3ème S2 et HDA Musique et Société de consommation I/ Contexte Historique : Les Trente Glorieuses -Après la Seconde Guerre Mondiale, la consommation de masse née aux Etats Unis s'étend au monde entier. - Les Trente glorieuses est le nom de la période donnée aux trente années de faste économique (de 1945 à 1975) en France. - Elle correspond à l'entre dans l'ère de la société de consommation. La culture de masse, diffusée par les moyens que sont la télévision, la radio, le disque et la publicité est alors destinée au plus grand monde. - Dans les années 1950, c'est la fin de l'économie de survie (destinée uniquement à l'alimentation), car les ménages voient leur niveau de vie augmenter. Peu à peu les foyers s'équipent en électricité, et de nouveaux objets, au design séduisant garnissent les intérieurs : rasoir, transistor, sèche-cheveux, lampadaire, cocotteminute, mixeur, téléphone. II/ Boris Vian (1920-1959) Ecrivain français, poète, parolier, chanteur, et musicien de jazz. Il écrit de nombreux romans dont « J'irai cracher sur vos tombes » et « L'écume des jours ». Boris Vian inventait des mots (néologismes) parmi lesquels figuraient des objets et machines imaginaires. Elève ingénieur à l'Ecole centrale, il a élaboré des projets d'invention dont le plus célèbre était le « pianocoktail » (instrument destiné à fabriquer des boissons, selon la musique jouée). Dans ses chansons, Boris Vian décrit avec humour ou ironie la société contemporaine : - Le Déserteur, une chanson pacifiste en réaction contre la guerre d'Indochine - La Java des bombes atomiques, une chanson sur l'absurdité des expériences nucléaires et sur l'irresponsabilité des chefs d'état. 3ème S2 et HDA Musique et Société de consommation III/ La complainte du progrès (1956) Texte de Boris Vian et musique d'Alain Goraguer. A travers cette chanson, Boris Vian critique avec humour l'irruption de la société de consommation dans la vie du couple. Dans les années 19501960, le salon des Arts ménagers est un événement pour tous les foyers : on y trouve les objets les plus innovants. Ci-contre une affiche Moulinex fabricant français d'électro-ménager de 1959 dont le slogan est : « Pour elle un Moulinex, pour lui de bons petits plats ».Elle offre une image machiste du couple : l'homme travaille et la femme, heureuse de son équipement dernier cri fait la cuisine en étant toujours bien apprêtée. a/ Qu'est-ce qu'une « complainte » ? A l'origine il s'agit d'une lamentation chantée racontant les malheurs d'un personnage. Or la musique de « la complainte du progrès « n'a rien de plaintif, bien au contraire. Elle est rythmée et enjouée, ce qui prouve que Boris Vian veut traiter le sujet avec humour et ironie. b/ La musique : -Tempo : rapide, enjouée, mesure à 4 temps avec quelques ruptures de tempo (Ah Gudule....) - Un rythme de « cha cha cha » (danse cubaine) accompagne régulièrement la musique et reflète le succès de la musique sud américaine dans les années 50. - Formation vocale et instrumentale Voix : une voix d'homme (celle de Boris Vian) qui alterne entre le chant et le texte déclamé. La partie vocale réclame une bonne prononciation et articulation. Formation instrumentale issue du jazz : section rythmique (batterie piano contrebasse) section mélodique (trompette, clarinette, saxophone, xylophone et flûte traversière) C/ Liens musique/Texte : -Organisation de la chanson : Introduction, 2 couplets (organisés en 2 parties chacun) et coda (Tutti = tout l'orchestre) La musique module selon le texte et ses articulations. -Au milieu de chaque couplet, à partir de « Ah Gudule... », la musique s'arrête. La partie vocale est parlée. Puis, le tempo redémarre au moment de l'énumération d'objets. -On entend une flûte traversière solo qui pourrait représenter la femme (lors de la querelle entre les 2 amoureux,) ou « une tendre petite qui vous offre son coeur ». 3ème S2 et HDA Musique et Société de consommation D/ Analyse du texte 3ème S2 et HDA Musique et Société de consommation La tourniquette A faire la vinaigrette Le ratatine-ordures Et le coupe-friture Et si la belle Se montre encore rebelle On la fiche dehors Pour confier son sort Au frigidaire À l'efface-poussière À la cuisinière Au lit qu'est toujours fait Au chauffe-savates Au canon à patates À l'éventre-tomates À l'écorche-poulet Mais très très vite On reçoit la visite D'une tendre petite Qui vous offre son cœur Alors on cède Car il faut bien qu'on s'entraide Et l'on vit comme ça Jusqu'à la prochaine fois L'énumération devient de plus en plus pressante. Puis, une nouvelle rencontre, encore sous le signe de la possession des biens matériels Mais morale de l'histoire : « Et l'on vit comme ça jusqu'à la prochaine fois... »