Synthèse General review Volume 100 • N◦ 12 • décembre 2013 John Libbey Eurotext © Le problème des faibles doses en radiothérapie : quel risque de carcinogenèse radio-induite ? The issue of low doses in radiation therapy and impact on radiation-induced secondary malignancies Cyrus Chargari1,2 , Jean-Marc Cosset3,4 1 Hôpital d’instruction des armées du Val-de-Grâce, service d’oncologie-radiothérapie, 75005 Paris, France Institut Gustave-Roussy, Inserm 1030, radiothérapie moléculaire, 94805 Villejuif, France 3 Institut Curie, département d’oncologie-radiothérapie, 75005 Paris, France 4 Hôpital privé des Peupliers, unité de radiothérapie, groupe Générale de Santé, 8, place de l’Abbé-Georges-Hénocque, 75013 Paris, France <[email protected]> 2 Article reçu le 17 septembre 2013, accepté le 19 septembre 2013 Tirés à part : J.-M. Cosset doi : 10.1684/bdc.2013.1855 Pour citer cet article : Chargari C, Cosset JM. Le problème des faibles doses en radiothérapie : quel risque de carcinogenèse radio-induite ? Bull Cancer 2013 ; 100 : 1333-42. doi : 10.1684/bdc.2013.1855. Résumé. Plusieurs études suggèrent fortement qu’il existe une augmentation du risque de seconds cancers chez les patients longs survivants d’un premier cancer et ayant reçu une radiothérapie dans l’historique de leurs traitements. Le plus souvent, les cancers radio-induits surviennent dans les volumes exposés aux plus fortes doses d’irradiation. Cependant, l’impact des « faibles » doses (< 5 Gy) dans la carcinogène radio-induite est d’autant plus important à considérer que les techniques modernes de radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI) ou de radiothérapie stéréotaxique augmentent significativement les volumes concernés par ces faibles doses. Le risque inhérent à ces nouvelles technologies est discuté et les estimations réalisées sont étroitement dépendantes du modèle de risque utilisé. Ainsi, le modèle linéaire sans seuil, remis en question par certains auteurs, suggère que la RCMI pourrait doubler le risque de seconds cancers. Il semble que seule la protonthérapie permette de protéger les tissus sains à la fois des faibles et des fortes doses. À l’exception notable des tumeurs pédiatriques, où le risque de seconds cancers (beaucoup plus important que chez l’adulte) doit impérativement être pris en compte, les données épidémiologiques tendent à relativiser le risque de second cancer lié aux faibles doses. Cependant, le recul clinique demeure encore insuffisant et une augmentation même modérée du risque de seconds cancers pourrait dans certains cas contrebalancer le bénéfice lié à une radiothérapie de haute précision. Il demeure donc indispensable d’intégrer le risque inhérent aux Bull Cancer vol. 100 • N◦ 12 • décembre 2013 Abstract. Several studies have well documented that the risk of secondary neoplasms is increasing among patients having received radiation therapy as part of their primary anticancer treatment. Most frequently, radiation-induced neoplasms occur in volume exposed to high doses. However, the impact of “low” doses (<5 Gy) in radiation-induced carcinogenesis should be clinically considered because modern techniques of intensity-modulated radiation therapy (IMRT) or stereotactic irradiation significantly increase tissue volumes receiving low doses. The risk inherent to these technologies remains uncertain and estimates closely depend on the chosen risk model. According to the (debated) linear no-threshold model, the risk of secondary neoplasms could be twice higher with IMRT, as compared to conformal radiation therapy. It seems that only proton therapy could decrease both high and low doses delivered to non-target volumes. Except for pediatric tumors, for which the unequivocal risk of second malignancies (much higher than in adults) should be taken into account, epidemiological data suggest that the risk of secondary cancer related to low doses could be very low, even negligible in some cases. However, clinical followup remains insufficient and a marginal increase in secondary tumors could counterbalance the benefit of a highly sophisticated irradiation technique. It therefore remains necessary to integrate the potential risk of new irradiation modalities in a 1333 C. Chargari, J.-M. Cosset nouvelles technologies d’irradiation dans une évaluation au cas par cas intégrant les objectifs thérapeutiques mais également les cofacteurs de risque, tels que l’âge (essentiellement), les chimiothérapies associées ou le mode de vie. Mots clés : faibles doses, irradiation, seconds cancers, radiothérapie avec modulation d’intensité Introduction De nombreuses études soulignent qu’il existe un excès du risque de seconds cancers chez les patients ayant un antécédent de radiothérapie. En 2007, l’analyse de 11 cohortes de patients avait permis d’estimer que le risque relatif (RR) de présenter un second cancer était de 1,31 (IC95 % : 1,15-1,49) après radiothérapie, comparé à la population générale. Cette augmentation du risque n’est pas spécifique à la radiothérapie, car le RR pour les patients non irradiés était de 1,12 par rapport à la population générale. La comparaison des patients irradiés avec les patients pris en charge pour un cancer, mais n’ayant pas reçu de radiothérapie, montre un écart nettement plus faible, avec un RR de 1,08 (1,00-1,17) [1]. Ces seconds cancers surviennent préférentiellement à proximité des volumes ayant reçu une dose intermédiaire ou élevée, définie comme une dose allant de 5 à 50 Gy, voire en plein volume de traitement. Ce constat ne doit pas faire négliger l’impact des faibles doses dans la carcinogenèse radio-induite. En effet, les organes éloignés des volumes recevant les fortes doses sont également concernés par le risque de tumeur radio-induite, à l’exception notable des sarcomes secondaires qui se développent typiquement dans les volumes irradiés aux plus fortes doses [2-4]. Par ailleurs, la problématique des faibles doses prend toute son importance avec les évolutions des traitements réalisées au cours des 20 dernières années. Largement utilisées aujourd’hui en routine, les « nouvelles » technologies comme la radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI) permettent de mieux « conformer », c’est-à-dire adapter, le volume irradié au volume cible. En réduisant l’irradiation à fortes doses des organes sains, il est possible de diminuer la toxicité déterministe de la radiothérapie, voire d’envisager des stratégies d’escalade de dose pour améliorer le contrôle locorégional. Cependant, ces techniques augmentent le volume d’irradiation des tissus sains, bien que la dose reçue soit faible, et certaines modélisations ont même suggéré un doublement du risque de carcinogenèse radio-induite par la RCMI [5]. Nous présentons ici un état des lieux du risque de carcinogenèse radio-induite et de la contribution respective des faibles doses, à l’éclairage de l’impact des nouvelles technologies de traitement. 1334 risk-adapted strategy taking into account therapeutic objectives but also associated risk factors, such as age (essentially), chemotherapy, or life style. Key words: low doses, irradiation, secondary neoplasms, intensity-modulated radiation therapy Préambule : définition des « faibles » doses La définition des faibles doses, telle qu’on peut la trouver dans le rapport BEIR VII, est d’environ 0,1 Gy pour les photons et les électrons utilisés en radiothérapie [6]. Ce seuil, basé sur des données de radioprotection, est difficilement applicable à la radiothérapie et d’autres définitions ont donc été proposées. Ainsi, le seuil supérieur de 5 Gy est plus souvent retenu pour définir les « faibles » doses en radiothérapie, alors que les « fortes » doses sont définies au-delà de 50 Gy. En revanche, ce seuil de 5 Gy, cohérent dans le cadre du traitement des cancers, est très supérieur aux 100 mSv (0,1 Gy), le plus souvent considéré comme « seuil » du risque carcinogène chez l’adulte. Il existe schématiquement trois sources de rayonnements responsables de l’irradiation en dehors des champs : – le rayonnement diffusé dans le patient à partir des faisceaux de traitement ; – le rayonnement diffusé à partir de l’accélérateur, principalement ses collimateurs, les filtres, les caches et les lames ; – l’irradiation de « fuite » de la tête de la machine. La contribution respective de ces sources d’irradiation varie selon la région anatomique que l’on étudie. Dans les régions de fortes doses, il s’agit principalement du rayonnement diffusé dans le patient et du diffusé lié aux collimateurs. Quand on s’éloigne des volumes de traitement, dans les régions dites « intermédiaires », la contribution relative du rayonnement diffusé dans le patient augmente. Enfin, dans les régions de faibles doses, à distance, il s’agit principalement du diffusé dans le patient et de l’irradiation de fuite de la tête de la machine. Faibles doses et carcinogenèse radio-induite : données cliniques Lymphomes de Hodgkin Le bon pronostic de la maladie de Hodgkin localisée, l’utilisation sur une longue période de champs de traitement étendus et le long recul sur de grandes Bull Cancer vol. 100 • N◦ 12 • décembre 2013 Problématique des faibles doses en radiothérapie cohortes de patients ont fait de cette maladie l’un des meilleurs modèles d’étude du risque de seconds cancers radio-induits [7]. La technique réalisée dans les années 1970 et 1980 utilisait une irradiation susdiaphragmatique en mantelet et/ou une irradiation en « Y inversé » (plus ou moins complet), et délivrait une dose de l’ordre de 40 Gy à de larges volumes. Avec un suivi atteignant 20 à 25 ans, l’observation d’un excès de seconds cancers a conduit à limiter les volumes de traitement [7, 8]. Un jeune âge au moment du traitement et l’étendue des champs de radiothérapie sont les principaux facteurs de risque [913]. L’analyse du devenir des patients traités pour une maladie de Hodgkin montre que les principaux types de cancers secondaires sont le cancer du sein chez la femme et de la thyroïde chez l’homme ; les deux sexes sont touchés par les cancers des glandes salivaires, les cancers pleuropulmonaires et les tumeurs cutanées et osseuses. Ces cancers surviennent majoritairement dans les zones de fortes doses [9-13]. Dores et al. ont analysé 2 153 cas de seconds cancers survenant chez 32 591 patients traités entre 1935 et 1994, et ont montré que le principal site concerné était le poumon, avec un RR de 2,8. Il n’était pas retrouvé d’incidence accrue des cancers touchant les organes situés à distance des faisceaux ou systématiquement protégés, comme le larynx [7]. Le risque de cancer mammaire est particulièrement élevé. Pour une femme âgée de 55 ans et irradiée à l’âge de 25 ans en mantelet pour une maladie de Hodgkin, il atteindrait 29 % (IC95 % : 20,2-40,1) [14]. Ces données sont à nuancer car le risque est inférieur lorsque l’irradiation mammaire incidente s’inscrit dans le traitement d’autres pathologies, suggérant l’existence d’une susceptibilité spécifique aux seconds cancers en cas de maladie de Hodgkin [15, 16]. Par ailleurs, certains cofacteurs de risque, comme l’utilisation d’une chimiothérapie à base d’agents alkykants mais surtout le tabagisme, augmentent exponentiellement le risque de seconds cancers [12, 17-20]. Lorigan et al. ont effectué une analyse systématique des études ayant porté sur la toxicité tardive du traitement des lymphomes. Le RR de cancer pulmonaire était compris entre 2,6 et 7,0. La radiothérapie et la chimiothérapie contribuaient toutes deux à cette augmentation du risque, sur un mode additif. Le tabagisme multipliait le risque associé à chacun de ces traitements [21]. Dans une étude cas-témoins incluant plus de 19 000 patients traités pour un lymphome, Travis et al. ont estimé que le tabagisme multipliait par 20 le risque de cancer pulmonaire. Dans le sousgroupe des patients ayant reçu une radiothérapie et des agents alkylants, le RR de cancer bronchopulmonaire était de 7,2 (IC95 % : 2,8-21,6) chez les non-fumeurs ou lorsque le tabagisme était inférieur à un paquet par jour. En cas de tabagisme supérieur à un paquet par jour, le RR atteignait 49,1 (!) (IC95 % : 15,1-187) [22]. Bull Cancer vol. 100 • N◦ 12 • décembre 2013 Cancers mammaires Dans une revue extensive des seconds cancers survenant après traitement d’un cancer du sein chez 322 863 femmes diagnostiquées entre 1973 et 2000, le risque était augmenté de 18 %. La radiothérapie entraînait un surcroît de seconds cancers de l’œsophage, de cancers du poumon et de sarcomes [23]. Dans la méta-analyse conduite en 2005 par l’Early Breast Cancer Trialists’ Collaborative Group (EBCTCG), la radiothérapie augmentait le risque de seconds cancers, en particulier de cancers mammaires controlatéraux (p = 0,002), et de cancers pulmonaires (p = 0,0007). Le risque de cancer de l’œsophage était à la limite de la significativité (p = 0,05) [24]. Dans l’expérience de l’institut Curie, qui a porté sur 13 471 patientes recevant une radiothérapie et 3 234 patientes témoins, le risque cumulatif à dix ans était significativement augmenté pour les sarcomes (p = 0,02) et les cancers pulmonaires (p = 0,02), sans effet sur les autres types de cancers situés plus à distance des faisceaux de radiothérapie [4]. Récemment, Berrington de Gonzalez et al. ont évalué le risque de second cancer chez 182 057 survivantes à cinq ans d’un traitement locorégional pour un cancer du sein invasif. Avec un suivi médian de 13 ans, le RR de second cancer solide était de 1,45 (IC95 % : 1,33-1,58) pour les régions recevant des doses supérieures à 1 Gy (poumon, œsophage, plèvre, os, tissus mous), mais de 1,09 seulement (IC95 % : 1,04-1,15) pour le cancer mammaire controlatéral (irradiation de l’ordre de 1 Gy). Il n’était pas montré d’augmentation du risque pour les sites recevant des doses inférieures à 1 Gy [25]. Comme pour les lymphomes, le tabagisme est un important facteur de risque de survenue de cancers pulmonaires après radiothérapie [26]. Il existe également des facteurs de risque non liés au traitement. Ainsi, une étude publiée en 2011 montre un excès du RR de seconds cancers non mammaires chez des patientes préménopausées, même si elles n’ont reçu ni radiothérapie, ni traitement systémique adjuvant [27]. Cancers de la prostate L’impact des irradiations prostatiques sur le risque de second cancer est controversé et pourrait s’inscrire dans un biais de surveillance ou de diagnostic [28, 29]. Cependant, plusieurs grandes études suggèrent une élévation du risque de certains cancers, en particulier du cancer de vessie. L’analyse du devenir de 34 889 patients traités pour un cancer de la prostate montre que le risque de carcinome urothélial de vessie n’est pas significativement augmenté après huit ans de suivi [30]. Mais d’autres études portant sur plus de 120 000 patients montrent un excès significatif, mais cependant faible, de la fréquence des tumeurs solides chez les longs survivants irradiés, en particulier de carcinomes de vessie et du rectum, et des sarcomes dans les champs de traitement [31]. Il semble cependant que 1335 C. Chargari, J.-M. Cosset la différence s’explique surtout par un risque inférieur de cancers dans le groupe chirurgical seul, peut-être en raison de biais de sélection (ex. : moins de tabagisme chez les opérés) [32]. Dans l’expérience de la Mayo Clinic, seul le risque de cancer vésical était augmenté et uniquement en situation adjuvante, une explication possible étant que la paroi vésicale est alors davantage irradiée [33]. D’autres auteurs rapportent des données plus péjoratives. Ainsi, Bhojani et al. ont examiné le risque de cancer de vessie, du rectum ou du poumon après prostatectomie radicale (n = 8 455) ou radiothérapie (n = 9 390). À 60 mois ou plus du traitement, le risque de cancer de vessie, du rectum, ou même du poumon était significativement supérieur dans le groupe radiothérapie (p = 0,02, p < 0,001, p = 0,004, respectivement) [34]. Les données de la littérature sont cependant concordantes pour souligner que le risque lié à la curiethérapie est inférieur à celui de la radiothérapie externe, voire nul. L’analyse du devenir de 243 082 patients a montré que comparativement à la prostatectomie, le RR de cancer de vessie était de 1,72 après radiothérapie (IC95 % : 1,55-1,90) versus 1,56 après association radiothérapie-curiethérapie (IC95 % : 1,30-1,87) versus 1,23 après curiethérapie seule (IC95 % : 1,01-1,50). Pour les cancers rectaux, il était de 1,17 (IC95 % : 1,01-1,35) pour la radiothérapie, mais non significatif pour l’association radiothérapiecuriethérapie ou la curiethérapie seule [35]. Huang et al. ont rapporté leur expérience d’une cohorte de 2 120 patients ayant reçu une radiothérapie 2D (36 %), 3D ou avec modulation d’intensité (29 %), une curiethérapie (16 %) ou l’association d’une radiothérapie 2D à une curiethérapie (19 %). La comparaison avec une cohorte appariée de patients traités chirurgicalement montrait que la radiothérapie externe augmentait le risque de cancer à plus de cinq ans du traitement (HR = 1,86 ; IC95 % : 1,36-2,55). En analysant les techniques utilisées, seule la radiothérapie 2D augmentait le risque de second cancer, à moins que ne soit utilisée la technique du complément en curiethérapie [36]. Le risque absolu de seconds cancers semble donc très faible, voire non significatif, en particulier avec les techniques de traitement modernes et concerne principalement les organes situés dans les zones exposées aux plus fortes doses [37]. Population pédiatrique Globalement, les survivants d’une radiothérapie dans l’enfance ont un risque de trois à six fois supérieur de développer un second cancer, avec une incidence cumulée de 3,5 à 25 %. Kleinerman a étudié les cancers de la thyroïde survenant après radiothérapie chez des enfants, principalement irradiés pour des tumeurs bénignes (plus de 10 000 irradiations pour traitement d’une teigne et plus de 28 000 irradiations pour un hémangiome), et ayant reçu des doses relativement 1336 faibles (en moyenne 0,1 à 1,4 Gy au niveau de la thyroïde). Pour les enfants âgés de moins de 15 ans au moment de l’exposition, il existait une relation linéaire dose-réponse à partir de 0,1 Gy et l’excès du RR était de 7,7 (IC95 % : 2,1-2 8,7) par Gray. Le risque de cancer de la thyroïde diminue lorsque les patients sont irradiés à un âge plus avancé, mais il persiste 30 ans après l’exposition [37]. Ces données montrent que la thyroïde des enfants est particulièrement sensible aux effets carcinogènes de l’irradiation, même à des doses très faibles. Pour des doses dépassant 1 à 2 Gy, il existe également un risque accru de tumeurs cérébrales, qui diminue quand les patients sont irradiés à un âge plus avancé [38, 39]. Il faut intégrer à ce risque une susceptibilité génétique, en fonction de la tumeur primitive initialement traitée. Ainsi, il a été montré que le ratio des cas de cancers observés sur les cas attendus était de 6,4 (IC95 % : 5,7-7,1) chez des patients irradiés avant l’âge de 21 ans, la plupart des cas de cancers survenant dans les champs de traitement. Le risque était le plus élevé lorsque les patients étaient traités pour un neuroblastome (RR = 24,2), mais il était nul pour les néoplasies du système nerveux central [40, 41]. L’impact de la chimiothérapie doit également pris en compte, en particulier celui des anthracyclines qui augmentent le risque de seconds cancers [42]. Traitements modernes et faibles doses Imagerie de repositionnement Le développement de technologies d’irradiation de plus en plus précises oblige à l’amélioration des techniques d’imagerie embarquée et de repositionnement, permettant elles-mêmes de réduire les marges autour des volumes cibles. Cependant, la multiplication des procédures d’imagerie entraîne elle-même une augmentation des faibles doses délivrées en dehors des volumes cibles. La dose totale délivrée par une imagerie quotidienne au cours d’un traitement sur plusieurs semaines peut dans certains cas dépasser le Gray, et il faut alors la prendre en compte dans la dosimétrie. Cependant, outre l’impact théorique sur le risque de carcinogenèse à distance du volume cible, on ignore aujourd’hui quels sont les effets biologiques d’une irradiation à faibles doses liée à l’imagerie, et en particulier dans quelle mesure l’impact d’une telle irradiation sur les mécanismes adaptatifs (systèmes de réparation, etc.) peut affecter la réponse à la radiothérapie quand la séance de traitement est réalisée immédiatement après l’imagerie de repositionnement. Kan et al. ont étudié les doses délivrées par la tomographie à faisceaux coniques (CBCT), utilisée dans le cadre d’une radiothérapie guidée par l’imagerie embarquée. La dose efficace délivrée était de 10,3 mSv pour une imagerie Bull Cancer vol. 100 • N◦ 12 • décembre 2013 Problématique des faibles doses en radiothérapie de la région oto-rhino-laryngée et atteignant 27,3 mSv pour une imagerie thoracique. Ces données suggèrent que la réalisation quotidienne d’une imagerie de type CBCT pourrait augmenter le risque de second cancer [43]. Un projet de soutien aux techniques innovantes et coûteuses (STIC) en cours vise à évaluer la radiothérapie guidée par l’imagerie dans le cancer de la prostate et en particulier la fréquence optimale des contrôles de repositionnement. Un suivi prolongé sera nécessaire afin de mettre en évidence un éventuel impact sur le risque de seconds cancers. Radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité La RCMI permet de diminuer les volumes recevant des fortes doses d’irradiation. Cette amélioration est permise par le gradient de dose de la technique et la diminution du rayonnement diffusé du collimateur et/ou dans le patient. En effet, les faisceaux sont habituellement plus petits et les filtres dynamiques génèrent moins d’irradiation diffusée que les filtres mécaniques. Cependant, l’utilisation de la RCMI et d’un nombre plus élevé de faisceaux augmente le volume irradié à doses faibles et intermédiaires. De plus, c’est l’irradiation de fuite au niveau de la tête qui prédomine à distance des volumes cibles. Par conséquent, la dose « faible » distribuée avec la RCMI augmente, puisque le nombre d’unités moniteurs (UM) nécessaires au traitement pour délivrer la dose attendue à la tumeur est plus élevé, d’un rapport 3 à 4, comparativement à la radiothérapie conformationnelle 3D. Le choix de l’énergie des photons utilisés est également un facteur d’irradiation en dehors des volumes de traitement, car les fortes énergies sont un facteur de production de neutrons secondaires. Ainsi, Schneider et al. ont fait l’estimation que la RCMI de la prostate utilisant des photons de 6 MV augmenterait le risque de 15 % en comparaison à une radiothérapie conventionnelle à quatre faisceaux, et que cette augmentation atteindrait 20 et 60 % pour des photons de 15 et 18 MV, respectivement [44]. D’autres auteurs se sont intéressés à la radiothérapie postopératoire des cancers du col utérin et de l’endomètre et ont également calculé un risque accru lié à l’utilisation de photons de haute énergie dans le cadre d’une RCMI [45]. Il faut noter le cas de l’utilisation de filtres mécaniques en radiothérapie conformationelle 3D, qui est un facteur important d’augmentation du nombre d’UM [46, 47]. Followill et al. ont évalué la dose équivalente corps entier délivrée par différentes techniques de traitement et estimé le risque de second cancer lié à une irradiation focalisée à la dose de 70 Gy. Avec une radiothérapie conventionnelle, l’utilisation de filtres mécaniques augmentait le risque, quelle que soit l’énergie photonique utilisée, en augmentant le nombre d’UM et le rayonnement diffusé [48]. Dans une étude Bull Cancer vol. 100 • N◦ 12 • décembre 2013 prospective portant sur 120 patientes prises en charge pour un cancer du sein (50 Gy), Woo et al. ont mesuré la dose d’irradiation à quatre sites distincts et ont montré que la dose minimale diffusée reçue à un point situé sur l’abdomen allait de 0,06 à 1,55 Gy. L’utilisation de filtres mécaniques comme technique de compensation était le facteur le plus significativement associé à une augmentation du rayonnement diffusé, triplant la dose délivrée en dehors du faisceau, en comparaison à un traitement par RCMI et filtres dynamiques [49]. Fréquemment utilisés pour une irradiation mammaire classique, les filtres mécaniques sont donc un facteur d’irradiation à faibles doses qui pourrait augmenter le risque de second cancer, encourageant donc l’utilisation de filtres dynamiques. Tomothérapie hélicoïdale La tomothérapie hélicoïdale (« tomothérapie ») présente l’intérêt d’une irradiation avec rotation hélicoïdale d’une source de photons de 6 MV. Elle permet de créer des gradients de dose étroits autour des volumes cibles [50]. Cependant, l’irradiation hélicoïdale augmente également le volume de tissu sain irradié à faibles doses. Dès 1997, Followill et al. avaient estimé la probabilité de décéder d’un second cancer après une irradiation à la dose de 70 Gy, et estimé que le risque était de 2,5 % pour une tomothérapie hélicoïdale avec photons de 6 MV, soit plus du double du risque d’une RCMI avec photons de 6 MV. Cependant, ce risque estimé restait inférieur à celui lié à une RCMI utilisant des photons de plus haute énergie (4,5 % pour la RCMI 18 MV, 8,4 % pour la RCMI 25 MV) [48]. L’augmentation du nombre d’UM pour les traitements en tomothérapie aurait pu laisser présager une augmentation plus significative du risque, mais ce désavantage était compensé par le fait qu’une irradiation à énergies élevées augmente la production de neutrons secondaires. Plusieurs auteurs ont calculé les doses délivrées en dehors des champs de traitement par la tomothérapie sérielle et hélicoïdale, et montré qu’elle était supérieure à celle délivrée par des traitements conventionnels [51]. Cependant, cette augmentation pourrait être compensée par les améliorations réalisées sur les appareils de nouvelle génération : – la diminution du rayonnement résiduel de fuite autour de la tête de l’accélérateur ; – l’amélioration de l’homogénéité de la dose ; – la réduction de la dose intégrale délivrée aux organes sains [52-54]. Radiothérapie stéréotaxique : l’exemple du Cyberknife® Le Cyberknife® utilise un accélérateur de 6 MV monté sur un robot sophistiqué [55]. Bien que l’irradiation soit très précise, car réalisée au moyen d’un grand nombre 1337 C. Chargari, J.-M. Cosset de petits faisceaux, le nombre d’inclinaisons de bras nécessaire au traitement peut être considérable et donc augmente le volume de tissus sains recevant des faibles doses, tout comme un rayonnement de fuite, initialement non négligeable, de la tête de l’appareil. Ce volume peut être réduit en fonction de la technique utilisée, ainsi que des moyens d’optimisation du plan de traitement. Petti et al. ont mesuré les doses délivrées en dehors des volumes de traitement par la radiochirurgie au Cyberknife® [56]. Les auteurs ont montré que le volume concerné par les faibles doses pouvait être deux à cinq fois supérieur à celui d’un traitement en Gammaknife® , et environ quatre fois supérieur à celui d’une RCMI. Par la suite, les constructeurs de Cyberknife® ont fait progresser les appareils pour diminuer le rayonnement de fuite au niveau de la tête et donc la dose délivrée à distance des faisceaux, cette réduction pouvant atteindre 40 à 70 %, selon la distance à la cible où la mesure est effectuée [57, 58]. Protonthérapie La technique de protonthérapie permet une distribution de dose d’irradiation extrêmement précise en profondeur, tout en épargnant les tissus sains avoisinants. Elle est particulièrement utile, et d’ailleurs utilisée, en oncologie pédiatrique. Plusieurs études dosimétriques soulignent que la protonthérapie diminue la dose délivrée totale à l’organisme pour une irradiation focalisée, en comparaison à une RCMI ou même une radiothérapie conformationnelle 3D [44, 59, 60]. Ainsi, Hoppe et al. ont montré que la protonthérapie, utilisée pour une irradiation de type involved node d’un lymphome de Hodgkin, diminuait le volume de tissus sain recevant 4 Gy de 51 %, en comparaison à une radiothérapie conformationnelle, et de 59 %, en comparaison à une RCMI [59]. Une autre étude a comparé protonthérapie et RCMI pour une radiothérapie prostatique ou de la sphère ORL et calculé que les doses moyennes délivrées à 20-60 cm de l’isocentre lors d’une RCMI étaient de l’ordre de 1 à 3 mSv/Gy, nettement supérieures à celles délivrées par une protonthérapie. Pour certains auteurs, les calculs de dose équivalente estiment que le risque de seconds cancers survenant en dehors des faisceaux de traitement est cinq fois supérieur pour une RCMI que pour une protonthérapie de la prostate [60]. La technique de protonthérapie présente cependant quelques limites, en particulier lorsque les faisceaux de protons sont filtrés de manière passive. Il en résulte une production de neutrons secondaires qui contribue significativement à la dose délivrée en dehors des faisceaux [5]. La dose de neutrons reçue à distance par le patient au cours d’une protonthérapie dépend principalement du type de machine, de l’énergie du faisceau, de la présence d’air, de la distance aux bords du faisceau, des dimensions du faisceau et du volume de traitement. Bien que la dose physique soit faible, l’efficacité bio- 1338 logique relative des neutrons secondaires est élevée et doit être prise en compte. Les appareils de protonthérapie les plus récents utilisent la technique du faisceau de protons « balayés » (scanned beam, par opposition au scattered beam), qui diminue très significativement la production de neutrons secondaires. Récemment, Chung et al. ont rapporté les résultats rétrospectifs et non randomisés d’une cohorte de 558 patients ayant reçu une protonthérapie entre 1973 et 2001 qu’ils ont comparé à 558 patients de la SEER appariés et traités au moyen de photons. Avec un suivi médian de six à sept ans, les auteurs montraient une incidence inférieure de cancers secondaires dans le groupe « protonthérapie » (4,2 % versus 7,5 % ; p = 0,009) [61], mais ces résultats sont relativisés dans un éditorial publié dans le même numéro du journal, car la différence porte quasi uniquement sur les cancers « secondaires » survenus dans les cinq ans suivant l’irradiation, ce qui paraît peu compatible avec ce que nous savons des longs délais d’apparition des cancers radio-induits [62]. Un suivi plus prolongé demeure donc indispensable avant de conclure à un effet bénéfique de la protonthérapie en matière de cancers radio-induits. Modélisation du risque Vu la relative rareté et l’imprécision fréquente des données issues directement de la clinique, les effets biologiques des faibles doses sont souvent basés sur des estimations réalisées à partir des observations faites chez les survivants des irradiations d’Hiroshima et de Nagasaki. Par ailleurs, ces estimations utilisent le modèle linéaire sans seuil, qui postule que le risque par Gray est proportionnel à la dose, et cela quelle que soit la dose (aussi faible soit-elle). D’après ce modèle, toute dose est donc potentiellement carcinogène, même si elle est infinitésimale. . . Par ailleurs, le modèle postule que le risque augmente linéairement avec la dose, y compris à très fortes doses. Deux auteurs ont calculé le risque de second cancer en utilisant le modèle linéaire sans seuil et en se limitant à l’analyse des zones de faibles doses. De cette façon, ils ont estimé, comme déjà noté, que le risque de seconds cancers était doublé avec l’utilisation de la RCMI, avec un risque par organe allant de 1,2 à 2,4 [63, 64]. Cependant, les effets biologiques des irradiations sont probablement plus complexes que ne le suggère le modèle linéaire sans seuil (ou modèle dit linear no-threshold [LNT]). Des données précliniques et cliniques suggèrent des modèles alternatifs au modèle LNT, lequel pourrait surestimer le risque lié aux faibles doses, et de plus ne paraît pas bien adapté aux fortes doses de la radiothérapie. Plusieurs extrapolations sont possibles pour des doses inférieures à 100 mSV. Ainsi, le modèle avec seuil repose sur le postulat que les faibles doses sont inoffensives sous un certain seuil. Le modèle de réponse Bull Cancer vol. 100 • N◦ 12 • décembre 2013 Problématique des faibles doses en radiothérapie adaptative suggère même un effet protecteur. Ce modèle repose sur l’observation que des cellules irradiées à ces faibles doses présentent moins d’anomalies chromosomiques lorsqu’elles sont exposées ensuite à des fortes doses, en comparaison aux cellules irradiées d’emblée à fortes doses [65]. Ce modèle fait appel à l’activation par les faibles doses de mécanismes de réparation de l’ADN. Inversement, le modèle d’effet bystander suggère à partir d’observations précliniques que l’irradiation à faibles doses pourrait être encore plus délétère que ne le prédit le modèle linéaire sans seuil, peut-être par l’intermédiaire d’interactions cellule-cellule impliquant des interleukines ou d’autres cytokines du stress oxydatif, ou encore du fait de l’impact du microenvironnement [66]. En réalité, il semble que la validité de ces modèles dépende de multiples paramètres et des conditions expérimentales, en particulier de la physiologie cellulaire (comme la phase dans le cycle ou le type de culture), ainsi que du choix des particules utilisées et de l’énergie des faisceaux de rayonnement. En pratique clinique, les faibles doses telles qu’elles sont définies dans les modèles de risque (quelques milligrays) sont difficilement exploitables, et les « faibles » doses utilisées en radiothérapie (quelques Grays) sont par définition, de fait, des doses « intermédiaires à élevées » pour le radioprotectionniste et le radiobiologiste. Par ailleurs, à l’autre extrémité de la courbe, le modèle linéaire sans seuil est très discuté pour des doses dépassant 2,5 mSv, qui semblent plus pertinentes en radiothérapie pour le risque de carcinogenèse. L’analyse de la littérature montre, on l’a vu, que le risque se situe surtout dans les régions des fortes doses. Mais pour les « très fortes » doses, la courbe doseeffet pourrait s’infléchir pour atteindre un plateau, voire même diminuer, au-delà de 10 Gy, c’est-à-dire que l’augmentation relative du risque diminuerait avec la dose, à ces niveaux d’irradiation. Cette inflexion de courbe s’expliquerait par la compétition entre mort et transformation cellulaire (modèle compétitif) : une cellule tuée par l’irradiation ne pouvant donner naissance à un cancer. Cette notion avec une courbe de risque en « cloche » est ancienne, puisque remontant aux travaux de Gray qui datent de plus d’un demi-siècle [67]. Une difficulté supplémentaire dans l’appréciation du risque est qu’il existe une grande hétérogénéité entre organes, et aussi dans l’impact du volume relatif d’organe irradié. Par exemple, Schneider et al. ont estimé que pour un organe recevant 2 Gy dans 50 % de son volume et 18 Gy dans le reste de son volume, le RR calculé de cancer était de 14 si on étudiait la dose moyenne, mais de 8 si on étudiait la dose pondérée. Le travail de Schneider montrait une courbe en cloche audelà de 5 Gy, avec un risque de cancer dans les fortes doses inférieur à celui calculé par le modèle linéaire sans seuil [68]. Bull Cancer vol. 100 • N◦ 12 • décembre 2013 D’autres éléments remettent en cause l’utilisation du modèle, issus des survivants des bombes A. Dans une large cohorte de patientes traitées pour un cancer du sein, le risque de seconds cancers était, encore une fois, à dose égale, très inférieur à celui des survivants de la bombe A, avec un excès du RR de 0,002 pour les patientes traitées versus 0,3 selon l’estimation d’après le modèle linéaire sans seuil. En effet, l’effet carcinogène pourrait être proche de nul lorsque l’irradiation est délivrée sur un mode fractionné, avec des doses par fraction souvent inférieures à 150 mGy, comme c’est le cas à distance des volumes de traitement [69], alors qu’à Hiroshima et Nagasaki, la dose avait été délivrée en une fraction de seconde. Une méta-analyse publiée en 2011 a estimé l’excès de RR de seconds cancers à 0,4 pour des enfants ayant reçu une radiothérapie, ce qui est beaucoup plus faible que l’excès de RR des survivants des bombes atomiques [70]. Sachs et Brenner ont proposé un modèle intégrant des données biologiques et quantitatives, ainsi que le fractionnement. Ce modèle, qui permettrait de mieux évaluer le risque de second cancer du sein ou du poumon, présente également un plateau au-delà de quelques Grays [71]. Contredisant les estimations alarmistes de Hall et Kry, d’autres auteurs ont tenu compte des régions de fortes doses et utilisé la notion de « dose équivalente » qui permet d’estimer le risque de cancer radio-induit à partir d’estimations 3D. Ils montraient que le risque de seconds cancers était le même pour une radiothérapie conformationnelle utilisant des photons de 18 MV et une RCMI avec photons de 15 MV [72]. Ruben et al. ont également comparé le risque carcinogène de la RCMI et de la radiothérapie conformationnelle 3D, en tenant compte de l’ensemble des organes, et pas uniquement de ceux inclus dans les histogrammes dose-volume. Leur étude suggérait un effet carcinogène comparable entre les deux techniques de traitement [73]. Puisque les estimations du risque réalisées sur ces modèles sont des sujets de controverses et qu’aucun modèle n’a réellement été validé, la meilleure appréciation de l’impact de l’irradiation demeure, malgré leurs imprécisions relatives, l’analyse des données cliniques et épidémiologiques disponibles sur la carcinogenèse. Conclusion Les nouvelles techniques d’irradiation ont fait naître la problématique du compromis entre diminution significative de la toxicité radio-induite et augmentation modélisée mais non démontrée du risque de seconds cancers [74]. Il est donc indispensable d’adapter le choix de la technique d’irradiation à l’histoire naturelle de la maladie et aux caractéristiques du patient, en particulier son âge. L’analyse de la littérature semble bien montrer qu’à l’exception des enfants, le risque 1339 C. Chargari, J.-M. Cosset Distribution de la dose en dehors des faisceaux RT 2D et coins mécaniques RCMI RT 3D RT 2D Protonthérapie Faibles doses Doses intermediaires Fortes doses Volume cible Figure 1. Vision schématique de l’impact du choix de la technique de traitement sur la distribution des doses d’irradiation en dehors des volumes de traitement. RCMI : radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité. de cancer radio-induit est faible (voire quasi nul dans certains cas – patients âgés), avec l’utilisation des techniques modernes de traitement, et en tout cas bien inférieur au risque attendu à partir du modèle linéaire sans seuil de la cohorte des survivants des bombes atomiques. Un âge jeune au traitement est un facteur majeur de survenue de seconds cancers. Dans la population pédiatrique, l’impact des faibles doses sur le risque de carcinogenèse est significatif et il doit entrer en considération dans le choix de la technique de traitement. Les avantages balistiques de la protonthérapie en font une technique de référence pour les irradiations curatives en oncologie pédiatrique. La plus large étude disponible en la matière, publiée en 2011, a porté sur 647 672 patients avec un suivi moyen de 12 ans. Parmi eux, 60 271 (9 %) ont développé un second cancer solide. Le RR de second cancer lié à la radiothérapie dépendait de la localisation tumorale initialement irradiée. Il atteignait 1,43 (IC95 % : 1,131,84) après traitement d’une tumeur testiculaire. Le RR était globalement supérieur pour des doses délivrées dépassant 5 Gy, diminuait quand l’âge au diagnostic était plus avancé et augmentait au cours du temps. Selon les estimations des auteurs, cinq cancers survenaient en excès à 15 ans pour 1 000 patients recevant une radiothérapie [75]. Les volumes d’irradiation ont un impact important, la diminution des volumes liés à la technique de curiethérapie permettant de réduire le risque à probablement zéro. Comme le schématise la figure 1, la RCMI et les techniques stéréotaxiques diminuent les volumes de tissus sains irradiés à fortes doses. Ces techniques modernes augmentent en revanche les faibles doses délivrées à distance des volumes cibles, à 1340 moins qu’on ne les compare à une RT 3D conformationelle utilisant les filtres en coin mécaniques, qui sont (étaient ?) des contributeurs importants à l’irradiation en dehors des volumes de traitement. Bien qu’il existe un risque théorique d’augmentation du risque de carcinogenèse selon le modèle linéaire sans seuil, l’augmentation du risque pourrait être compensée par l’amélioration de la balistique, puisque la plupart des cancers radio-induits surviennent à proximité des volumes cibles. Il faut s’attacher à diminuer les volumes irradiés chaque fois que c’est possible sans compromettre l’efficacité thérapeutique (cas de l’irradiation adjuvante de la chaîne mammaire interne en cancérologie mammaire ou de l’irradiation ganglionnaire pelvienne pour le cancer de la prostate). La prise en compte de paramètres tels que le mode de vie, les prédispositions génétiques ou le choix de la chimiothérapie devrait permettre de mettre en application des stratégies préventives qui dépassent le seul problème de la radiothérapie. En parallèle, le suivi prolongé des cohortes de patients traités en situation curative par RCMI est nécessaire pour mieux évaluer dans le temps l’impact de ces techniques sur le risque de second cancer. Liens d’intérêts : les auteurs déclarent n’avoir aucun lien d’intérêt en rapport avec l’article. Références 1. Suit H, Goldberg S, Niemierko A, et al. Secondary carcinogenesis in patients treated with radiation: a review of data on radiationinduced cancers in human, non-human primate, canine and rodent subjects. Radiat Res 2007 ; 167 : 12-42. 2. Huang J, Mackillop WJ. Increased risk of soft tissue sarcoma after radiotherapy in women with breast carcinoma. Cancer 2001 ; 92 : 172-80. 3. Rubino C, de Vathaire F, Shamsaldin A, Labbe M, Lê MG. Radiation dose, chemotherapy, hormonal treatment and risk of second cancer after breast cancer treatment. Br J Cancer 2003 ; 89 : 840-6. 4. Kirova YM, De Rycke Y, Gambotti L, Pierga JY, Asselain B, Fourquet A. Second malignancies after breast cancer: the impact of different treatment modalities. Br J Cancer 2008 ; 98 : 870-4. 5. Hall EJ. Intensity-modulated radiation therapy, protons, and the risk of second cancers. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006 ; 65 : 1-7. 6. BEIR. Health risks from exposure to low levels of ionizing radiation: BEIR VII, phase 2. Washington, DC : National Academy of Science, 2006. 7. Dores GM, Metayer C, Curtis RE, et al. Second malignant neoplasms among long-term survivors of Hodgkin’s disease: a population-based evaluation over 25 years. J Clin Oncol 2002 ; 20 : 3484-94. 8. Hodgson DC, Gilbert ES, Dores GM, et al. Long-term solid cancer risk among 5-year survivors of Hodgkin’s lymphoma. J Clin Oncol 2007 ; 25 : 1489-97. 9. Bhatia S, Robison LL, Oberlin O, et al. Breast cancer and other second neoplasms after childhood Hodgkin’s disease. N Engl J Med 1996 ; 334 : 745-51. 10. Bhatia S, Yasui Y, Robison LL, et al. High risk of subsequent neoplasms continues with extended follow-up of childhood Hodgkin’s disease: report from the Late Effects Study Group. J Clin Oncol 2003 ; 21 : 4386-94. 11. Guibout C, Adjadj E, Rubino C, et al. Malignant breast tumors after radiotherapy for a first cancer during childhood. J Clin Oncol 2005 ; 23 : 197-204. Bull Cancer vol. 100 • N◦ 12 • décembre 2013 Problématique des faibles doses en radiothérapie 12. Travis LB, Gospodarowicz M, Curtis RE, et al. Lung cancer following chemotherapy and radiotherapy for Hodgkin’s disease. J Natl Cancer Inst 2002 ; 94 : 182-92. 13. Cosset JM, Henry-Amar M, Dietrich PY, et al. Secondary solid tumors after Hodgkin’s disease radiotherapy; experience at the Gustave Roussy Institute. Bull Cancer 1992 ; 79 : 387-8. 14. Longo DL. Radiation therapy in Hodgkin disease: why risk a Pyrrhic victory? J Natl Cancer Inst 2005 ; 97 : 1394-5. 15. Guibout C, Adjadj E, Rubino C, et al. Malignant breast tumors after radiotherapy for a first cancer during childhood. J Clin Oncol 2005 ; 23 : 197-204. 16. Travis LB, Rabkin CS, Brown LM, et al. Cancer survivorship– genetic susceptibility and second primary cancers: research strategies and recommendations. J Natl Cancer Inst 2006 ; 98 : 15-25. 17. Van Leeuwen FE, Klokman WJ, Stovall M, et al. Roles of radiotherapy and smoking in lung cancer following Hodgkin’s disease. J Natl Cancer Inst 1995 ; 87 : 1530-7. 18. Gilbert ES, Stovall M, Gospodarowicz M, et al. Lung cancer after treatment for Hodgkin’s disease: focus on radiation effects. Radiat Res 2003 ; 159 : 161-73. 19. O’Brien MM, Donaldson SS, Balise RR, Whittemore AS, Link MP. Second malignant neoplasms in survivors of pediatric Hodgkin’s lymphoma treated with low-dose radiation and chemotherapy. J Clin Oncol 2010 ; 28 : 1232-9. 20. Swedlow AJ, Higgins CD, Smith P, et al. Second cancer risk after chemotherapy for Hodgkin’s lymphoma: a collaborative British Cohort Study. J Clin Oncol 2011 ; 29 : 4096-104. 21. Lorigan P, Radford J, Howell A, Thatcher N. Lung cancer after treatment for Hodgkin’s lymphoma: a systematic review. Lancet Oncol 2005 ; 6 : 773-9. 22. Travis L, Gospodarowicz M, Curtis R, et al. Lung cancer following chemotherapy and radiotherapy for Hodgkin’s disease. J Natl Cancer Inst 2002 ; 94 : 182-91. 23. Curtis RE, Freedman DM, Ron E, et al. New malignancies among cancer survivors: SEER cancer registries, 1973-2000. Bethesda, MD : National Cancer Institute, 2006 (NIH Publ. No. 05-5302). 24. Clarke M, Collins R, Darby S, et al. Effects of radiotherapy and of differences in the extent of surgery for early breast cancer on local recurrence and 15-year survival: an overview of the randomised trials. Lancet 2005 ; 366 : 2087-106. 25. Berrington de Gonzalez A, Curtis RE, Gilbert E, et al. Second solid cancers after radiotherapy for breast cancer in SEER cancer registries. Br J Cancer 2010 ; 102 : 220-6. 26. Neugut AI, Murray T, Santos J, et al. Increased risk of lung cancer after breast cancer radiation therapy in cigarette smokers. Cancer 1994 ; 73 : 1615-20. 27. Langballe R, Olsen JH, Andersson M, Mellemkjær L. Risk for second primary non-breast cancer in pre- and postmenopausal women with breast cancer not treated with chemotherapy, radiotherapy or endocrine therapy. Eur J Cancer 2011 ; 47 : 946-52. 28. Movsas B, Hanlon AL, Pinover W. Is there an increased risk of second primaries following prostate cancer irradiation? Int J Radiat Oncol Biol Phys 1998 ; 41 : 251-5. 29. Thellenberg C, Malmer B, Tavelin B. Second primary cancer in men with prostate cancer: an increased risk of male breast cancer. J Urol 2003 ; 169 : 1345-8. 30. Neugut AI, Ahsan H, Robinson E. Bladder carcinoma and other second malignancies after radiotherapy for prostate carcinoma. Cancer 1997 ; 79 : 1600-4. 31. Moon K, Stukenborg GJ, Keim J, Theodorescu D. Cancer incidence after localized therapy for prostate cancer. Cancer 2006 ; 107 : 991-8. 32. Kendal WS, Eapen L, Macrae R, Malone S, Nicholas G. Prostatic irradiation is not associated with any measurable increase in the risk of subsequent rectal cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006 ; 65 : 661-8. 33. Chrouser K, Leibovich B, Bergstralh E, Zincke H, Blute M. Bladder cancer risk following primary and adjuvant external beam radiation for prostate cancer. J Urol 2005 ; 174 : 107-10. 34. Bhojani N, Capitanio U, Suardi N, et al. The rate of secondary malignancies after radical prostatectomy versus external beam radiation therapy for localized prostate cancer: a population-based study on 17,845 patients. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010 ; 76 : 342-8. Bull Cancer vol. 100 • N◦ 12 • décembre 2013 35. Nieder AM, Porter MP, Soloway MS. Radiation therapy for prostate cancer increases subsequent risk of bladder and rectal cancer: a population based cohort study. J Urol 2008 ; 180 : 2005-9. 36. Huang J, Kestin LL, Ye H, Wallace M, Martinez AA, Vicini FA. Analysis of second malignancies after modern radiotherapy versus prostatectomy for localized prostate cancer. Radiother Oncol 2011 ; 98 : 81-6. 37. Zelefsky MJ, Housman DM, Pei X, et al. Incidence of secondary cancer development after high-dose intensity-modulated radiotherapy and image-guided brachytherapy for the treatment of localized prostate cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012 ; 83 : 953-9. 38. Kleinerman RA. Cancer risks following diagnostic and therapeutic radiation exposure in children. Pediatr Radiol 2006 ; 36 : 121-5. 39. Taylor AJ, Little MP, Winter DL, et al. Population-based risks of CNS tumors in survivors of childhood cancer: the British Childhood Cancer Survivor Study. J Clin Oncol 2010 ; 28 : 5287-93. 40. Neglia JP, Friedman DL, Yasui Y, et al. Second malignant neoplasms in five-year survivors of childhood cancer: Childhood Cancer Survivor Study. J Natl Cancer Inst 2001 ; 93 : 618-29. 41. Bassal M, Mertens AC, Taylor L, et al. Risk of selected subsequent carcinomas in survivors of childhood cancer: a report from the Childhood Cancer Survivor Study. J Clin Oncol 2006 ; 24 : 476-83. 42. Henderson TO, Rajamaran P, Stovall M, et al. Risk factors associated with secondary sarcomas in childhood cancer survivors: a report from the Childhood Cancer Survivor Study. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012 ; 84 : 225-30. 43. Kan MW, Leung LH, Wong W, Lam N. Radiation dose from cone beam computed tomography for image-guided radiation therapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008 ; 70 : 272-9. 44. Schneider U, Lomax A, Pemler P, et al. The impact of IMRT and proton radiotherapy on secondary cancer incidence. Strahlenther Onkol 2006 ; 11 : 647-52. 45. Zwahlen DR, Ruben JD, Jones P, Gagliardi F, Millar JL, Schneider U. Effect of intensity-modulated pelvic radiotherapy on second cancer risk in the postoperative treatment of endometrial and cervical cancer. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2009 ; 74 : 539-45. 46. Klein EE, Maserang B, Wood R, Mansur D. Peripheral doses from pediatric IMRT. Med Phys 2006 ; 33 : 2525-31. 47. Mansur DB, Klein EE, Maserang BP. Measured peripheral dose in pediatric radiation therapy: a comparison of intensity-modulated and conformal techniques. Radiother Oncol 2007 ; 82 : 179-84. 48. Followill D, Geis P, Boyer A. Estimates of whole-body dose equivalent produced by beam intensity modulated conformal therapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 1997 ; 38 : 667-72. 49. Woo TC, Pignol JP, Rakovitch E, et al. Body radiation exposure in breast cancer radiotherapy: impact of breast IMRT and virtual wedge compensation techniques. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006 ; 65 : 528. 50. Bichay T, Cao D, Orton CG. Point/counterpoint. Helical tomotherapy will ultimately replace linear accelerator based IMRT as the best way to deliver conformal radiotherapy. Med Phys 2008 ; 35 : 1625-8. 51. Xu XG, Bednarz B, Paganetti H. A review of dosimetry studies on external-beam radiation treatment with respect to second cancer induction. Phys Med Biol 2008 ; 53 : 193-241. 52. Ramsey C, Seibert R, Mahan SL, Desai D, Chase D. Out-of-field dosimetry measurements for a helical tomotherapy system. J Appl Clin Med Phys 2006 ; 7 : 1-11. 53. Shi C, Peñagarícano J, Papanikolaou N. Comparison of IMRT treatment plans between linac and helical tomotherapy based on integral dose and in homogeneity index. Med Dosim 2008 ; 33 : 215-21. 54. Di Betta E, Fariselli L, Bergantin A, et al. Evaluation of the peripheral dose in stereotactic radiotherapy and radiosurgery treatments. Med Phys 2010 ; 37 : 3587-94. 55. Dieterich S, Pawlicki T. Cyberknife image-guided delivery and quality assurance. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008 ; 71 : 126-30. 56. Petti PL, Chuang CF, Smith V, Larson DA. Peripheral doses in CyberKnife radiosurgery. Med Phys 2006 ; 33 : 1770-9. 57. Chuang C, Larson D, Zytkovicz A, Smith V, Petti P. Peripheral dose measurement for CyberKnife radiosurgery with upgraded linac shielding. Med Phys 2008 ; 35 : 1494-6. 1341 C. Chargari, J.-M. Cosset 58. Di Betta E, Fariselli L, Bergantin A, et al. Evaluation of the peripheral dose in stereotactic radiotherapy and radiosurgery treatments. Med Phys 2010 ; 37 : 3587-94. 59. Hoppe BS, Flampouri S, Su Z, et al. Consolidative involved-node proton therapy for stage IA-IIIB mediastinal Hodgkin lymphoma: preliminary dosimetric outcomes from a phase II study. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2012 ; 83 : 260-7. 60. Yoon M, Ahn SH, Kim J, et al. Radiation-induced cancers from modern radiotherapy techniques: intensity-modulated radiotherapy versus proton therapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2010 ; 77 : 147785. 61. Chung C, Yock T, Nelson K, Xu Y, Keating NL, Tarbell NJ. Incidence of second malignancies among patients treated with proton versus photon radiation. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2013 ; 87 : 46-52. 62. Bekelman JE, Schultheiss T, Berrington de Gonzalez A. Subsequent malignancies after photon versus proton therapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2013 ; 87 : 10-2. 63. Hall EJ, Wuu CS. Radiation-induced second cancers: the impact of 3D-CRT and IMRT. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2003 ; 56 : 83-8. 64. Kry SF, Salehpour M, Followill DS, et al. The calculated risk of fatal secondary malignancies from intensity-modulated radiation therapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2005 ; 62 : 1195-203. 65. Olivieri G, Bodycote J, Wolff S. Adaptive response of human lymphocytes to low concentrations of radioactive thymidine. Science 1984 ; 223 : 594-7. 66. Zhou H, Suzuki M, Randers-Pehrson G, et al. Radiation risk to low fluences of alpha particles may be greater than we thought. Proc Natl Acad Sci U S A 2001 ; 98 : 14410-5. 1342 67. Gray LH. Radiation biology and cancer. In : Cellular radiation biology: a symposium considering radiation effects in the cell and possible implications for cancer therapy. Baltimore : William & Wilkins, 1965, p. 8-25. 68. Schneider U, Kaser-Hotz B. Radiation risk estimates after radiotherapy: application of the organ equivalent dose concept to plateau dose-response relationships. Radiat Environ Biophys 2005 ; 44 : 2359. 69. Rubino C, de Vathaire F, Shamsaldin A, Labbe M, Lê MG. Radiation dose, chemotherapy, hormonal treatment and risk of second cancer after breast cancer treatment. Br J Cancer 2003 ; 89 : 840-6. 70. Doi K, Mieno MN, Shimada Y, Yonehara H, Yoshinaga S. Metaanalysis of second cancer risk after radiotherapy among childhood cancer survivors. Radiat Prot Dosimetry 2011 ; 146 : 263-7. 71. Sachs RK, Brenner DJ. Solid tumor risks after high doses of ionizing radiation. Proc Natl Acad Sci U S A 2005 ; 102 : 13040-5. 72. Schneider U. Calculated risk of fatal secondary malignancies from intensity-modulated radiotherapy. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2006 ; 64 : 1290. 73. Ruben JD, Davis S, Evans C, et al. The effect of intensitymodulated radiotherapy on radiation-induced second malignancies. Int J Radiat Oncol Biol Phys 2008 ; 70 : 1530-6. 74. Cella L, Conson M, Pressello MC, et al. Hodgkin’s lymphoma emerging radiation treatment techniques: trade-offs between late radio-induced toxicities and secondary malignant neoplasms. Radiat Oncol 2013 ; 8 : 22. 75. de Gonzalez AB, Curtis RE, Kry SF, et al. Proportion of second cancers attributable to radiotherapy treatment in adults: a cohort study in the US SEER cancer registries. Lancet Oncol 2011 ; 12 : 353-60. Bull Cancer vol. 100 • N◦ 12 • décembre 2013