← La prévision du climat est-elle fiable ? La sélection scientifique de la semaine (n 74)
5 juin 2013, par Pierre Bartlémy
Des chercheurs créent de faux souvenirs de guerre
chez des soldats
"Je me souviens que mon oncle avait une 11 CV immatriculée 7070 RL2." "Je me
souviens que j'adorais Le Bal des sirènes avec Esther Williams et Red Skelton,
mais que j'ai été horriblement déçu quand je l'ai revu." "Je me souviens que j'étais
abonné à un Club du Livre et que le premier livre que j'ai acheté chez eux
était Bourlinguer de Blaise Cendrars." Dans son célèbre Je me souviens, Georges
Perec recense ces petits riensdes noms, destails et des anecdotes – qui ont
peuplé son enfance et sa jeunesse et font germer des graines de nostalgie. Des
fragments d'une époque révolue, qui, à leur manière, l'ont un peu façonné tel qu'il
est. Mais, sans vouloir jouer les iconoclastes, on peut se demander lesquels de ces
souvenirs sont réels, correspondent à l'exrience de l'homme Perec, et combien
sont faux, ont été induits par d'autres au point que l'écrivain les a inconsciemment
rendus siens, sans avoir vécu lui-même les événements dont ils sont issus.
Spectaculairement mis en lumre par des affaires judiciaires dans lesquels des
faits imaginaires de maltraitance voire de pédophilie ont été implantés dans le
cerveau d'enfants mais aussi d'adultes, le phénomène des faux souvenirs s'avère
d'autant plus troublant que chacun d'entre nous a tendance à faire confiance à sa
mémoire, surtout quand lestails lui reviennent de manière particulièrement vivante
et imagée. Pourtant, aussi étonnant que cela paraisse, cela ne garantit pas que nous
Pour me joindre
Vous êtes patron de presse, directeur de la rédaction,
rédacteur en chef, éditeur, ce blog vous a plu et vous
souhaitez me proposer une collaboration. Envoyez-moi un
courriel en cliquant ICI. Pas sérieux s'abstenir.
A propos de l'auteur
Mes chroniques Improbablologie
Suivre
Suivre @PasseurSciences
@PasseurSciences
16,5K abonnés
Blogs
INTERNATIONAL POLITIQUE SOCIÉTÉ ÉCO CULTURE IDÉES PLATE SPORT SCIENCES TECHNO STYLE VOUS ÉDUCATION
ÉDITION ABONNÉS
o
2.5k
Recommend
Recommend
Passeur de Sciences
Facebook social plugin
Like
Like
Le Monde Télérama Le Monde diplomatique Le Huffington Post Courrier international La Vie au Jardin S'abonner au Monde à partir de 1 €
Rechercher dans nos articles
Suivez-nous Recevez nos newsletters Emploi ConnexionInscrivez-vous
Services Le Monde
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour vous proposer des contenus et
services adaptés à vos centres dintérêts. En savoir plus et gérer ces paramètres.
← La prévision du climat est-elle fiable ? La sélection scientifique de la semaine (n 74)
et imagée. Pourtant, aussi étonnant que cela paraisse, cela ne garantit pas que nous
ayons réellement expérimenté ce que nous nous rappelons et, depuis des
cennies, les dysfonctionnements mnésiques qui facilitent l'incorporation dans nos
souvenirs de fausses informations sont étudiés par des psychologues, notamment
par l'Américaine Elizabeth Loftus.
De nombreux tests ont déjà été réalisés par le passé mais le dernier en date,
publié en mai dans le European Journal of Psychotraumatology, est assez
impressionnant. Il a été réalisé par des chercheurs de l'université d'Utrecht (Pays-
Bas) sur un contingent de soldats néerlandais qui, en 2009-2010, avaient été
envoyés en mission en Afghanistan pour quatre mois. L'objectif premier de ces
psychologues consistait à étudier les facteurs favorisant l'apparition et la guérison
des troubles de stress post-traumatique, que l'on retrouve fréquemment chez les
militaires revenant de zones de combat. Mais les chercheurs ont "profité" de ce
cadre pour mener, en parallèle, une expérience sur les faux souvenirs.
Les soldats (qui avaient été vus une première fois avant de partir en Afghanistan)
ont été invités à un "débriefing" deux mois après leur retour. Il s'agissait d'évaluer le
degré d'exposition au stress et au danger auquel ils s'estimaient avoir é soumis
sur le terrain. Au cours de l'entretien, les exrimentateurs glissaient une fausse
information concernant un événement qui ne s'était pas produit mais aurait
plausiblement pu arriver : ilscrivaient une attaque à la roquette du camp la veille
du Nouvel An, attaque sans conséquences ni blessés. Quelquestails étaient
apportés sur le bruit de l'explosion et les graviers que celle-ci avait projetés, à la fois
pour renforcer la crédibilité de l'histoire et pour donner des éléments permettant de
l'imaginer. Evidemment, personne ne s'en souvenait.
Sept mois plus tard, les quelque deux cents militaires ont de nouveau été testés. Et
, surprise : 26 %, plus d'un quart d'entre eux, ont assuré avoir été présents lors de
l'attaque à la roquette de la Saint-Sylvestre. Selon l'étude, le faux souvenir s'était, en
moyenne, installé plus aisément chez les soldats ayant le plus souffert du stress sur
le terrain et étant le plus en état d'alerte ainsi que chez les individus ayant le moins
bien réussi les tests cognitifs. Dans le premier cas, le stockage de faux souvenirs
peut être dû à la facili avec laquelle les personnes stressées se fabriquent des
images et des scénarios. Dans le second, le phénomène peut s'expliquer plus
simplement, par une moins bonne précision du processus de mémorisation. Même
si les résultats s'inscrivent dans la lignée des travaux précédents sur le sujet, l'étude
sort du lot pour plusieurs raisons : d'une part, il ne s'agit pas d'une exrience en
laboratoire, contrairement à ce qui se fait le plus souvent, et, d'autre part, l'intervalle
de temps entre l'implantation du faux souvenir et sa résurgence est nettement plus
long qu'à l'ordinaire. Enfin, la facilité avec laquelle les chercheurs ont pu créer un
souvenir de guerre factice chez des soldats de métier ne laisse pas de surprendre et
souligne le caractère grandement malléable du cerveau. Avec sa nouvelle Souvenirs
à vendre, qui a inspiré les films Total Recall, Philip K. Dick n'était pas loin de la
réalité...
Pierre Barthémy (suivez-moi ici sur Twitter ou bien sur Facebook)
Post-scriptum : je serai l'invité de l'Hyper revue de presse de France Info, à 9 h 15
ce jeudi 6 juin, pour parler de Passeur de sciences.
Cette entrée a été publiée dans Armée, Cerveau, avec comme mot(s)-clef(s) Cerveau, Faux
souvenirs, Georges Pérec, Mémoire, Soldats. Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien. |
Le journal da du 2 mars
Lire Le Monde
Rechercher sur ce blog…
Rechercher
2.5k
Recommend
Recommend
o
ANNONCES À LA UNE
Métier, secteur
OK
Rechercher une offre d’emploi
Concepteur vendeur
CUISINELLA (SARL OTORYS) – 69290
Concepteur-vendeur
CUISINES SCHMIDT (PLAISIR) – 78370
Concepteur vendeur
CUISINELLA (SAS CITY) – 92100
Vendeur show-room (H/F) « haut de
gamme »
AÉOS CONSULTANTS – 94110
Chargé de clientèle H/F
COFINTEX 6 – 94350
Commentaires plus cents
Vous aimerez aussi
95 commentaires à Des chercheurs créent de faux
souvenirs de guerre chez des soldats
Rechercher
Sur Twitter
Tweets de @PasseurSciences
Derniers commentaires
Derniers billets
Nuage de mots-clés
Abeilles ADN Archéologie Arctique
Astronomie Astéroïdes Bactéries Boson
de Higgs Cancer Cerveau Changement
climatique Climatosceptiques Démographie Eau
Environnement Espace Etoiles Evolution
Exoplanètes Fraude scientifique
Fukushima Grippe aviaire Génétique
Homme de Néandertal Improbablologie Insectes Lune
Mars Mathématiques Mort Médecine NASA
Nucléaire OGM Oiseaux Physique Poissons Police
scientifique Psychologie Robots
Réchauffement
climatique Santé Science Terre
Virus
Les forces russes accentuent leur pression, Kiev accuse Moscou d'actes de
guerre Le Monde.fr
La Chine sous le choc après le massacre de la gare de Kunming Le Monde.fr
Manifestations en Russie et en Europe contre l'intervention en Ukraine Le
Monde.fr
La sélection scientifique de la semaine (nuro 111)
Voulez-vous savoir quand vous allez mourir ?
Primo: Tout le monde (sélection pas le fait d’être soldat, jeune etc. ?) n’a pas la
même susceptibilité a être influencé pour croire a des faux souvenirs. Secundo,
un certain nombre de soldats qui était sûr d’avoir été au camp a la Saint-
Sylvestre, sciemment (Scie-m-ment) « DISAIT » se souvenir sans vraiment
croire « se » souvenir. Je pense que ce sort d’études devrait tenir en compte
beaucoup plus de psychologie et vrais facteur d’analyse, pour ne pas tout
attribuer a la « physiologie » « »Le songe de la Raison engendre des
monstres »".
digé par : Le songe de la Raison engendre des monstres. . | le 5 juin 2013 à 18 h 52 min |
Répondre |
L’expérience est tout de même surprenante venant de soldats ayant vécu
réellement des événements potentiellement traumatisants.
A se demander si la madeleine de Proust est un vrai souvenir ou une invention
de l’auteur qui pourrait par autosuggestion se persuader qu’il acu ce moment
inoubliable au moins pour la littérature fraaise.
Nous avons tous l’expérience de souvenirs dont on ne sait plus si c’est le fait de
les avoir entendus racontés mainte fois dans notre enfance ou bien le fait de les
avoir cus qui les rend si présents dans notre mémoire.
Chaque remémoration est par elle même une reconstruction de nos souvenirs.
Nous racontons sans cesse une nouvelle histoire, celle de notre vie fait de
souvenirs recomposés au filtre de nos émotions et de nos sentiments. Nancy
Huston en parle merveilleusement dans l’espèce fabulatrice.
La parole d’un enfant n’est pas plus sacré que celle d’un adulte.
Un enfant aura souvent tendance à ne pas faire la distinction entre la fabulation
et la vérité.
Il est naturellement porté dans sa fragilité soit à nous dire ce que nous
attendons qu’il nous dise soit au contraire à s’opposer pour exister.
digé par : patricedusud | le 5 juin 2013 à 19 h 29 min | Répondre |
C’est pour ça que « testis unus, testis nullus ».
Même chez les musulmans, un témion ne suffit pas.
digé par : AMRANI Yanis | le 6 juin 2013 à 13 h 42 min | Répondre Signaler un abus |
Systran LEPUR dans Voulez-vous savoir quand
vous allez mourir ?
Antoine dans Voulez-vous savoir quand vous allez
mourir ?
pixeltime dans Voulez-vous savoir quand vous
allez mourir ?
Huhu dans Voulez-vous savoir quand vous allez
mourir ?
Un sale gosse dans Voulez-vous savoir quand
vous allez mourir ?
Voulez-vous savoir quand vous allez mourir ?
La sélection scientifique de la semaine (numéro
111)
Quand un astéroïde d’un milliard de tonnes
rencontre un pulsar
La sélection scientifique de la semaine (numéro
110)
Paralysés : bientôt des neuroprothèses pour
restaurer le mouvement ?
Dans son premier brouillon, Proust ne parlait pas d’une madeleine (mais je
ne sais plus quel était la denrée qui l’inspirait). Il est donc fort probable que,
de toute façon, cette madeleine soit une construction littéraire : il est bien
connu qu’en art, le « vrai » est distinct de la vérité. Pour que le lecteur
ressente un effet, il est impossible pour l’auteur de l’écrire linéairement : la
construction d’une perception indirecte impose la transformation,
l’exagération, la remise en situation, voire l’invention — car l’effet est
totalement écrasé lorsque le fait est rapporté au lieu d’être vécu.
Les souvenirs littéraires ne sont donc pas seulement involontairement
reconstruits, mais ils sont généralement volontairement recréés. Lorsque
Proust parle de cette madeleine, ce qui compte n’est pas le support factuel
de ce souvenir, mais bien le fait de parvenir à rendre littérairement le jeu
des souvenirs et de leurs fils enchaîs. Proust ouvre des sensations, des
émotions et des logiques mentales ; son objet n’est pas la madeleine ; elle
n’est qu’un support accessoire.
Mais c’est une incise, accessoire dans le sujet qui nous occupe ici. Car
l’objet de ce billet est bien l’intégration « en toute bonne foi » de faux
souvenirs, ce qui est fort différent… et très intéressant.
digé par : Jacques C | le 6 juin 2013 à 14 h 27 min | Répondre Signaler un abus |
Patrice, pour les neurologues contemporains, apprendre est apprendre à
mentir. Toutes les espèces le font, tromper le partenaire, tromper le
prédateur ou la proie, toutes ont développé ces capacités d’adaptation en
tromperie.
Pour l’enfant, c’est de l’expérimentation relationnelle. Jusqu’où peut-on aller
? Gain – perte.
L’enfant, spécifiquement 8-10 ans qui ne ment pas est déjà l’adulte ou reste
le bébé.
digé par : papyscha | le 6 juin 2013 à 15 h 27 min | Répondre Signaler un abus |
Nos ami(e)s les hommes/femmes politiques connaissent ce pnomène de
malabilité de longue date. Beaucoup de tests réussis de leur coté, l’électorat
s’invente une mémoire commune sur des faits qui ne se sont jamais produits.
Grosses conséquences, car comme le disait (à peu près) un célèbre pourri : un
mensonge rété par une personne, c’est un mensonge; rété par 10.000
personnes, ça devient unerité.
digé par : THE citron | le 5 juin 2013 à 19 h 36 min | Répondre |
A noter quand même que le cerveau n’intervient nulle part dans l’expérience, et
que par conséquent le lien entre le faux souvenir et la malléabilidu cerveau
(que vous renforcez aussi par l’image associée à l’article) n’est pas du tout
étascientifiquement. D’autres explications qui ne font pas intervenir la biologie
mais uniquement les rapports de sens entre les souvenirs, par exemple, ou
encore une notion comme celle d’inconscients, seraient tout aussi compatibles
avec l’expérience.
digé par : Anthony | le 5 juin 2013 à 19 h 39 min | Répondre |
Oui enfin je doute que les souvenirs soient stockés dans vos bourses mon
cher Anthony , on peut donc supposer logiquement d’après « nos »
connaissances actuelles que souvenir=cerveau
digé par : Max | le 6 juin 2013 à 11 h 07 min | Répondre Signaler un abus |
Justement, il se trouve que l’inconscient ou le « sens des souvenir » sont
des éléments sous tendus par le cerveau. A trop croire la théologie des
scles passés sur l’âme et le corps qui auraient été séparés ou
séparables nous pourrions presque oublier que le cerveau est le support
physique de ce que nous sommes et qu’il est dans le corps
digé par : Gaël | le 6 juin 2013 à 11 h 13 min | Répondre Signaler un abus |
Il ne suffit pas d’affirmer quelque chose pour que ce soit vrai. Il faudrait
d’abord prouver que les souvenirs sont « stocs » quelque part, ce
qu’il n’est pas du tout certain que les données expérimentales
confirment. Et d’ailleurs, l’idée même de stockage suppose celle de
mémoire, ce qui complique un peu les choses…
digé par : Anthony | le 6 juin 2013 à 15 h 02 min | Répondre Signaler un abus |
Vous sous-entendez que l’esprit est indépendant du corps ?
Ou que les souvenirs sont une perception directe du passé ?
digé par : Frioul | le 7 juin 2013 à 1 h 12 min | Répondre Signaler un abus |
« Il faudrait d’abord prouver que les souvenirs sont « stockés »
quelque part, ce qu’il n’est pas du tout certain que les données
expérimentales confirment. »
Donc si on vous retire certaines parties (précises) du cerveau,
vous ne perdrez pas la mémoire? On fait un test? Êtes-vous
capable d’expliquer les maladies de dégénérescence de la
mémoire (et du cerveau) si les souvenirs n’ont pas de liens avec
le cerveau?
Trop de philo tue la philo et vous avez mal digéré Bergson, je crois
(je fais de la philo, il ne s’agit pas d’une attaque contre cette
discipline en tant que tel).
digé par : Jay' | le 11 juin 2013 à 20 h 33 min | Répondre Signaler un abus
|
+1
digé par : C. | le 6 juin 2013 à 17 h 52 min | Répondre Signaler un abus |
Votre travail sur ce blog est vraiment très apprécié. Bravo et merci pour la
qualité et la finesse de vos écrits. Mais vous n’avez peut être pas trop de mérite.
Ces sujets là semble vous passionner. Soyez assuré qu’ils passionnent aussi
beaucoup de vos lecteurs.
Bonne émission demain matin.
Amitiés,
Olivier
digé par : O. Stern | le 5 juin 2013 à 19 h 50 min | Répondre |
2090
Le célèbre ingénieur américain Kenneth Hayworth, dont le cerveau et la moelle
épinière étaient conservés depuis 50 ans dans un mélange de métaux lourds et
de résine afin qu’un super-ordinateur puisse en établir le câblage neuronal
complet et en fasse émerger la « conscience » dans une série d’algorithmes
mémorielles, prononce enfin ses premiers mots.
Contrairement aux attentes, Hayworth prétend être un géranium et entend faire
candidature au concours de Miss Univers 2091.
http://dernierssiecles.blogspot.com/2013/04/2090.html
digé par : D.T. | le 5 juin 2013 à 20 h 04 min | Répondre |
On atteint avec ces expériences une extrémité du spectre du souvenir dans
laquelle toute une dimension est inventée, mais tout souvenir est une
construction, et n’est le plus souvent partiellement fidèle à l’événement passé
1 / 17 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !