatives de réformes autonomistes entraînèrent une révolte,
appelée la guerre de Dix Ans, entre 1868 et 1878. Malgré tout la paix entérine la domination espagnole. Au
cours des années 1890 une nouvelle révolte éclata et l’île put prendre son indépendance. Porto Rico connut à
peu près les mêmes évènements à la même époque.
L’Afrique du sud et l’Afrique australe
Au but des années 1850 l’Afrique du sud est occupée par les colonies britanniques du Cap et du
Natal, ancienne république Boer annexée, sur les côtes et les républiques Boers d’Orange et du Transvaal à
l’intérieur des terres. Même si économiquement l’intérêt est limité, stratégiquement Le Cap est très
importante sur la route vers l’Inde. A noter que les populations de chacune des entités politiques
européennes sont largement composées d’esclaves. A partir de 1872 Le Cap peut se gouvernement de fon
autonome grâce à un gouvernement diri par un Premier ministre. Celui-ci est responsable est devant le
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Parlement. Le gouverneur général prend la place constitutionnelle de chef d’Etat et demeure haut-
commissaire pour l’Afrique du Sud ce qui lui permet de contrôler les relations diplomatiques avec les Etats
voisins. Le Natal obtient quant à lui son autonomie en 1892. Les volontés d’expansion des différentes
colonies, anglaises ou néerlandaises, aboutissent très tôt à des guerres contre les populations Noires.
L’Asie
Les Indes néerlandaises
Peu avant le milieu du XIXème siècle, le « système » des cultures est instauré par Van den Bosch.
Celui-ci a pour but de faire travailler les populations indigènes pour les plantations d’Etat (café, thé, sucre
etc… réparties sur environ 20% des terres agricoles disponibles) pendant un temps donné, max 66 jours,
pour une rémunération modique. La production est ensuite acheminée aux Pays-Bas pour être vendue aux
enchères. Les chefs locaux aidaient au recrutement des travailleurs en percevant une partie des recettes du
travail. Ceci aboutit à une certaine reféodalisation des sociétés des Indes. De même vu que les fonctionnaires
coloniaux pouvaient prendre une part des bénéfices, les populations étaient exploitées un peu plus. De même
l’impôt de la « landrente » (l’exploitant donnant 2/5ème de sa production à l’administration coloniale) pesait
également sur le travail effectau moment des corvées. Toutefois, malgré les grands problèmes que cela a
amené (économie à deux vitesses et parfois famines du fait de la diminution de rizières au profit des
plantations plus rentables), ce système a permis la progressive motarisation et la diversification de
l’économie des Indes néerlandaises. A partir des années 1860 le système Van den Bosch fut peu à peu
démantelé par les libéraux.
L’Inde britannique
Au début des années 1850 l’expansion territoriale britannique en Inde était quasiment achevée,
l’immense majorité du sous-continent étant passée sous la domination (directe ou indirecte) de l’empire
britannique. A cette époque le gouverneur général, lord Bentick, promeut l’enseignement technique ainsi
que la possibilité du remariage pour les veuves. Economiquement il chercha à mettre en place le chemin de
fer, la poste, le télégraphe ainsi qu’un aménagement du système d’irrigation.
L’Indochine
Géographiquement l’Indochine comprend la Birmanie, le Siam, la Malaisie, le Laos, le Cambodge, le
Vietnam et le Siam, actuelle Thaïlande. Les conquêtes coloniales ont fait que la Birmanie est devenue
britannique alors que le reste est français, sauf le Siam qui était indépendant, le but étant d’avoir un état
tampon entre les possessions anglaises et françaises. L’intérêt français pour une implantation durable dans le
sud-est asiatique nait au cours des années 1850-60. Très vite, après une petite guerre en 1862, l’empereur
d’Annam reconnait la souveraineté de la France sur la région de Saigon. L’année suivante le roi du
Cambodge, vassal du Siam, se met sous protectorat français.
La Chine et le Japon
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Suite à la première guerre de l’opium (1839-1842) la Chine concède la possession de Hongkong à
l’Angleterre.
Le Pacifique
Les Philippines
Ces îles sont dominées depuis le XVIème siècle par les Espagnols. Toutefois, ce n’est qu’à la fin du
XIXème que le pouvoir espagnol va totalement s’étendre sur l’ensemble des îles, auparavant celui-ci était
confiné au Nord. En matière économique les Espagnols voulurent stimuler la culture de « cash crops »
(agriculture à forte valeur ajoutée), mais cela ne réussit que pour le tabac. Par ailleurs, le poids de l’Eglise
catholique était très important puisque le clergé possédait d’importantes propriétés foncières. A noter
également que le crédit et le commerce sont essentiellement tenus par les Anglais, Américains et Chinois.
Chapitre IV : L’impérialisme européen en Afrique
L’Afrique du Nord
La Tunisie
Même si en 1881 la Tunisie demeure théoriquement une subdivision de l’Etat ottoman, il est clair
que dans les faits il s’agit d’un Etat indépendant. A cette date la France intervient en Tunisie afin de couper
l’herbe sous le pied de l’Italie, d’assurer ses créances auprès de l’Etat tunisien, de curiser la frontière
orientale de l’Algérie et de faire revenir la France sur la scène des grandes puissances internationales.
L’Egypte
Suite à des troubles internes, l’Angleterre et la France s’allièrent en 1882 pour protéger leurs intérêts
financiers du canal de Suez et des dettes contractées par l’Etat égyptien. Devant la menace d’une guerre la
France se retire et l’Angleterre défait facilement les forces égyptiennes. Si au départ l’intervention devait
être de courte durée, le temps de récupérer ses créances, elle se prolongea jusqu’en 1951 du fait de
l’incapacité de l’Etat égyptien à les remboursées. C’est seulement à partir de décembre 1914 que l’Egypte
devient officiellement un protectorat anglais.
Le Maroc
Suite à la « perte » de l’Egypte en 1882 les Français veulent trouver une consolation : le Maroc. Cet
intérêt vient assez tardivement du fait de l’enclavement naturel du pays. Le chérif (chef politique et spirituel)
ne contrôle malgré tout que les alentours de s, Meknès, Marrakech et Rabat, le reste étant des territoires
son autorité ne s’étend que lors de pouvoirs forts. Au cours de la seconde moitié du XIXème siècle le
Maroc est de plus en plus intégré au commerce mondial. anmoins, la pénétration européenne aboutit à la
contraction de dettes de la part du chérif auprès des puissances européennes. Ceci l’oblige à faire affermer
ses douanes et ses régies par des étrangers. En 1906 la conférence d’Algésiras affirme que la France a un
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