éditorial
PATRIMOINE MONDIAL Nº60
Kishore Rao
Directeur du Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO
Ce numéro spécial est entièrement consacré aux sites du patrimoine mondial appartenant aux
pays membres du Conseil de coopération des États arabes du Golfe. Il offre ainsi un aperçu
exceptionnel de la richesse culturelle et naturelle du patrimoine de cette région qui englobe
non seulement Bahreïn, Oman et l’Arabie saoudite (ces trois pays possédant déjà des sites sur la Liste
du patrimoine mondial), mais aussi le Qatar et les Émirats arabes unis. Ces derniers proposeront,
quant à eux, des sites pour inscription lors de la prochaine réunion du Comité.
Le développement actuel des activités du patrimoine mondial dans la région du Golfe est un
sujet de grande satisfaction. Cela d’autant plus que tous les pays concernés ont joué un rôle
clé à diverses étapes de l’histoire de l’humanité, tant en matière de commerce international que
dans la transmission de contenus et de savoir-faire culturels. Quatre des six pays membres du
Conseil ont été, ou sont actuellement, membres du Comité du patrimoine mondial : Bahreïn, le
Koweït, Oman et les Émirats arabes unis. Bahreïn a joué un rôle fondamental par son soutien à
la Convention du patrimoine mondial dans la région, établissant notamment un Centre régional
arabe pour le patrimoine mondial, centre de catégorie 2 sous les auspices de l’UNESCO. Sheikha
Mai bint Mohammed al-Khalifa, en tant que Présidente du Comité du patrimoine mondial au cours
des douze derniers mois, a joué un rôle remarquable dans la mise en œuvre de la Convention du
patrimoine mondial dans la région et en général.
Les articles de ce numéro traitent individuellement de chacun de ces sites et pays de la région
du Golfe. L’un est entièrement consacré à Qal’at al-Bahreïn (aussi appelé le Fort de Bahreïn), un tell
dominé par un fort dont le plus récent développement est dû aux Portugais et situé à proximité
de la capitale du royaume. Les fouilles archéologiques réalisées sur ce site ont permis de mettre au
jour des vestiges d’une civilisation contemporaine de Sumer.
Par ailleurs, les conditions climatiques exceptionnellement arides de cette région ont favorisé
l’élaboration d’un système de gestion de l’eau unique au monde appelé falaj (pluriel aflaj). Le falaj
est un réseau de hautes galeries souterraines construites pour acheminer l’eau de source, parfois sur
de longues distances, vers des zones qui nécessitent une irrigation. Si l’on trouve des aflaj à travers
tout le Moyen-Orient, ils ont toutefois souffert d’abandon au cours des dernières décennies. C’est
pourquoi nous saluons l’initiative du Sultanat d’Oman qui a fait inscrire sur la Liste du patrimoine
mondial plusieurs aflaj particulièrement représentatifs, découverts sur son territoire.
Oman a également obtenu l’inscription de trois sites importants : le Fort de Bahla, le site
protohistorique de Bat (qui constitue l’ensemble de zones d’habitat et de nécropoles le plus
complet du IIIe millénaire avant notre ère) et la Terre de l’encens.
On notera enfin que l’Arabie saoudite a obtenu, en 2008, l’inscription de la remarquable cité naba-
téenne d’al-Hijr (anciennement connue sous le nom d’Hegra, un site apparenté à Petra en Jordanie) et,
en 2010, celle d’ad-Dir’iyah, la spectaculaire capitale de la dynastie des Saoud, qui date du XVe siècle.
Toutes ces inscriptions, conjuguées à celles actuellement en cours, attestent de la forte volonté de
ces pays d’identifier, de reconnaître et d’affirmer leur présence historique et leur influence persistante
sur le plan mondial, en termes de culture, de commerce et de développement, que le patrimoine
mondial s’est mis en devoir d’inventorier et de célébrer il y a maintenant près de quarante ans.
Chers lecteurs, ayant tout récemment accédé aux fonctions de Directeur du Centre du patrimoine
mondial de l’UNESCO et de ce fait à celle de Directeur de la Rédaction de notre magazine, je suis
parfaitement conscient de l’importance du rôle que joue Patrimoine Mondial dans la poursuite
de notre mission. Tout comme mon prédécesseur, Francesco Bandarin, je me réjouis d’y apporter
toute mon attention et mon soutien indéfectible.
Couverture : Qal’at al-Bahreïn.