
Nous, les (anciens) scouts, nous sommes experts en ivresse.
Souvenez-vous des constellations qu’allumaient dans la nuit
la bûche jetée dans le feu de camp ; souve-
nez-vous de la main d’un petit louveteau
dans votre grande paluche d’animateur ;
souvenez-vous des bêtises que l’on dit et
que l’on fait quand on est éclaireur, sur les
routes, en patrouille ; souvenez-vous du
drapeau qui gifle l’air en claquant au vent ;
souvenez-vous de votre sentiment d’exis-
ter et de valoir quelque chose quand votre
CP un peu impressionnant a adressé un
mot d’encouragement à l’éclaireur débu-
tant que vous étiez ; souvenez-vous des
rayons du soleil perçant la canopée d’un
sous-bois de feuillus, dessinant comme
des traits de pinceau clairs dans l’atmos-
phère ; souvenez-vous de la fierté de
retrouver ses parents, le soir, en arborant
des genoux noirs de terre ; souvenez-vous des grandioses
manifestations de la nature, que ce soit les averses dilu-
viennes, la brume du petit matin sur la prairie, des couchers
L’assemblée générale de notre association a tenu sa réunion
annuelle le 24 mai dernier. On reviendra ultérieurement sur
l’une de ses décisions : la possibilité de payer une fois pour
toutes sa cotisation, à vie. Nous voulons toutefois donner ici
la priorité à des personnes.
Trois administrateurs ont, après de très nombreuses années
de service, mis leur mandat à la disposition de l’association.
Honneur à la dame. Vous ne connaissez pas Denise Termont,
mais tout le monde connaît l’inoxydable Poulain. Il existe deux
bonnes raisons de ne pas communiquer son âge. La première,
c’est que cela n’est pas courtois. La deuxième, c’est que per-
sonne ne le croirait, tant l’idée qu’on a de cette génération
s’accommode mal avec l’énergie qu’elle manifeste.
Honneur au monsieur. Joseph Goossens, c’est Castor, avec
« CAS » comme dans « caisse » et « TOR » comme dans
« trésorier ». Polyglotte cultivé, il a tenu les comptes de l’as-
sociation avec une rigueur de bénédictin sur d’improbables
logiciels aussi anciens que performants. Il est aussi membre
du conseil de l’Ordre scout du mérite.
IVRESSES VÉRITABLES
Édit
de soleil flamboyants ou l’apparition fugitive d’un chevreuil
ou d’un renard ; souvenez-vous du plaisir d’avoir fait une
bonne action, gratuitement.
Le scoutisme nous apprend à tutoyer l’es-
sentiel, à chavirer au parfum de l’amitié,
de l’émerveillement et du service. Il nous
apprend à vivre ivres.
Le scoutisme, c’est « l’école de la vie »,
pour reprendre l’expression de BP, de la
vraie vie, de celle qui est si belle qu’elle
n’a besoin ni de flacons pernicieux, ni de
poudres néfastes, ni de vapeurs délé-
tères pour donner à connaître son éclat.
Le scoutisme offre à chacun les manettes
de sa vie ; il s’accommode mal de l’aban-
don du contrôle que l’on a de soi, de la
perte de sa dignité.
« Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait
l’ivresse », écrivait Musset. Cet homme n’était pas scout,
définitivement.
Laurent, président des Alumni
Réunio d passag
Honneur au lapin. Il pourrait être notre grand-père à tous,
mais n’est pas pèpère pour un sou. Infatigable serviteur du
scoutisme qu’il est toujours dans son unité, François Lamot
(si si, il s’appelle ainsi, en vrai, Lapin !) est un pilier de l’asso-
ciation des anciens, au point que nous sommes curieux de
voir si elle continuera de tenir sans lui !
Ces trois grands serviteurs de notre association sont rem-
placés par :
Benoî Blanpai (ancien président de la commission fédé-
rale d’animation de 1976 à 1980, puis secrétaire général
de la Conférence Internationale Catholique du Scoutisme,
titulaire du Loup de Bronze) ;
Ingri Desramaul (ancienne animatrice fédérale Pionniers
de 2008 à 2013) ;
Joha Va Hoy (ancien animateur fédéral successivement
en charge des Louveteaux, des Baladins, de la formation
des animateurs et des animateurs d’unité de 2008 à 2013).
ORDRE SCOUT
DU MÉRITE
La cérémonie de remise des dis-
tinctions de l’Ordre scout du
mérite, promotion Jean Cambier,
a eu lieu le dimanche 30 mars.
L’investissement de nombreux
anciens au profit du scoutisme a
été souligné dans une ambiance
solennelle mais conviviale.
« I fau êtr toujour ivr.
Tou es là :
'es 'uniqu questio.
Pour n pa sentir
'horribl fardea d Temp
qu bris v épaule
e vou pench ver l terr,
i fau vou enivrer san trêv.
Mai d quo?
D vi, d poési, o d vert, à votr
guis.
Mai enivr-vou. »
Baudelaire, Enivrez-vous
Juin 2014
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