© Int. Centre of Newman Friends, 2013
Dans sa réponse, Benoît XVI renvoyait aux trois conversions de Newman «
sont les étapes
d’un chemin spirituel qui nous intéresse tous
mentionnait ensuite
le rôle décisif de la conscience
conversions de Newman est un chemin de la conscience
subjectivité qui s’affirme, mais
vérité qui, petit à petit,
s’ouvrait
Dans l’
Apologia pro Vita Sua
Newman décrit d’abord
le chemin de sa conscience et raconte avec une grande
véracité comment Dieu a formé sa foi et sa pensée
conversion ;
puis il raconte comment
confrontation des signes des temps
l’anglicanisme
pour, ensuite, le faire
(1845). Afin de mieux comprendre le texte, nous parcourr
l’histoire des origines de l’
même dans la préface. Dans un second temps, nous
lecture du livre,
1 http://bible.catholique.org/les-
news/33739
2 J
OHN
H
ENRY
N
EWMAN
,
Apologia pro vita sua,
traduites par nous. (Abréviation:
Apo)
© Int. Centre of Newman Friends, 2013
Introduction à
l
Apologia Pro Vita Sua’
Rév.
P. Hermann Geissler FSO
Directeur du Centre International des
Amis de Newman de Rome
Sans aucun doute
John Henry Newman
(1801 1890) appar
tient
plus significatifs des
temps moderne
Benoît XVI, qui l’a élevé aux honneurs de
autels
le 19 septembre 2010, soulig
portée
prophétique pour not
« Pourquoi a-t-
il été béatifié? Qu’a
nous dire?
» demandait le Pape émérite
20 décembre 2010, à l’occa
discours de fin d’année.
1
Dans sa réponse, Benoît XVI renvoyait aux trois conversions de Newman «
d’un chemin spirituel qui nous intéresse tous
le rôle décisif de la conscience
:
«
conversions de Newman est un chemin de la conscience
le
chemin
subjectivité qui s’affirme, mais
au contraire, celui
de l’obéissance envers la
s’ouvrait
à lui ».
Apologia pro Vita Sua
2
,
deux aspects fondamentaux
le chemin de sa conscience et raconte avec une grande
véracité comment Dieu a formé sa foi et sa pensée
à travers
puis il raconte comment
la rencontre de
diverses
confrontation des signes des temps
firent de lui
un réformateur de
pour, ensuite, le faire
arriver
à la porte de l’Église catholique
(1845). Afin de mieux comprendre le texte, nous parcourr
l’histoire des origines de l’
Apologia, laquelle est racontée
par Newman lui
même dans la préface. Dans un second temps, nous
tenterons
d’indiquer le fil conducteur
du
cheminement intérieur
news/33739
-discours-2010-de-benoit-xvi-a-la-curie
Apologia pro vita sua,
I.
K
ER
,
ed.,Penguin Books, London 1994.
Apo)
1
Introduction à
Apologia Pro Vita Sua’
P. Hermann Geissler FSO
Directeur du Centre International des
Amis de Newman de Rome
John Henry Newman
tient
aux penseurs les
temps moderne
s.
Benoît XVI, qui l’a élevé aux honneurs de
s
le 19 septembre 2010, soulig
nait sa
prophétique pour not
re temps.
il été béatifié? Qu’a
-t-il à
» demandait le Pape émérite
le
20 décembre 2010, à l’occa
sion de son
1
Dans sa réponse, Benoît XVI renvoyait aux trois conversions de Newman «
qui
d’un chemin spirituel qui nous intéresse tous
de près ». Il
«
Le chemin des
chemin
, non de la
de l’obéissance envers la
deux aspects fondamentaux
sont traités :
le chemin de sa conscience et raconte avec une grande
à travers
une profonde
diverses
personnes et la
un réformateur de
à la porte de l’Église catholique
(1845). Afin de mieux comprendre le texte, nous parcourr
erons à nouveau
par Newman lui
-
tenterons
, pour faciliter la
cheminement intérieur
de
Toutes les citations sont
© Int. Centre of Newman Friends, 2013 2
l’auteur. Dans la conclusion enfin, nous soulignerons l’actualité de ce classique
de la littérature moderne
3
.
L’origine
En 1864, il semblait que Newman avait été complètement oublié. Presque vingt
ans s’étaient écoulés depuis sa conversion à l’Église catholique. La plus grande
partie des anglicans le considérait comme un traître et pensait qu’il était
devenu membre d’une Église corrompue qui reniait la vraie foi et qui était
impliquée avec l’Antéchrist. Ceci montre combien étaient forts les préjugés
contre l’Église de Rome, dont l’Angleterre s’était séparée en 1529, sous le roi
Henri VIII, suite au conflit qui l’avait opposé au Pontife romain au sujet de
l’annulation de son mariage. Beaucoup doutaient ouvertement de la rectitude
personnelle de Newman. Ils ne réussissaient pas à s’expliquer comment un
homme aussi intelligent avait pu abandonner l’Eglise d’Angleterre pour
rejoindre un petit groupe de croyants, toujours méprisés et méconnus et en
marge de la société anglaise, malgré la politique d’émancipation commencée
en 1829. Le Cardinal Newman avait trouvé la paix intérieure dans l’Église
catholique mais ses idées et ses initiatives, géniales dans leur genre, étaient
déformées: son projet grandiose d’une université catholique à Dublin s’était
terminé par une faillite; ses intuitions prophétiques sur le témoignage des
fidèles en matière de doctrine furent mal interprétées et jusqu’à être suspectées
d’hérésie; l’Oratoire qu’il avait fondé à Birmingham vivait des relations tendues
avec celui de Londres et semblait proche de sa fin. Newman devait accepter le
fait que sa vie de catholique ne portât apparemment aucun fruit. Dans son
Journal, il inscrivit alors cette triste constatation: « Combien ma vie a été triste
et solitaire depuis que je suis catholique ! Quand j’étais protestant, je trouvais
ma religion triste mais non ma vie ; à présent, c’est le contraire, ma vie est
triste mais pas ma religion. »
4
Newman se trouvait alors dans l’une des phases
les plus difficiles de sa vie; il souffrait beaucoup de sa situation et pensait
devoir mourir prochainement, toutefois tout cela changea en l’espace de
quelques mois.
Pourquoi Newman écrivit-il l’Apologia? Quel fut l’élan, l’inspiration, sans
laquelle il n’écrivait jamais ? En cette période, Charles Kingsley, le fameux
romancier et professeur d’histoire à l’Université de Cambridge, publia dans la
3 Dans les biographies les plus connues de Newman, le contexte et la signification de l’Apologia sont exposés.
IAN KER, John Henry Newman, A Biography, Clarendon Press, Oxford 2009²; pour une juste compréhension de
l’Apologia, les lettres écrites par Newman dans la première moitié de l’année 1864 sont précieuses: cfr.
CHARLES STEPHEN DESSAIN (ed.), The Letters and Diaries of John Henry Newman, vol. XXI (cité: LD XXI),
Thomas Nelson, London 1971.
4 J
OHN
H
ENRY
N
EWMAN
, Ecrits autobiographiques, Desclée de Brouwer 1956, p. 385
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revue Mac Millan’s Magazine une recension du livre de James Anthony Froude,
History of England. Il écrivit dans cette recension: « L’amour de la vérité pour
elle-même n’a jamais été une vertu aux yeux du cler catholique. Le P.
Newman nous apprend qu’une telle vertu n’est pas nécessaire ni, en somme,
souhaitable; pour lui, la ruse est l’arme que le ciel a donnée aux saints, afin de
résister à la force brutale et mâle du monde maudit l’on prend mari et
femme. Que cette opinion soit exacte ou non du point de vue de la doctrine,
elle l’est au moins au point de vue de l’histoire » (Apo., 4). Newman répondit à
Kingsley, en lui demandant à son tour, de justifier cette grave assertion. Ce
dernier cita quelques passages d’une homélie de Newman que celui-ci put
clairement prouver avoir été interprétée de façon tendancieuse. Kingsley, bien
que se déclarant prêt à accepter l’éclaircissement de Newman, ne voulut pas
rétracter son affirmation; c’est ainsi que Newman publia toute sa
correspondance avec Kingsley sur le sujet et remporta une complète victoire
dans ce débat.
Mais Kingsley ne se donna pas pour vaincu : il publia une brochure dans
laquelle il accentua les accusations contre Newman et les prêtres catholiques,
affirmant qu’il n’était pas possible de faire confiance à Newman parce que sa
vie n’avait pas été droite : il aurait guidé un mouvement catholique, alors qu’il
était encore anglican ; il justifiait ces affirmations mensongères en se référant
faussement aux principes moraux « romains » selon lesquels serait licite, tout
ce qui correspondait au point de vue personnel. Cette brochure parut le
dimanche des Rameaux 1864 avec le titre : « Que veut dire le Docteur
Newman ? »
Pendant plus de vingt ans, Newman avait été exposé à des accusations et
calomnies publiques. Il n’avait jamais réagi aux attaques mais avait tout
supporté en esprit de pénitence. Il écrivit dans l’Apologia : « Je remettais leur
réfutation plus tard, quand les sentiments personnels seraient éteints et quand
on verrait paraître à la lumière des documents encore enfouis dans les armoires
ou dispersés dans le pays » (Apo, 4). Mais les accusations qui étaient alors
formulées contre lui étaient d’un autre genre. Il ne s’agissait plus seulement de
sa personne mais de tout le clergé catholique. C’est pourquoi, en conscience, il
sentit la nécessité d’agir rapidement et avec fermeté : « Alors même que j’aurais
jugé compatible avec mon devoir à l’égard de ma réputation personnelle de
laisser sans réponse une accusation aussi argumentée contre ma probité, mon
devoir envers mes frères dans le sacerdoce catholique m’aurait défendu d’agir
ainsi. Eux aussi étaient impliqués dans les accusations que cet écrivain avait
portées avec une telle assurance, une telle obstination tout au long du débat,
depuis le passage de la revue qui en avait été l’origine, jusqu’au dernier
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paragraphe du pamphlet. En me disculpant, il était clair que je ne poursuivais
pas une querelle purement personnelle, mais j’offrais mes humbles services à
une cause sacrée. Je protestais au nom d’un important groupe d’hommes au
caractère noble, à l’esprit loyal et religieux, sensibles à une vraie dignité, des
hommes qui avaient leur place et leurs droits en ce monde –bien qu’ils fussent
les ministres du monde invisible– et qui étaient insultés par mon accusateur
non seulement dans ma personne, mais évidemment aussi, et de façon directe,
dans la leur. Aussi commençai-je aussitôt à écrire l’Apologia pro Vita Sua »
(Apo., 6).
De la mi-avril à la mi-juin 1864,
Newman travailla quasiment
sans interruption à cette œuvre.
Le volume XXI de ses Letters
and Diaries contient des textes
touchants qui montent com-
bien cette tâche l’absorbait. Il
travaillait « du matin au soir »
et même « pendant les repas »,
souvent seize heures par jour.
Non seulement pesait sur lui le
devoir d’avancer rapidement, la
fatigue d’écrire, de corriger et
de modifier, mais en plus il
revivait le conflit intérieur vécu
durant les années précédentes, comme il l’admet dans une lettre : « il me
venait continuellement l’envie de pleurer… » (LD XXI, 103, 107). Grâce à un
grand nombre de documents qu’il avait conservés, à la bonne collaboration de
nombreux amis, mais aussi grâce à sa bonne mémoire, il réussit en très peu de
temps à reconstruire l’histoire détaillée de ses convictions religieuses et à la
mettre par écrit ; durant huit semaines consécutives, chaque jeudi, il sortit un
chapitre sous la forme d’un opuscule. Par la suite, les diverses parties furent
réunies en un seul volume qui fut publié.
L’Apologia est une autobiographie d’un genre particulier, qui est souvent
comparée aux Confessions de St. Augustin. S’inspirant de l’opuscule de
Kingsley, « Que veut dire le Dr Newman? », celui-ci écrivit: « Il demande ce que
je veux dire. En fin de compte, , ce ne sont ni mes paroles ni mes arguments, ni
mes actions qui l’intéressent, mais cette intelligence vive avec laquelle j’écris,
j’argumente, j’agis. Il m’interroge sur mon esprit, sur ce que je crois, sur ce que
je sens. Je lui répondrai » (Apo, 15). Dans l’Apologia, il ne s’agit pas tant pour
Le bureau de Newman à Birmingham
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Newman de parler d’évènements extérieurs il ne dit en effet quasiment rien
de sa famille, de ses activités, de ses voyages, de ses tâches quotidiennes, etc. –
que de décrire le développement de ses convictions religieuses « de connaître
mes pensées les plus intimes et, oserais-je même le dire, les rapports qui
existent entre mon Créateur et moi » (Apo., 17). Newman révèle l’histoire de sa
conscience, de sa recherche de la vérité. C’est ainsi qu’il put dénoncer comme
fantaisiste, l’accusation d’une vie trompeuse et déloyale. Son unique désir était
de « dire la vérité et ensuite de tout remettre entre les mains de Dieu » (LD
XXI, 103).
D’un seul coup, la publication de l’Apologia rendit Newman à nouveau célèbre.
Un nombre considérable de personnes la lurent dans toute l’Angleterre; on en
parlait à table, dans les clubs, les trains, partout, et l’œuvre passait de mains en
mains; elle fut recommandée dans les églises par des prédicateurs anglicans ou
catholiques et fut commentée par de nombreux journaux; très vite, elle fut
traduite en diverses langues. C’était clair pour l’opinion publique: Newman
était sorti vainqueur de la controverse qui l’avait opposé à Kingsley. En outre,
l’Apologia contribua grandement à conforter l’Église catholique en Angleterre.
Newman démontra non seulement sa loyauté personnelle et son obéissance à
la vérité mais il parla aussi au nom de tous les prêtres catholiques, contribuant
ainsi à accroître la considération envers eux. C’est ainsi qu’on peut comprendre
que non seulement l’évêque de Birmingham, mais encore 558 prêtres près de
la moitié du clergé anglais de l’époque– remercièrent personnellement
Newman pour la publication de l’Apologia. De l’étranger, des marques de
reconnaissance écrites arrivèrent à Newman comme celle de la Convention
catholique allemande de Würzburg de 1864. L’Apologia fut accueillie de
manière positive même du côté anglican. Beaucoup s’émerveillèrent de ce que
Newman eût écrit au sujet de l’Église anglicane avec tellement d’empathie et
lui renouvelèrent leur amitié. Même ceux qui ne pouvaient pas comprendre la
conversion de Newman exprimèrent leur vive admiration pour sa magnifique
utilisation de la langue, pour la sincérité et la cohérence avec lesquelles il avait
poursuivi son chemin. Il est certain que l’Apologia, bien plus que d’autres
livres, contribua à vaincre un grand nombre de préjugés des Anglais contre
l’Église catholique. A tous ceux qui recherchaient sincèrement la vérité, il
devint clair qu’il existait dans la vie de Newman un fil conducteur, lequel
unissait entre elles les diverses étapes de son histoire mouvementée:
l’obéissance à la vérité qui s’était peu à peu révélée à lui.
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