significative des réponses immunitaires vis-à-vis des antigènes
de rappel et de la fonction cytotoxique T CD8 (6,8). Par ailleurs,
l’augmentation du nombre de lymphocytes T CD4 porte à la
fois sur les cellules mémoires spécifiques d’antigènes et sur les
cellules naïves. Cela suggère que l’IL2 permet au minimum de
maintenir, de préserver ou d’amplifier le compartiment des lym-
phocytes T CD4 chez les patients infectés par le VIH. Quel est
l’effet de l’IL2 sur la restauration des réponses lymphocytaires
spécifiques du VIH et sur la capacité du thymus, ou d’autres
compartiments lymphoïdes, à régénérer des lymphocytes
TCD4 à partir de précurseurs lymphoïdes ? Ces questions font
l’objet de nombreuses études, surtout chez les patients avec
le plus long recul de traitement et qui maintiennent un taux
élevé de CD4, même deux ou trois ans après l’arrêt de la
cytokine (6).
Les bénéfices que l’on peut escompter d’une restauration à long
terme de réponses spécifiques au virus sont éventuellement le
contrôle du réservoir viral ou la diminution du stock des cel-
lules infectées. Une étude récente (9), non randomisée, a mon-
tré une diminution significative du pool de cellules infectées
chez des patients recevant des cures intermittentes d’IL2 asso-
ciées à un traitement antirétroviral maximal, comparé aux
patients recevant le traitement antiviral seul. L’activation in
vitro de 10-360 millions de lymphocytes T CD4 a montré l’in-
duction d’une réplication virale chez tous les patients traités
par antiviraux seuls, tandis qu’elle était indétectable chez
3patients recevant de l’IL2. Dans deux cas, l’étude des cellules
lymphoïdes isolées des ganglions n’a pas montré de réplication
virale. Malheureusement, comme cela a été rapporté récem-
ment au congrès de l’ICAAC (Davey R. Jr et coll., abstract
689, ICAAC, San Francisco, septembre 1999), l’arrêt du trai-
tement antirétroviral chez ces patients s’est accompagné d’une
remontée de la réplication virale démontrant l’absence d’éra-
dication du réservoir.
CONCLUSION
Désormais, il est acquis que l’IL2 administrée par voie sous-
cutanée est un mode d’administration plus pratique et mieux
toléré par les patients, avec une efficacité comparable à la voie
intraveineuse (6). Les doses d’IL2 permettant d’obtenir une res-
tauration quantitative et qualitative des lymphocytes T CD4
sont maintenant bien identifiées. Les questions qui restent en
suspens sont un éventuel effet antiviral de l’IL2, en synergie
avec les traitements antiviraux, et la démonstration d’un béné-
fice clinique à long terme de la restauration immunitaire obser-
vée sous traitement. Une tentative de réponse à la première
question viendra peut-être des essais associant une immuno-
thérapie non spécifique (cure d’IL2) et spécifique (vaccination
thérapeutique) par des peptides du VIH chez des patients ayant
reçu un traitement antirétroviral maximal avec une bonne effi-
cacité. Les objectifs théoriques de cette approche sont d’aug-
menter la restauration immunitaire spécifique du virus associée
à une éventuelle mise en cycle des cellules infectées résiduelles,
afin d’augmenter leur accessibilité au système immunitaire.
Le bénéfice clinique à long terme est, dès à présent, posé dans
des essais multicentriques internationaux, évaluant l’efficacité
de l’IL2 comparée au traitement antirétroviral seul, dans
la prévention des événements de type sida chez des patients
ayant moins (essai SILCAAT) ou plus (essai ESPRIT) de
300/mm3CD4. "
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La Lettre de l’Infectiologue - Tome XIV - n° 9 - novembre 1999
ÉDITORIAL