Blois 2013 - La conquête du Soudan français de Segou à Tombouctou (1880-1894)
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Louis Archinard (1850-1932) – source : Wikipedia
Samory, malgré ses appuis britanniques, est vaincu : l’empire Malinké est annexé en 1889.
L’empire Toucouleur d’Ahmadou chute en 1890. Mais en 1892 une offensive du parlement est
lancée contre Archinard qui est contraint de quitter son poste en Juillet 1893. En 1892, le Soudan
est devenu une colonie autonome séparée du Sénégal : un gouverneur civil est nommé. En 1893, la
flottille du Niger (dont les officiers sont en rivalité avec les officiers de l’armée de terre) lance de
son propre chef une expédition vers Tombouctou. Le successeur militaire d’Archinard, le colonel
Bonnier, est contraint malgré lui d’envoyer des troupes vers Tombouctou : la première colonne est
massacrée par les Touareg, la seconde colonne sous les ordres de Joffre prend la ville en 1894.
C’est la fin de la conquête du Soudan français.
Comment les guerres de conquête proprement dites sont justifiées auprès de l’opinion
publique et du parlement ?
Dès le début, la politique de Jules Ferry est favorable à l’expansion mais doit tenir compte des
sensibilités du Parlement et de l’opinion publique, mais également de celle des entrepreneurs
attentifs à l’expansion de l’empire colonial. C’est pourquoi, suivant l’interlocuteur, les dirigeants
favorables à la conquête utilisent des arguments différents :
celui du « fardeau de l’homme blanc » (de la mission civilisatrice), et celui de la lutte contre
l’expansion britannique à l’attention des parlementaires ;
la propagande coloniale basée sur les récits héroïques de la conquête à l’attention de l’opinion
publique.
Malgré ces efforts, la conquête coloniale est critiquée par un nombre importants de
parlementaires. Le lobby colonial n’est en effet composé que d’une centaine de parlementaires (sur
500) en 1893, mais ils sont résolus. En revanche des politiques de premier plan, comme
Clémenceau, sont hostiles à la colonisation comme le prouve cette citation de 1885 en réponse à
Jules Ferry :
« N’essayons pas de revêtir la violence du nom hypocrite de civilisation. Ne parlons pas de droit, de
devoir. La conquête que vous préconisez, c’est l’abus pur et simple de la force que donne la civilisation
scientifique sur les civilisations rudimentaires, pour s’approprier l’homme, le torturer, en extraire toute la
force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. Ce n’est pas le droit, c’en est la négation. Parler à
ce propos de civilisation, c’est joindre à la violence, l’hypocrisie. »
Malgré cette belle citation, la plupart du temps les arguments avancés ne sont pas aussi moraux
mais plutôt financiers : la colonisation coûte cher et éloigne la France de ses objectifs européens.
Sources :
Que trouve-t-on dans les archives nationales d’outremer d’Aix en Provence ?
Les pages d’instruction aux officiers
Les rapports des officiers pendant les campagnes, fournis avec une dizaine de chapitres
(l’épaisseur d’un carton d’archives) : déroulé de la campagne, croquis de forts, plans,
reconnaissance de territoires, inspection vétérinaire, rapport sur l’adversaire (Samory) et l’allié
(Tiéba)
Des correspondances entre adversaires
Des comptes de dépenses, les morts et blessés
Des fonds géographiques et d’expéditions officiels mais aussi des fonds privés (Gallieni,
Marchand).