Michel de Montaigne

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Ligne du temps
Temps
modernes
L’humanisme =
mouvement de pensée
caractéristique de la
Renaissance
Michel de Montaigne,
un des fidèles
partisans
Vers 1400-1600 : La Renaissance.
L'homme est au centre des
recherches. On admire, on étudie la
nature. C'est un retour à l'Antiquité.
Quelques Inventions et réformes
En 1492, Christophe Colomb découvre
l'Amérique alors qu'il voulait en fait trouver
une nouvelle route des épices (vers les
Indes).
1492 : Début époque contemporaine
Trois astronomes célèbres : Copernic, Galilée et
Kepler.
La découverte de l'héliocentrisme, objet de
nombreux débats, n’a pas eu d'influence
pendant la Renaissance : Nicolas Copernic fit
publier ses thèses héliocentristes à sa mort en
1543, mais celles-ci furent interdites en 1616
puis « enterrées » au moment de l’affaire
Galilée (1633
Quelques Inventions et réformes
1437 Gutenberg invente les
caractères mobiles en métal, ce qui
permettra d'imprimer les livres plus
vite...
1492 : Début époque contemporaine
Luther fonde le protestantisme (1517) rejette l'autorité papale de Rome.
On considère que les protestants ont tous en commun trois convictions
fondamentales : 1) la Bible est l'autorité suprême en matière de vérité
religieuse; 2) l'être humain n'est sauvé que par la grâce de Dieu, c'est-àdire par un don non mérité; 3) tous les chrétiens sont prêtres, c'est-àdire qu'ils peuvent intercéder auprès de Dieu pour les autres et pour
eux-mêmes, témoigner, confesser leurs péchés et être pardonnés.
Renaissance
• Naissance de notre monde moderne et de
nombreux événements (les voyages d'exploration
et de conquêtes de Christophe Colomb, de Cortès
etc.)
• Le développement des échanges commerciaux et
la naissance du capitalisme, etc.) et de
nombreuses figures intellectuelles (Luther,
Machiavel en philosophie politique, etc.)
• Le mouvement culturel et artistique auquel on
associe la Piéta de Michel-Ange ou le génie
multiforme de Léonard de Vinci (1452-1519)
Les humanistes
• Les humanistes sont ceux qui ont fait de ce retour
à l'Antiquité gréco-romaine le cœur du
programme de la Renaissance
• Pour eux, l'homme doit développer sa puissance
créatrice, sa liberté de penser et d'agir et son
individualité. Mais cette affirmation de l'homme
passe aussi par une valorisation de la
responsabilité civique, du travail, de la famille et
de l'usage raisonnable des biens terrestres.
Michel de Montaigne (1533-1592)
Quelques points majeurs de sa philosophie :
1. Les sens, sur lesquels nous nous appuyons, ne nous permettent pas d'accéder
au réel;
La raison ne saurait aboutir à quelque certitude que ce soit : doctrine sceptique
(qu’il emprunte à Sextus Empiricus, philosophe, astronome et médecin grec du
IIe, IIIe siècle)
2. Montaigne n’adhère pas au scepticisme en tant que doctrine philosophique, ni
à un nihilisme qui nierait toute possibilité d'un acte intellectuel.
3. L'impossibilité d'accéder à une vérité définitive est pour Montaigne la marque
des possibilités infinies de l'être humain et de sa richesse inventive.
4. L'homme qui est condamné à l'incertitude et n'a en effet pas d'autre choix que
de se fier à son propre jugement, et de choisir par lui-même ses conditions
d'existence.
Qu’est-ce que l’Essai
• le propre d’un nouveau genre – l’essai.
Montaigne a inventé une façon d’écrire et de
penser où il se livre sans fard (comme les
confidences que l’on fait à un ami). C’est une
intelligence en acte qui admet ses propres
failles… Décidément, on lui pardonnera tout !
L’humanisme de Montaigne
• On trouve en effet tout au long des Essais deux thèmes
antagonistes : la misère de l'homme et sa grandeur.
• L'homme que décrivent les Essais est réduit à un petit
point chétif, perdu dans un univers qui n'est lui-même
plus hiérarchisé ni ordonné selon l'ancienne conception
aristotélicienne.
• Ce n'est plus le roi de la création, ce qu'il était dans
l'humanisme médiéval
• Quant à la raison, grâce à laquelle il fonde sa
supériorité sur les animaux, elle est et sera toujours
insuffisante car il n'y a pas de connaissance certaine
Qu’est-ce que le scepticisme
philosophique ?
• Le scepticisme (du grec skeptikos, « qui examine »)
• doctrine selon laquelle la pensée humaine ne peut déterminer une
vérité avec certitude.
• Il ne s'agit pas de rejeter la recherche, mais au contraire de ne
jamais l'interrompre en prétendant être parvenu à une vérité
absolue.
• Son principal objectif n'est pas de nous faire éviter l'erreur, mais de
nous faire parvenir à la quiétude (ataraxia), loin de la douleur que
l'on peut ressentir lorsqu'on découvre de l'incohérence dans ses
certitudes.
• Le scepticisme affirme que l'homme ne peut trouver ni une réponse
aux questions philosophiques, ni une certitude concernant les
réponses aux questions philosophiques et énigmes de la nature et
de l'univers, même si elles existent.
Ce que veut montrer Montaigne dans
ses Essais (1572).
• Montaigne répond à ses interrogations sur l'homme en se
demandant: que suis-je ? Sans tirer des conclusions morales
de ses expériences.
• Il veut au contraire montrer le caractère mêlé de l'être
humain et sa diversité, qui débouche sur une généreuse
tolérance, aucune forme de vie ne se révélant supérieure aux
autres
• Le grand enjeu des Essais est donc de reconnaître ce qui
relève de notre individualité authentique : C'est pour cela qui
s'examine sans cesse, à cette seule fin de découvrir son Moi.
• Il écrit ses Essais pour explorer les limites de notre pensée et
pour mettre à l'épreuve nos savoirs et nos certitudes qui sont,
pour nous, toute notre gloire.
Parler au « je » sans l’associer à une
forme de salut était inconvenant
• Montaigne a dû tout d'abord briser les
résistances de ses contemporains, pour lesquels
parler de soi est la marque d'une vanité peu
chrétienne.
• Les soupçons sont d'autant plus grands que les
Essais sont exempts de toute trace de repentir, or
la théologie du XVI ne permet l'usage du « je »
qu'à la condition de témoigner de la façon dont
on a atteint le salut, toute autre utilisation étant
jugée inconvenante.
Sa conception de la mort
• Au lieu de se fier à une doctrine, qu'elle soit d'inspiration chrétienne ou
stoïcienne, Montaigne préfère « s'apprivoiser à la mort »
• La mort n'est rien d'autre qu'une dernière expérience intérieure. Dès
lors, pourquoi se préparer à mourir, puisque la mort est toujours « la
moins préméditée et la plus courte » ? Pourquoi « troubler la vie par le
soin de la mort, et la mort par le soin de la vie? ». La mort n'est plus que
le « bout, non pourtant le but de la vie »
• Plutôt que de supposer ciel et enfer, Montaigne choisit d'accorder ses
soins au savoir-vivre, plutôt qu'au savoir-mourir.
• Les Essais éliminent l'interprétation chrétienne de la mort, l'idée d'une
âme libérée de son corps et qui retourne dans la demeure des cieux.
L'immortalité de l'âme est pour Montaigne une chimère spéculative
• Montaigne n'éprouve nul besoin de recourir au salut ou à la foi.
Montaigne va même de manière très audacieuse aller jusqu'à ramener
celle-ci à une faiblesse, à une tentative de diversion par des prières
Éloge de la vie
• La vie est rendue d'autant plus précieuse de par sa précarité
même (contrairement à une conception chrétienne de la mort
où on incite chrétien à diriger sa pensée vers l'au-delà.
• Montaigne porte son regard sur l'en deçà : Reste alors à savoir
comment vivre. il est question dans sa philosophie d’un
hédonisme, mais d’un hédonisme modéré qui évite de tomber
dans des vices vulgaires ou dans l'ascétisme
• L’hédonisme du grec hēdonḗ, « plaisir », c’est une doctrine
philosophique selon laquelle la recherche du plaisir et
l'évitement du déplaisir constituent l'objectif de l'existence
humaine.
• L’Ascétisme : rechercher une libération de l’esprit par la
mortification des sens (privations, jeûne, pénitence)
• l'art de vivre décrit par Montaigne dans les Essais ? Cultiver à la
fois l'ouverture au monde et l'attention à soi.
La Nature se confond souvent avec
Dieu chez Montaigne
• Pour lui, il n’y a pas de supériorité de l'homme sur l'animal: « Nous qui ne
savons pas ce que nous sommes nous-mêmes, que savons nous des bêtes ?
L'animal et l'homme sont « confrères et compagnons », l'animal étant
parfois mieux doué que l'homme chez qui la pensée corrompt l'obéissance
à la nature.
• L'homme est mis à égalité avec l'animal
• Dans la théologie catholique, la nature n'est qu'un « ens creatum », une
chose créée qui n'entretient plus de lien avec le créateur, au contraire de
l'homme. Aussi, celui qui suit la nature est condamnable, car il se détourne
de Dieu.
• Pour Montaigne, la nature est pour lui une mère généreuse avec les
hommes, un tout qui nous enveloppe et qui nous abrite. En revanche, au
contraire des philosophes antiques, il ne tente pas d'invoquer une raison,
une causalité de la nature : il lui suffit de la sentir, il n'a pas besoin de
spéculer sur les origines de « notre mère nature en son entière majesté »
L’humaine condition
• Lorsque Montaigne professe que « chaque homme
porte la forme entière de l'humaine condition», c'est
une manière de dire : je parle de moi qui ne suis pas un
héros.
• Une vie sans extravagances vaut bien celles des rois et
des hommes illustres : « Sur le plus haut trône du
monde, on n'est jamais assis que sur son cul»
• Il nous suffit donc d'accepter les dons de la nature,
cette force qui régit notre individualité; de prendre et
d'accepter tranquillement ce qu'elle nous offre : « on
fait tort à ce grand et puissant donneur de refuser son
don, l'annuler et défigurer. Tout bon, il a fait tout bon. »
La connaissance est-elle accessible ?
• Une seule chose est sûre : l'esprit humain est impuissant à découvrir
le vrai, et Montaigne en veut pour preuve toutes les théories
contradictoires qu'ont élaborées les philosophes et les savants, ce «
tintamarre de tant de cervelles philosophiques»
• Accéder à la connaissance n'est pas impossible, mais on devra se
contenter d'un savoir relatif, en changement constant.
• Montaigne est le précurseur d'une méthode (reprise et développée
par Francis Bacon et Descartes),
• Il y a un aspect précaire et trompeur de notre connaissance, qui ne
saurait atteindre l'origine et l'essence des choses.
• Il développe une attitude positiviste: il nous faut reconnaître que
notre savoir est relatif et conditionnel. En bon sceptique, Montaigne
conseille donc de privilégier l'étude des faits matériels : « j'aime
mieux suivre les effets que la raison » (la méthode empirique)
Son analyse psychologique de l’être
humain
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Pas de forme supérieure de l'humanité que nous pourrions atteindre dans cette vie ou dans
une autre. Les Essais font l'apologie de l'homme ordinaire,
Cette infinie diversité de l'homme est pour Montaigne un sujet inépuisable, ce qu'il exprime
en recourant une fois encore à la comparaison avec l'animal : selon lui, il y a plus de distance
de tel homme à tel homme qu'il n'y a de tel homme à telle bête.
En définitive, ce qui sépare l'homme de l'animal n'est plus la pensée mais sa prodigieuse
capacité de différenciation = L'homme est trop complexe pour rentrer dans des
classifications grossières
L'homme est en effet plus riche que tous les modèles idéaux auxquels on s'efforce de
l'identifier (« Nous sommes chacun plus riches que nous ne pensons)
Montaigne feuillette l'âme humaine, il en observe toutes les nuances (« L'étrangeté de notre
condition porte que nous soyons souvent par le vice même poussés à bien faire »), mais
s'abstient d'en conclure qu'une qualité ou qu'une action suffit à en découvrir le dedans.
Seule une observation patiente et approfondie peut révéler les contrastes d'un caractère : «
Pour juger d'un homme, il faut suivre longuement et curieusement sa trace »
les Essais nous montrent au contraire Montaigne s'émerveillant de la richesse de la vie et
défendant la dignité de la condition humaine : « Il n'est rien si beau et si légitime que de
faire bien l'homme »
Religion de l’auteur
• C'est pourtant le catholicisme.
• Montaigne a toujours été en règle avec les autorités religieuses, et il ne fut pas
inquiété lorsque les inquisiteurs examinèrent la première édition des Essais
• On lui reproche pourtant parfois d’être :
• un païen
• un ennemi de l’Église,
• fidéiste (qui absorbe la raison dans la foi)
• Montaigne parle peu de la chute ou du péché originel.
• Sa vision assez pessimiste de l'homme, superficiel (« Peu de chose nous divertit,
car peu de chose nous tient. ») et esclave de ses passions.
• Néanmoins, si Montaigne utilise les preuves chrétiennes de l'infirmité de
l'homme, il les combine également avec les sources antiques, et surtout ces
preuves, qu'elles viennent de l'Ecclésiaste ou de Lucrèce ne sont pour lui qu'un
moyen d'accéder à l'homme tel qu'il est.
• Les Essais ne s'intéressent pas au Créateur, mais bien à la créature humiliée
Montaigne aujourd’hui
Michel Eyquem, seigneur de Montaigne était un moderne à son époque. Il avait
compris que ses contemporains pouvaient bénéficier de la sagesse des Anciens
(objectif de la Renaissance)
Ses Essais regorgent de citation de Plutarque, Cicéron, Tite-Live et autres. Il savait que
malgré des différences énormes dans les us et coutumes des habitants de divers lieux
et diverses époques, la nature humaine au fond ne change pas.
S'il vivait aujourd'hui, Montaigne ferait sûrement encore figure de moderne.
Il est un peu exhibitionniste (qualité prisée actuellement dans les médias)
Il avertit d'ailleurs le lecteur au début de son œuvre, «de vieux qu'on m'y voie en ma
façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention et artifice: car c'est moi que je
peins, mes défauts s'y liront au vif.» Plus loin, «je me présente debout et couché, le
devant et le derrière , à droite et à gauche, et en tous mes naturels plis.» (III, VIII).
Montaigne prétend que ses Essais ont un caractère privé, mais il les fait publier de son
vivant. Contradiction qui n'est pas sans rappeler notre époque où des citoyens
s'opposent à l'introduction d'une carte d'identité nationale, sous prétexte d'atteinte à
la vie privée, et en même temps dévoilent leurs secrets les plus intimes devant une
caméra..
Montaigne aujourd’hui
• Montaigne a écrit sur des sujets dont on débat
encore aujourd'hui. Apporte-t-il un éclairage
nouveau sur ces questions? Pas toujours.
Pourquoi alors lire Montaigne?
• La psychologie
• L’éducation
• Etc.
La psychologie dans ses Essais ?
•
Le phénomène de compensation
La compensation est un phénomène fréquemment observé dans la nature. L'aveugle développe une
ouïe plus fine pour pallier la perte de la vue. Le matou castré, privé d'appétit sexuel, développera un
plus grand appétit pour la nourriture.
Les compensations ne sont pas que d'ordre physique. Le joueur compulsif compense parfois pour une
vie de frustrations et de carences affectives. L'enfant battu, ne pouvant riposter à ses parents,
tyrannisera souvent ses camarades de classe. On pourrait multiplier les exemples, les psychologues ont
abondamment étudié la chose.
«Comme (comment) l'âme décharge ses passions sur des objets faux quand les vrais lui défaillent.» (I,
IV)
Montaigne croit qu'une passion va nécessairement trouver un objet autre sur quoi se décharger à
défaut de l'objet initial. «L'âme en ses passions se pipe (trompe) plutôt à elle-même, se dressant un
faux sujet et fantastique, voire contre sa propre créance (croyance) que de n'agir contre quelque chose.
(I, IV)»
•
Même les sentiments amoureux peuvent parfois dévier de leurs cours jusqu'à aller au transfert affectif,
qu'on pourrait qualifier de compensation extrême. Montaigne cite à ce sujet les Anciens: «Plutarque
dit, à ce propos de ceux qui s'affectionnent aux guenons et petits chiens, que la partie amoureuse qui
est en nous, à faute de prise légitime, plutôt que de demeurer en vain, s'en forge ainsi une fausse et
frivole.» (I, IV)
Un avant-propos à la psychologie
Freudienne ?
•
Montaigne ne connaissait évidemment pas ces termes de refoulement.
Mais dans ses propres mots, il décrivait très exactement ces concepts bien
avant Freud. «Ce n'était pas […] bien ménager ses affaires que de se
ronger intérieurement. […] Et aimerais mieux produire mes passions que
de les couver à mes dépens; elles s'alanguissent en s'éventrant et en
s'exprimant; il vaut mieux que leur pointe agisse au-dehors que de la plier
contre nous.» (II, XXXI)
Montaigne joue également au psychologue de l'enfance. Quand les
psychopédagogues du XXe siècle affirmaient, études sérieuses à l'appui,
que tout se jouait avant l'âge de trois ans (ou deux ans? un an?), ils ne
faisaient que répéter ce que Montaigne avait observé de façon empirique
quatre cents ans plus tôt. «Je trouve que nos plus grands vices prennent
leur pli de notre plus tendre enfance, et que notre principal gouvernement
(éducation) est entre les mains des nourrices.» (I, XXIII)
Il est aussi ….
• Contre l'épuisement des ressources:
voir (II, XII) dans les Essais
• Il ne comprend pas :
 la gêne qu'éprouvent bien des gens à la vue d'une
personne handicapée physiquement:
«Remarquons, au demeurant, que nous sommes le seul
animal duquel le défaut offense (incommode) nos propres
compagnons.» (II, XII)
 Ni les louanges, parfois excessives, adressées à une
personne décédée («Vous voulez qu'on dise du bien de
vous? Un conseil: mourez»
Résumé
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Les leçons des Essais
Des Essais , on retient en général le message humaniste,
une conception interrogative et ouverte du savoir (« Que sais-je ? ») ,
un projet éducatif (« Mieux vaut tête bien faite que tête bien pleine ») ,
Une vision lucide et pessimiste de la nature humaine, de l’inconstance de nos actions et de nos
pensées.
Un hymne à la tolérance. Lui qui vit une époque agitée par les querelles de religions se comporte
en sage. Il a fait graver sur une poutre de sa bibliothèque cette sentence : « À tout discours,
s’oppose un discours de force égale. » Les vérités contraires s’opposent et font couler le sang. En
Amérique, alors qu’au nom de Dieu on extermine sans scrupule les Indiens, lui prend leur défense :
« Nous les pouvons donc bien appeler barbares, eu égard aux règles de la raison, mais non pas eu
égard à nous, qui les surpassons en toute sorte de barbarie. » (« Des cannibales »)
Anthropologue avant l’heure, il a compris combien nos valeurs et nos jugements sont relatifs à
notre milieu. En matière pénale, il sera l’un des rares de son époque à s’opposer à la torture.
Il y a aussi sa philosophie du bonheur. Elle se résume, dit-il, à un art de mourir (« Que philosopher
c’est apprendre à mourir ») . Sur ce point, il ne se distingue guère des philosophes antiques dont il
est nourri : une pincée de stoïcisme, une autre d’Épicure.
Stoïcien, il l’est par son refus de la vanité et son courage d’affronter la mort en face ;
Épicurien, par son goût des choses simples et le culte de l’amitié et l’hédonisme modéré
Sceptique aussi par son sens aigu de la relativité des pensées.
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