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REPUBLIQUE
FRANÇAISE
Maisons-Alfort, le
Afssa – Saisine n° 2003-SA-0193
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Considérant que la prise en charge nutritionnelle du patient cancéreux doit être adaptée
aux différentes étapes de la maladie (traitement en cours, récupération, rémission, soins
palliatifs), aux différents traitements (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie) et à l’état du
patient (modérément à sévèrement dénutri, immunodéprimé) ; que l’utilisation de
compléments nutritionnels hyperprotéinés et hypercaloriques permet souvent de
normaliser l’apport nutritionnel et de maintenir l’état nutritionnel des patients sans avoir
recours aux techniques de nutrition artificielle ; que ces compléments, délivrés sur
prescription médicale, peuvent être remboursés au titre du LPPR (Liste des produits et
prestations remboursés) pour les patients atteints de différentes maladies, en particulier
les « patients atteints de tumeur ou d’hémopathie maligne présentant une dénutrition
caractérisée par une perte de poids supérieure à 5 % du poids habituel ».
Considérant que le produit revendique les vertus nutritionnelles de l’EPA (acide
eicosapentaénoïque) qui est un acide gras polyinsaturé à longue chaîne de la série n-3 et
précurseur de synthèse des eicosanoïdes ; que les eicosanoïdes (prostaglandines et
leucotriènes) issus de l’EPA ont une activité pro-inflammatoire modérée par comparaison
à celles issues du métabolisme de l’acide arachidonique ; que par ailleurs, en agissant
directement sur la production et l’activité des cytokines, l’EPA modère également la
réponse inflammatoire ; que le contrôle de la réponse inflammatoire paraît intéressant
dans les états cataboliques puisque les médiateurs de l’inflammation (cytokines ou autres)
sont directement responsables des réactions métaboliques et de la dénutrition qui s’en
suit ;
En ce qui concerne la composition du produit
Considérant que la composition en lipides est déséquilibrée avec un apport insuffisant en
acides gras essentiels ; que les teneurs en antioxydants ont été renforcées dans l’objectif
de limiter la peroxydation de l’EPA ; que de plus pour garantir la stabilité de certains
micronutriments (à savoir la vitamine C) jusqu’à la date limite de consommation, la teneur
initiale dans le produit a été multipliée par deux ;
Considérant par ailleurs que pour le cas particulier des micronutriments (phosphore,
magnésium, zinc, vitamines E, C et B9) dont les teneurs dépassent les seuils
réglementaires, plusieurs arguments ont été avancés par le pétitionnaire ; que cet
argumentaire reprend dans chaque cas soit une revue de la littérature sur les relations
entre micronutriments et épidémiologie des cancers (dans un contexte de prévention
primaire des cancers) soit une comparaison par rapport aux apports recommandés chez
le sujet sain ; que ces deux situations sont fort éloignées du contexte de dénutrition chez
le patient cancéreux ; que de plus, dans ce contexte d’apports alimentaires, le risque
hypothétique du syndrome de « renutrition » (hypophosphorémie…) pouvant justifier un
apport supplémentaire en phosphore est quasiment nul chez ces patients ; que certains
dépassements de la limite de sécurité (pour le zinc et le magnésium) peuvent avoir des
effets indésirables ;
En ce qui concerne les allégations revendiquées
Considérant que le dossier comporte des publications portant sur l’intérêt de l’EPA chez
les patients cancéreux, sur la justification des doses préconisées par le pétitionnaire et sur
le produit lui-même ; que parmi ces études, trois ont montré qu’un apport de 2 à 3 g d’EPA
par jour était suffisant pour réduire voire stopper la perte de poids chez les patients ayant
un cancer du pancréas ; que le niveau de consommation préconisé par le pétitionnaire (2
à 3 briks par jour à raison de 1,1g d’EPA par brik) paraît donc licite ; que par ailleurs,
d’autres études (ouvertes et non contrôlées) ont montré que ce niveau de consommation
permet de réduire la perte de poids de patients atteints de cancer du pancréas non
réséquable chirurgicalement et diminue la réponse biologique inflammatoire ; qu’il faut
cependant souligner qu’une étude récente (randomisée et en double aveugle) ne montre