multiples effets bénéfiques comme par exemple l’IFNγqui a
une action antivirale, antitumorale et immunomodulatrice.
Les cytokines anti-inflammatoires sont l’IL4, l’IL10, l’IL13 (et
le G-CSF) ; d’autres molécules anti-inflammatoires intervien-
nent également comme le récepteur soluble du TNF (sTNFR)
et l’antagoniste du récepteur de l’IL1 (IL1Ra).
Réduire la réponse inflammatoire à un processus infectieux ne
doit être envisagé que lorsqu’elle présente un caractère mor-
bide, voire mortel. Ainsi, la réduction de l’inflammation se jus-
tifie lors du neuropaludisme, ou du choc septique. À l’inverse,
inhiber toute réponse inflammatoire comme, par exemple, inhi-
ber la réponse en TNFαpourrait devenir très délétère chez
l’homme. Ainsi, on sait que l’inhibition du TNFαsécrété par
les macrophages lors d’infections à mycobactéries atypiques
empêche l’apoptose de ces macrophages infectés, et donc favo-
rise la pullulation microbienne (1).
Équilibre cytokines de type Th1/cytokines de type Th2 (2)
"Les cytokines de type 1 (Th1) sont l’IL2, l’IFNγ,l’IL12
et le TNFα.Elles favorisent l’immunité à médiation cellulaire
et stimulent les CTL et macrophages. La réponse de type 1,
induite par certaines bactéries (mycobactéries, endotoxines)
et par les virus, peut être délétère (la majorité des cytokines
de type 1 sont des molécules inflammatoires) ; la réponse
de type 1 serait en particulier impliquée dans l’ulcère lié à
Helicobacter pylori, dans la maladie de Crohn, dans certaines
maladies auto-immunes et dans des avortements à répétition.
"Les cytokines de type 2 sont l’IL4, IL5, IL6, IL10, IL13.
Elles orientent vers une réponse immune à médiation humo-
rale, favorisent la synthèse d’anticorps (dont les IgE) et acti-
vent les polynucléaires éosinophiles. Cette réponse est induite
par certaines helminthiases (en particulier les nématodes gas-
tro-intestinaux), et pourrait être responsable d’atopie, de fibrose
pulmonaire idiopathique, de sclérose en plaques…
L’orientation d’un micro-organisme vers une réponse de type 1 ou
2 modifie la réponse à l’infection. Ainsi, dans la lèpre tuberculoïde,
la réponse est de type 1, avec des granulomes florides et peu de
micro-organismes ; dans la lèpre lépromateuse où la réponse est
de type 2, les granulomes inflammatoires sont rares mais les micro-
organismes pullulent (3). D’une manière générale, les infections
à mycobactéries (tuberculose ou autres) doivent faire intervenir
l’immunité de type 1 pour obtenir une éradication du germe. Cette
réponse immune est difficilement obtenue, en particulier chez les
patients immunodéprimés, c’est pourquoi certains auteurs préco-
nisent une “cytokinothérapie” pouvant faire intervenir l’IL2,
l’IL12, l’IFNγou le GM-CSF (4).
CHOC SEPTIQUE
Les cytokines ont été largement utilisées dans le choc septique,
dont la physiopathologie est partiellement connue : les lipopo-
lysaccharides (LPS) de la paroi des bacilles à Gram négatif
déclenchent la sécrétion par les monocytes et macrophages
d’IL1, de TNFα,d’IL6 et d’IL8, responsables du choc sep-
tique ; les bactéries à Gram positif, par le biais de certaines
toxines (exotoxine B du streptocoque…), activent la réponse
lymphocytaire T et augmentent la sécrétion d’IFNγqui peut
également être délétère.
Une vingtaine d’essais cliniques de phase II/III ont été effec-
tués avec l’IL1Ra, le sTNF-R, des anticorps anti-TNF, anti-pla-
telet activating factor (PAF) ou anti-prostaglandines (ibupro-
fène), ou de la méthylprednisolone (5-8). Les résultats,
globalement négatifs (pas d’amélioration de la survie des
patients), peuvent s’expliquer par la méconnaissance de
la physiopathologie du choc septique, l’utilisation d’une seule
cible évoluant dans un réseau de cytokines, un volume de dis-
tribution très réduit, un schéma thérapeutique inadéquat dans
le temps, un polymorphisme génétique avec variabilité inter-
individuelle des réponses aux pathogènes et au traitement.
INTERFÉRONS
Les interférons sont des cytokines immunomodulatrices, anti-
tumorales et antivirales. L’IFNγ,en particulier, augmente l’ex-
pression des molécules HLA de classe I et II et la fonction des
lymphocytes T cytotoxiques (CTL), des cellules natural killer
(NK), des polynucléaires neutrophiles (PNN) et des macro-
phages. De nombreux modèles animaux ont démontré l’intérêt
de l’IFNγ,par son action sur le système phagocytaire, dans les
infections à germes intracellulaires (leishmanioses dissémi-
nées ; lèpre lépromateuse ; infection à Mycobacterium avium)
(9). Chez l’homme, les résultats restent décevants, l’immuno-
thérapie par IFNγentraînant une restauration immune insuffi-
sante. Son intérêt a néanmoins été prouvé dans les infections
associées à la granulomatose septique (aspergillose, mycobac-
téries, entérobactéries) et a conduit à une autorisation de mise
sur le marché (4, 9).
L’IFNαest utilisé dans le traitement de l’hépatite virale chro-
nique B et C (10-12). Pour l’hépatite B, l’IFNαest utilisé
selon des critères bien précis, à la posologie de 5 à 10 MU/j
trois fois par semaine pendant plus de six mois. Le taux de
réponse définie par la séroconversion Ag Hbe-Ac anti-HBe
est de 40 %. L’IFNαpeut être associé à des analogues nucléo-
sidiques, en particulier la lamivudine, mais aussi au famci-
clovir (11). Les facteurs prédictifs d’une bonne réponse sont :
l’infection récente, l’origine caucasienne, la contamination
hétérosexuelle, la forte élévation des transaminases, l’im-
portance des lésions histologiques, le faible taux d’ADN cir-
culant, l’absence de co-infection VIH et les virus des hépa-
tites C et D. Pour l’hépatite C, le traitement associe
généralement la ribavirine à l’IFNα; la posologie d’IFN est
de 3 MU/j pendant 6 à 12 mois, ce qui peut induire une
réponse virologique soutenue de l’ordre de 30-40 % (12). Les
facteurs prédictifs d’une bonne réponse sont : le jeune âge,
le sexe féminin, l’infection récente, le score d’activité histo-
logique faible, l’absence de cirrhose, la normalité des γGT,
le génotype viral (génotype 1b non sensible à l’IFN), le faible
taux d’ARN circulant. Enfin, de nouveaux essais apparais-
sent avec le GM-CSF (13).
La Lettre de l’Infectiologue - Tome XV - n° 9 - novembre 2000
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