Télémédecine
Internet contre le désert médical
Au centre hospitalier intercommunal de Castres Mazamet, l'e-santé est déjà une réalité./ Photo Archives DDM, Thierry Antoine
Le Centre e-santé de Toulouse est labellisé centre national de référence depuis deux ans. Dans le Tarn, le Gers et l'Ariège, la
télémédecine est déjà une réalité.
Anne Decq réfléchit un instant. « Imaginons… Je suis insuffisant cardiaque, je rentre chez moi et prends mes auto mesures qui
seront automatiquement transmises au centre de référence où, en cas de problème, une alarme se déclenchera. C'est ce que l'on
appelle la télésurveillance. » Au dernier étage de ses bureaux toulousains de l'hôpital La Grave, la directrice du Centre e-santé
poursuit. « Je suis simple patient. Mon médecin est à l'autre bout de l'écran, j'ai opté pour la téléconsultation. Enfin, je suis jeune cardiologue à Cahors. Si besoin, je
peux être assisté par le CHU grâce à la visioconférence. C'est la téléassistance… »
L'e-santé, c'est tout cela et plus encore. Parce que « le développement des services de santé à domicile est inéluctable au vu de la démographie médicale, de
l'allongement de la durée de la vie, des enjeux économiques posés par la « juste hospitalisation » et des attentes d'une société en demande d'autonomie et de mobilité
». Le constat du Centre e-santé crée en mars 2010 en Midi-Pyrénées, labelliCentre national de référence par le ministère de l'Industrie est clair. 15 millions de
personnes atteintes de pathologies chroniques et 1,5 million de personnes âgées en perte d'autonomie sont concernées. Il faut aussi compter avec la pénurie
médicale. Rien qu'en Midi-Pyrénées, la moitié des généralistes partira en retraite d'ici 5 ans sans être remplacée.
« Demain, la santé passera par une lecture globale des besoins et la mutualisation des moyens de la télémédecine » assure Anne Decq. Ainsi, le dossier médical du
patient sera placé au cœur d'une cible où gravitent soignants, opérateurs et industriels pour les innovations. En région, le dispositif qui bénéficie d'un terrain
d'expérimentation alliant zone urbaine dense et zone rurale, est bien avancé. Y travaillent le Centre hospitalier universitaire de Toulouse, l'Institut Européen de
médecine et le SAMU 31, les pôles Cancer Bio santé et Aérospace Valley, les acteurs académiques et de recherche de haut niveau, un tissu de PME innovantes…
L'université Champollion d'Albi forme des ingénieurs dans ce secteur depuis 5 ans, des expériences sont engagées comme dans le service oncologie du centre
hospitalier de Castres-Mazamet,….
À cet édifice, manquait une plateforme d'innovation pour fédérer et compléter les offres de l'e-santé, notamment technologiques et industrielles. Les financements
du Grand Emprunt ont retenu le projet de PlatInn-es posé fin 2010. La sélection sera connue en septembre. En attendant, l'e-santé continue de tisser sa toile en
région. Sûrement.
Le chiffre : 3 mois téléconsulter > Légalisation.
Consulter par écrans interposés, surveiller un malade ou solliciter l'avis à distance d'un spécialiste… Tous ces actes sont légalisés en France depuis octobre 2010.
« Le patient et son médecin se retrouvent en visioconférence avec un spécialiste qui
saura mieux le conseiller que son généraliste sur un point précis. »
Professeur Louis Lareng, père de la télémédecine et fondateur du SAMU.
Témoin « De Lacaune à Toulouse, un clic suffit »
Le professeur Louis Lareng est considéré comme le père de la télémédecine. Il est directeur de l'Institut européen de télémédecine de Toulouse depuis 1989.
Ordinateur, connexion internet haut débit et webcam, font partie de son quotidien. À ses tés, on comprend mieux la progression de la télémédecine en région, «
territoire test en France » depuis de nombreuses années.
Quelle est la réalité de la télémédecine en région ?
Hier encore, c'est un médecin de Lacaune qui a souhaité se mettre en relation avec le CHU de Toulouse. Dans son cabinet, le cas de son patient lui posait problème.
Un clic a suffi pour répondre à ses questions. Grâce au système de transports de voix, d'images et de données médicales que nous veloppons depuis 15 ans, nos
médecins très isolés en campagne peuvent aujourd'hui travailler plus confortablement.
Où en est-on du maillage du territoire ?
Nous avons commencé avec l'hôpital de Rodez, avant d'étendre le réseau à ceux de Tarbes, Cahors, Lourdes, Foix-Pamiers et Luchon. Puis nous avons élargi le
dispositif aux maisons d'arrêt, aux surveillances de maisons de retraites, aux cliniques privées, jusqu'aux médecins généralistes. Aujourd'hui, plus de 4 000
professionnels adhèrent à ce système.
Pour autant, tout le territoire n'est pas couvert. Quelles sont les étapes à suivre ?
Au fur et à mesure, le périmètre de la télémédecine s'étend. Les échanges entre professionnels de santé fonctionnent bien. La formation aussi. Reste le gros morceau :
la télésanté pour le maintien du patient à domicile. Pour cela, le GIP Réseau Télémédecine Régional Midi-Pyrénées existant doit devenir un Groupement de
coopération sanitaire de télésanté en région. L'Agence régionale de santé qui a pour mission de faire évoluer la santé dans notre pays en sera le maître d'œuvre
majeur.
Qu'en est-il du dossier médical personnel ?
Nous savons depuis 15 jours, que ce dossier sera héberau plan national sur un gros serveur qui stockera toutes les données. Ces actes seront alisés dans des
conditions garantissant l'authentification des professionnels de santé qui interviennent, l'identification du patient, la confidentialité des données, la formation ou la
préparation du patient. Celui-ci devrait même pouvoir exprimer son consentement par voie électronique.
Ariège. Le projet Sacha
En Ariège, l'équation n'est pas simple. D'une part, le social et la dépendance représentent 63 % des dépenses de fonctionnement du département. D'autre part, pour
ce territoire rural et de montagne, il s'agit d'assurer un accès égalitaire aux soins. Aussi début 2010, le conseil général et l'agence de développement économique
Ariège Expansion ont mis les bouchées doubles. Dans le cadre de la reconstruction de l'Ephad de Bellissen à Foix, un consortium a été constitué afin de développer
un système intégré de géolocalisation, de contrôle d'accès et de détection de chutes pour les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. C'est la solution SACHA.
Tarn. C'est Chic
Le territoire de Castres-Mazamet est sans doute le plus avancé de tous en région dans le domaine de l'e-santé : fibre optique depuis 15 ans, une filière d'ingénieurs
informaticiens aux compétences santé (ISIS) ouverte à Champollion depuis 4 ans et un hôpital du futur opérationnel depuis ce mois de janvier, le CHIC (centre
hospitalier intercommunal de Castres-Mazamet). Dans son service oncologie un développement par site internet a été mis en place pour organiser le suivi 24h/24, à
domicile de patients atteints de cancer.
Gers. Santé et Ruralité
Dans le Gers, territoire rural par excellence, le constat est sans appel, notamment du côté de la démographie médicale. Un désert s'annonce. D'où un projet de grande
envergure porté notamment par Frank Montaugé, le maire d'Auch pour déployer « d'ici cinq à dix ans, un plan de télésanté » sous- tendu par un PER Santé Ruralité
(*) . Déjà, les projets de quatre maisons de santé pluridisciplinaires sont une première réponse à la pénurie. Mais dans les territoires ruraux de la région, la
problématique majeure reste celle du maintien et de l'hospitalisation à domicile. D'où le choix de l'e-santé comme fil conducteur. « La charpente de notre dispositif »,
explique le maire.
(*) Pôle d'excellence rural.
La Dépêche du Midi
Le 3 février 2011
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