Séance 7 Le Déserteur Définir la poésie engagée HIDA Boris VIAN est un écrivain français du XXème siècle (1920-1959). Ce poète, parolier et chanteur engagé a écrit sous de nombreux pseudonymes comme Vernon Sullivan. Ses oeuvres les plus connues sont : J’irai cracher sur vos tombes, 1946 ; L’Ecume des jours, 1946 ; L’Herbe Rouge, 1949. Il était aussi trompettiste et passionné de jazz. I Une œuvre originale et emblématique symbole de la liberté d’expression Cette œuvre est originale car il s’agit à la fois d’un poème, d’une lettre et d’une chanson. Ce texte est un poème car il est composé de 48 hexasyllabes (vers de 6 syllabes), de strophes : 12 quatrains et de rimes (embrassées). Le poète parvient à faire passer ses sentiments grâce sa simplicité poétique : le vocabulaire est simple et compréhensible de tous et il y a peu de figures de style. Ce texte est une chanson : il a été écrit pour être chanté d’abord par Mouloudji puis Reggiani et Vian lui-même. Cette chanson a été utilisée, dans les années 1970, pendant la Guerre du Vietnam, lors des marches pacifistes et a été reprise par de nombreux chanteurs et dans de nombreuses langues .(Johnny Halliday, John Baez...) Ce texte est une lettre car B.Vian s’adresse au président en disant « je vous fais une lettre » Il reprend les codes du genre épistolaire : L’émetteur est Boris Vian « Je ». Le premier destinataire, Le Président de la République est désigné par une formule d’appel « Monsieur le Président » Dans la 11e strophe, il s’adresse de nouveau directement à lui « S’il faut donner son sang, allez donner le vôtre » mais le registre emphatique n’est plus respecté. L’originalité de cette lettre vient aussi du fait qu’elle a un second destinataire implicite : les Français en général comme le montre la onzième strophe. Il incite les gens à prendre la même décision que lui. L’objet de la lettre se résume par le verbe « déserter » 1 II Un contexte historique très marqué Le Président de la République à cette époque est René Coty (1953). La chanson est sortie le 7 mai 1954, jour de la défaite de la France dans la bataille de Dien Bien Phu, qui marque la fin de la Guerre d’Indochine (1946-1954). Elle coïncide également avec le début de la Guerre d’Algérie (1954-1962). B.Vian fait aussi allusion à la seconde guerre mondiale. (Strophes 5 ET 7) Ce chant antimilitariste a très vite été censuré (jusqu’en 1962) par le conseiller municipal des Hauts-de-Seine, Paul Fabeur. III UN POEME ENGAGE = APPEL À LA PAIX. Le style de B.VIAN C’est un texte argumentatif dans lequel on retrouve tous les procédés pour convaincre : des répétitions (anaphores), des phrases injonctives... et une stratégie argumentative : il affirme sa volonté de refuser de faire la guerre mais invite aussi les autres à ne pas la faire. Ses arguments B.Vian défend ses idées. Il avance donc des arguments et des exemples afin de nous faire partager son point de vue. L’auteur refuse d’aller à la guerre car celle-ci ne cause que des souffrances. Il déclare avoir vu mourir son père et sa mère, partir ses frères... Selon B.Vian, face à la guerre on ne peut que tuer ou se faire tuer. Il refuse de mourir pour son pays et pour les idées d’un autre. Il refuse également de tuer des innocents. Conclusion C’est une littérature d’idées puisque l’auteur dénonce des injustices dont il a été témoins directement ou non. Il prend position et met son art au service d’une cause qui lui semble juste. Ici, il est même prêt à mourir pour ses idées. POUR ALLER PLUS LOIN Une exposition sur Boris Vian sur le site de la BNF : http://expositions.bnf.fr/vian/ Le site officiel de Boris Vian : http://www.borisvian.org/ Arthur Rimbaud, Le Dormeur du Val(1870) et Jacques Prévert, Barbara (1945) 2