revue ABB 1|10 4
la desserte. Même si ces derniers investiront les
moindres recoins, la masse de données fournies
par l’instrumentation existante est d’ores et
déjà impressionnante. Conséquence, il ne s’agit
pas tant d’équiper davantage le réseau mais
d’assurer l’échange et le partage de ces don-
nées, et de piloter les nœuds qui en sont le
centre névralgique.
Certains de ces sujets ont constitué la trame
d’une précédente édition de la Revue ABB,
intitulée « Puissance utile ». Ce numéro reprend
le fl ambeau en abordant les grandes thémati-
ques liées aux réseaux intelligents. Côté trans-
port, HVDC Light® est la technologie reine pour
raccorder les parcs éoliens tout en améliorant la
stabilité du réseau par sa maîtrise de la puis-
sance réactive. Une technique de stockage
d’avantgarde, permettant de pallier temporai-
rement l’intermittence des renouvelables, est
également présentée.
La conduite des opérations fait aussi l’objet de
plusieurs articles se penchant sur les progrès
de la gestion de réseau, sous le double prisme
du logiciel et de la technologie. Pour autant, que
dire d’un système de contrôle-commande, aussi
bon soit-il, si, sur le terrain, les équipements sont
contre-performants ? D’où notre intérêt pour la
maintenance des transformateurs et les avan-
cées des appareillages moyenne tension.
En bout de chaîne, le compteur électronique
renseigne instantanément le particulier sur ses
usages, préfi gurant de nouveaux modèles de
facturation qui permettront de diminuer les poin-
tes électriques. Enfi n, une gestion intuitive de la
consommation aide les propriétaires à économi-
ser l’énergie.
Puisse cette Revue ABB mettre en lumière
notre capacité à faire de l’ensemble des parties
prenantes de la fi lière, du gestionnaire de réseau
de transport au client, les grands bâtisseurs des
réseaux électriques du XXIe siècle !
Bonne lecture,
Peter Terwiesch
Directeur des technologies
ABB Ltd.
Chers lecteurs,
Un nouveau principe éclaire notre rapport à
l’action
: « l’important, ce n’est pas de travailler
plus, mais mieux » ! De fait, le temps et l’éner-
gie que nous déployons à analyser nos métho-
des de travail est souvent plus bénéfi que que
notre ardeur à la tâche, sans changer de fusil
d’épaule. Ce qui vaut pour chacun s’appli-
que aussi aux grands systèmes. Prenons les
réseaux de tran s port et de distribution : faire
progresser leur mode d’exploitation ne va pas
sans se poser la question de gérer au mieux
cette évolution. Peut-on accepter de pousser
les infrastructures existantes aux limites de leur
capacité, au risque d’exposer le client fi nal à
des pannes à répétition et des délestages sau-
vages ? Ne vaut-il pas mieux leur greffer plus
d’« intelligence » ?
Les réseaux électriques sont de plus en plus
sollicités, sous l’effet conjugué de l’augmentation
de la consommation totale d’énergie, de l’ouver-
ture des marchés à la concurrence et de la part
croissante des renouvelables dans le bouquet
énergétique. Or les énergies éolienne et solaire
sont par nature intermittentes et diffi cilement
prévisibles ; pis, elles sont souvent produites loin
des lieux de consommation, là où les infrastruc-
tures locales sont moins robustes. Pour y remé-
dier, de nouveaux profi ls du consommateur et du
réseau de distribution se dessinent : le premier
devient producteur actif ou « prosommateur », et
le second, fédérateur d’une myriade de petites
productions décentralisées.
La règle du « travailler plus » reviendrait à com-
penser cette variabilité accrue de la production
en augmentant les réserves tournantes. Cette
stratégie n’a pas seulement un coût ; elle peut
aussi annuler en partie les gains écologiques
de la production renouvelable. Le parti pris de
l’intelligence adopte une vision plus globale du
transport électrique. Alors que le système de
conduite d’un réseau traditionnel considère la
demande d’électricité comme « établie », les
réseaux intelligents inciteront de plus en plus
les usagers à adapter leur courbe de charge à
la disponibilité des ressources.
L’aptitude d’un système de conduite à prendre
des décisions optimales dépend de la connais-
sance précise et instantanée de l’état du réseau.
Point de départ de la collecte de données : les
capteurs placés en des endroits stratégiques de
Éditorial
Les défis de l’intelligence