NOTE DE CONJONCTURE MARS 2015 EN ATTENDANT LA REPRISE Le monde est en panne de croissance, le FMI a révisé à la baisse ses chiffres pour 2014 à 3,3 % contre 3,8 % antérieurement. La reprise est lente et seul un moteur se remet en marche : les États-Unis. Bien que première puissance mondiale, l’économie américaine pourra-t-elle à elle seule tirer le reste du monde ? Comment l’Europe, les pays émergents et le Japon pourront-ils prendre le relais ? ANALYSE ÉCONOMIQUE LES ÉTATS-UNIS UN RYTHME DE CROISSANCE PLUS SOUTENUE Les États-Unis ont retrouvé un rythme de croissance plus soutenu après un premier semestre 2014 plus faible que prévu. La reprise américaine est confortée par la baisse du prix du pétrole et des taux d’intérêt bas. La consommation américaine est très sensible au prix de l’énergie qui améliore le pouvoir d’achat des particuliers. L’autre facteur encourageant outre - atlantique réside dans la création d’emplois qui n’a jamais été aussi élevée depuis 15 ans, même si le taux de participation est encore en retard. La croissance américaine devrait s’accélérer à 3,2 % en 2015 selon la Banque Mondiale (2,4 % en 2014). ÉTATS-UNIS : LE RISQUE DOLLAR ET LE RISQUE PÉTROLE Toutefois des incertitudes demeurent. La forte dynamique de la devise américaine va constituer un frein à l’exportation pour certaines grandes entreprises américaines et on peut s’interroger pour savoir si la consommation pourra compenser le ralentissement du commerce extérieur. Le second facteur d’inquiétude est paradoxalement lié au niveau de prix du baril de pétrole qui, s’il favorise le pouvoir d’achat des Américains, fragilise un pan croissant de l’industrie des États-Unis engagée dans le développement de l’extraction du pétrole de schiste. LES HÉSITATIONS DE LA FED Enfin, les décisions de la FED ne semblent plus aussi claires qu’avant. Tous les observateurs s’accordent pour constater que Janet Yellen tient un discours plus prudent quant à la remontée des taux d’intérêt en raison de l’absence d’inflation et de la fragilité de cette reprise américaine qui se retrouve très isolée sur la scène mondiale. En effet, les mauvaises performances de l’Europe et du Japon sont les principales causes de la révision des prévisions économiques en 2015. LE JAPON : ÉCHEC DE LA POLITIQUE DE RELANCE ? Le Japon cherche aujourd’hui les moyens de relancer son économie. Depuis 2012, le premier ministre Shinzo Abe tente par des mesures de grande ampleur de faire repartir l’économie japonaise après des années de déflation. Malgré une politique monétaire très expansionniste et un « Quantitative Easing » de grande ampleur, l’inflation ralentit toujours et s’affiche à environ 0,7 % (hors www.olifangroup.com hausse de la TVA) très loin de l’objectif affiché de 2 %. La consommation des ménages japonais se replie et la production industrielle recule. Les doutes se multiplient quant à l’efficacité de cette politique de relance massive. DIFFICILE MISE EN PLACE DES RÉFORMES STRUCTURELLES Les entreprises sont aujourd’hui incitées à augmenter les salaires pour redonner du pouvoir d’achat, d’autant que les grands groupes internationaux ont largement bénéficié de la dépréciation du Yen. Mais, tandis que le patronat japonais sollicite des mesures comme la baisse des impôts sur les sociétés et la réforme du marché du travail, les attentes du gouvernement sont restées lettre morte. ZONE EURO : LES RAISONS D’Y CROIRE Peut-on comparer la zone Euro et le Japon ? Selon la Commission Européenne, la zone Euro va mieux. La chute des cours du pétrole et un Euro plus faible sont un coup de pouce bienvenu. Cependant, cette timide embellie résultant de facteurs externes s’accompagne de risques toujours présents. DÉFLATION ET PANNE D’INVESTISSEMENTS La zone Euro devrait entrer en déflation en 2015 (-0,1 % attendu en 2015). Cela signifie de nouveaux signaux négatifs pour la croissance et les salaires. Malgré le caractère exceptionnel des mesures prises par la BCE, le doute subsiste quant à la transmission de cette politique monétaire à l’économie réelle. L’indicateur que nous devrons surveiller au fil des mois sera celui de l’investissement des entreprises ; sans reprise de l’investissement, pas de baisse du chômage donc pas de hausse durable de la consommation. GRÈCE : L’ÉPÉE DE DAMOCLÈS La zone Euro est également menacée par la Grèce qui met à l’épreuve sa gouvernance. Le danger de l’explosion de la zone euro semble écarté à court terme mais l’accord de prolongation du financement de la Grèce par la zone euro laisse un goût amer d’insatisfaction des deux côtés. Le mois de juin sera une nouvelle fois un mois de tous les dangers et les engagements qui doivent être pris par le gouvernement Grec seront scrutés par l’Eurogroupe et particulièrement par l’Allemagne. LA RUSSIE EN RÉCESSION Le conflit en Ukraine et les sanctions économiques prises à l’encontre de la Russie vont provoquer l’entrée en récession de l’économie russe, situation économique difficile fragilisée encore par la chute des revenus pétroliers. ANALYSE DES MARCHÉS LES MARCHÉS DÉCORRÉLÉS DES ÉVÈNEMENTS GÉOPOLITIQUES Les marchés financiers européens n’ont pas été très sensibles aux discussions tendues de l’Eurogroupe et de la Grèce comme ils ne prêtent que peu d’attention aux accords de Minsk. Les tensions toujours présentes entre l’Ukraine et les séparatistes pro-russes passent au second plan. Les marchés profitent de ce début d’année pour saluer toutes les nouvelles positives et mettre de côté les sources de risque. Jusqu’à quand ? RATTRAPAGE DES MARCHÉS EUROPÉENS Objectivement les bourses européennes étaient en retard et opèrent actuellement un rattrapage. L’injection de liquidités par la BCE, comme nous l’avons déjà mentionné, profite aux actifs risqués qui sont les seuls à pouvoir offrir un rendement attractif. Les grandes entreprises européennes offrent des perspectives de croissance bénéficiaire en hausse grâce aux effets conjugués de la baisse de l’Euro, de www.olifangroup.com la baisse des prix du baril et de la restructuration de leur outil de production. Les grands groupes industriels européens, s’ils ont peu investi dans le développement de leur outil de production, l‘ont en revanche restructuré afin d’abaisser leur point mort. AUGMENTATION DE LA RENTABILITÉ DES ENTREPRISES EUROPÉENNES Ainsi, alors que les marges des entreprises américaines sont au plus haut, c’est l’inverse en Europe ce qui permet d’anticiper un redressement de la rentabilité et donc un bon comportement des titres de ces sociétés en bourse. Il est important de mentionner que les entreprises européennes cotées en bourse ont pour la plupart une exposition significative à des pays à plus forte croissance comme les États unis ou certains pays émergents. RISQUE DES MARCHÉS OBLIGATAIRES Les marchés obligataires sont, selon le consensus, sur leur point haut et le risque de hausse des taux longs est pointé par de nombreux économistes. Sans toutefois redouter un krach obligataire, ils mettent en avant la faiblesse des rendements et le risque de retournement de tendance. TENSION AUX ÉTATS UNIS ET AU JAPON Aux États Unis, après un début d’année marqué par la poursuite de la baisse du taux à 10 ans de 2.17 à 1.62 % début février, on observe, au cours du dernier mois une inversion de tendance, le rendement du 10 ans américain approchant désormais les 2 %. Ce mouvement est également observé au Japon où les taux longs se sont tendus, partant cependant d’un niveau très bas. POURSUITE DE LA BAISSE DES TAUX EN EUROPE L’Europe, sous l’effet de la politique monétaire très accommodante de la BCE voit la baisse des taux se poursuivre ; ainsi en Allemagne, les taux réels sont négatifs jusqu’à 6 ans, ce qui signifie que les prêteurs à court/ moyen terme à l’État allemand perdent de l’argent. Seuls les pays périphériques pour lesquels on observe un mouvement de convergence offrent encore des rendements attractifs. PRIVILÉGIER LA FLEXIBILITÉ DE L’ALLOCATION D’ACTIFS Depuis le début de l’année, l’indice CAC 40 affiche une hausse de 15.89 % et ce mouvement n’est pas à l’abri d’une correction. Plus le marché monte, plus le risque de correction augmente et la flexibilité de l’allocation d’actifs sera le maître mot des prochains mois : flexibilité géographique et flexibilité entre les différents types d’investissement. LA VOLATILITÉ VA AUGMENTER Même si à long terme les actions offrent des perspectives d’appréciation supérieures à celles des actifs sans risque, il ne faut pas négliger le fait que l’environnement économique dégradé augmente la volatilité et nécessite une plus grande attention à la gestion du risque. www.olifangroup.com