ÉCOVÉG13 : Forêt Montmorency, Québec, Canada 10 – 13 septembre 2017 Recueil des résumés des communications CHENOT et al. : communication par affiche Les nouveaux écosystèmes créés par les activités humaines intensives sont-ils vraiment nouveaux ? Julie Chenot, Société des Carrières de La Ménudelle, GAGNERAUD Construction, Saint Martin de Crau, FRANCE, et Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie, Université d’Avignon, UMR CNRS IRD, Université d’Aix Marseille, Avignon, FRANCE [email protected] Anne Aurière, Élise Buisson, Thierry Dutoit, Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie, Université d’Avignon, UMR CNRS IRD, Université d’Aix Marseille, Avignon, FRANCE Frédéric Bioret, EA 2119 Géoarchitecture, Université de Bretagne Occidentale, CS 93837, 29238 Brest cedex, FRANCE Renaud Jaunatre, Université Grenoble Alpes, Irstea, UR EMGR, 2, rue de la Papeterie-BP 76, F-38402, Saint-Martind’Hères, FRANCE La plupart des écosystèmes de la Terre sont modifiés par les activités humaines. Ces écosystèmes ne ressemblent en rien à leurs précurseurs naturels. Face à ce constat, un nouveau concept émerge : celui des nouveaux écosystèmes de Hobbs et al. (2006). Ces derniers sont définis comme n’ayant plus aucun lien avec l’écosystème d’origine. En effet, la dégradation d’un écosystème est telle que le seuil d’irréversibilité écologique est dépassé, aucun retour en arrière ni aucune restauration écologique n’est envisageable ou possible, d’où l’apparition de nouveautés. Ces nouveaux écosystèmes peuvent avoir des trajectoires multiples et encore largement inconnues. Cependant, la définition de ce nouveau concept se base uniquement sur l’écosystème préexistant. Face à ce constat, de nombreuses interrogations portent sur le caractère nouveau de ces écosystèmes. La phytosociologie sigmatiste vise à caractériser les végétations naturelles et semi-naturelles, à mettre en avant leur déterminisme mais aussi à identifier leurs dynamiques en intégrant les facteurs biotiques et abiotiques dans la définition de ces différentes successions. Une étude phytosociologique sigmatiste et paysagère a été menée en mai 2016 pour démontrer ou non le caractère nouveau de ces écosystèmes en essayant de rattacher ces écosystèmes irréversiblement dégradés à des syntaxons déjà connus. L’objectif est aussi de comprendre les dynamiques végétales qui se mettent en place sur ces sites mis à nus et d’envisager une réflexion sur les concepts de successions primaire et secondaire. CLOSSET-KOPP : communication orale Quatre décennies de changements de communautés végétales en forêt de Compiègne (Nord de la France) : quels déterminants ? Déborah Closset-Kopp, Tarek Hattab, Guillaume Decocq, Unité Écologie et Dynamique des Systèmes Anthropisés (EDYSAN), Université de Picardie Jules Verne, 1, rue des Louvels, Amiens, Somme 80037, FRANCE [email protected] Le suivi de placettes permanentes est une approche de choix pour appréhender les dynamiques à long terme de la végétation en contexte de changements globaux, en particulier pour des écosystèmes forestiers. Cette étude, menée en forêt de Compiègne, cherche à caractériser les changements qualitatifs et quantitatifs de la flore vasculaire survenus au cours des 45 dernières années, en rééchantillonnant les mêmes sites. Les changements survenus dans des parcelles forestières à l’échelle du massif, sur différents types de sols et ayant été soumises à différentes intensités de gestion, sont quantifiés et interprétés à l’aide de différents descripteurs environnementaux et des traits d’histoire de vie des espèces. Les résultats montrent une augmentation de la richesse spécifique qui entraîne une augmentation de la diversité fonctionnelle et de la diversité phylogénique. On note une eutrophisation de la végétation, une augmentation de la palatabilité ainsi qu’une diminution de l’héliophilie. Les espèces hygrophiles, endozoochores, agestochores et anémochores ont le plus fortement progressé. Ces résultats révèlent les principaux moteurs des changements en forêt de Compiègne, comme dans de nombreuses forêts tempérées gérées d’Europe occidentale, au premier rang desquels figure l’intensification de la sylviculture, qui influence les microreliefs, la compacité et le niveau trophique du sol, le degré d’ouverture des canopées et l’attractivité vis-à-vis des cervidés. 1 DUTOIT, MUNSON : communication orale Des forêts tempérées nordiques aux steppes méditerranéennes, quels paradigmes pour leur restauration écologique ? Thierry Dutoit, Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie, UMR CNRS-IRD, AMU-UAPV, IUT Avignon, 337, chemin des Ménajariés, site Agroparc, BP 61207, 84 911 Avignon Cedex 09, FRANCE [email protected] Alison D. Munson, Département des sciences du bois et de la forêt, Université Laval, Pavillon Abitibi-Price, bureau 3165, 2405, rue de la Terrasse, Québec, Québec, G1V 0A6, CANADA [email protected] Un des objectifs de la dernière convention internationale sur la biodiversité qui s’est tenue à Nagoya en 2010 est la restauration écologique de 15 % de tous les écosystèmes de tous les biomes de la planète d’ici 2020. L’écologie de la restauration est-elle une discipline scientifique capable de fournir les cadres théoriques et conceptuels pour orienter, accompagner et évaluer ces opérations ? Face à l’extrême complexité du vivant, de la diversité des objectifs de restauration et des contextes socio-économiques dans lesquelles elles sont menées, existent-ils des paradigmes et modèles opérationnels pour tous types d’écosystèmes, ou les approches doivent-elles encore rester largement pragmatiques ? Les deux conférenciers proposent d’apporter des éléments de réponse à ces questions grâce à deux exemples aussi différents que les forêts tempérées nordiques et les steppes méditerranéennes. Après avoir présenté l’origine, la distribution et les enjeux écologiques de la restauration de ces deux types d’écosystèmes, les objectifs, techniques et verrous scientifiques seront dégagés via des retours d’expériences particulièrement significatifs et un dialogue entre les deux conférenciers. Les différences et/ou ressemblances observées devraient permettre de mieux dégager l’importance respective des aspects conceptuels ou expérimentaux pour un meilleur succès des futures opérations de restauration écologique. HERMY, VANSTOCKEM : communication orale Les nouveaux écosystèmes réagissent-ils comme leurs cousins plus naturels ? L’exemple des toits verts. Martin Hermy, University of Leuven , Celestijnenlaan 200E, 3001 Heverlee, Houwaartstraat 12 Lubbeek 3210, BELGIQUE [email protected] Jan Vanstockem, Division of Forest, Nature and Landscape, University of Leuven, Celestijnenlaan 200e, Box 2411, 3001 Leuven, BELGIQUE [email protected] Plus de la moitié de la population mondiale vit dans des villes qui ne cessent de se densifier et qui laissent très peu de place aux espaces verts. Les toits des édifices sont pour la plupart vacants et les végétaliser augmenterait grandement la superficie de l’espace vert urbain. Les toits verts existent depuis longtemps, particulièrement en Europe. Pourtant, la plupart des recherches se concentrent sur leur construction, leurs matériaux et les services écosystémiques qu’ils rendent. À mesure que les connaissances en ingénierie évoluent, les substrats et les plantes qui sont introduits produisent de plus en plus d’exemples de nouveaux écosystèmes. Bien que les toits verts nécessitent peu d’entretien, ils sont aussi sujets à la colonisation spontanée d’espèces indésirables. Pour cette étude, nous nous sommes penchés sur ces colonisations spontanées et sur le réservoir de graines qui contribue à la végétation des toits verts, ainsi que sur l’interconnexion entre les deux. Se basant sur la littérature écologique classique, quelques hypothèses ont été émises puis testées afin de découvrir si ces nouveaux écosystèmes réagissent comme ceux qui sont plus naturels. La littérature concernant la colonisation spontanée d’espèces indésirables sur les toits verts est peu abondante. Dans notre étude, plus de 120 espèces ont été trouvées : 80 % de celles-ci se sont installées spontanément, quoiqu’elles ne couvraient, pour la plupart, qu’une faible surface des toits. Cinquante espèces ont été trouvées dans le réservoir de graines, la majorité (60 %) étant des espèces spontanées. Près de la moitié des espèces avaient un réservoir permanent de graines. JACQUEMART, MOQUET : communication orale Quelle efficacité de pollinisation pour les insectes visiteurs des myrtilles européennes (Ericaceae) ? Anne-Laure Jacquemart, Laura Moquet, Earth and Life Institute, Université catholique de Louvain, Croix du sud 2, boîte L7.05.14, Louvain-la-Neuve 1348, BELGIQUE [email protected] Tant pour améliorer la production d’espèces commerciales que pour assurer la survie des espèces sauvages, il est essentiel d’identifier les insectes qui participent au succès reproducteur des espèces végétales entomophiles. Les éricacées sont particulières, car elles présentent souvent des anthères poricides, le pollen n’étant libéré que lorsque le visiteur produit des vibrations (buzz pollination). Notre hypothèse est que cet accès exclusif à certains insectes capables de produire ces 2 vibrations (bourdons et quelques abeilles solitaires) leur procure un avantage qui expliquerait ces évolutions particulières. Cette hypothèse est renforcée par le fait que le pollen d’éricacées est considéré de qualité nutritionnelle médiocre. Nous avons analysé les qualités nutritionnelles du pollen (polypeptides, acides aminés, stérols) et l’efficacité pollinisatrice des visiteurs d’éricacées en Europe. Les résultats indiquent que les qualités nutritionnelles du pollen varient fortement entre espèces, mais sont adéquates pour une diète d’insecte. D’autre part, le comportement de chaque visiteur importe dans son efficacité de pollinisateur. Chez certaines espèces, le prélèvement de nectar, y compris par tricherie, est efficace pour la pollinisation, plus que la vibration. L’abondance des visiteurs reste néanmoins le facteur explicatif le plus important dans l’efficacité : des bourdons très abondants, même s’ils sont peu efficaces, participent plus au succès reproducteur que les espèces rares spécialistes d’éricacées. Nous nous questionnerons pour savoir s’il en est de même chez les nombreuses espèces d’Amérique du Nord et quelles conclusions tirer quant à la conservation des éricacées et des insectes pollinisateurs. MARCHAND et al. : communication par affiche Facteurs influençant la croissance des peuplements boréaux aux différents stades de développement dans un contexte de changements climatiques récents. William Marchand, Martin Girardin, Centre de foresterie des Laurentides, 1055, rue du PEPS, Québec, Québec, G1V 4C7, CANADA [email protected] Yves Bergeron, Université du Québec à Montréal et Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, Institut de recherche sur les forêts, 445, boulevard de l’Université, Rouyn-Noranda, Québec, J9X 5E4, CANADA Source de multiples bienfaits et services, la forêt boréale canadienne a de l’importance sur le plan économique, écologique et social. Les changements climatiques menacent la pérennité de cet écosystème, laissant planer le doute sur les possibilités forestières futures. Les hausses de températures, associées à des extrêmes climatiques plus fréquents et plus intenses que par le passé, pourraient conduire à une diminution de la productivité et une augmentation de la mortalité des peuplements forestiers. L’objectif général de ce projet est d’examiner les réponses des peuplements boréaux aux changements climatiques récents, en fonction du stade de régénération post-perturbation. Plus spécifiquement, l’impact des changements climatiques sur la croissance juvénile des peuplements sera étudié. Nous vérifierons si l’allongement de la saison de croissance a accéléré la croissance juvénile des peuplements récemment régénérés. Nous examinerons ensuite le poids de la compétition, comparativement à celui du climat, dans la croissance des peuplements. Nous vérifierons si les peuplements juvéniles sont principalement contraints par la compétition, contrairement aux peuplements matures dont la croissance serait fortement dépendante des conditions climatiques. Enfin les mécanismes physiologiques associés à la diminution du taux de croissance des peuplements surannés seront étudiés. Nous vérifierons si ce phénomène résulte d’un effet combiné de l’épuisement des réserves glucidiques et de la perte de conductivité hydraulique associé à des stress climatiques successifs. MOINARDEAU et al. : communication orale Restauration des communautés végétales herbacées des digues artificielles du Rhône grâce au pâturage équin. Cannelle Moinardeau, Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie, UMR CNRS-IRD, AMU-UAPV, IUT Avignon, 337, chemin des Ménajariés, site Agroparc, BP 61207, 84 911 Avignon Cedex 09, FRANCE [email protected] François Mesleard, Institut de Recherche de la Tour du Valat, Le Sambuc, 13200 Arles, FRANCE Denis Roux, ONCFS, Unité Avifaune migratrice, Maison Guende-Rue du Musée, BP 20, 84390 Sault, FRANCE Romain Brusson, CNR, Direction régionale d’Avignon, 25 bis Chemin de Rocailles, 30401 Villeneuve Les Avignon, FRANCE Thierry Dutoit, Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie, UMR CNRS-IRD, AMU-UAPV, IUT Avignon, 337, chemin des Ménajariés, site Agroparc, BP 61207, 84 911 Avignon Cedex 09, FRANCE Les digues artificielles de la réserve de Donzère-Mondragon ont été créées dans les années 1950 suite au creusement d’un canal de dérivation du Rhône. Soixante ans après, un pâturage équin (Konik-Polski) a été mis en place pour conserver ou restaurer certaines communautés végétales à forte valeur patrimoniale, qui s’y sont par ailleurs installées naturellement. À l’aide de parcelles d’inventaires permanentes établies depuis 2014 et d’analyses de photographies aériennes multispectrales à très haute résolution, notre étude avait pour objectif de mesurer l’effet du pâturage sur la restauration de l’hétérogénéité de la mosaïque des communautés (diversité β), leur richesse (diversité α) et leur valeur fourragère. Après trois années de suivis, nos résultats montrent que le pâturage accroît les diversités α et β ainsi que la valeur fourragère, et ce, suite à l’apparition d’espèces annuelles de pelouses rases, mais seulement pour certaines pressions de pâturage. Les analyses de photographies aériennes permettent quant à elles de caractériser l’organisation spatiale et la dynamique temporelle de ces communautés. L’indice de végétation par différence normalisé (NDVI) met ainsi en évidence un impact 3 du pâturage sur la diminution de la densité foliaire en lien avec la pression de pâturage. La juxtaposition des différentes couches d’information permet pour sa part de caractériser les variations d’informations obtenues après analyse des photographies et valide ainsi la précision de la méthode pour mieux organiser le système de pâturage en fonction des objectifs de conservation. PAQUETTE : communication orale Vers un couvert forestier urbain complexe et résilient : développement d’une nouvelle stratégie de plantation. Alain Paquette, Département des sciences biologiques, Université du Québec à Montréal, CP 8888, succursale Centreville, Montréal, Québec, H3C 3P8, CANADA [email protected] On trouve dans les grandes villes du Québec, comme ailleurs dans l’est de l’Amérique du Nord, un très grand nombre d’espèces d’arbres (200 à 400), soit de quatre à huit fois plus qu’on en trouve en forêt naturelle. Ces chiffres sont trompeurs : en effet, les arbres municipaux sont très largement dominés (50 % ou plus) par seulement quelques espèces, toujours les mêmes, comme l’érable de Norvège, l’érable argenté et le frêne rouge. Cette situation est-elle préoccupante ? Comment en est-on arrivé là ? Si problème, quelles sont les solutions ? L’objectif général de nos projets est de doter les villes de plans directeurs de la forêt urbaine à long terme pour optimiser la gestion quotidienne des arbres, dans le but d’atteindre des objectifs de résilience et de rendement en services écosystémiques. Nous étudions aussi l’effet d’un gradient d’urbanisation sur les arbres, de même que les caractéristiques d’un bon arbre en ville. Le but de nos travaux est d’obtenir à terme une forêt en meilleure santé et mieux outillée pour absorber et récupérer suite aux stress prévus par les changements globaux (climat, espèces et maladies exotiques, etc.). Nous utiliserons quelques exemples de travaux réalisés dans plusieurs villes (Québec, Joliette, Ahuntsic-Cartierville) pour montrer l’approche. Un bilan de la situation actuelle de la forêt urbaine en termes de diversité (selon plusieurs facettes) sera fait et comparé. À ce bilan seront associés des risques en fonction des changements globaux et des recommandations pour en augmenter la résilience de la forêt. Nous verrons qu’une approche par groupes fonctionnels permet d’atteindre les objectifs fixés à l’aide d’outils simples et accessibles. TABACCHI, LAVOIE : communication orale Invasions végétales : confidences d’un envahisseur et d’un envahi. Éric Tabacchi, Centre National de la Recherche Scientifique, 118, route de Narbonne, Toulouse, 31062 Cedex 09, FRANCE [email protected] Claude Lavoie, École supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional, Université Laval, 2325, rue des Bibliothèques, local 1616, Québec, Québec, G1V 0A6, CANADA [email protected] Les invasions biologiques occupent un espace grandissant dans la communauté scientifique, même si ce phénomène n’est pas nouveau. Les effets de plusieurs envahisseurs (insectes, champignons, virus, etc.) sur l’économie sont bien connus, particulièrement en agriculture. Par contre, ceux occasionnés par les plantes sur la biodiversité font toujours l’objet de vives controverses : certains soutiennent qu’ils ne sont pas perceptibles au-delà de l’échelle locale, d’autres affirment au contraire que leur accumulation engendrera sous peu un appauvrissement significatif aux échelles régionales et nationales. On fera dans cet exposé un retour sur ce débat. On mettra aussi en évidence les paradoxes des invasions – une plante dominante bienvenue ici est envahissante et indésirable ailleurs – et l’inconfort des conférenciers face au traitement médiatique souvent accordé aux envahisseurs. Nous examinerons dans quelle mesure les propos véhiculés par les médias et certains organismes voués à la préservation de la biodiversité et du fonctionnement des écosystèmes appuient leurs affirmations sur des données objectives avec un solide fondement scientifique. Pour ce faire, nous utiliserons des cas de figures, des plantes qui se trouvent à la fois en Europe et en Amérique du Nord, et qui ont, selon leur origine, le statut exotique (envahisseur) ou indigène (envahi). L’objectif de cette présentation n’est pas de nier les effets des invasions, qui sont réels, mais plutôt de mettre en garde les chercheurs contre les conclusions trop hâtives susceptibles d’être reprises par les médias et de faire la lumière sur les lacunes dans les connaissances qu’il serait urgent de combler pour solidifier le débat entourant l’impact réel des envahisseurs sur la préservation de la biodiversité à l’échelle mondiale. 4 TISSERANT : communication par affiche Réponse positionnelle et fonctionnelle des communautés végétales riveraines aux facteurs environnementaux et à l’aménagement des berges. Maxime Tisserand, Département de phytologie, Université Laval, Québec, Québec, G1V 0A6, CANADA [email protected] Par leur caractère écotonal et leur exposition aux perturbations, les communautés végétales des milieux riverains sont diversifiées et distinctes de celles des milieux terrestres. En dépit d’une grande diversité d’espèces et de fonctions, ces écosystèmes figurent parmi les milieux naturels subissant les plus fortes pressions anthropiques. Si les contraintes d’espace ne permettent pas la restauration écologique, le génie végétal offre une alternative intéressante pour stabiliser les berges dégradées tout en augmentant leur naturalité. Ce projet vise à caractériser les assemblages d’espèces selon un gradient de naturalité, soit des berges stabilisées par enrochement ou par des techniques de génie végétal aux berges naturelles. Les variables environnementales agissant à l’échelle de la berge et du paysage sont prises en compte pour expliquer la composition spécifique et fonctionnelle des différentes communautés. Au regard de la contribution des sites à la diversité régionale, le phénomène d’homogénéisation biotique est également étudié. Les communautés d’une centaine de berges sont échantillonnées à cet effet. Les résultats préliminaires montrent une augmentation de la richesse spécifique en fonction de la naturalité des berges et une distinction nette des communautés selon le type de berge. Alors que les communautés de berges naturelles et de berges aménagées par le génie végétal sont composées d’espèces inféodées aux milieux riverains, les enrochements abritent plutôt un cortège d’espèces rudérales indigènes ou exotiques et d’espèces de milieux humides. VALDÈS (DECOCQ) et al. : communication orale Altérations de la distribution des espèces végétales herbacées forestières induites par la fragmentation Alicia Valdès, Jonathan Lenoir, Émilie Gallet-Moron, Guillaume Lecocq, Unité Écologie et Dynamique des Systèmes Anthropisés (EDYSAN), Université de Picardie Jules Verne, 1, rue des Louvels, Amiens, Somme 80037, FRANCE [email protected] Consortium smallFOREST Dans la plupart des régions tempérées du globe, les habitats forestiers sont réduits à des fragments inclus dans une matrice paysagère agricole. La taille et l’âge de ces fragments, la distance qui les sépare et la nature de la matrice paysagère sont susceptibles d’influencer la composition floristique des communautés forestières en filtrant les espèces en fonction de leur autoécologie et de leurs traits d’histoire de vie. Dans cette étude, nous nous sommes intéressés à la végétation de fragments forestiers des paysages agricoles plus ou moins intensément cultivés, le long d’un gradient latitudinal de 2 500 km s’étendant du sud de la France au centre de la Suède. Nous avons cherché comment la qualité de l’habitat et le degré de fragmentation influençaient la répartition des espèces herbacées parmi ces fragments. Nous montrons que bien que la fragmentation ait un effet moins important que la qualité de l’habitat forestier, la distribution des espèces spécialistes de l’habitat forestier est significativement biaisée vers les fragments les plus grands ou anciens. Les effets de l’isolement et de l’intensité de gestion de la matrice varient beaucoup d’une espèce à l’autre et dépendent des traits d’histoire de vie associés à la persistance, à la dissémination et à la compétitivité des espèces. Les mauvais colonisateurs ou faibles compétiteurs sont les espèces les plus affectées par la fragmentation. Ces résultats plaident pour une conservation prioritaire des fragments forestiers les plus grands et anciens, et une restauration de leur connectivité. 5 VENNETIER et al. : communication orale Une réponse étonnamment homogène de l’architecture des arbres aux stress climatiques dans une grande variété de biomes : conséquences sur l’adaptation des forêts au changement climatique. Michel Vennetier, Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture, 3275, route Cézanne, Aix en Provence Cedex 5, FRANCE [email protected] Henry Adams, Department of Plant Biology, Ecology, and Evolution, Oklahoma State University, 301, Physical Sciences, Stillwater, Oklahoma, 74078-3013, ÉTATS-UNIS Sylvain Delagrange, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, Institut de recherche sur les forêts, 445, boulevard de l’Université, Rouyn-Noranda, Québec, J9X 5E4, CANADA Andreas Rigling, Swiss Federal Research Institute WSL, Zürcherstrasse 111, CH-8903, Birmensdorf, SUISSE et 20 autres co-auteurs Des forêts semi-arides aux forêts boréales, en passant par les biomes méditerranéens, tempérés et montagnards, 19 équipes ont étudié la plasticité du développement architectural de 18 espèces d’arbres soumis à des variations et stress climatiques dans 8 pays sur 3 continents. L’analyse porte sur la croissance des branches, leur ramification, le nombre et la taille des feuilles, la reproduction qui interfère avec ce développement et la phénologie qui en est l’un des moteurs. Le travail s’est fait en milieu naturel, suivant de larges gradients d’altitudes et de latitudes, et dans des expérimentations contrôlant le climat (température, exclusion de pluie, irrigation). L’ensemble des arbres étudiés quel que soit leur milieu réagissent aux stress en réduisant leur taux de ramification et leur nombre de feuilles, en réduisant la taille de leurs feuilles si la contrainte est hydrique et en modifiant leur stratégie reproductive. Nous montrons que l’adaptation de la surface foliaire à la ressource en eau est largement pilotée par la branchaison. L’inertie architecturale restreint l’adaptation foliaire et tamponne la production de biomasse longtemps après un stress fort ou répété. Le changement climatique modifie la phénologie de ces arbres, ajoutant des contraintes à leur développement. La modélisation du développement architectural des arbres dans ces relations au climat est une avancée significative pour comprendre leur capacité d’adaptation au changement climatique et les risques qui en découlent pour la production forestière. VIDALLER et al. : communication orale Influence du feu et du pâturage sur la croissance et la reproduction d’une espèce clé (Brachypodium retusum) d’une pelouse méditerranéenne (La Crau, Sud-Est de la France). Christel Vidaller, Thierry Dutoit et Armin Bischoff, Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Écologie, UMR CNRS-IRD, AMU-UAPV, IUT Avignon, 337, chemin des Ménajariés, site Agroparc, BP 61207, 84 911 Avignon Cedex 09, FRANCE [email protected] Le brachypode rameux est une espèce pérenne herbacée qui domine les pelouses sèches méditerranéennes. Il se réinstalle toutefois difficilement après des perturbations, notamment de type cultural. Les observations réalisées à la suite d’incendies accidentels suggèrent qu’ils pourraient augmenter la production de graines et donc la reproduction sexuée chez cette espèce. Le feu est en effet un facteur intrinsèque du fonctionnement des pelouses sèches méditerranéennes. Son absence pourrait-elle être à l’origine du faible potentiel de régénération sexuée du brachypode rameux dans la Crau ? Nous avons réalisé des feux expérimentaux dans deux sites de pâturage ovin au printemps ou en été pour mimer des feux pastoraux ou naturels. Ces traitements ont été croisés avec les effets du pâturage actuel, l’absence du pâturage en 2016 ou encore dans des exclos non pâturés depuis 15 années. Les effets du feu ont été mesurés sur le brachypode rameux (recouvrement, nombre d’inflorescences) mais également sur la communauté végétale (composition, richesse, diversité). Après une saison de suivi, le traitement feu diminue significativement le recouvrement et la production d’inflorescences du brachypode rameux ainsi que la richesse spécifique de la communauté végétale. Le pâturage n’a pas d’influence significative sur ces trois paramètres, mais il interagit avec le feu en ce qui concerne le recouvrement. L’utilisation de feux contrôlés pour accroître la régénération des pelouses méditerranéennes est discutée car nos résultats montrent qu’ils ne sont pas sans conséquences sur la communauté végétale. 6