E-Santé : la révolution de velours de la médecine libérale Synthèse des ateliers par le grand jury Animée par Sylvie FONTLUPT, Consultante, cellule communication de la CSMF Du médecin isolé au médecin connecté Pour Gilles BOURSALY, l’internet et le numérique doivent s’intégrer dans la pratique médicale, permettant l’échange d’informations entre confrères et la conception d’un dossier patient exhaustif. Cependant, les obstacles techniques sont encore nombreux, notamment en termes de comptabilité des systèmes d’information. Pour les lever, il est nécessaire de réunir tous les acteurs, ce qui permettra de mettre en œuvre le DMP (Dossier Médical Partagé) d’ici la fin de l’année et de créer une messagerie sécurisée (ce projet se concrétisant à plus long terme). Sophie SIGRIST souligne l’intérêt du regroupement virtuel de professionnels à distance afin d’assurer l’homogénéité de l’offre médicale sur le territoire. Si la e-médecine est cadrée par décret, la concurrence règne s’agissant de la e-santé. Le regroupement virtuel peut être utile pour tous les professionnels, en particulier en soins primaires, à travers un projet porteur. Cependant, la e-santé n’a à ce jour pas fait la preuve qu’elle améliorait la qualité de la prise en charge. Jean-Philippe MASSON fait état du fait que la télémédecine est un acte médical encadré par des décrets issus de la loi HPST. Elle ne fait que compléter que les dispositifs existants, peut être utilisée pour améliorer la PDS et concourir à la limiter la désertification des campagnes. Encore faut-il trouver un équilibre entre les industriels et les professionnels de santé, qui doivent rester maîtres de cet outil. S’agissant de la sécurisation des flux médicaux, Eric PERCHICOT souligne le rôle de la CPS en la matière et la nécessité préalable de créer un identifiant national de santé pour chaque patient. A ce jour, il n’existe aucun fondement juridique au partage des données avec le secteur médico-social, d’où la nécessité de créer un cadre légal fondé sur des expérimentations préalables. Dans le même ordre d’idées, un cadre juridique unique doit s’appliquer à la médecine de ville et hospitalière. L’optimisation des parcours de soins Pour Frédéric PETRON, la coordination des soins est la clé de l’optimisation des soins, qui permettra de supprimer une partie du surcoût de la mauvaise coordination, chiffré à deux milliards d’euros. Ceci nécessite de mettre en place une gouvernance partagée et de retrouver la confiance des praticiens. Marie LUGAND rappelle que le D’un point de vue technique, sa remboursement au médecin de la considéré comme un système trop tiers-payant est largement utilisé par les médecins. généralisation nécessite de régler la question du part complémentaire. L’éclatement à la source est lourd, mais les intervenants paramédicaux ont par Lille, les 27, 28 et 29 septembre 2013 exemple la possibilité de regrouper les actes. La gestion du tiers payant est chronophage et peut s’avérer coûteuse. Par ailleurs, la prescription électronique de médicaments doit respecter trois principes : le libre choix du patient et du médecin, l’absence de charge supplémentaire et le maintien d’un exemplaire « papier » pour le médecin. Se pose les problèmes de l’hébergement des données et de la sécurisation, sachant que l’existence d’une messagerie sécurisée est un préalable indispensable. Anne BELLUT estime essentiel de développer la nécessité de développer les outils de télé-suivi dans la prise en charge des maladies chroniques, alors que la plupart des actions en cours impliquent davantage le secteur hospitalier que les médecins libéraux. Cependant, d’après les études existantes, la télémédecine ne permet pas de réaliser des économies stricto sensu. C’est un outil dont l’utilisation relève du cadre conventionnel, qui favorisera la coopération autour de la technique et nécessite de prévoir le financement correspondant. Quant à Janine AUNAVE-GLESNER, elle met en exergue les enjeux économiques et de maîtrise des données que recouvre l’optimisation des parcours de soins. Le patient et le médecin connecté Véronique FAUCHIER fait état des études existant en Grande-Bretagne sur le patient expert. Ce dernier organise sa vie autour et en fonction de sa maladie, en connaît les risques et partage son expérience avec le médecin et d’autres patients. Reste à réussir à créer une grille d’évaluation des outils disponibles sur internet : l’HAS s’est lancée dans la certification de sites, sans faire état de ses décisions à ce jour. Il est nécessaire de communiquer largement sur le label HON. Stéphane ATTAL constate que la santé connectée devient une réalité quotidienne pour les praticiens. Elle permet de faciliter la dématérialisation de divers formulaires, et constitue une aide à la prescription et à la décision (dans le cadre de la gestion des indicateurs conventionnels). L’expert de l’atelier, Francis MAMBRINI, a préconisé une externalisation des données de santé à la notion de cloud, qui lui paraît peu fiable. Pierre-Marie COCQUET rappelle au préalable que la France compte 1,8 millions de diabétiques, soit 5,5 milliards d’euros de dépenses induites. L’accompagnement à distance coûte 80 euros par patient, avec un taux de satisfaction de 90 %. Se posent néanmoins de nombreuses questions comme la confusion des genres, la sous-utilisation de Sofia par les médecins, l’absence de tableau de bord de suivi des maladies chroniques, etc… Débat Eric PERCHICOT souligne le fossé entre le concept de e-patient et la réalisation pratique, à savoir l’absence d’ergonomie et d’interopérabilité des systèmes et la nécessité de structuration des dossiers. Frédéric PETRON estime qu’aucun progrès n’a été accompli en matière de communication des données, faute de coordination entre les acteurs. Sylvie FONTLUPT soulignant les dangers de la diffusion des données sur internet, Véronique FAUCHIER confirme que de nombreuses données sont publiées sur internet par les patients eux-mêmes et leurs proches, sans aucun contrôle. Marie LUGAND s’interroge sur le financement de la e-santé. Jean-Philippe MASSON signale que dans 80 % des régions, le blocage du déploiement de la télé médecin est de nature financière. Lille, les 27, 28 et 29 septembre 2013 Sophie SIGRIST invite les acteurs à s’interroger sur l’intérêt de disposer de certaines données (par exemple, la tension du patient tout au long de la journée). D’une manière générale, elle s’inquiète sur l’encadrement éthique de ces progrès. Lille, les 27, 28 et 29 septembre 2013