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Jeudi 16 juin 2016 / n°1451 / www.kineactu.com / 15
Adjoint au maire de Nice délégué à
la Santé, la Prévention et l’Accompa-
gnement de la perte d’autonomie,
le PrOlivier Guérin est lui aussi con-
vaincu du caractère incontournable
de la santé numérique, notamment
pour les patients souffrant de mala-
dies chroniques. “Dans ce contexte,
l’hôpital numérique seul ne sert à
rien. Il faut revoir le système dans sa
totalité et associer les professionnels
de santé libéraux, médicaux et para-
médicaux, notamment pour mieux
partager les données de ces patients et
éviter les décompensations”, explique-
t-il. “Cela suppose aussi de revoir le
système de rémunération de la méde-
cine de ville, car la tarification à l’acte
n’est pas adaptée à une médecine
tournée vers la prévention !” En s’ins-
pirant, pourquoi pas, de la ville de
Valence, en Espagne, où chaque
médecin dispose d’un budget annuel
de 1 800 €par patient en ALD.
De nombreux freins subsistent
Pour plusieurs intervenants, la e-santé
a entre autres avantages de permettre
au patient “de mieux s’approprier sa
maladie chronique, ce qui permet de
le rassurer et aussi d’améliorer l’ob-
servance des traitements”, explique
Eric Sabban, président de Visiomed
Group. “Or la non observance coûte
à la société 9 Mds €par an”, précise
Thierry Chignon, pour qui “les éco-
nomies réalisées pourraient permettre
la rémunération des professionnels de
santé”. Et notamment des masseurs-
kinésithérapeutes, oubliés des débats,
qu’Alexia Sibony, une consœur coor-
ganisatrice de l’événement, a posi-
tionné “comme un maillon essentiel
de la chaîne de soins du patient, au
même titre que le pharmacien”.
Alors comment expliquer que, en
dépit des multiples atouts exposés
durant ces deux jours, la e-santé peine
à décoller en France ? Au-delà des
questions de la cybersécurité et de la
confidentialité des données, ainsi que
du cadre législatif, “qui est en total
décalage avec la technologie”, selon
l’avocat Pierre Desmarais, l’une des
raisons tiendrait aussi à notre modèle
sanitaire. “Si les États-Unis représen-
tent le marché le plus porteur, c’est
parce que les coûts de santé y sont
très chers et à la charge des patients
alors que, chez nous, tout est pris en
charge ou presque, sans que cela
n’impacte notre budget”, explique
Carlos Jaime. “La santé est gratuite
en France, alors comment facturer
quelque chose qui est gratuit ?”,
s’interroge Éric Sebban, pour qui
“l’enjeu de la monétisation de la santé
connectée représente un vrai sujet”. Et
de conclure : “Qui sera le bon payeur :
le patient, l’assurance, l’État ?” n
[1] Institut national de recherche en
informatique et automatique.
[2] La réalité augmentée désigne les
systèmes informatiques qui rendent
possible la superposition d’un modèle
virtuel 3D ou 2D à la perception que nous
avons naturellement de la réalité, ceci en
temps réel.
Passionné de nouvelles technologies, Patrick Couny était aussi à Monaco en tant
que secrétaire adjoint à l’URPS-MK des Pays-de-la-Loire, dans la perspective d’un
congrès dédié aux nouvelles technologies qui se tiendra à Angers en novembre
2017. “Certaines peuvent s’avérer intéressantes dans le cadre de notre exercice,
comme les objets connectés qui permettent de recueillir des données sur nos patients
pour mieux les suivre, ou encore la réalité virtuelle, notamment en termes de for-
mation. Le problème, c’est que la plupart de nos confrères sont bien trop occupés
pour s’y intéresser et en percevoir les potentiels bénéfices”, regrette-t-il. D’où ce
congrès ouvert à tous, et en particulier aux étudiants, pour tenter d’y remédier.
Un congrès à Angers en 2017 pour sensibiliser
les masseurs-kinésithérapeutes