territoires et santé

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Lettre d’information santé du Nord - Pas-de-Calais à destination des élus et des acteurs des territoires
Numéro 15 - Juin 2014
Rapports et études. Décryptages
Quelle loi de santé publique pour 2015 ?
Prévention, organisation des soins et démocratie sanitaire sont les trois grands
volets de la stratégie nationale de santé qui va servir de base à la future loi de
santé publique prévue pour 2015. Elle est imposée en partie par la nécessité de
s’attaquer aux déficits chroniques de l’assurance maladie. Selon Marisol Touraine, nouveau ministre des Affaires sociales, cette loi ambitionne aussi d’agir tôt
et fortement sur les déterminants de santé, de mieux organiser les soins pour les
patients et de garantir une logique d’égalité d’accès en privilégiant l’approche
territoriale et la démocratie sanitaire.
La France ne part pas de rien. Son système de santé est considéré comme l’un
des meilleurs au monde grâce à l’espérance de vie (82 ans en moyenne au lieu de
79 ans) de sa population, son taux de mortalité infantile particulièrement bas
(4/1000 au lieu de 7 en moyenne en Europe) et ses dépenses de santé par habitant
au contraire très élevées (3700 euros en 2011).
Pourtant les inégalités de santé, surtout celles des hommes, semblent plus profondes qu’ailleurs. Marisol Touraine prône donc la mise en place d’un véritable
contrat social transversal au gouvernement rendant chaque ministère responsable
de l’impact de sa politique sur les inégalités de santé et « indispensable pour favoriser le développement, la durabilité et l'équité du système de santé ».
La réorganisation des soins, second objectif principal de la stratégie nationale de
santé « va prendre une direction nouvelle » insiste Marisol Touraine « en proposant à chaque usager un parcours qui soit conforme à ses besoins, à son profil et
à ses difficultés ».
Concrètement, le but est d’offrir une solution de proximité pour tous les Français
en prenant mieux en charge les maladies graves, les maladies chroniques, les handicaps et les soins courants. Cela passe par la réaffirmation du rôle du médecin
traitant tout en encourageant la coordination des professionnels, des services et des
établissements. En favorisant la formation, le recours aux technologies et la recherche, la stratégie envisage une place de premier choix au patient, à l’usager.
Toutes ces réflexions ont été débattues un peu partout en France. De novembre
2013 mars 2014, 150 réunions publiques ont accueilli 23 000 participants.
Résultat des courses dans quelques mois.
ditorial
Il y a tout juste quatre ans, paraissait la première lettre « Territoires et Santé ». La loi de
juillet 2009 «Hôpital, patients, santé et territoire», on peut l’affirmer sans exagérer, venait de signer un changement de paradigme.
Une nouvelle organisation, la révolution du
premier recours, le parcours de santé, la
proposition de faire vivre une certaine démocratie sanitaire, la priorité de lutter contre
les inégalités sociales et territoriales de
santé…
Devant ces évolutions, le Conseil régional a
jugé nécessaire d’apporter quelques clés de
lecture à ceux et en priorité aux élus, désireux
de s’engager plus avant dans la construction
d’une politique locale de santé.
Nous avons fait le choix de vous proposer
désormais de lire cette lettre, ces informations pratiques, sur support numérique.
Cette démarche construite et animée par la
Sauvegarde du Nord vous apportera, nous
l’espérons, cette même motivation de
défendre la santé, la prévention, qui sont nos
biens les plus précieux.
Cécile Bourdon
Vice-présidente
en charge de la santé
et du plan anti-cancer
Conseil régional
Nord - Pas-de-Calais
Territoires et Santé désormais en version numérique
Territoires et Santé et Contact santé fusionnent en une seule publication : Santé Autrement Magazine.
Cette revue numérique santeautrementmagazine.fr nous permettra d’être au plus près de vos attentes et de l’actualité tant nationale que régionale et locale. Pour y accéder, vous recevrez régulièrement dès juillet, une newsletter vous signalant les informations et rubriques qui vous sont dédiées. À l’horizon 2015, nous vous proposerons
une application mobile conçue spécialement pour vous permettre de personnaliser vos informations et vos alertes,
et vous offrir ainsi une parfaite interactivité avec vos préoccupations et intérêts en matière de santé publique.
Mettre au service des décideurs et acteurs locaux de santé, toutes les potentialités des nouvelles technologies pour
une plus grande performance de la politique régionale de santé : telle est aussi l’ambition de notre projet.
Christophe Itier. Directeur de publication - Directeur général de La Sauvegarde du Nord
Territoires et Santé - numéro 15 - page 2
L’e-santé dans la ville de demain
Il faut penser les villes comme des organismes vivants,
des systèmes artéro-veineux de réseaux et de flux qu'il
faut connecter entre eux.
Sur le terrain
En matière d’e-santé, nous avons sélectionné deux expériences territoriales emblématiques développées
dans le Nord - Pas-de-Calais.
Téléavc, une chance égale
pour tous
Comment garantir une prise en charge
de l’AVC identique sachant que les hôpitaux n’ont pas tous une unité spécialisée (unité neurovasculaire ou UNV)
et que le délai de traitement de l’AVC
conditionne le pronostic ? Les centres
hospitaliers du territoire de Lens,
Maubeuge et Valenciennes ont trouvé
la réponse : assurer une garde médicale partagée offrant une téléexpertise
neurologique et radiologique à leurs
services d’urgence, que l’établissement ait ou non une unité de prise en
charge dédiée (unité neurovasculaire).
Le succès motive aujourd’hui
l’Agence régionale de santé à généraliser le dispositif à toute la région.
TélUrge, une expertise nonstop en neurochirurgie
24 heures sur 24, vingt hôpitaux régionaux bénéficient de l’expertise neurochirurgicale du Chru de Lille ou du
Centre hospitalier de Valenciennes.
Les patients concernés sont ceux dont
l’état neurologique se dégrade et ceux
traumatisés crâniens reçus dans les
services d’urgence de ces établissements. Soit 200 patients par mois environ. Pour chacun d’entre eux, les
données d’imagerie et les informations
sont échangées avec le centre expert
pour évaluer la gravité de la situation
et discuter si, oui ou non, le transfert
du patient vers ces établissements est
pertinent. TélUrge permet donc à la
fois d’éviter les transferts inutiles mais
aussi de mieux préparer ceux qui sont
nécessaires.
La santé connectée est un enjeu complexe pour les collectivités locales qui
sont encore trop peu nombreuses à innover en la matière. Les municipalités
sont pourtant concernées par la veille
sanitaire, par la prévention, par la démographie médicale. Elles ont des compétences, souvent reliées à celles des
départements, dans le maintien à domicile, dans l'aménagement des conditions
de vie des personnes en situation de
handicap... Dans tous ces domaines, il
existe des innovations numériques susceptibles d’améliorer la prise en charge
et l’égalité d’accès aux soins pour tous.
L’e-santé se déploie sur tout le territoire
L’e-santé désigne l’application des technologies de l’information et de la communication à l’ensemble des activités de
santé. Elle permet aux professionnels de
santé d’apporter « des services » à des
fins de diagnostic, de traitement et de
prévention, de recherche et de formation
continue. À l’intérieur de ce concept
global, il faut différencier les activités
relevant strictement de la pratique médicale (télémédecine) de toutes les autres
offres dont certaines sont le fait du ecommerce.
Le Nord - Pas-de-Calais gagne du terrain
Avec la création du groupement de
coopération sanitaire Matiss qui rassemble
76 acteurs territoriaux – ambulatoires, hospitaliers, sanitaires, médicosociaux, le
Nord-Pas-de-Calais entame une nouvelle
phase de déploiement de l’e-santé et particulièrement de la télémédecine sur tout son
territoire. Au programme du groupement:
extension des programmes préexistant et
développement de nouveaux projets parmi
lesquels une plateforme permettant le
partage de compétences en gynécologie et
obstétrique (Loginat), la téléimagerie pour
résoudre les problèmes de pénurie de radiologues, la télécardiologie pour surveiller
et sécuriser les patients à distance, etc.
Le volet télémédecine du programme régional de santé 2012-2016, le positionnement de l’Agence régionale de santé sur
l’appel à projet national « territoire de
santé numérique » devraient encore ac-
célérer un mouvement déjà bien avancé.
Le Dossier médical personnel (DMP),
l’autre absent de taille en région, va s’y implanter très prochainement, car il figure
parmi les priorités de la Stratégie nationale
de santé publique et du Projet régional de
santé.
En investissant près de 100 millions
d’euros dans les appareils d’imagerie scanner, IRM, le Conseil régional a
largement contribué au développement
rapide des projets de télémédecine (téléexpertises partagées) sur tout le territoire.
Aujourd’hui, la technologie est là. Les
infrastructures aussi. Les entreprises
s’installent. Eurasanté compte une vingtaine d’entreprises impliquées dans l’esanté. Certaines, regroupées au sein du
Clubster santé ont imaginé le concept
room, chambre de consultation du futur.
D’autres projets devraient bientôt voir le
jour.
La ville intelligente de demain
Alors, en se projetant un peu dans le futur,
on pourrait imaginer la ville de demain
comme un espace agile et intelligent capable d’interagir pour faciliter la santé des
citadins. La ville de demain aurait par exemple la capacité de résoudre les problèmes de santé liés aux déserts médicaux,
de favoriser toutes les actions de prévention et le quantified-self (auto-mesure de
soi notamment dans les domaines de l’activité physique et de l’alimentation), de
limiter les déplacements grâce à la prise
de rendez-vous à distance, etc.. La ville
intelligente donnerait un accès aisé, rapide
et efficace à la fois aux offres de prévention et de promotion (anticiper et éviter les
problèmes de santé) ainsi qu’au système
de soins (traiter les problèmes lorsqu’ils
surviennent).
Est-ce là un mirage du marketing urbain
ou une véritable promesse de renouveau?
Si l’approche numérique n’est pas la solution miracle aux problèmes de gestion
locale qui peut aussi comporter son lot de
difficultés - en matière de sécurité des
réseaux et de maîtrise technologique notamment -, c’est en tout cas une voie à ne
pas négliger pour inventer un nouvel espace public serviciel profitable à tous.
Territoires et Santé - numéro 15 - page 3
Question pratique
Comment
rendre la ville
plus intelligente ?
Comment le numérique peut-il agir sur le bien-être des citoyens, qu’ils soient chez
eux, au travail ou en ville ?
La ville numérique est capable de freiner les dépenses tout en améliorant la qualité des services rendus aux citoyens. C’est une nouvelle façon de penser la ville, le service et les interconnexions urbaines.
S’agissant de santé, le numérique dans la ville a pour enjeu principal l’amélioration du
cadre de vie dans sa conception et son fonctionnement, une plus grande accessibilité à l’offre de promotion et prévention ainsi qu’à l’offre de soins, le développement des équipements adéquats permettant une meilleure vie dans l’espace public et à domicile, un meilleur
outillage des professionnels de santé.
On sait que d’ici 2020, 25 milliards d'appareils seront munis d'un accès Internet, et au moins
la moitié d'entre eux utiliseront une technologie de connexion mobile. Tous les objets présents dans la ville pourront ainsi se connecter à internet. La maison branchée pourra être
contrôlée à distance. Les citoyens pourront avoir accès à toutes les informations les concernant, payer leurs trajets grâce à leur mobile, la ville pourra se rendre compte de sa consommation d’énergie en temps réel.
Certaines villes songent déjà à faire du numérique un enjeu stratégique en créant des directions du numérique confiées à des profils entrepreneuriaux, d’autres envisagent d’établir un observatoire des besoins urbains, créer un réseau social des villes intelligentes,
accroître le nombre d’aménagements urbains, optimiser les déplacements, développer des
tiers lieux qui permettent de travailler ensemble afin de concevoir la ville non plus globalement, mais à l’échelle de ses quartiers.
De possibles réticences vis-à-vis des nouvelles technologies sont à prévoir qui tiennent à
la protection de la vie privée ou au caractère intrusif de certaines technologies. Elles peuvent exprimer aussi des difficultés d’appropriation en termes d’usabilité et d’ergonomie.
Paroles d’ÉLus
La ville accompagne les changements de société
4 étapes
CLéS
Les projets e-santé se
construisent selon
4 grandes phases
►Une phase d’initiation
Quel est le portage politique du
projet ? Qui sont les acteurs à
associer ? Quels sont les niveaux de pilotage ? Quelle
structure juridique lie les porteurs de projet entre eux, puis
avec leurs partenaires-prestataires, dans le cadre expérimental, puis dans celui de la
généralisation ? Quelles compétences et quel budget faut-il
mobiliser? Quels moyens techniques sont nécessaires ? Quels
sont les freins à anticiper?
Que veut-on et doit-on faire
évoluer?
► Une phase expérimentale
Une méthodologie de travail
est-t-elle nécessaire ? Qui coordonne le dispositif expérimental ? Quelle est la visibilité du
projet ? Les compétences sontelles adaptées ? Quel est le modèle économique ? Quels
résultats? Pour quels enseignements ?
► Une phase de généralisation
Gérard Caudron
Maire de Villeneuve
d’Ascq
Villeneuve d'Ascq a obtenu le label Villes Internet en 2014. Quelles
sont les actions concrètes de la ville en matière de numérique ?
Villeneuve d'Ascq est en effet labellisée 5 arobases, la meilleure note.
Cette appréciation, nous l’avons obtenue grâce à la mise en place, dans
15 endroits de la ville, de 47 ordinateurs accessibles à tous gratuitement et sans rendez-vous. Les pupitres présentent l'architecture de la
ville. Ils sont équipés de flashcodes, permettant de lire rapidement les
informations sur place puis d'approfondir ensuite chez soi.
Le maintien des liens sociaux et les échanges intergénérationnels sont
très importants. C'est pourquoi nous avons mis à disposition de l'Ehpad
du Moulin d'Ascq un ordinateur équipé d'une webcam permettant aux
résidents de communiquer avec leurs proches par mail ou visioconférence.
D’ici peu, nous envisageons de créer une application smartphone qui indiquera l’emplacement exact des 60 défibrillateurs disséminés dans la
ville, d’installer des connexions wifi sur la place Allende, devant l'hôtel de ville ou encore de donner les moyens de réaliser du télétravail et
du coworking aux habitants qui le désirent.
Quels relais peuvent constituer
les acteurs de proximité ? Un
plan de déploiement est il défini? Qui assure les évolutions
du dispositif ? Sur quelle
durée? Quels moyens humains
faut-il déployer ? Comment
mobiliser les financements?
Comment déployer les moyens
techniques ? Une procédure
d’amélioration continue est-elle
mise en place ?
► Une phase opérationnelle
Comment étendre le dispositif?
Quelles sont les évolutions attendues? Faut- il prévoir de la
formation continue ?
Liens@ suivre
Territoires et Santé - numéro 15 - page 4
Numérique et santé► R.Picard - Rapport
Bien vivre grâce au numérique - Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies - www.cgeiet.economie.gouv.fr/
► rapport d’études : Autonomie, innovation
numérique et territoires - www.caissedesdepots.fr/ ►Programme 2011-2016 - système
d’information, télémédecine, télésanté Agence régionale de santé Nord - Pas-de-CaEn France, 3178 labels
lais - www.ars.nordpasdecalais.sante.fr/
villes et villages internet
Politique de santé ► A. Cordier - Un pro-
ont été décernés à 945 col-
jet global pour la stratégie nationale de
lectivités locales. Dans la
santé. 19 recommandations du comité des «
région Nord - Pas-de-Ca-
sages » - www.social-sante.gouv.fr
lais, on dénombre 159 villes
et villages ayant obtenu le
label dont 95 dans le Nord
et 64 dans le Pas-de-Calais.
Le label
villes et villages internet
L'Association des Villes Internet remet chaque année un label aux collectivités locales qui mettent en oeuvre une politique significative en matière
de démocratisation des TIC et de leurs usages citoyens.
Ce label, symbolisé par un panneau de 1 à 5 arobases, permet à la collectivité locale, quelle que soit sa taille, d'évaluer, de montrer et de faire reconnaître la mise en oeuvre d'un internet local citoyen à la disposition de
chacun. Depuis 1999, 3178 labels Villes internet ont été décernés à 945 collectivités locales.
Soutenues par le Comité interministériel des villes, la délégation aux usages
de l’internet, le ministère de l’Éducation nationale et le ministère des Affaires étrangères, les initiatives concernent l’éducation, la solidarité, la mobilité, la santé, l’insertion, le handicap, les inégalités. Elles ont toutes pour
ambition d’agir sur la fracture numérique et la citoyenneté.
Dans le Nord-Pas-de-Calais, une vingtaine de villes a obtenu ce label « villes
et villages internet » en 2014. Il s’agit d’Anor, Armentières, Arras, Bailleul,
Béthune, Billy-Berclau, Coquelles, Coudekerque-Branche, Cuincy, Harnes,
Haubourdin, La Madeleine, Lambersart, Leforest, Lille, Loison-sous-Lens,
Noyelles-Godault, Saint-Laurent-Blangy, Villeneuve d’Ascq et la Communauté de communes du Pernois.
Pour en savoir plus ►http://www.villes-internet.net/
Du 2 juillet au 4 juillet 2014 l
Castres - Université d’été de l’e-santé
« Venez co-construire l’e-santé de demain» - http://www.universite-esante.com/
8 juillet 2014 l Lille - Assises territoriales du travail social - http://www.nordpas-de-calais.drjscs.gouv.fr/Etats-Generaux-duTravail-Social.html
Du 29 août au 30 août 2014 l Lille
- Quatrième édition de l’Université d’été de
la performance en santé http://www.perfor-
mance-en-sante.fr/
Le 18 et 19 septembre 2014 l
Rennes - Un aménagement du territoire
favorable à la santé : histoire, acteurs, pratiques - http://www.ehesp.fr
Du 24 au 25 septembre 2014 l
Nancy - Construire des dynamiques territoriales favorables à la santé -
http://www.cnfpt.fr
territoires et santé
Directeur de publication : Christophe Itier l Rédactrice en chef : Francine Benattar - Tél. : 03 20 15 59 81 - Mail : [email protected] l Édition :
La Sauvegarde du Nord - Centre Vauban - 199-201, rue Colbert - Immeuble Lille - 59045 Lille Cedex l Cette lettre est imprimée à 2200 exemplaires l
Cette lettre d’information est réalisée grâce au soutien du Conseil Régional Nord - Pas-de-Calais.
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