La Lettre du Cardiologue • n° 460 - décembre 2012 | 25
Points forts
»L’hypertension pulmonaire est définie par une élévation de la pression artérielle pulmonaire moyenne
(PAPm) supérieure ou égale à 25mmHg au repos, mesurée par cathétérisme cardiaque droit. La définition
de l’hypertension pulmonaire d’effort a été abandonnée.
»
L’hypertension pulmonaire est dite “précapillaire” lorsque la pression capillaire pulmonaire (PCP) est
inférieure ou égale à 15mmHg avec un débit cardiaque normal ou diminué, alors que l’hypertension
pulmonaire postcapillaire est définie par une PCP supérieure à 15mmHg.
»
Les modifications principales de cette nouvelle classification sont survenues dans le groupe des hyper-
tensions artérielles pulmonaires (HTAP). Les HTAP dites “héritables” regroupent maintenant les HTAP
“familiales” et les HTAP idiopathiques avec mutations. La bilharziose et les anémies hémolytiques ont été
incluses dans ce groupe.
Mots-clés
Hypertension
pulmonaire
Définition
Classification
Recommandations
Highlights
»
Pulmonary hypertension (PH)
has been defined as an increase
in mean pulmonary arterial
pressure (mPAP) ≥ 25mmHg at
rest as assessed by right heart
catheterization. No definition
for PH on exercise has been
retained in these guidelines.
»
Precapillary PH is defined
by an increase in mPAP
≥25mmHg and a pulmo-
nary capillary wedge pressure
(PCWP) ≤ 15 mmHg associ-
ated with a normal or reduced
cardiac output. Postcapillary
PH is defined by an increase
in PCWP > 15 mmHg.
»
The main modifications of
the classification have been
done in the group of pulmo-
nary arterial hypertension
(PAH). Heritable PAH include
sporadic cases of PAH with
germline mutations and clinical
familial cases of PAH with or
without identified mutations.
Schistosiomasis and chronic
haemolytic anaemia have been
included among the subgroup
of associated PAH.
Keywords
Pulmonary hypertension
Definition
Classification
Guidelines
Classification
Les principales modifications de la nouvelle classifi-
cation concernent le groupe 1 des HTP, qui intègre les
données épidémiologiques et physiopathologiques
récentes (tableau II).
Groupe 1 :
hypertension artérielle pulmonaire
Le groupe 1 des HTP correspond à l’HTAP, qui
regroupe différentes formes d’HTP ayant une
physiopathologie proche et caractérisées par un
remodelage des artères pulmonaires de petit calibre.
C’est uniquement dans ce groupe que les traitements
spécifiques de l’HTAP (prostacyclines, antagonistes
des récepteurs de l’endothéline et inhibiteurs des
phosphodiestérases de type 5) ont fait la preuve
de leur efficacité.
◆Groupe 1.1/1.2 :
HTAP idiopathique et héritable
L’HTAP idiopathique correspond à la forme spora-
dique de la maladie, c’est-à-dire sans histoire fami-
liale ni facteur de risque connu. Lorsque l’HTAP
survient dans un contexte familial, des mutations
germinales du gène du Bone Morphogenetic Protein
Receptor 2 (BMPR2) − un membre de la superfa-
mille des récepteurs du Transforming Growth Factor
Beta (TGF-β) − peuvent être retrouvées dans 70 à
80 % des cas. Récemment, il a été montré que les
patients atteints d’HTAP porteurs de mutations
de BMPR2 avaient un pronostic plus sévère que
les patients non porteurs, et qu’ils étaient moins
souvent répondeurs au test de vasodilatation en
aigu (3). Plus rarement, des mutations du gène
ACtiVin Receptor-Like kinase type 1 (ACVRL1, ou
ALK1), ou endogline, peuvent être identifiées chez
des patients ayant une HTAP et une maladie de
Rendu-Osler (4). Les mutations de BMPR2 sont
aussi retrouvées chez 11 à 40 % des cas d’HTAP
apparemment idiopathique, sans histoire familiale.
Ainsi, en présence d’une mutation de BMPR2, la
distinction entre une HTAP idiopathique et une
HTAP familiale est artificielle, puisque tous les
patients qui combinent une HTAP et une muta-
tion de BMPR2 présentent une forme génétique-
ment transmissible de la maladie. Dans la nouvelle
classification, il a donc été décidé d’abandonner la
notion d’HTAP familiale et d’intégrer celle d’HTAP
héritable (1). Le sous-groupe d’HTAP héritable
rassemble donc les HTAP sporadiques avec des
mutations et les formes familiales avec ou sans
mutations identifiées.
Tableau II. Classification des hypertensions pulmonaires
(d’après [1]).
1. Hypertension artérielle pulmonaire
1.1. Idiopathique
1.2. Héritable
1.2.1. Mutations de BMPR2
1.2.2. Mutations d’ALK1, endogline
(avec ou sans maladie de Rendu-Osler)
1.2.3. Mutations inconnues
1.3. Induite par des médicaments ou des toxiques
1.4. Associée à :
1.4.1. Connectivites
1.4.2. Infection par le VIH
1.4.3. Hypertension portale
1.4.4. Cardiopathies congénitales
1.4.5. Bilharziose
1.4.6. Anémies hémolytiques chroniques
1.5. HP persistante du nouveau-né
1’. Maladie veino-occlusive pulmonaire
et hémangiomatose capillaire pulmonaire
2. HP des cardiopathies gauches
2.1. Dysfonction systolique
2.2. Dysfonction diastolique
2.3. Valvulopathies
3. HP des maladies respiratoires
et/ou hypoxémies chroniques
3.1. BPCO
3.2. Pneumopathies interstitielles
3.3. Autres maladies respiratoires restrictives
et/ou obstructives
3.4. Syndromes d’apnées du sommeil
3.5. Syndromes d’hypoventilation alvéolaire
3.6. Exposition chronique à l’altitude élevée
3.7. Anomalies du développement
4. HP postembolique chronique
5. HP de mécanisme multifactoriel ou incertain
5.1. Maladies hématologiques : syndromes myéloprolifératifs,
splénectomie
5.2. Maladies systémiques : sarcoïdose, histiocytoseX,
lymphangioléiomyomatose, neurofibromatose,
vascularites
5.3. Maladies métaboliques : glycogénoses, maladie
deGaucher, dysthyroïdies
5.4. Autres : obstructions vasculaires pulmonaires tumorales,
médiastinites fibreuses, insuffisance rénale chronique
en dialyse