- Du fait de l’absence de particules
chargées (électrons et ions), les sur-
faces à traiter ne sont pas altérées.
- Ce sont les espèces neutres qui
sont actives dans la stérilisation
plasma. Il n'y a donc pas de néces-
sité à travailler en zone de décharge.
Les plasmas de décharges ou de
post-décharges peuvent être pro-
duits à la pression atmosphérique,
par des décharges à barrière
diélectrique, de type ozoneur (voir
photo 2 : « Décharge à pression at-
mosphérique »).
L’absence de pompe réduit le coût
du réacteur. L’intérêt des réacteurs à
pressions réduites est de permettre
la diffusion des espèces actives dans
de plus gros volumes de traitement.
Cependant, le temps de stérilisation
est plus court en zone de décharge
qu'en post-décharge.
Pourquoi un plasma stérilise ?
Certaines controverses subsistent
quant à l'identification des agents
actifs dans la stérilisation et à la
compréhension des mécanismes
d'inactivation bactérienne.
Trois groupes d'agents potentielle-
ment actifs peuvent être décrits :
-Les espèces chargées (électrons,
ions) : elles sont retrouvées dans la
décharge elle-même. Mais, du fait
de leur grande énergie, les sur-
faces à traiter peuvent être en-
dommagées. La température rele-
vée en zone de décharge est
particulièrement élevée, de l'ordre
de 500°C, selon le plasma utilisé.
-Les espèces neutres : elles sont
produites par le plasma et retrouvées
dans la zone de post-décharge.
Leur nature varie selon le mélange
gazeux utilisé ; par exemple, l'uti-
lisation d'un mélange gazeux N2-O2
permet la création d'oxygène et
d’azote atomiques, d'ozone.
Il semble que ces espèces neutres
stérilisent par une action dite de
« gravure » : leur grande réactivité
leur permet de se combiner aux
atomes, constitutifs des membranes
bactériennes, qui sont ainsi arra-
chés. L'érosion, atome par atome,
de ces membranes entraîne une
lyse bactérienne et une fuite du
cytoplasme dans le milieu extra-
cellulaire. De plus, l'ADN bactérien
se trouve exposé, à son tour, à ce
même phénomène de gravure.
-Le rayonnement ultraviolet : le
rayonnement ultraviolet est émis
par la décharge. Il peut aussi ré-
sulter dans la post-décharge de la
recombinaison des radicaux, mo-
lécules ou atomes excités. Dans
la post-décharge, les UV sont pro-
duits dans tout le volume de trai-
tement, de manière homogène. Par
ailleurs, certains auteurs précisent
que l'action des UV sur l'ADN bac-
térien est potentialisée par l'étape
de gravure.
(Voir Figure 1 : « Hypothèse d'inac-
tivation bactérienne »)
Intérêts de la stérilisation par
plasma froid
La stérilisation par plasma présente
de nombreux avantages :
- Elle permet de travailler à des
températures de traitement quasi-
ambiantes.
- Elle utilise des gaz non toxiques,
comme l’azote et l’oxygène.
- Son principe d'action, et en parti-
culier la phase de gravure, laisse
supposer une efficacité sur les
agents transmissibles non conven-
tionnels (prions).
Cette dernière remarque justifie à
elle seule l'intérêt porté à la stérili-
sation par plasma froid. Le problème
de santé publique posé par l'élimi-
nation des prions n'est pas résolu. À
ce jour, rappelons que l'Organisation
mondiale de la santé notifie que
seule la destruction par incinération
est susceptible de garantir l'élimi-
nation complète de l'infectiosité. Elle
préconise l'incinération de tout dis-
positif contaminé par un tissu de
haute infectiosité.
Conclusion
De nos jours, les procédés de stéri-
lisation à la disposition des profes-
sionnels de santé, montrent cer-
taines limites concernant le
traitement du matériel thermosen-
sible et l'élimination des prions.
L'utilisation du plasma (de décharge
et de post-décharge) pour une ap-
plication à la stérilisation représente
une alternative intéressante et sus-
cite, actuellement, de nombreuses
études.
André Ricard, CPAT
Michel Sixou, faculté de
chirurgie dentaire
Université Paul Sabatier Toulouse
21
La revue trimestrielle du Réseau ECRIN - n°55
Transmission acoustique d’images sur le Titanic
Photo 2 : Décharge à pression atmosphérique - Helium Laroussi and coll « Plasma interaction with microbes »
New Journal of Physics. 5(2003) 41.1-41.10.
Figure 1 : Hypothèse d'inactivation bactérienne
(plasma émanant d'un mélange gazeux N2-O2).
En complément de ce dossier vous trouverez une synthèse documentaire
réalisée par l’Inist à cette adresse : http://www.inist.fr/ecrin