Territoires et Santé
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numéro 15 - page 2
La santé connectée est un enjeu com-
plexe pour les collectivités locales qui
sont encore trop peu nombreuses à in-
nover en la matière. Les municipalités
sont pourtant concernées par la veille
sanitaire, par la prévention, par la démo-
graphie médicale. Elles ont des compé-
tences, souvent reliées à celles des
départements, dans le maintien à domi-
cile, dans l'aménagement des conditions
de vie des personnes en situation de
handicap... Dans tous ces domaines, il
existe des innovations numériques sus-
ceptibles d’améliorer la prise en charge
et l’égalité d’accès aux soins pour tous.
L’e-santé se déploie sur tout le territoire
L’e-santé désigne l’application des tech-
nologies de l’information et de la com-
munication à l’ensemble des activités de
santé. Elle permet aux professionnels de
santé d’apporter %& à des
fins de diagnostic, de traitement et de
prévention, de recherche et de formation
continue. À l’intérieur de ce concept
global, il faut différencier les activités
relevant strictement de la pratique médi-
cale (télémédecine) de toutes les autres
offres dont certaines sont le fait du e-
commerce.
Le Nord - Pas-de-Calais gagne du terrain
Avec la création du groupement de
coopération sanitaire Matiss qui rassemble
76 acteurs territoriaux – ambulatoires, hos-
pitaliers, sanitaires, médicosociaux, le
Nord-Pas-de-Calais entame une nouvelle
phase de déploiement de l’e-santé et parti-
culièrement de la télémédecine sur tout son
territoire. Au programme du groupement:
extension des programmes préexistant et
développement de nouveaux projets parmi
lesquels une plateforme permettant le
partage de compétences en gynécologie et
obstétrique (Loginat), la téléimagerie pour
résoudre les problèmes de pénurie de radi-
ologues, la télécardiologie pour surveiller
et sécuriser les patients à distance, etc.
Le volet télémédecine du programme ré-
gional de santé 2012-2016, le position-
nement de l’Agence régionale de santé sur
l’appel à projet national %
" " & devraient encore ac-
célérer un mouvement déjà bien avancé.
Le Dossier médical personnel (DMP),
l’autre absent de taille en région, va s’y im-
planter très prochainement, car il figure
parmi les priorités de la Stratégie nationale
de santé publique et du Projet régional de
santé.
En investissant près de 100 millions
d’euros dans les appareils d’imagerie -
scanner, IRM, le Conseil régional a
largement contribué au développement
rapide des projets de télémédecine (télé-
expertises partagées) sur tout le territoire.
Aujourd’hui, la technologie est là. Les
infrastructures aussi. Les entreprises
s’installent. Eurasanté compte une ving-
taine d’entreprises impliquées dans l’e-
santé. Certaines, regroupées au sein du
Clubster santé ont imaginé le concept
room, chambre de consultation du futur.
D’autres projets devraient bientôt voir le
jour.
La ville intelligente de demain
Alors, en se projetant un peu dans le futur,
on pourrait imaginer la ville de demain
comme un espace agile et intelligent ca-
pable d’interagir pour faciliter la santé des
citadins. La ville de demain aurait par ex-
emple la capacité de résoudre les problè-
mes de santé liés aux déserts médicaux,
de favoriser toutes les actions de préven-
tion et le quantified-self (auto-mesure de
soi notamment dans les domaines de l’ac-
tivité physique et de l’alimentation), de
limiter les déplacements grâce à la prise
de rendez-vous à distance, etc.. La ville
intelligente donnerait un accès aisé, rapide
et efficace à la fois aux offres de préven-
tion et de promotion (anticiper et éviter les
problèmes de santé) ainsi qu’au système
de soins (traiter les problèmes lorsqu’ils
surviennent).
Est-ce là un mirage du marketing urbain
ou une véritable promesse de renouveau?
Si l’approche numérique n’est pas la so-
lution miracle aux problèmes de gestion
locale qui peut aussi comporter son lot de
difficultés - en matière de sécurité des
réseaux et de maîtrise technologique no-
tamment -, c’est en tout cas une voie à ne
pas négliger pour inventer un nouvel es-
pace public serviciel profitable à tous.
Il faut penser les villes comme des organismes vivants,
des systèmes artéro-veineux de réseaux et de flux qu'il
faut connecter entre eux.
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En matière d’e-santé, nous avons sé-
lectionné deux expériences territo-
riales emblématiques développées
dans le Nord - Pas-de-Calais.
Téléavc, une chance égale
pour tous
Comment garantir une prise en charge
de l’AVC identique sachant que les hô-
pitaux n’ont pas tous une unité spécia-
lisée (unité neurovasculaire ou UNV)
et que le délai de traitement de l’AVC
conditionne le pronostic ? Les centres
hospitaliers du territoire de Lens,
Maubeuge et Valenciennes ont trouvé
la réponse : assurer une garde médi-
cale partagée offrant une téléexpertise
neurologique et radiologique à leurs
services d’urgence, que l’établisse-
ment ait ou non une unité de prise en
charge dédiée (unité neurovasculaire).
Le succès motive aujourd’hui
l’Agence régionale de santé à généra-
liser le dispositif à toute la région.
TélUrge, une expertise non-
stop en neurochirurgie
24 heures sur 24, vingt hôpitaux ré-
gionaux bénéficient de l’expertise neu-
rochirurgicale du Chru de Lille ou du
Centre hospitalier de Valenciennes.
Les patients concernés sont ceux dont
l’état neurologique se dégrade et ceux
traumatisés crâniens reçus dans les
services d’urgence de ces établisse-
ments. Soit 200 patients par mois en-
viron. Pour chacun d’entre eux, les
données d’imagerie et les informations
sont échangées avec le centre expert
pour évaluer la gravité de la situation
et discuter si, oui ou non, le transfert
du patient vers ces établissements est
pertinent. TélUrge permet donc à la
fois d’éviter les transferts inutiles mais
aussi de mieux préparer ceux qui sont
nécessaires.