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RocknRolla
Author : Matthieu Santelli
Date : 18 novembre 2008
Après les débâcles que furent À la dérive et Revolver, Guy Ritchie revient, sous la houlette
du producteur Joel Silver, à ses premiers amours avec RocknRolla. Est-ce une bonne
nouvelle ? Pas franchement car la recette paraît bien usée. Ceux qui n’étaient déjà pas très
friands du style publicitaire du réalisateur britannique devraient être confortés dans leur
bon droit. Les autres réviseront leur jugement.
Qu’il est antipathique, le cinéma anglais, dès qu’il prend des allures de polar branchouille avec
galerie de personnages hauts en couleur, intrigue à tiroir et bande-son dynamique. Qu’il est triste,
l’héritage du cinéma américain en Europe. Sérieux et coincé en France, prétentieux et crétin en
Angleterre. Guy Ritchie fut l’un des premiers bénéficiaires à l’avoir exploité, il y a une dizaine
d’années. Régurgitant le maniérisme de Tarantino et de Scorsese, sa réalisation se résumait à
des tics formels plutôt toc qui en impressionnèrent tout de même certains le temps de deux films :
Arnaques, crimes et botanique (1998) et Snatch (2000). Mais dès que le moment fut venu pour lui
de passer à autre chose, d’abandonner les artifices scénaristiques pour démontrer qu’il pouvait
sortir du genre où il s’était emmuré, le château de cartes filmique s’écroula rapidement. Alors
pour redorer son blason il revient, avec RocknRolla, à ses bonnes vieilles habitudes qui lui
apportèrent gloire, succès et mariage : le film de gangster décalé. Mais le cinéma à formule, ça
s’épuise. Ritchie aurait dû le savoir.
L’histoire est toujours la même : des petits malfrats (plutôt sympas) en tentant un coup contre de
plus gros malfrats (plutôt pas sympas) vont se retrouver dépassés en plein imbroglio qui mêle
guerre de gangs, arnaque immobilière et corruption juridique. Une fois de plus, tout cela n’a pas
grande importance, car le film ne tient pas tant du cinéma que de la publicité : tout est là, non pour
servir l’histoire, mais pour vanter les qualités de réalisateur de Ritchie, sa marque de fabrique, telle
une suite de spots qui promouvraient un même produit. Chaque personnage doit instantanément
correspondre à un typage pour fonctionner à vide, chaque choix de mise en scène doit se faire
remarquer pour éblouir, chaque enjeu dramatique doit trouver un ton original pour amuser. On met
en valeur ce qui a servi à faire le film (la lumière, le montage, les comédiens, etc.) mais jamais le
film lui-même. La réalisation devient symptôme et le cinéma n’est plus une fenêtre ouverte sur le
monde mais le miroir narcissique qui renvoie l’image auto-satisfaite de son auteur.
Il y a un personnage pour lequel Ritchie manifeste plus d’empathie (soit un peu d’intérêt) que les
autres, auquel sa mise en scène s’identifie plus : le fils du big boss mafieux, le fameux «
RocknRolla » de l’intrigue. Un jeune rockeur qui s’est exclu du monde en s’isolant dans un
univers de drogue et d’alcool mais qui se place comme l’observateur lucide de la médiocrité
humaine. Chien fou, plus malin, plus jeune, plus cool, il s’étend en leçons de morale avec le
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