Le déserteur-HDA-expose-oral-eleves-2015

Le déserteur, 1954, Boris Vian (1920-1959)
Introduction
Boris Vian est un peintre, auteur, compositeur et musicien de jazz français. Il a écrit plus de quatre cents chansons et plusieurs romans (J’irai cracher sur vos tombes, L’arrache-cœur, L’Écume des
jours...).
Le Déserteur de Boris Vian est un texte célèbre de la poésie française engagée (une œuvre engagée présente certaines opinions ou prises de posiEon de son auteur sur un sujet donné). Son Etre est « le déserteur » : un soldat qui déserte cela signifie que pendant la guerre, il abandonne l’armée et le combat sans permission. Cet acte était très grave et le soldat s’il était retrouvé était condamné à la prison et le plus souvent à la peine de mort. CeNe chanson a été écrite et diffusée le 7 mai 1954 dans le contexte de la guerre d'Algérie et de la fin de la guerre d’Indochine ( le jour de la défaite de Dien Bien Phu est le jour d’enregistrement de la chanson ). Je présenterai mon exposé en trois parties : je présenterai tout d’abord le texte qui est un poème et une lettre
engagée, ensuite j’expliquerai en quoi c’est une chanson pacifiste et je terminerai dans une 3e partie par son
histoire, qui l’a amenée à ce succès international.
I Une poésie et une le.re engagée. 1-­‐ C ’est une POESIE composée de douze quatrains en rimes embrassées : « Je viens de recevoir A Mes papiers militaires B Pour parEr à la guerre B Avant mercredi soir » A 2-­‐ Ce texte est une LETTRE. Mais une leNre un peu parEculière qu’on appelle une LETTRE OUVERTE : souvent on trouve ce genre de leNre dans les journaux, elle exprime toujours une prise de conscience dans des situaEons graves, et souvent elle criEque une personne importante. L’auteur d’une leNre ouverte défend une cause qui va plus loin que ses propres intérêts. Il argumente parce qu’il est convaincu que son opinion est juste et que si les lecteurs y adhèrent cela sera dans l’intérêt de tous. Le desEnataire de la leNre est le président de la République de l’époque : René Coty. C’est la personne qui donne l’ordre de mobilisaEon générale des hommes pour qu’ils aillent au combat. 3-­‐ C ‘est un texte ENGAGE Il parle avec des mots simples, dans un REGISTRE DE LANGUE courant : « « je ne veux pas la faire, je ne suis pas sur terre pour tuer des pauvres gens » Le poète formule des ARGUMENTS pour jusEfier son refus de faire la guerre. -­‐
La guerre lui a fait perdre toute sa famille : « j’ai vu mourir mes frères, j’ai vu mourir mon père… on m’a volé ma femme, on m’a volé mon âme ». -­‐
« Je ne suis pas sur terre pour tuer de pauvres gens » ! Il dit donc que la guerre n’apporte que de la souffrance physique et morale. II Une chanson pacifiste.
BORIS VIAN ne déserte pas par lâcheté mais par convicEon. Il est PACIFISTE. Il est conscient qu’il se met hors la loi, il s’aNend à être arrêté ou bien tué « Vous pourrez dire à vos gendarmes que je n’aurai pas d’arme et qu’ils pourrons Erer ». REMARQUE HISTORIQUE : Mouloudji, qui devait enregistrer la chanson, demanda à Boris Vian de modifier quelques paroles : -­‐ « Monsieur le président » deviendra « Messieurs qu'on nomme grands »
«Ma décision est prise, je m’en vais déserter » sera remplacé par « les guerres sont des bêtises, le monde
en a assez »
Afin de rendre le texte pacifiste «que je Eendrai une arme et que je sais Erer » se changera en « que je serai sans arme et qu'ils pourront tirer »
Dans la version chantée par Boris Vian et que je vous présente aujourd’hui, seule la dernière modificaEon, acceptée d’ailleurs par Boris Vian, a été prise en compte. Car c’est avec ceNe fin que le texte est devenu célèbre. III Mais un texte qui fait scandale ! « Le déserteur » est une chanson ANTIMILITARISTE. En effet, il appelle dans ce texte la
population à ne pas faire la guerre, malgré l’obligation de mobilisation. Il appelle donc les citoyens à
déserter : « Refusez d’obéir, refusez de la faire »
! Il s’adresse aux citoyens en uElisant le MODE IMPERATIF: « N’allez pas à la guerre, Refusez de parEr ». C’est une phrase injoncEve qui exprime un ORDRE. ! C’est donc un chant de PROTESTATION. « S’il faut donner son sang », c’est à dire, s’il faut mourir pour la Patrie, « allez donner le vôtre » dit il au Président. Il uElise à nouveau le type de phrase INJONCTIVE, pour parler au Président et lui dire d’aller lui même au combat. Cette chanson est devenue le symbole de la LIBERTE D’EXPRESSION face à la censure
gouvernementale : en effet, sa radiodiffusion et sa vente ont été interdites de 1954 à 1962.
Elle a fait scandale, et elle a été CENSUREE par le gouvernement. C’est son INTERDICTION qui a suscité la curiosité de personnes … peEt à peEt la populaEon l’a découverte au travers d'associaEons militantes, de réunions syndicales, ou bien lors des spectacles de souEen organisés par Mouloudji, le premier interprète de ceNe chanson. Conclusion CeNe chanson est devenue l’hymne des pacifistes. Par le choix de la dernière phrase, Boris Vian prône la NON VIOLENCE : ceNe chanson est avant tout un message de PAIX. Il annonce ainsi qu’il n’est pas prêt à se baNre, mais à mourir, donc à se sacrifier, pour ses idées. Interprétée dans la années qui suivent par de nombreux chanteurs français et étrangers, ceNe chanson connaîtra une popularité grandissante et on l’a uElisée dans des marches pacifistes. ( contre la guerre du Golf, par exemple) Pour ceux qui veulent compléter : Quelques éléments d’analyse de la chanson
La mélodie n'est pas de Boris Vian mais d'Harold Berg.La chanson est construite comme une succession de couplets,
sans refrain.
La version de Boris Vian a été faite avec comme orchestration (piano, guitare, clarinettes, hautbois, contrebasse,
batterie...). Dans cette version, le tempo est très lent et l’accompagnement es instruments est très discret afin de rendre
le texte le plus compréhensible et audible possible.
Les couplets sont séparés par un petit interlude instrumental joué par un ensemble de bois (clarinettes et hautbois)
pour les premier et troisième couplets et par la guitare, la contrebasse et les cymbales pour le deuxième couplet. La
chanson se termine par une petite coda instrumentale.
La partie du chanteur est très simple et répétitive tant sur le plan mélodique que rythmique, favorisant ainsi sa
mémorisation par l’auditeur.