Algèbre Etude d'une chaîne de Markov. L'objet de cet exercice est l'étude de l'évolution, au cours du temps, de l'utilisation de trois marques de dentifrice, X , Y et Z , pour une population donnée de consommateurs. Les probabilités des évènements Xn , Yn et Zn sont respectivement notées xn , yn et zn . Au cours du mois d'essai ( n = 0 ), on a observé les valeurs initiales : x0 = 0, 1 , y0 = 0, 2 et z0 = 0, 7. 1-a. Evaluation de la probabilité xn+1 d'utiliser la marque X au cours du mois n + 1. Avec les notations et les hypothèses de l'énoncé, la formule de probabilité conditionnnelle s'écrit, pour un consommateur ayant utilisé la marque X au cours du mois n : p(Xn+1 ∩ Xn ) = p Xn+1|Xn × p(Xn ) = 0, 4 xn Nous calculons de même, pour un consommateur ayant utilisé la marque Y ou la marque Z au cours du mois n : p(Xn+1 ∩ Yn ) = p Xn+1|Yn × p(Yn ) = 0, 3 yn et p(Xn+1 ∩ Zn ) = p Xn+1|Zn × p(Zn ) = 0, 2 zn Les trois évènements Xn , Yn et Zn forment une partition de l'univers des possibles, la formule de probabilité totale donne : xn+1 = p(Xn+1 ) = p(Xn+1 ∩ Xn ) + p(Xn+1 ∩ Yn ) + p(Xn+1 ∩ Zn ) = 0, 4 xn + 0, 3 yn + 0, 2 zn Nous calculons de même yn+1 et zn+1 : yn+1 = 0, 3 xn + 0, 4 yn + 0, 1 zn et zn+1 = 0, 3 xn + 0, 3 yn + 0, 7 zn 1-b. Si nous faisons la somme des trois termes xn+1 , yn+1 et zn+1 , nous obtenons : xn+1 + yn+1 + zn+1 = (0, 4 + 0, 3 + 0, 3)xn + (0, 3 + 0, 4 + 0, 3)yn + (0, 2 + 0, 1 + 0, 7)zn = xn + yn + zn Pour tout n entier positif, xn+1 + yn+1 + zn+1 = xn + yn + zn . Nous connaissons x0 + y0 + z0 = 0, 1 + 0, 2 + 0, 7 = 1, nous en déduisons par une récurrence élémentaire : ∀n ∈ N xn + yn + zn = 1 Les trois évènements Xn , Yn et Zn forment une partition de l'univers des possibles, la somme de leurs probabilités vaut 1 : xn + yn + zn = 1, ∀ n ∈ N. Blge0203, page 1/5 - 25 juin 2004 Matrice stochastique. Si nous représentons l'état du marché au cours du mois n par la matrice colonne En , les relations précédentes peuvent s'écrire, En+1 = S × En , où S est la matrice carrée : S= 0, 4 0, 3 0, 2 0, 3 0, 4 0, 1 0, 3 0, 3 0, 7 On vérie que la somme des éléments d'une colonne de S vaut toujours 1, on dit que la matrice S est stochastique par colonne. On montre que la matrice S est diagonalisable et peut s'écrire sous la forme : S= 5 9 − 13 −1 1 0 4 9 − 23 1 0 1 1 0 × 2 5 0 0 0 0 × 1 10 1 2 1 2 1 2 − 12 − 12 − 59 4 9 1 2 1 9 Sous cette forme, le calcul de S n et donc de En se fait facilement. On en déduit la limite de En quand n tend vers +∞ : lim S n = n→+∞ 5 18 5 18 2 9 2 9 1 2 1 2 5 18 2 9 1 2 Le présent problème propose une autre démarche qui exprime l'état de deux variables au cours du mois n + 1 comme fonction ane de l'état des ces mêmes variables au cours du mois n. 2. En utilisant le résultat des questions 1-a et 1-b, nous exprimons xn+1 et yn+1 en fonction des seules variables xn et yn : xn+1 = = yn+1 = = 0, 4 xn + 0, 3 yn + 0, 2 (1 − xn − yn ) 0, 2 xn + 0, 1 yn + 0, 2 0, 3 xn + 0, 4 yn + 0, 1 (1 − xn − yn ) 0, 2 xn + 0, 3 yn + 0, 1 Ce que nous pouvons écrire sous forme matricielle : xn+1 yn+1 xn 0, 2 yn + 0, 1 0, 2 0, 1 0, 2 0, 3 × = . Avec les notations de l'énoncé : Un+1 = A × Un + B . Blge0203, page 2/5 - 25 juin 2004 3-a. On désigne par I la matrice unité, le déterminant de la matrice I − A vaut : det(I − A) = 0, 8 −0, 1 −0, 2 0, 7 = 0, 54 Ce déterminant est non nul, donc la matrice I − A est inversible, son inverse vaut : (I − A)−1 = 35 27 5 27 10 27 40 27 3-b. Les propriétés d'anneau unitaire de l'ensemble des matrices carrées permettent d'établir que l'équation C = A × C + B est équivalente à (I − A) × C = B . Nous multiplions les deux membres de cette égalité par la matrice (I − A)−1 pour obtenir : (I − A)−1 × (I − A) × C = (I − A)−1 × B et donc C = (I − A)−1 × B Ce qui nous donne : C= 5 18 2 9 4. Pour tout entier naturel n, on pose Vn = Un − C . Nous remplaçons Un+1 et Un par leur expression en fonction de Vn+1 et Vn dans l'égalité de la question 2 pour obtenir : Vn+1 +C = A×(Vn +C)+B , soit, Vn+1 = B−(I −A)×C+A×Vn . La dénition de la matrice C nous permet d'écrire : Vn+1 = A × Vn Une récurrence élémentaire établit que, pour tout entier naturel n, Vn = An × V0 . 5-a. L'ensemble des valeurs propres de la matrice A est l'ensemble des solutions de l'équation en λ : det(A − λ I) = 0, soit (λ − 0, 2) (λ − 0, 3) − 0, 02 = 0. Nous reconnaissons un trinôme du second degré, λ2 − 0, 5 λ + 0, 04, dont le discriminant ( ∆ = 0, 09 ) est positif. La matrice A admet deux valeurs propres réelles distinctes : λ1 = 0, 1 et λ2 = 0, 4. L'espace propre associé à la valeur propre λ1 est l'ensemble des vecteurs w dont la matrice colonne W est solution de l'équation : A × W = λ1 .W . Si nous notons r et s les coordonnées du vecteur w, l'équation A × W = λ1 .W équivaut au système : 0, 2 r + 0, 1 s = 0, 1 r 0, 2 r + 0, 3 s = 0, 1 s La solution de ce système est la droite vectorielle D1 d'équation r + s = 0. Blge0203, page 3/5 - 25 juin 2004 De la même façon, l'équation A × W = λ2 .W équivaut au système : 0, 2 r + 0, 1 s = 0, 4 r 0, 2 r + 0, 3 s = 0, 4 s La solution de ce système est la droite vectorielle D2 d'équation 2 r − s = 0. Les deux espaces propres associés aux valeurs propres 0,1 et 0,4 sont les droites vectorielles D1 et D2 d'équations respectives r + s = 0 et 2 r − s = 0, dans la base canonique de R2 . 5-b. Les deux droites D1 et D2 sont distinctes, donc supplémentaires dans l'espace vectoriel R2 , ceci entraîne que La matrice A est diagonalisable, un vecteur directeur de D1 et un vecteur directeur de D2 forment une base de R2 . Nous retiendrons le vecteur de coordonnées (1, −1), vecteur propre associé à la valeur propre λ1 = 0, 1, et le vecteur de coordonnées (1, 2), vecteur propre associé à la valeur propre λ2 = 0, 4, pour former la base C . 5-c. Les colonnes de la matrice P de passage de la base canonique de R2 à la base C sont les deux matrices colonnes des coordonnées des vecteurs de C dans la base canonique de R2 : 1 1 . −1 2 P = Son inverse P −1 s'en déduit : P −1 = 32 − 31 . 1 3 1 3 5-d. Si nous notons Λ la matrice diagonale semblable à A, dans la base C , nous avons : Λ= 1 10 0 0 2 5 et A = P × Λ × P −1 La puissance n de la matrice diagonale Λ est d'un calcul immédiat : Λn = 1 10 n 0 0 . n 2 5 L'associativité du produit des matrices nous permet d'en déduire l'expression de An : An = P × Λn × P −1 donne : n A = n n 1 2 2 1 +3 5 3 10 n n 1 −2 +2 2 3 10 3 5 −1 3 1 3 1 10 1 10 n n + + 1 3 n 2 5 n 2 2 3 5 Blge0203, page 4/5 - 25 juin 2004 Nous reprenons les résultats de la question 4, à savoir Un = Vn + C et Vn = An V0 pour obtenir : Un = An (U0 − C) + C , ce qui devient : xn yn = 2 3 −2 3 1 10 n 1 10 1 3 + n + n 2 2 3 −1 3 5 n 1 3 2 5 1 10 1 10 n n + + 1 3 n 2 −8 45 × n −1 2 2 3 5 5 + 45 5 18 2 9 . Le développement de cette expression donne : xn yn = −1 9 1 9 1 10 1 10 n n + −1 15 + −2 15 n 2 5 n 2 5 + 5 18 + 2 9 Nous en déduisons immédiatement l'expression de xn et yn : −1 1 n −1 2 n 5 + + 9 10 15 5 18 n n −2 2 2 1 1 = + + 9 10 15 5 9 xn = yn La conclusion de la question 1-b nous permet d'en déduire zn = 1 − xn − yn : n 1 2 zn = 5 5 + 1 2 6. Nous reprenons les résultats de la question 5-b, lorsque n tend vers +∞. Tous les éléments de la matrice diagonale Λ sont des constantes strictement inférieures à 1, donc : lim Λn = 0 n→+∞ Nous en déduisons lim An = 0 et donc : lim Un = C . n→+∞ n→+∞ 5 2 et du marché 18 9 du dentifrice alors que la marque Z possède 50% de parts de ce même marché. Conclusion, à long terme, les marques X et Y occupent respectivement Ce résultat conrme l'ecacité des méthodes de marketing de Zorglub, voir à ce sujet L'ombre du Z, par Franquin, aux éditions J. Dupuis . L'ombre du Z, © Franquin, Editions J. Dupuis. Remarque. L'utilisation de la matrice stochastique S mentionnée entre les questions 1 et 2, montre que le résultat à long terme ne dépend pas de de la répartition initiale E0 . Blge0203, page 5/5 - 25 juin 2004