Niveaux de charge virale et stade de démence liée au VIH Revue critique de l'actualité scientifique internationale sur le VIH et les virus des hépatites n°60 - novembre 97 NEUROLOGIE Niveaux de charge virale et stade de démence liée au VIH Catherine Lubetzki service de neurologie, groupe hospitalier Pitié-Salpétrière (Paris) Levels of human immunodeficiency virus type 1 RNA in cerebrospinal fluid correlate with AIDS dementia stage Brew B.J., Pemberton L., Cunningham P., Law M.G. Journal of Infectious Diseases, 1997, 175, 963-9 D'une étude qui tentait de définir les difficiles corrélations entre niveau de charge virale dans le LCR, dans le plasma et le stade de démence liée au VIH, les auteurs concluent qu'une charge virale du LCR supérieure à 1000 copies par ml est un argument en faveur du diagnostic de démence du sida. Ce point, très important en pratique, demande néanmoins à être confirmé sur une plus grande série. L’étude de l’équipe australienne de Brew et coll. rapporte les données de la charge virale VIH dans le sang et le liquide céphalo-rachidien (LCR) de 35 patients atteints de sida. http://publications.crips.asso.fr/transcriptase/60_848.htm (1 sur 3) [24/06/2003 12:04:01] Niveaux de charge virale et stade de démence liée au VIH Contrairement à la charge virale VIH plasmatique, la valeur de la charge virale du LCR dans le diagnostic et le pronostic de la démence du sida reste mal connu. L’étude a été réalisée chez 35 patients atteints de sida, sous zidovudine et ayant un taux de CD4 inférieur à 200/mm3. Parmi ces patients, 19 avaient des troubles cognitifs étiquetés démence du sida (ADC = AIDS dementia complex), 6 n’avaient pas de trouble cognitif, 10 n’avaient pas d’atteinte cognitive liée au VIH mais présentaient une infection opportuniste du système nerveux central (7 méningites à cryptocoque, 3 leucoencéphalopathies multifocales progressives). L’évaluation neuropsychologique reposait essentiellement sur des tests d’atteinte frontale, mais ne permettait pas d’évaluer l’existence d’une atteinte mnésique, pourtant très fréquente dans les troubles cognitifs liés au VIH. La sévérité de la démence était cotée de 0 à 4, selon l’échelle de Price. La quantification de l’ARN viral a été réalisée par PCR (kit Roche), à partir de 200 micro-l de LCR stocké à -7°C, avec une limite de détection de 200 copies par ml. Les résultats font apparaître une corrélation entre l’intensité de la démence et la valeur de la charge virale du LCR. Néanmoins, les valeurs ne sont pas statistiquement différentes entre les patients sans troubles cognitifs (ADC stade 0) et les patients ayant un trouble cogntif mineur (ADC stade 1). L’étude montre en outre une absence de corrélation entre la charge virale plasmatique et celle du LCR, et entre la charge virale plasmatique et l’intensité de la démence. Pour les patients porteurs d’une méningite à cryptocoque, la charge virale du LCR est élevée en l’absence de trouble cognitif. Que penser de l’ensemble de ces résultats? Tout d’abord que cette étude est certainement intéressante car elle apporte des données nouvelles dans un domaine controversé. En effet, certaines études neuropathologiques récentes n’ont pas montré de corrélation entre la charge virale cérébrale in situ et l’existence d’une démence VIH. La faible taille de l’étude doit bien sûr rendre prudente l’interprétation des résultats, d’autant que les écarts-types http://publications.crips.asso.fr/transcriptase/60_848.htm (2 sur 3) [24/06/2003 12:04:01] Niveaux de charge virale et stade de démence liée au VIH sont bien grands... Ainsi, les auteurs soulignent l’absence de différence significative entre stade 0 et stade 1, mais les valeurs des stades 1 et 2 se recouvrent aussi en partie. En outre, la quantification de la démence de 0 à 4 est bien grossière et le bilan neuropsychologique est insuffisant. Il se dégage néanmoins de l’étude que les charges virales du LCR sont plus élevées chez les patients déments, et ces résultats vont dans le même sens que ceux présentés à l’American Academy of Neurology par l’équipe américaine de Justin Mac Arthur. Les auteurs en concluent qu’une charge virale du LCR supérieure à 1000 copies par ml est un argument en faveur du diagnostic de démence du sida. Ce point est très important en pratique mais demande à être confirmé sur une plus grande série, pour savoir s’il s’agit réellement d’un facteur diagnostique ou d’un facteur de risque de développement d’une démence. Une réserve importante: la charge virale du LCR est élevée chez les patients porteurs d’une méningite à cryptocoque sans trouble cognitif, ce qui suggère que la charge virale VIH du LCR n’est pas interprétable chez les patients présentant une infection opportuniste du système nerveux central avec méningite. Enfin, l’absence de différence entre les charges virales des patients sans trouble cognitif et de ceux présentant un trouble cognitif mineur (ADC stade 1) suggère, selon les auteurs, que l’amplitude de la réplication virale du LCR n’est pas le seul facteur impliqué dans le développement de la démence, et que le neurotropisme de certaines souches virales jouerait un rôle majeur. Cette hypothèse, qui a déjà été évoquée auparavant, est certes intéressante, et mériterait donc d’être étudiée http://publications.crips.asso.fr/transcriptase/60_848.htm (3 sur 3) [24/06/2003 12:04:01]