
        FLASH ECO 
« Analyse à caractère économique ne constituant pas une prise de position. Liste complète disponible sur www.afep.com » 
 
Le quantitative easing de la Réserve fédérale 
Vendredi 18 octobre 2013 
La  politique  monétaire  de  la  Réserve  fédérale  des  Etats-Unis  (Fed)  fait  l’objet  d’une  attention  croissante 
compte  tenu  de  son  impact  sur  l’économie mondiale.  Le  présent  flash  éco  revient  sur  sa  définition  et  en 
étudie les principaux enjeux. 
1. Qu’est-ce qu’une politique monétaire « non conventionnelle » ? 
La  politique  monétaire  vise  à  atteindre  quatre  grands  objectifs :  stabilité  des  prix,  stabilité  du  taux  de 
change,  production  proche  de  son  niveau  potentiel  et  stabilité  financière.  Pour  y  parvenir,  la  banque 
centrale dispose de plusieurs instruments traditionnels : taux d’escompte, réserves obligatoires, opérations 
sur les marchés… Avec l’éclatement de  la crise financière, la  Fed a fait  preuve de réactivité en  abaissant 
fortement le taux des Fed funds : de 5,25 % à 2 % entre septembre 2007 et avril 2008, puis de 2 % à  un 
corridor de 0 % à 0,25 % à la fin de l’année 2008, inchangé depuis. Toutefois, constatant que l’utilisation de 
cet instrument traditionnel était insuffisante et très largement entamée (un taux d’intérêt nominal ne peut 
descendre  en-dessous  de  0  %),  la  Fed  a  amplifié  son  action  en  menant  une  politique  d’achat  à  grande 
échelle  d’actifs  financiers  (large-scale  asset  purchases,  LSAP)  dénommée  quantitative  easing  (QE).  Le 
principe est  le suivant :  en achetant les  actifs  financiers  en  question (obligations, actifs  immobiliers…), la 
Fed augmente la demande pour ces derniers et donc leur prix. Or le prix d’une obligation variant à l’inverse 
du taux d’intérêt, une hausse du prix réduit le taux d’intérêt. L’objectif de cette politique est donc d’agir 
sur  la  courbe  des  taux (notamment  à  long  terme)  là  où  l’instrument  traditionnel de  la  banque  centrale 
intervient  à  l’extrémité  courte  de  la  courbe  via  le  taux  directeur  au  jour  le  jour.  Avec  la  stratégie  de 
communication (théorie des anticipations) et « l’assouplissement qualitatif » (modification relative de la 
structure du bilan de la banque centrale par assouplissement des contreparties éligibles aux opérations de 
la banque), le QE est la troisième composante d’une politique monétaire « non conventionnelle »
. Depuis 
mars  2009,  trois  vagues  de  QE  se  sont  succédées :  le  QE1,  de  mars  2009  à  mars  2010  pour  soutenir  le 
marché  du  logement ;  le  QE2,  de  novembre  2010  à  juin  2011  pour  relancer  la  consommation  et 
l’investissement  productif ;  le  QE3,  en  cours  depuis  septembre  2012.  Il  faut  rappeler  ici  que,  si  la 
généralisation du  QE  est  récente,  ses  fondements  remontent,  eux,  aux  années 1930 au  lendemain de  la 
Grande Dépression (avec l’appui du Congrès, la Fed acheta 1Md$ de bons du Trésor en 1932). Par ailleurs, 
bien  que  sous  des  appellations  distinctes,  la  politique  monétaire  « non  conventionnelle »  est  largement 
utilisée par d’autres grandes banques centrales (Bank of Japan, Bank of England, BCE). 
 
2. Le gonflement du bilan des banques centrales est-il sans risque ? 
Si  un  consensus  se  dégage  pour  considérer  que  ces  interventions  massives ont  permis  d’éviter  une 
récession  profonde,  il  convient  de  s’interroger  sur  le  coût  de  ces  dernières.  En  effet,  l’assouplissement 
décidé dans la plupart des pays a conduit à un gonflement sans précédent du bilan des banques centrales, 
passé en une dizaine d’années de 8 % à près de 20 % du PIB (Fed, BOE), de 13 % à plus de 20 % (BCE) et de 
20 % à 30 % (BoJ). Si la crise économique explique cette évolution dans les pays avancés, l’accumulation 
croissante de  réserves de change dans les économies émergentes suite à  la crise asiatique de la  fin des 
années  1990  y  a  également  contribué.  L’objectif  poursuivi  par  ces  pays  est,  outre  la  constitution  d’un 
« fonds  de  réserve »,  de  disposer  de  la  faculté  d’intervenir  sur  le  marché  des  changes  pour  éviter 
l’appréciation de leur monnaie. Pour la Banque des règlements internationaux (BRI)
, cette situation expose 
le bilan des banques centrales à trois risques (de taux d’intérêt, de change et de crédit) majeurs. Dans le 
premier cas, une cession d’obligations en portefeuille peut entraîner une perte financière en cas de montée 
des  taux  longs.  Dans  le  second  cas,  une  appréciation  de  la  monnaie  locale  dégraderait  la  situation  des 
banques centrales disposant d’importants volumes d’actifs en devises. 
 
 On reprend ici la typologie de B. Bernanke et V. Reinhart citée dans « Les systèmes financiers : mutations, crises et régulation », 
sous la direction de C. de Boissieu et J. Couppey-Soubeyran, 4e édition, 2013. 
 Voir le 81e rapport annuel de la BRI (2011), chapitre IV (« Défis pour la politique monétaire »).